Commentaire de Marché

Michel Juvet : Commentaire de Marché Semaine 19

 Michel Juvet :  Commentaire de Marché Semaine 19  

Michel Juvet  Les marchés resteront suspendus encore quelques jours à l’approbation officielle du plan d’aide à la Grèce, puis devraient se stabiliser comme après chaque « bailout ».

PLUS DE JUVET EN SUIVANT :

En cas d’acceptation, deux messages peuvent être retenus:

1) l’Europe a décidé de privilégier la solidarité; ayant aidé la Grèce, elle ne pourra pas refuser une aide supplémentaire pour un autre membre;

 2) l’euro continuera d’être sous pression, surtout que la BCE a franchi son rubicond en acceptant de prendre en pension les dettes grecques malgré l’abaissement du rating. Par ailleurs, aux USA, compte tenu du fait que le sentiment optimiste des investisseurs est toujours très élevé la correction boursière doit continuer

BILLET PRECEDENT : Michel Juvet : Commentaire de Marché Semaine 18 (cliquez sur le lien)

 EN LIEN : Infographie. Tableau de bord (cliquez sur le lien)

EN COMPLEMENT : Le miroir grec Par François Gilliéron

Un défaut – ne serait-ce que partiel – de la dette grecque présenterait le gros avantage de mettre les principaux acteurs politiques et économiques devant leurs responsabilités. Cependant, il n’en est pas question: un tel cas de figure ferait apparaître des dizaines de milliards de pertes dans les bilans des banques européennes.

Lors d’une partie d’échecs, ce sont les mouvements d’ouverture qui sont les plus importants car ils déterminent d’une manière décisive la suite du jeu. Or les désordres que traverse actuellement la zone euro ressemblent à s’y méprendre aux premiers signes d’une nouvelle crise financière. Car, derrière l’impéritie grecque, ce n’est ni plus ni moins l’insouciance, pour ne pas dire l’imprévoyance, des pays occidentaux qui est en train de faire finalement surface.

Selon les plus hauts responsables de l’Euroland, à commencer par Jean-Claude Trichet, le patron de la Banque centrale européenne, un défaut de la Grèce sur sa dette est tout à fait exclu. Preuve à l’appui, les milliards en train d’être débloqués pour assurer la solvabilité du gouvernement hellène.

Cependant, au-delà de ces déclarations ronflantes, il y a une autre réalité, qui ne s’appuie pas sur de simples paroles mais sur des faits bien réels: la très forte et récente hausse des taux d’intérêt que réclament désormais les prêteurs, non seulement au gouvernement d’Athènes, mais aussi à tous les autres pays du sud de l’Europe.

Grâce au plan de sauvetage qui est en train d’être mis sur pied, gageons que ces mêmes taux d’intérêt vont se détendre quelque peu ces prochains jours, évitant ainsi le risque d’une crise immédiate de liquidités. Mais le problème de fond demeure: la plus grande partie de la zone euro – comme d’ailleurs les Etats-Unis – ne subsiste que grâce à un endettement devenu depuis longtemps structurel.

Dans de telles conditions, un défaut – ne serait-ce que partiel – de la dette grecque présenterait le gros avantage de mettre les principaux acteurs tant politiques qu’économiques devant leurs responsabilités. Cependant, en l’état, il n’en est pas question: un tel cas de figure ferait apparaître des dizaines de milliards de pertes dans les bilans des banques européennes, principales détentrices de la dette grecque et à peine remises à flot par leurs gouvernements.

La faillite rampante d’Athènes nous renvoie l’image grimaçante de notre propre situation que nous avons niée trop longtemps: même dans un environnement déflationniste qui oblige les banquiers centraux à conserver leurs taux de référence très bas, les conditions de refinancement de débiteurs trop lourdement engagés finissent par prendre l’ascenseur. La pseudo-alternative de la planche à billets ne fait que retarder les vraies échéances.

François Gilliéron avril 10 fgillieron@atlascapital.ch

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