crédit crunch

WSJ : Paradoxe /Les taux bas de la Fed pèsent sur la reprise

WSJ : Paradoxe /Les taux bas de la Fed pèsent sur la reprise

 Rendre l’argent trop bon marché comporte des risques, en alimentant la bulle immobilière, comme dans le passé, ou en entravant la reprise économique, comme ce qui pourrait, contre toute attente, se produire….

PLUS/MOINS DE CREDIT CRUNCH EN SUIVANT :

 Ce n’était pas ce qui était prévu. En abaissant les taux à un niveau proche de zéro, la Réserve fédérale américaine a permis de prévenir un effondrement de l’économie. Pourtant, avec l’affaiblissement de la reprise, certains craignent que sa politique monétaire ultra-accommodante finisse par transformer la Fed en agent de déflation. 

La question est de savoir pourquoi les banques ne prêtent pas, en particulier aux petites entreprises qui constituent le moteur de la croissance.

L’une des explications est l’absence de demande de crédits, qui ressort comme un facteur clair.

Un autre pourrait être une offre de prêts insuffisante, qui ne serait pas seulement imputable au risque de crédit élevé.

Ronald McKinnon, professeur d’économie à l’Université de Stanford, estime que les taux proches de zéro nuisent au marché interbancaire et pèsent par conséquent sur la croissance du crédit. Selon lui, la réticence des grandes banques à prêter aux établissements financiers de plus petite taille s’explique par le taux dérisoire assorti à ces prêts, qui ne compense pas le risque associé à l’octroi de crédits à des contreparties potentiellement risquées.

Il s’agit-là d’un problème particulier, selon R.McKinnon, car de nombreuses petites entreprises empruntent en ayant recours à des lignes de crédit. Or les banques ne les prolongeront pas à moins d’être assurées d’avoir ultérieurement accès à des capitaux sur le marché interbancaire.

 Le montant des prêts interbancaires en cours s’élevait à environ 160 milliards de dollars à la fin du mois de mai, soit une baisse de 60% en un an, d’après les données de la Fed. Cela se traduit par une rareté de l’offre de crédits, observe David Malpass, président du groupe de recherche Encima Global.

Parallèlement, les banques réduisent de manière plus générale l’offre de crédits et amassent des fonds. En mai, leur portefeuille d’obligations du Trésor et autres dettes garanties par l’Etat a crû de 19% par rapport à la même période un an plus tôt, d’après les données de la Fed.

Leur portefeuille de prêts commerciaux et industriels a en revanche baissé de 18%.

Les entreprises de taille réduite sont les plus touchées. Au premier trimestre, la dette en cours des petites entreprises a diminué d’environ 70 milliards de dollars, selon les données de la Fed, alors que celle des grandes entreprises a augmenté de 100 milliards de dollars.

La réticence à accorder des crédits est compréhensible. Les banques peuvent emprunter à des taux très bas et générer des bénéfices sur le marché à rendement plus élevé de la dette garantie par l’Etat en procédant à des opérations dites de carry trade.

Cela contraste avec l’impact des taux proches de zéro pour les investisseurs, poussés à faire des investissements plus risqués pour espérer de meilleurs rendements.

Rendre l’argent plus cher risquerait de nuire à l’économie dans la mesure ou certaines entreprises et certains particuliers pairaient davantage pour leur dette à taux variable. Cela pourraient toutefois compenser, pour les banques, l’octroi de davantage de prêts sur le marché interbancaire.

Parallèlement, les banques verraient les produits de leurs opérations de carry trade s’amoindrir, ce qui pourrait les encourager à chercher de meilleurs rendements du côté des prêts classiques.

Dans ce cas, “une hausse des taux pourrait en fait avoir un impact inflationniste”, observe Joseph Mason, professeur de finances à l’Université de l’Etat de Louisiane.

Bien que la Fed fasse actuellement des expérimentations, il est peu probable qu’elle adopte une approche aussi peu orthodoxe. La banque centrale doit néanmoins considérer les conséquences inattendues de sa politique monétaire ultra-agressive.

-David Reilly, Wall Street Journal juil10

2 réponses »

  1. Bonsoir, cet article est très intéressant, il donne une explication sur la relation entre les taux et le risque inflationniste. Qu’en est-il du volume de prêts interbancaires en france et en Europe ? A-t-on nous aussi le même problème sur les prêts alloués aux petites entreprises et aux particuliers ?

    • Bonjour , c’est encore pire en Europe ou la contraction de m3 est plus forte qu’aux US ou globalement les entreprises font davantage appel pour leurs crédits aux système bancaire qu’au marché des capitaux…Le systéme bancaire européen étant beaucoup moins assaini (beaucoup de dette grecque, espagnole et autres subprime dans les bilans)qu’aux US et dans une perspective de renforcement de leurs fonds propres les banques européennes préfèrent emprunter à la bce à un taux de 1 % sans risque qu’au taux interbancaire moins élevé mais plus risqué…Retour de balancier logique : après avoir trop préter on prète trop peu et ce sont les particuliers et les petites entreprises, seules génératrice d’emplois , qui en font les frais !!!

Laisser un commentaire