On découvre à regret des évidences déjà anciennes
Evoquer certains points relevait d’une santé mentale défaillante il y a encore quelques mois.
PLUS DEVIDENCES EN SUIVANT :
Le gouvernement américain aide les chômeurs responsables d’une dette hypothécaire. Par contre, beaucoup d’autres Américains refusent de continuer à payer leur hypothèque. La valeur de leur maison est bien inférieure à l’emprunt conclu et souvent n’atteint pas même le quart du prix d’achat. Devant l’échec de leur demande de négociation ces propriétaires de maisons dévaluées donnent les clés à leur banque et s’en vont. Une telle attitude aura des conséquences sur leur future faculté d’emprunter et bien sûr sur le réchauffement du climat économique. Ce sont autant de familles qui ne vont pas consommer. Pour l’instant il n’y en a qu’un million mais leur détermination risque de faire tâche d’huile. Les établissements bancaires viennent de commencer à faire des réserves pour ce problème. Car en fait depuis 2007 les établissements concernés n’ont amorti que le strict minimum de la masse des emprunts consentis. Alors qu’une beaucoup plus large part de la dette hypothécaire aurait du être provisionnée. Cela évidemment n’aurait pas permis la même distribution de bonus mais aurait été plus logique et surtout évité une confrontation directe entre citoyens et banquiers.
On ne peut pas encore évaluer le montant total de telles pertes. D’ailleurs les établissements concernés savent exactement que certains emprunts hypothécaires ne seront jamais remboursés. Par contre, les intérêts continuent d’être payés. La remise des clés met un terme à cette source de revenus.
Rien d’étonnant à ce que la confiance des investisseurs ne soit pas au mieux de sa forme. D’autant plus que dans ce climat, il est de plus en plus évident que les règles de Bâle III n’apportent pas de solution globale. Les nouvelles exigences du Comité de Bâle quant aux fonds propres et aux liquidités (d’ici quelques années) rendront le système bancaire plus résistant. Cependant, les établissements trop grands pour faire faillite ne voient pas leur problème abordé et ce sont toujours les autorités qui devront trancher et donc le contribuable qui paiera. C’est ce dernier point que l’on voulait éviter pour son injustice. Comment faire confiance dans ces conditions au système bancaire et surtout aux grands établissements?
Le second volet de problèmes est constitué par les dettes européennes qui s’accumulent. On a tellement dit que l’Europe était différente des Etats Unis que de plus en plus sont interpellés par cette situation: Irlande, Grèce, Espagne ont fait parler d’elles. Et demain? A qui le tour? Or tous les pays peuvent rater l’ajustement indispensable à la maîtrise des dépenses publiques. L’estimation de cet ajustement n’est pas facile. Généralement, les dépenses doivent évoluer en fonction des recettes. Ces dernières dépendent d’un paramètre bien difficile à quantifier: la conjoncture économique! C’est l’état de celle-ci qui permet d’estimer les rentrées d’argent. Non seulement les déséquilibres vont persister mais les gouvernements ne parviendront que très difficilement à revenir à la stabilité même si les liquidités ne sont pas complètement taries. On s’interpelle devant l’action du premier ministre britannique Cameron. Il est simplement réaliste. Un commentateur économique, bien avant les élections, avait souligné que les mesures à prendre étaient tellement impopulaires «qu’elles empêcheraient le parti au pouvoir de revenir au gouvernement avant une génération». Pour l’instant, les opinions sont plutôt favorable et on se souvient que le côté inflexible de Madame Thatcher n’a pas déplu à ses électeurs mais seulement aux Français! La rigueur n’a jamais tué la reprise industrielle et de toute évidence l’industrie financière n’a pas encore compris la leçon. Aux Etats-Unis, on aurait aimé voir des mesures pénalisant les réserves excessives des banques (qui pourraient mieux utiliser cet argent). Imposer les avoirs en devises étrangères des entreprises américaines ne serait pas non plus une extravagance. Beaucoup de possibilités existent et le gouvernement ne semble pas décidé à avancer en la matière pour cause d’élections!
Maintenir la compétitivité avec les jeunes pousses des pays en voie d’industrialisation est vital. Or la situation actuelle augmente encore les charges qui pèsent sur compétitivité des pays industrialisés. Sans parler des plateaux de subventions, spécialité européenne plus particulièrement, il y a toute la situation salariale et l’infrastructure entrepreneuriale des entreprises. Ces facteurs (coûts fixes) n’existent pas dans les pays émergents. Les Etats Unis accusent la devise chinoise d’être sous-évaluée. Mais ce sont eux qui n’ont, à l’époque, fait aucune résistance à l’instauration d’une devise liée à la leur et par pur intérêt. Les exportations chinoises à destination des Etats Unis sont souvent fabriquées par des filiales d’entreprises américaines. Cela permettait à l’époque de réaliser les objectifs en matière d’inflation. Si le climat économique était au beau fixe, personne ne soulèverait le problème du yuan. Ce dernier s’est bien détaché du dollar ces dernières années et continuera de le faire mais, comme le soulignent ses autorités, à son rythme. L’affrontement est maintenant déclaré et le prétexte chinois ne parvient plus à occulter d’autres problèmes beaucoup plus graves.
Jeannette Williner Analyste financier indépendant oct10
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Autisme et hypocrisie au menu du G 20 ! par Michel Santi
On peut ne pas partager leurs priorités mais comment ne pas comprendre les investisseurs d’aujourd’hui complètement tétanisés par les politiques ultra expansionnistes de notre pauvre Occident qui ne parvient plus à tourner que par la grâce de ses planches à billets! Les protestations néo populistes – en tout cas cent pour cent opportunistes – de nos dirigeants qui ne cessent de stigmatiser la spéculation ne parviennent plus à masquer la réalité. C’est en fait nos pays et gouvernements qui se sont aujourd’hui transformés en maîtres absolus en spéculation car ils se complaisent à détruire à petit peu la valeur de nos monnaies fiduciaires tout forçant les investisseurs et spéculateurs traditionnels à se trouver d’autres débouchés… Comment s’étonner dans un tel contexte des flambées des matières premières et autres denrées dont le renchérissement résulte logiquement des baisses de taux quantitatives?
Qu’il est facile par ailleurs de clouer au pilori la Chine et sa monnaie « sur évaluée » afin de détourner l’attention de nos propres carences. Et tant pis si la Chine a eu la mauvaise idée d’indexer sa devise sur une monnaie condamnée à péricliter d’avance et qui ne cesse de perdre de sa valeur… Car l’appréciation du Yuan pourrait être obtenue assez facilement par les autorités US pour peu qu’elles cessent enfin leurs manipulations monétaires.
Triste spectacle en effet que ce G 20 en Corée qui permit de saisir la plénitude de l’autisme Américain: Pendant que le Ministre Allemand de l’économie (Rainer Bruederle) les mettait en garde vis-à-vis de leurs mauvaises options de relance de la croissance via la dépréciation de leur dollar tout en les taxant ouvertement de « manipulateurs », les Américains (par la voix de leur Secrétaire au Trésor Geithner) persévéraient dans leur comédie burlesque en assurant « continuer à tenter de renforcer la croissance »… Traduction: Préparez-vous à être inondés car nous émettrons très prochainement 1’500 milliards de dollars. Les marchés émergents peuvent donc remercier les Etats-Unis pour l’activation frénétique de leur planche à billets qui les submerge de capitaux avec, à la clé, la formation puis l’implosion programmée de bulles spéculatives ponctuées d’inflation!
Voilà pourquoi le Brésil et la Corée ont mis en place des mesures visant à freiner l’influx de capitaux.
Voilà qui explique le front commun formé lors de ce G 20 par le Brésil et par … l’Allemagne qui se sont rebellés contre l’hypocrisie Américaine qui proposait des limitations formelles des excédents commerciaux des membres du G 20 à 4% du P.I.B.. Balayé d’un revers de main par le Japon, par le Brésil et par l’Allemagne, cette suggestion Américaine émise par Geithner lors de ce sommet en Corée est d’autant plus ridicule qu’elle avait été violemment rejetée par eux-mêmes il y a 66 ans! C’est en effet les Etats-Unis qui avaient en son temps saboté un projet consistant à taxer celles des nations entretenant des excédents commerciaux tout en les obligeant à procéder à l’appréciation de leur monnaie nationale. Cette proposition – formulée en son temps par un certain John Maynard Keynes – ayant bien-sûr été refusée à Bretton Woods par les Américains qui étaient – à l’époque – une nation à excédents… et persuadée de le rester!
C’est donc en toute logique qu’ils s’attaquent aujourd’hui à la Chine menacée de voir sa monnaie s’apprécier via des interventions sur les marchés des Changes. L’économiste Bergsten n’a-t-il effectivement pas suggéré à sa banque centrale de vendre des dollars en échange de Yuans … sans toutefois préciser comment les Américains pourraient bien se procurer des Yuans qui sont, comme chacun le sait, exclusivement fournis par la Chine…? La période est donc propice à toutes les suggestions les plus fantaisistes, y compris celle consistant à empêcher la Chine d’acquérir les Bons du Trésor Américains sachant que les Etats-Unis n’auront à l’évidence jamais le cran de se lancer dans une telle entreprise synonyme pour eux de mort subite au vu des quantités gigantesques de papiers-valeurs US détenus par la Chine.
En conclusion, si l’impact des cours de change est certainement essentiel pour les balances commerciales via la promotion des exportations (et réciproquement), les monnaies ne sauraient représenter la solution globale autorisant à régler les problématiques fondamentales des déséquilibres structurels. Pourquoi les Etats-Unis ne mettent-ils ainsi pas à profit une partie des énergies déployées à dévaluer leur monnaie afin d’améliorer également leur propre épargne? Les monnaies ne peuvent supporter à elles seules le poids gigantesque des ajustements nécessaires à nos économies.
Michel Santi gestionsuisse.com oct10
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Gardez votre argent, S.V.P. par Richard Dupaul
D’énormes vagues de capitaux, en provenance de New York, Tokyo et Berlin, déferlent sur les marchés émergents. S’ensuit une envolée des devises de ces pays, qui érigent des barrages pour refouler la spéculation. Et ce n’est pas fini.
Y a-t-il un risque de bulle sur les marchés asiatiques? La Banque mondiale, elle, est convaincue que oui.
Dans un rapport publié la semaine dernière, l’institution met clairement en garde les autorités de la région contre la possibilité d’une bulle financière liée à l’afflux de capitaux en provenance de l’étranger.
«Les pays en développement d’Asie orientale s’efforcent de gérer les forts volumes de liquidités générés en grande partie par l’assouplissement de la politique monétaire des États-Unis», affirme Vikram Nehru, économiste de la Banque mondiale pour l’Asie-Pacifique. Or, cette spéculation motivée par les gains à «court terme» pourrait provoquer une crise si, pour une raison quelconque, le mouvement devait s’inverser, laisse entendre la Banque.
Comme il en était question dans cette chronique la semaine dernière, d’énormes sommes d’argent – résultant de la politique expansionniste de la Réserve fédérale américaine, mais aussi de la Banque centrale européenne (BCE) et de la Banque du Japon – sont réorientées chaque jour vers les marchés en forte croissance en raison des bas taux d’intérêt dans les pays occidentaux.
Par le jeu des carry trades (ou transactions croisées sur les devises), les spéculateurs empruntent des milliards dans des pays où les taux sont bas, comme aux États-Unis où le taux directeur est inférieur à 0,25%, pour investir dans les pays offrant des rendements supérieurs.
Or, ces mouvements de liquidités sont, selon la Banque mondiale, responsables d’une hausse de 10 à 15% des monnaies en Asie par rapport à leur niveau d’avant la crise.
Ce phénomène, qui a déclenché la fameuse «guerre des devises», était au coeur des discussions ce week-end lors d’une réunion des ministres des Finances du G20.
Barrages
Hantés par la crise financière de 1997, les pays d’Asie – mais aussi ceux des autres marchés en forte croissance – prennent le problème très au sérieux.
Avant même que le G20 se prononce sur la question, les pays émergents ont commencé à ériger des barrières pour refouler l’argent «trop chaud» des étrangers.
La Thaïlande, par exemple, vient d’instaurer une taxe de 15% sur les gains des non-résidants détenteurs d’obligations du pays. Le but: freiner la poussée du baht, la monnaie locale, qui a pris 12% par rapport au billet vert en 2010.
L’Inde, dont la monnaie flirte avec un sommet en deux ans, envisage aussi des mesures similaires. Et la Corée du Sud prépare un plan en vue de traquer les liquidités de trop, responsables de la poussée (“7,5% face au dollar américain en trois mois) de sa monnaie, le won.
En Amérique latine, le Brésil a pris les grands moyens: le gouvernement vient de relever pour la deuxième fois en un mois une taxe sur les transactions des étrangers sur le marché obligataire brésilien. Celle-ci sera portée de 4 à 6%.
Il faut «décourager les spéculateurs», a martelé la semaine dernière Guido Mantega, ministre des Finances brésilien. La monnaie brésilienne a bondi de 8% depuis juillet par rapport au dollar américain, ce qui en fait la monnaie «la plus surévaluée du monde», au dire de Goldman Sachs.
Cette spéculation à l’échelle planétaire, menée par des hedge funds surtout, prend sans cesse de l’ampleur.
Ainsi, l’argent investi en actions dans les pays émergents a atteint les 60 milliards US depuis neuf mois, dont un tiers seulement en septembre, évalue la firme américaine EPFR Global. Or, pour 2010, ces investissements devraient tripler, à plus de 180 milliards US, par rapport à leur moyenne des cinq dernières années.
Protectionnisme
Le problème n’est pas facile à régler, surtout que les Américains semblent déterminés à garder le cap, soit en abaissant leur dollar afin de stimuler leurs exportations, tandis que la Chine s’entête à contenir les pressions à la hausse du yuan.
Mais lorsque les éléphants se battent, c’est l’herbe qui écope, dit le proverbe. On comprend alors que certains pays émergents cherchent à se protéger, ce qui inquiète le Fonds monétaire international (FMI). Car les barrages érigés pour repousser les fonds étrangers pourraient mener à des mesures protectionnistes dommageables pour l’économie mondiale.
«L’esprit de coopération doit être maintenu. Sans cela, la reprise est en péril», a dit récemment le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn. Une inquiétude légitime, que partagent plusieurs économistes. Pas sûr, cependant, que cela empêchera les spéculateurs de dormir.
Richard Dupaul la presse oct10
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