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Matières Premières : L’usage du bore dans le nucléaire est mineur mais essentiel à Fukushima

Matières Premières : L’usage du bore dans le nucléaire est mineur mais essentiel à Fukushima

 

Cristaux de borax.

Depuis le tsunami au Japon, un métalloïde, le bore, est utilisé en plus grande quantité que d’habitude à la centrale de Fukushima pour refroidir les réacteurs. Son usage dans le nucléaire est malgré tout mineur, alors qu’il se développe beaucoup dans d’autres industries.

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Le bore a la capacité d’absorber les neutrons responsables de la fission nucléaire. Il empêche donc la poursuite des réactions en chaîne. C’est pourquoi il est utilisé en temps normal pour refroidir les barres de combustible dans les piscines des centrales. A Fukushima, ce sont les réacteurs eux-mêmes qui ont dû être refroidis dès les premiers jours, alors même qu’ils étaient à l’arrêt, par des déversements d’acide borique. Les réserves japonaises de bore n’ont pas suffi. La Corée du Sud en a expédié d’urgence une cinquantaine de tonnes, en poudre. La France également une centaine.

Ce métalloïde provient des carrières de borax exploitées aux Etats-Unis, en Russie, mais surtout en Turquie.

 

La Turquie possèderait près de 75 % des réserves mondiales de bore, et le gouvernement d’Ankara veille jalousement dessus. C’est qu’en dehors des besoins dans l’industrie nucléaire, très mineurs – même s’ils sont appelés à augmenter après la catastrophe japonaise, le bore est en majorité utilisé dans les lessives, c’est un saponifiant – autrement dit il fait mousser les détergents. Cette demande utilise la moitié des 800 000 tonnes de bore produites par an, et elle progresse.

Le bore est également un ingrédient de la fibre de verre, qui se substitue de plus en plus à l’acier dans l’automobile, l’aéronautique, les éoliennes, et qui est présente dans les écrans à cristaux liquides. Avec le déplacement de ces industries en Chine, la consommation chinoise de bore progresse de 15 % par an.

Enfin le bore pourrait, si l’on arrive à maîtriser le risque d’explosion des piles à combustible, devenir le « pétrole du XXIe siècle », souligne Christian Hocquard, du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). Ce qui explique d’autant mieux le nationalisme turc autour de cette ressource. Lors de l’intervention américaine en Irak, les Turcs avaient imaginé un feuilleton où les Américains débarquaient en Turquie, non pas pour mettre la main sur le pétrole, mais sur les mines de borax.

Par Claire Fages/

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