Commentaire de Marché

La chute actuelle des bourses d’actions: le début d’un krach boursier majeur ou bien une sévère mais simple correction temporaire? par Pierre Leconte

La chute actuelle des bourses d’actions: le début d’un krach boursier majeur ou bien une sévère mais simple correction temporaire? par Pierre Leconte

Finalement l’agence S+P, faisant preuve d’une indépendance qu’on ne lui connaissait pas, a osé baisser de Triple A à Double A+ la note des USA, puisque la mascarade récente du laborieux compromis entre Démocrates et Républicains n’a rien produit de concret en matière de réduction de l’endettement et des déficits US mais a encore accru la dette publique de ce pays dont le plafond a été massivement relevé. La décision de l’agence S+P pourrait faire remonter les taux d’intérêt US à long terme qui avaient atteint vendredi 5 août leurs plus bas niveaux depuis mi 2010. Inutile de dire qu’en toute logique plusieurs Etats européens parmi les plus grands, dont  la France et la Grande-Bretagne, verront aussi prochainement leurs notes être baissées par la même agence, ce qui rajoutera un peu d’huile sur le feu du krach obligataire européen en cours.

Paradoxalement, une rechute à la baisse des obligations US à long terme pourrait avoir un effet positif TEMPORAIRE pour les bourses d’actions dans la mesure où elle ferait ressortir du marché obligataire US les investisseurs y ayant trouvé refuge en les faisant alors revenir sur les actions (US principalement) et aussi parce qu’elle pourrait entrainer une baisse supplémentaire du dollar US,  dont la sous-évaluation, comme chacun le sait, est le principal soutien des actions US lesquelles remontent chaque fois que la monnaie US chute.

 Baisse supplémentaire du dollar US qui apporterait aussi un fort soutien à l’or. Il faudrait enfin compter avec une nouvelle poussée à la hausse du franc suisse et du yen japonais (voire même du malheureux euro) contre le dollar US, ce que précisément la Suisse, le Japon (et même la zone euro) tentent d’éviter par leurs interventions (inefficaces) récentes sur les marchés des changes, qui mettrait un peu plus à mal leurs économies.

 Il importe donc d’attendre que tout cela se décante avant d’acheter les actions mais pour le moment de ne plus être short sur les actions US, européennes ou des pays émergents ni long sur les obligations US, tout en renforçant les achats d’or pour le cas où sa correction à la baisse se poursuivrait.

 Sur le plan de la composition monétaire des portefeuilles, nous déconseillons toujours de détenir des euros et conseillons de rester pour partie en francs suisses et pour partie en dollars US de façon à ne pas courir de risque de change.

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Mais la possibilité d’une remontée des taux d’intérêt US à long terme entrainant une baisse supplémentaire du dollar US et donc un effet temporaire positif sur les actions n’est pas du tout certaine. D’une part, parce que quand le Japon perdit son Triple A il n’y a pas eu de hausse des taux longs japonais et le yen est resté fort. D’autre part, parce que les forces déflationnistes liées à la récession et au chômage de masse aux USA comme au fait que plus de 4.500 milliards de dollars viennent de s’évaporer en fumée dans le monde entier par suite du krach boursier en cours, il faudrait vraisemblablement qu’un nouveau Quantitative Easing très massif soit à nouveau organisé par la Federal Reserve pour qu’une tension forte sur les taux à long terme US apparaisse à nouveau. Enfin, parce que les BRIC et autres pays émergents détenteurs de capitaux continueront à sortir des obligations européennes au profit des américaines en prévision de l’éclatement de la zone euro.

On remarquera à propos de la zone euro, devenue un bateau ivre avec plusieurs capitaines voulant la conduire dans des directions opposées, que la plus grande confusion y règne.

Trichet ayant pris l’initiative (illégale au regards des traités européens et des statuts de la BCE) de faire acheter par ladite BCE encore plus d’obligations des Etats européens européens dont le marché obligataire s’effondre (Grèce, Italie, Espagne, Portugal, etc.), la Bundesbank a aussitôt fait savoir son opposition.

Quant au Fonds européen dit de “stabilité”,  il n’a évidemment pas les moyens financiers de se porter acquéreur de la plupart des obligations d’Etat européennes comme l’avait effectué la Federal Reserve avec ses deux Quantitative Easing, lesquels n’ont fait qu’accroitre l’endettement et les déficits US (d’où le krach boursier actuel et la décision de l’agence S+P de baisser la note des Etats-Unis) sans améliorer la croissance ni l’emploi Outre-Atlantique, sauf à créer toujours plus d’euros ex nihilo avec les effets inflationnistes et de destruction du pouvoir d’achat qui en résulterait. Bref c’est l’impasse.

Quant aux chefs d’Etat et de gouvernement et autres dirigeants européens, à l’évidence dépassés par les évènements, ils multiplient les déclarations contradictoires ce qui accroît la panique des investisseurs alors qu’ils devraient étudier une réforme structurelle complète de la zone euro (si tant est que les peuples acceptent de renoncer à leurs Etats-nations et d’aller vers le fédéralisme complet) ou bien revenir au plus vite à leurs anciennes monnaies nationales. A cet égard, la décision démocratique “gaullienne” de Zapatero, désavoué par l’opinion, d’organiser des élections anticipées en Espagne et de se retirer de son poste de président du gouvernement est la bonne; tous les dirigeants européens en perte massive de soutien auprès des opinions publiques (Berlusconi, Sarkozy, Merkel, etc.) devraient en faire de même et consulter les peuples au lieu de pratiquer le “coup d’Etat permanent” en dénaturant la construction européenne qui a été créée (et “vendue” aux peuples) comme une association d’États-nations souverains, alors qu’ils en piétinent les principes et les dispositions juridiques d’origine pour tenter d’en faire un Super-État fédéral contrôlé par l’Allemagne, une sorte de IIIème Reich bis sans avenir qui coulerait l’Europe.

Dans les circonstances actuelles, il est impératif pour les banquiers centraux et les dirigeants politiques, ayant déjà fait beaucoup de dégâts et perdu toute crédibilité, de ne plus intervenir du tout et de parler le moins possible, tant aux USA qu’en Europe, pour laisser les marchés s’ajuster et retrouver par eux-mêmes de nouveaux équilibres, même au prix de défauts étatiques ou de faillites bancaires, faute de quoi les pouvoirs publics continueront à aggraver leur volatilité avec des mini krachs rampants affectant successivement la plupart des actifs financiers jusqu’à ce que se produise le grand krach des actions et des obligations. Avec à la clef l’ EFFONDREMENT pur et simple des Systèmes monétaires européen et international. Il n’est plus temps de mettre des rustines sur des pneus crevés, parce que l’on ne peut pas stopper une crise systémique de solvabilité au moyen de procédés destinés seulement à calmer des crises temporaires de liquidité.

En ce quarantième anniversaire, presque jour pour jour, de la funeste cessation de convertibilité directe du dollar US en or décidée le 15 août 1971 par Nixon, les  États occidentaux en faillite réelle ou virtuelle (USA compris) doivent maintenant passer à la réforme radicale des Systèmes monétaires dans le sens du rétablissement de l’étalon-or.   Quant au FMI, les poursuites enfin engagées par la Justice française pour “détournement de fonds publics et faux en écriture” portant sur plusieurs centaines de millions d’euros, contre son nouveau directeur général Madame Lagarde, qui n’aurait jamais dû être nommée à ce poste avant que toute la clarté soit apportée sur l’affaire Tapie, il risque de perdre encore plus de crédibilité. Comme Strauss-Kahn l’a fait, non sans élégance, Lagarde, coupable ou pas, doit démissionner séance tenante. Voilà le type de décision susceptible de rendre un peu de confiance aux peuples, qui ne supportent plus la conduite au dessus des lois des pseudo-”élites”, si l’on veut éviter l’explosion politique et sociale en Occident.

Pierre Leconte le 7 aout2011

SOURCES ET REMERCIEMENTS : FORUM MONETAIRE DE GENEVE 

2 réponses »

  1. Cet abaissement de note ressemble à l’épicentre d’un tsunami
    difficile de prévoir ce qu’il va se passer, mais ca n’augure rien de bon

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