Espagne: créances douteuses des banques au plus haut depuis 16 ans
Le taux de créances douteuses des banques espagnoles, indice de leur vulnérabilité, a augmenté à nouveau en juillet, atteignant son niveau le plus haut depuis février 1995, selon des chiffres publiés lundi par la Banque d’Espagne.
Les créances douteuses, principalement des crédits immobiliers susceptibles de ne pas être remboursés, s’élevaient à 124,72 milliards d’euros en juillet, soit 6,94% du total de créances. Pour juin, la Banque d’Espagne, qui avait initialement publié un taux de 6,42%, l’a revu à la hausse hier, à 6,69%. Indice-clé de la santé du secteur bancaire espagnol, ce taux, qui n’était que de 3,37% fin 2008, s’est fortement détérioré depuis, tandis qu’éclatait la bulle immobilière et que le pays plongeait dans la récession pendant 18 mois.
Parallèllement la dette publique espagnole se creuse au deuxième trimestre
La dette publique de l’Espagne continue à se creuser, grévée notamment par la dette des régions qui a atteint un niveau historique. Au deuxième trimestre 2011, la dette publique espagnole a augmenté à 65,2 % du PIB, soit huit points de plus qu’il y a un an (57,2 %), selon des chiffres publiés vendredi 16 septembre par la Banque d’Espagne. Au premier trimestre, elle s’élevait à 63,8 % du PIB.
Le niveau de la dette espagnole est cinq points au-dessus de la limite fixée par le pacte de stabilité de l’UE (60 %), mais reste environ 20 points en-dessous de la moyenne européenne (85,1 % en 2010). Elle s’élève, fin juin, à 702,806 milliards d’euros. Cette proportion est la plus élevée pour le pays depuis 1998, époque à laquelle la dette publique espagnole représentait 64,1 % du PIB, selon les tableaux fournis par la Banque d’Espagne. La dette publique espagnole, en proportion du PIB, est en hausse continue depuis le premier trimestre 2008, où elle atteignait 35,8 %, après plus d’une décennie de baisse, alors que le pays était en forte croissance avec des comptes publics excédentaires.
Le gouvernement prévoit pour fin 2011 une dette à 67,2 % du PIB, et son objectif est de la maintenir sous les 70 % jusqu’en 2014. Il a aussi adopté récemment une “règle d’or budgétaire”, qui stipule qu’à partir de 2020, sa dette ne devra plus dépasser les 60 % exigés par le pacte de stabilité.
SITUATION PRÉOCCUPANTE DANS LES RÉGIONS
La situation des 17 régions autonomes est particulièrement préoccupante : au deuxième trimestre 2011, leur dette cumulée atteignait 133,172 milliards d’euros, soit 12,4 % du PIB du pays (contre 10,2 % un an plus tôt), un record historique selon les chiffres de la Banque d’Espagne, tandis que celle des municipalités est restée stable sur un an, à 37,64 milliards d’euros (3,5 % du PIB).
Le fort degré d’autonomie des régions espagnoles est une source d’inquiétudes pour les marchés, qui craignent que leur endettement ne compromette l’objectif du gouvernement de réduire son déficit à 6 % du PIB en 2011, puis à 3 % en 2013, après avoir atteint 11,1 % en 2009. Douze des 17 régions n’ont pas atteint au premier semestre l’objectif de déficit budgétaire fixé par le gouvernement et doivent donc faire des efforts supplémentaires, a annoncé récemment la ministre de l’économie, Elena Salgado.
source afp sep11