A qui profite les CDS sur la Grèce?
En juillet, l’Union européenne avait fixé un haircut de 21% sur la dette grecque. Ceci signifie que les détenteurs des obligations helleniques subiront une dévaluation de 21% sur leurs titres. Mais depuis lors, l’évolution du marché obligataire laisse présager un haircut plus sévère, allant jusqu’à 50%. Kenneth Rogoff, le professeur d’économie à Harvard et auteur de l’ouvrage de référence “This Time is different“ estime lui à 60 – 70 % le haircut nécessaire à absorber par les créanciers.
Au sein de la communauté financière, ce haircut à 50% est considéré comme une manoeuvre pour éviter un défaut de la Grèce, et donc, pour éviter le déclenchement du paiement des credit default swaps, ces contrats à terme qui permettent de se couvrir contre le défaut de paiement (coupon, échéance finale) d’un émetteur obligataire.
Selon la DTCC, le montant total des CDS sur la Grèce s’élève à 2,7 milliards d’euros. Une broutille comparé aux 330 milliards d’euros que pèsent les obligations grecques sur le marché. Peter Tchir, de TF Market Advisors, a calculé que les créanciers de la dette grecque perdront environ 165 milliards d’euros en cas de haircut de 50% sur celle-ci. Sur le marché des CDS, 1,3 milliard d’euros devront être transférés du vendeur de cette protection à l’acheteur. A condition que ce haircut soit considéré comme un défaut de paiement. Ce qui semble peu probable.
Peter Tchir s’interroge sur qui a vendu ces CDS. Dans le secteur financier, on m’a signalé qu’il s’agirait des banques grecques. Je n’ai pas su vérifier l’information. Mais Tchir souligne que la banque émettrice de CDS tirerait plus de levier en cas de haircut. L‘impact se fera surtout sentir sur les acheteurs de CDS.
Et ici, Tchir insiste sur un point: ce ne sont pas les hedge funds. Ceux-ci ont déserté les CDS sur la Grèce depuis déjà le mois de mars. Plusieurs observateurs ont indiqué qu’ils cherchent désormais à jouer la crise de la zone euro dans son ensemble. Et ceci explique aussi pourquoi la prime CDS de la France et de la Belgique a augmenté depuis lors.
Selon Tchir, ce sont les banques qui détiennent actuellement les CDS sur la Grèce. Pour limiter leur exposition nette à la dette grecque (et donc cacher l’ampleur de leur détention d’obligations grecques). Un haircut de 50 % sur celle-ci devrait donc doublement impacter les banques.
Posté le 18 octobre 2011 par Jennifer Nille
SOURCE ET REMERCIEMENTS : FAIR TRADE
http://blogs.lecho.be/fairtrade/2011/10/a-qui-profite-les-cds-sur-la-gr%C3%A8ce.html
EN COMPLEMENT /CDS: l’UE interdit la vente à nu
L’Union européenne a décidé hier d’interdire des instruments financiers hautement spéculatifs, appelés contrats «CDS à nu», utilisés sur les marchés pour parier sur le défaut de paiement des Etats et accusés d’avoir amplifié la crise actuelle.
Un accord de principe en ce sens a été conclu entre le Parlement et les représentants des gouvernements européens, à l’issue de longues tractations, a indiqué un porte-prole de la présidence polonaise de l’UE. Avec le compromis trouvé, il ne serait plus possible pour un +hedge fund+ d’acheter des CDS grecs ou italiens sans détenir d’obligations de ces Etats et donc ainsi spéculer sur la faillite du pays. . Les CDS (credit default swaps) sont des contrats de couverture contre le risque de défaut de paiement d’une entreprise ou d’un pays. Les CDS souverains s’appliquent à la dette des Etats: ils agissent comme des contrats d’assurance dont le paiement est déclenché en cas de faillite d’un pays. Dans le cas de CDS souverains «à nu», ces assurances s’échangent sans que les investisseurs ne détiennent des titres de dette correspondant, ce qui signifie qu’ils bénéficient de l’assurance, sans le risque. Le prix des CDS à nu a donc tendance à monter lorsque le marché spécule sur le risque de défaut de l’Etat concerné.