Behaviorisme et Finance Comportementale

La croissance maintenant! par Andreas Höfert

La croissance maintenant! par Andreas Höfert

Les politiques de relance sont usées jusqu’à la corde. Trop utilisés. Les stimuli fiscaux ont perdu de leur pouvoir.

 La dernière affirmation en vogue parmi de nombreux économistes, analystes, et autres experts: la dette n’est pas le problème le plus urgent, c’est le manque de croissance. Si cette dernière revenait, tous nos problèmes seraient résolus. Malheureusement, relancer la croissance, dans le contexte actuel, s’avère être une tâche plutôt ardue.

Tout le monde le sait: les mesures d’austérité sont contreproductives car elles grèvent la croissance. Elles peuvent même provoquer une spirale fatale comme dans le cas grec, où en maintenant l’économie en dépression elles réduisent de l’assiette fiscale, donc les rentrées de l’Etat ce qui finit par augmenter le déficit public, au lieu de le réduire. Pour les tenants de la croissance, les gouvernements feraient mieux de stimuler l’économie en creusant le déficit budgétaire, pour ne se soucier de la dette qu’ultérieurement.

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Bien que logique à première vue, cette analyse occulte la simple vérité de ce qui nous a conduits à la situation actuelle: l’endettement excessif des ménages et des gouvernements ne résoudra certainement pas nos maux. Demander aux intermédiaires financiers de prêter sans compter tout en les contraignant à réparer leurs bilans encore fragiles est contradictoire. Et inciter les ménages à emprunter davantage grâce à de faibles taux d’intérêt ne peut fonctionner que si ceux-ci ne sont pas déjà surendettés.

John Maynard Keynes préconisait dans les années 1930 de grands projets d’infrastructures publiques pour stimuler la demande. Mais les gouvernements n’étaient alors pas confrontés à d’énormes dettes et au risque de déclassement par les agences de notation.

Selon Keynes – bien que de nombreux «keynésiens» prétendront le contraire -, la stimulation par les déficits publics ne devait être utilisée qu’en temps de crise. Cela semble donc parfaitement logique de s’en servir à l’heure actuelle. Malheureusement, les politiques de relance sont usées jusqu’à la corde. Ayant été utilisés si souvent, même en périodes prospères, les stimuli fiscaux ont perdu de leur pouvoir.

Puisque le coup de pouce à la demande ne peut pas provenir des ménages et est actuellement plutôt inefficace quand il provient du secteur public tout aussi surendetté, il ne reste qu’une solution: la demande de l’étranger.

Blâmer l’avarice des Chinois, des Allemands, des Suisses et de tous les pays qui, ces dix dernières années, exportaient au lieu de s’endetter est devenu l’une des prises de positions politiques les plus populaires dans les pays en cours de désendettement. Mais, sans même évoquer les éventuelles différences culturelles, pourquoi un pays choisirait-il actuellement de suivre le même chemin de l’endettement que celui pris par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et de nombreux Etats de la périphérie européenne alors que leurs exemples sont si tragiques?

Déclarer une guerre commerciale aujourd’hui dans l’espoir que le vainqueur soit capable de stimuler la croissance pourrait aggraver le marasme actuel. Même sans représailles de la part du partenaire commercial, les mesures protectionnistes entraînent une hausse des prix à la consommation, ce qui affaiblit les revenus réels des ménages.

Le seul conseil avisé que l’on puisse donner est la patience, la réduction lente mais sûre de la dette des ménages privés et publics, et l’assainissement général des bilans – en d’autres termes, garder son calme et faire face à l’austérité. Malheureusement, ce n’est pas ce que les politiciens en phase électorale souhaitent entendre, ni raconter à leurs électeurs.

Andreas Höfert Chef économiste, UBS oct11

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