Shadow Banking : Le secteur des hedge funds tourne la page d’une nouvelle année noire
Bilan 20110: le secteur des hedge funds tourne la page d’une nouvelle année noire Les fonds dits «alternatifs» ont perdu 4% l’an dernier, selon Eurekahedge
Infographie. Une année pour rien
Marquée par la pire crise financière depuis les années trente, 2008 avait été catastrophique. L’année suivante, les survivants d’un secteur symbolisant la décennie de l’argent fou ont manqué le rebond des marchés. Après un cru 2010 atone, 2011 apparaît comme une autre déception, en raison de la crise de la dette en Europe. «La deuxième plus mauvaise année pour les hedge funds», résume mardi Eurekahedge. Selon ce bureau d’études, les fonds dits «alternatifs» ont fait perdre en moyenne à leurs souscripteurs 4,1%. En 2008 leurs moins-values atteignaient – 10%.
Certes, l’année passée, les marchés boursiers mondiaux ont dévissé – de 10% en moyenne. Il reste également difficile de cerner en un chiffre l’activité de milliers de PME spéculant sur les marchés pour le compte de clients leur confiant un total de 1720 milliards de dollars – 67 milliards de plus en 2011 – soit environ le tiers des avoirs gérés par les banques helvétiques. Pourtant, si «la plupart gagnaient de l’argent sur les six premiers mois», les fluctuations des marchés «les ont ensuite poussés dans le rouge», analyse Eurekahedge.
Le pari gagnant? Spéculer sur la «volatilité des taux»
Qui s’en est le mieux sorti? Ceux écumant les marchés obligataires, qui affichent des plus-values moyennes de +1,5%. Plus précisément, «les structures qui parient sur la volatilité des taux courts – c’est-à-dire les écarts brutaux entre les taux d’intérêts auxquels les banques se prêtent entre elles et les taux de la banque centrale», décrit Laurent Chevallier, gérant du fonds Vasken Macro à Genève pour la firme Eurofin Capital. Des paris qui expliquent l’année solide bouclée par des géants comme Brevan Howard – à qui sont confiés plus de 40 milliards de dollars – ou BlueCrest, établi à Genève.
L’étoile Paulson a bien pâli
Selon Eurekahedge, les grosses structures ont souvent évité les pertes l’an dernier. L’exception notable reste celle du New-Yorkais John Paulson. Légende des marchés – sa prescience quant à la crise de 2008 l’a rendu milliardaire – celui-ci aurait vu son produit phare s’écrouler de 35%, à en croire l’agence Bloomberg. «Paulson a donc eu tout faux? Le raccourci est rapide. Une partie de ses déboires reste due au fait que la taille de son principal fonds le forçait à dévoiler certains de ses investissements», réagit Laurent Chevallier. D’autres spéculateurs ont ainsi pu constituer «des paniers d’investissements anti-Paulson», leur permettant de gagner chaque fois que le gourou encaissait des coups.
Par Pierre-Alexandre Sallier/le temps jan12