La diabolisation des banquiers ne résout rien
La dénonciation des profits énormes des banquiers est un sport bien connu depuis très longtemps. Le mouvement Occupy Wall Street affirme que 1% de la population, dont une grande partie est composée de banquiers, volent les 99% d’autres citoyens. Le cinéma n’a pas manqué non plus d’écorner les milieux financiers, dans des films tels que « Wall Street », ou « Too Big to Fail », par exemple.
La colère est bien là, attisée par la crise financière de 2008, dont la plupart des banques sont parvenues à se sortir indemnes, grâce aux plans de sauvetage des gouvernements. Aujourd’hui, à nouveau, les plus grosses banques « Too big to Fail » sont plus puissantes que jamais, et les banquiers reçoivent d’impressionnants bonus, réveillant la colère des citoyens pour qui ces temps de crise sont tellement difficiles.
Mais nous devrions nous souvenir que cette colère peut parfois engendrer d’affreux monstres, rappelle The Economist. La haine des banquiers a commencé tôt, dans l’histoire des civilisations. Jésus a chassé les marchands du Temple (parmi lesquels il y avait des agents de change). Mahomet a interdit l’usure, et l’Eglise a interdit l’intérêt en 1311.
MOINS DE BANKSTERS EN SUIVANT :
Cependant, l’argent est une nécessité pour la croissance économique, et l’histoire nous enseigne que ce sont les pays qui ont autorisé le prêt qui se sont enrichis le plus tôt. Au 15ème siècle, le nord de l’Italie s’est développé quand les Médicis et d’autres familles de banquiers ont trouvé le moyen de contourner les règles. L’Europe protestante est devenue dominante lorsque Calvin et Luther ont accepté le crédit. Et pendant ce temps, le monde islamique, qui l’avait interdit, continuait de stagner dans la pauvreté. En l’an 1000, l’Europe de l’Ouest comptait pour 11,1% du PNB mondial, contre 8,6% pour le Moyen-Orient. En 1700, la part de l’Europe avait grimpé à 13,5%, alors que celle du Moyen Orient avait décliné à 3,4%.
En outre, les grands centres financiers ont toujours permis à l’art de prospérer, comme Florence à la Renaissance, Amsterdam au 17ème siècle, ou Londres et New York aujourd’hui, tandis que les pays qui ont banni le crédit sont restés des déserts artistiques.
Nous devons être vigilants, parce que l’histoire fourmille d’exemples des turpitudes infligées aux ethnies qui tenaient le rôle de banquiers, comme les persécutions des Juifs au Moyen-âge, ou celles des Chinois en Asie. Dans l’Europe médiévale, tuer des Juifs fournissait un moyen commode de se débarrasser de ses dettes. Bien sûr, les manifestants d’Occupy Wall Street ne sont pas coupables de discriminations ethniques, mais la diabolisation prend des formes variées. Dans le Journal of Business Ethics du mois d’Août, Clive Boddy explique que le secteur financier a été investi par des psychopathes, « des gens, qui, peut-être du fait de facteurs physiques liés à la connectivité et la chimie d’un cerveau anormal », manquent de « conscience, ont peu d’émotions, et manifestent une incapacité à éprouver aucun sentiment de compassion ou d’empathie pour les autres ». Et dans une étude publiée dans la Boston Review en 2009, 25% d’Américains non-Juifs, la plupart démocrates, accusaient les Juifs d’avoir provoqué la crise financière. De même, en Asie, la crise financière de 1997-1998 a fait éclater des émeutes meurtrières durant lesquelles de riches Chinois ont été assassinés, notamment en Indonésie.
La crise de 2008 nous a montré que les banques devaient accumuler davantage de réserves, et il faut sûrement revoir les méthodes de calcul des bonus. Mais diaboliser les banquiers ne résoudra rien, et au pire, cela risque plutôt de réveiller de vieux démons.
source The Economist janv12
Disons que l’appellation “les banquiers” est particulièrement obscure… Les banques sont de très gros organismes, bien nourris. Mais avec des degré de responsabilité différents pour les cellules qui les composent.
mouais.je ne vois pas ce qu’on peut défendre dans le bilan des banques:tricheries ,vol ,malversations,ruine de l’economie réelle ,destruction des monnaies.on essaye de les sauver en imprimant toujours plus de monnaie papier,donc en détruisant la richesse des particuliers.il faudrait vraiment les mettre en faillite et repartir sur des structures bancaires plus saines
“les grands centres financiers ont toujours permis à l’art de prospérer, comme Florence à la Renaissance, Amsterdam au 17ème siècle, ou Londres et New York aujourd’hui, tandis que les pays qui ont banni le crédit sont restés des déserts artistiques”
Et aujourd’hui quelles seraient ces banques ?
En Italie il y a la Banque Éthique, une structure coopérative née dans les années 90 qui permet de choisir dans quels secteurs investir les bénef (par exemple dans l’agriculture biologique, dans l’aide aux associations de réinsertion de ex-détenus, et plus en général dans l’économie solidaire).
Mais la plupart des Banques (toujours en Italie, mais il me semble que Kerviel et co ne sont pas mieux) investissent dans des fonds soit mystérieux soit mauvais, soit comme dans le crac Parmalat ou dans les bonds Cirio…….