Commentaire de Marché

Les prix actuels sur les marchés ne motivent guère James Montier le gérant star de chez GMO

Les prix actuels sur les marchés ne motivent guère  James Montier le gérant star de chez  GMO

 Les obligations souveraines américaines sont extrêmement vulnérables à son avis. Il les considère comme un «risque sans aucun rendement». Au lieu des taux actuels de 2,3%, il faudrait qu’ils remontent entre 4,5 et 5,5% pour atteindre leur «juste valeur»

Il existe deux catégories d’investisseurs, ceux qui disent tout savoir et sont d’autant plus facilement à tous les dîners, et ceux qui disent ne pas savoir et qui ne sont pas invités et agissent à l’inverse des modes. Nous appartenons à la seconde catégorie, a déclaré James Montier, responsable de l’allocation auprès de GMO, lors d’une présentation mercredi à Zurich. Il refuse de croire Ben Bernanke, qui transforme les marchés financiers en instruments de politique économique. Il recommande la prudence. En tant qu’investisseur d’abord attentif à la valeur des actifs, il considère qu’il n’y a pas de marge de sécurité suffisante.

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Les obligations souveraines américaines sont extrêmement vulnérables à son avis. Il les considère comme un «risque sans aucun rendement». Au lieu des taux actuels de 2,3%, il faudrait qu’ils remontent entre 4,5 et 5,5% pour atteindre leur «juste valeur».

Les actions ne sont pas chères, mais n’offrent pas non plus de marge de sécurité parce que les marges bénéficiaires des entreprises devraient baisser. Les profits sont à un niveau record et tous les analystes s’attendent à la poursuite de leur hausse. GMO ne partage pas cet avis. Le gérant de fonds prévoit plutôt un retour à la moyenne. Au cours des dernières décennies, les profits se sont envolés sous l’impulsion de l’investissement des entreprises. Mais ces dernières années, c’est la désépargne de l’Etat (déficits budgétaires) qui a nourri les bénéfices des entreprises. Dans un contexte de désendettement, il est illusoire de croire que l’Etat ou les ménages investiront massivement.

Risque élevé

Non seulement le rendement attendu des actions est négligeable, mais le risque est en outre élevé. Chez GMO, le risque se définit comme une réduction permanente du patrimoine, non pas comme la volatilité. Or, lorsque les attentes de rendement sur les actions sont quasi nulles, le risque d’une forte perte est élevé. Pour se protéger, mieux vaut disposer de 40% de cash dans le portefeuille que d’instruments financiers, selon James Montier.

Seuls les marchés émergents promettent un certain potentiel (5%), selon GMO.

Les dividendes des actions européennes sont également attractifs. Le meilleur moyen d’en tirer profit consiste à acheter un swap sur les dividendes. En effet, le cours actuel anticipe une baisse de 40% des dividendes en trois ans, puis une stagnation infinie. Ce scénario très négatif paraît improbable.

 Par Emmanuel Garessus Zurich/mars 2012

EN COMPLEMENT :  Un brin d’optimisme et quelques conseils utiles pour l’investisseur prudent (par Jeremy Grantham /GMO)

L’une des qualités des grands investisseurs est, outre leur historique de performance (ce fameux « track record »), leur capacité à étayer à partir de simples remarques pleines de bon sens de véritables leçons pour le reste des investisseurs, professionnels ou non.

La dernière lettre de Jeremy Grantham, l’un des très éminents cofondateurs de la société de gestion américaine GMO, en est une belle illustration. Au détour de quelques lignes et en l’espace de trois pages à peine, Grantham rappelle les règles de base et les principes de bonne gestion d’un portefeuille de titres financiers.

La patience, vertu cardinale

Sa dernière lettre comporte également, à mon avis, quelques remarques plutôt rassurantes pour les investisseurs individuels. Grantham affirme ainsi qu’un particulier dispose de sérieux avantages par rapport aux gérants professionnels, et générera ainsi des performances très honorables. Le principal de ces avantages est la patience, qualité dont sont privés la grande majorité des gérants (le plus souvent pour des raisons réglementaires mais surtout parce que leurs clients ne sont eux-mêmes pas très patients).

Un investisseur patient peut se permettre le luxe d’attendre que les meilleures opportunités d’investissement se présentent à lui. Pour peu qu’il soit capable de se faire sa propre opinion quant à la valeur d’un titre, un investisseurs sera en effet en mesure d’acheter un titre avec une importante marge de sûreté, ce qui lui assurera à la fois une promesse d’appréciation de son capital pour un risque modéré. Les investisseurs les plus illustres – Graham, Buffett, Klarman, Schloss… – ont démontré année après année que la patience était une vertu cardinale, pour peu qu’ils aient les moyens de cette patience (en général, cette patience est le fruit d’une totale indépendance financière).

Ignorer la foule

La lettre de Grantham contient également quelques conseils très utiles. Si je ne devais en retenir qu’un, ce serait celui-ci. Plutôt que d’écouter la foule des investisseurs et se laisser influencer par « Monsieur le Marché », un investisseur trouvera à la fois confort et assurance en se concentrant sur les chiffres.

« Le meilleur moyen de résister à la foule est d’estimer vous-mêmes la valeur [d’un titre] ou de trouver des sources fiables (tout en vérifiant de temps à autre leurs calculs) », nous explique Grantham.

Ce faisant, un investisseur ignorera le court terme et se focalisera sur la valeur d’un titre à partir des flux futurs de trésorerie que ce titre lui assurera. L’investisseur prudent privilégiera le long terme – un conseil totalement compatible avec la vertu de patience prônée plus tôt.

Connaître ses limites

Benjamin Graham expliquait dans son livre L’investisseur intelligent que le pire ennemi de tout investisseur n’est autre que lui-même. Grantham le rejoint en enjoignant tout investisseur à connaître ses forces et faiblesses, notamment sa tolérance au risque.

« Vous devez connaître vos seuils de patience et de tolérance aux pertes (…). Si vous ne pouvez résister à la tentation [et vous vous laissez influencer par le marché], vous ne devez SURTOUT PAS gérer votre propre argent », souligne Grantham.

Soit vous êtes en mesure d’agir de manière rationnelle, soit vous ne pouvez pas vous maîtriser et le mieux est alors de chercher à confier votre argent à un conseiller. Sur ce dernier point, Grantham n’apporter malheureusement pas de conseil pour choisir son conseiller.

Pour ma part, cela se jouerait plus sur la compréhension du processus d’investissement, du style de gestion (personnellement, je me sens proche des gérants value qui ont investi leur propre argent à côté de celui de leurs clients – ils sont rares !). Mais cela peut constituer un point de départ intéressant, avant de regarder le « track » et la culture du gérant.

Jocelyn Jovène, weeko.fr Lundi 27 février 2012

Le texte (extrait du commentaire trimestriel de GMO) auquel est fait référence est juste ici.

http://weeko.fr/2012/02/27/un-brin-doptimisme-et-quelques-conseils-utiles-pour-linvestisseur-prudent/

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