Banque nationale suisse: L’arme des taux d’intérêt négatifs pour affaiblir le franc se précise
L’arme des taux d’intérêt négatifs pour affaiblir le franc se précise Certaines banques, dont UBS, se sont déjà préparées à faire payer une taxe à leurs clients pour détenir du franc. Cette mesure avait été mise en place dans les années 1970
La pression pour défendre le taux plancher est-elle devenue insoutenable alors que les craintes sur une sortie de la Grèce de l’euro augmentent? Selon les dernières statistiques hebdomadaires dévoilées mardi, les avoirs en compte de virement des banques auprès de la Banque nationale suisse (BNS) ont gonflé la semaine dernière, passant de 154,9 milliards de francs le 18 mai à 171,6 milliards vendredi. C’est peut-être un signe que l’institution est intervenue en rachetant des euros, avancent des analystes.
D’autres mesures pourraient s’avérer utiles à la BNS. Thomas Jordan déclarait dimanche dans la SonntagsZeitung qu’un groupe de travail réfléchissait à certains outils pour soulager les pressions sur le franc: «L’une des mesures envisageables serait un contrôle des capitaux», expliquait le numéro un de l’institution. Le même jour, un article du SonntagsBlick rapportait que plusieurs banques, dont les banques cantonales de Zurich et de Berne, et une filiale de Credit Suisse, Neue Aargauer Bank, se seraient déjà préparées à la mise en place d’un taux d’intérêt négatif pour freiner les ardeurs de clients étrangers intéressés à placer leur fortune en francs. Cela signifierait que des non-résidents devraient s’acquitter d’une taxe pour détenir la monnaie suisse.
PLUS DE BNS EN SUIVANT :
Jusqu’à 10% par trimestre
UBS fait partie de ces établissements. Mardi, la banque a confirmé au Temps s’être posé la question de savoir si elle pouvait, techniquement, mettre en place des taux d’intérêt négatifs si cela devenait nécessaire. La demande ne vient pas des autorités, a expliqué la banque. Contacté hier, Pictet a expliqué s’être spontanément demandé, dès août 2011, si la banque était en mesure d’appliquer des taux négatifs – ce qui est effectivement le cas, selon elle. Interrogée sur une concertation avec les banques, la BNS ne commente pas.
«Les taux négatifs sont un moyen d’appliquer un contrôle des capitaux», souligne l’économiste Jean-Pierre Béguelin. Des taux négatifs ont été mis en place à deux reprises dans les années 1970, d’abord à des niveaux faibles pour arriver à un montant de 10% par trimestre. Reste à aborder un problème qui se posait moins il y a une quarantaine d’années: comment mettre en place ces contrôles dans les banques à l’étranger. C’est la raison pour laquelle l’Association suisse des banquiers, citée par l’hebdomadaire zurichois, estime que cette mesure est inutile. Devant les difficultés à instaurer une telle mesure, Jean-Pierre Béguelin assure que «si la BNS s’y résout, c’est un moyen de dernier ressort».
D’autres outils de contrôle des capitaux peuvent être utilisés, comme une limitation des transactions ou des émissions obligataires en francs, poursuit Jean-Pierre Béguelin. Difficile de juger si les mesures prises dans les années 1970 ont eu un effet. «C’était plus facile lorsque les taux de change étaient fixes – avant 1973 –, et à court terme, car les effets de ce genre d’interventions tendent à s’estomper», explique-t-il.
Mécanique complexe
La Banque nationale suisse montre ses muscles. Si le taux plancher devient intenable, d’autres moyens existent, a-t-elle répété. Elle évoque les contrôles de capitaux. On entre dans une mécanique bien plus complexe. L’expression ne dit rien sur la façon dont les autorités les mettront en place – par des taux d’intérêt négatifs, des taxes ou des limitations de transactions – et à qui elles s’adresseront. Aux clients étrangers des banques que l’on essaie d’attirer?
En outre, dans le cas d’un intérêt négatif, celui-ci devrait être rédhibitoire pour être efficace: les taux à court terme sont souvent déjà légèrement négatifs et n’ont pas d’incidence.
Il faudra aussi tenir compte de la libéralisation des flux financiers, qui rendent plus difficile à mettre en place ces mesures que dans les années 1970. Et nos voisins, qui ne sont plus dans le même état d’esprit qu’à la fin du système de Bretton Woods – grand bouleversement sur le marché des changes – pourraient trouver que la Suisse va trop loin.
EN COMPLEMENT ET EN RAPPEL : L’intérêt négatif, un épouvantail pour les capitaux étrangers
Par François Schaller journal de Genève et gazette de Lausanne, 19 décembre 1974
Déjà dans les années 1970, le franc suisse était trop haut
« Le 31 juillet 1971, la décision est prise de ne plus verser aucun intérêt aux fonds étrangers qui cherchent refuge chez nous. Le 4 juillet 1972, les capitaux étrangers qui excèdent Fr. 50 000. – par personne sont frappés d’une taxe trimestrielle de 2% payable d’avance. L’intérêt négatif est inventé. Il ne décourage cependant les détenteurs de dollars que pendant quelques mois. Aussi, le 23 janvier 1973, le franc suisse est abandonné aux caprices du marché des changes. Il flotte.
Le 1er octobre 1973, l’intérêt négatif de 8% est supprimé, car la sous-évaluation du franc suisse par rapport à la plupart des monnaies est évidente. Le 21 octobre 1974, l’interdiction de rémunération des fonds étrangers est, elle aussi, rapportée. Le 20 novembre 1974, le Conseil fédéral réintroduit, avec effet rétroactif au 31 octobre, à la fois l’intérêt négatif élevé à 12% (3% trimestriel) et l’interdiction de rémunérer les capitaux étrangers. La raison en est claire: le franc suisse est fortement surévalué par rapport aux autres monnaies.
Rien n’illustre mieux que ce succinct rappel de quelques dates le profond désordre dans lequel nous plonge l’absence de Système monétaire international. […] »
« Le centre du dispositif mis en place par la Banque nationale suisse pour lutter contre l’afflux excessif de capitaux étrangers – l’une des principales causes de la hausse permanente du franc suisse – est formé par le prélèvement obligatoire d’un «intérêt négatif» de 10% par trimestre sur les dépôts de fonds étrangers. Théoriquement, cette mesure est de nature à décourager tout déposant étranger: le franc suisse monte, mais quand même pas au rythme de 40% l’an! En pratique cependant, il existe plusieurs moyens de contourner le plus légalement du monde ce redoutable épouvantail. Par exemple, en plaçant immédiatement les fonds en papiers-valeurs. Ou en virant les sommes sur un compte de chèque postal. Ou en achetant des francs suisses à terme.
Les nouvelles dispositions prises par le Conseil fédéral en accord avec la BNS visent précisément à contrecarrer ces «fuites» dans le dispositif de barrage. L’interdiction de placement (Anlageverbot), réintroduite sous une forme plus sévère qu’en 1973-73, est la mesure la plus grave. Elle donnera certainement un coup de frein à l’afflux de fonds; ses «effets secondaires» (resserrement du marché des capitaux, risque de hausses des taux d’intérêt) ne sont pas négligeables, mais au vu des circonstances présentes, le Conseil fédéral a jugé la situation du franc suffisamment préoccupante pour revenir sur sa position de principe (qui était, rappelons-le, hostile à l’Anlageverbot). […] »
source le temps mai12
C’est beau de voir des gens qui pensent… et pour le cash, ils font comment à la BNS?
Un bête calcul arithmétique (qui semble être si complexe pour tant de nos journalistes MSM) nous laisserait croire qu’une liasse d’un million en billets de 200CHF, ferait dans les 12500cm3. On met quoi dans un coffre ordinaire? 4-5 millions? (faut quand même laisser de la place pour le jonc!) Ça devrait pouvoir dépanner quelques titulaires… Ah oui, en billet de 1000, le million baisse à 2700cm3, mais on peut soupçonner que la demande sera forte et que le billet se fera rare!
Juste pour savoir, les banques, elles font comment après, une fois que les clients auront retiré le cash?
L’été sera distrayant, pour sûr!