Behaviorisme et Finance Comportementale

Politique Friction du Jeudi 22 Novembre 2012 : Du socialisme de la demande au socialisme de l’offre, la nouvelle synthèse française Par Bruno Bertez

Politique Friction du Jeudi 22 Novembre 2012 :  Du socialisme de la demande au socialisme de l’offre, la nouvelle synthèse française Par Bruno Bertez 

On connait la spécialité de François Hollande, c’est la synthèse. Il a fait des merveilles au Parti Socialiste grâce à cette capacité à concilier le chaud et le froid, pour fabriquer l’eau tiède. Il tente la même chose, mais avec plus d’ambition, au niveau du parti français. Aura-t-il le même succès?

Les Français se nourriraient-ils de beau langage et non de bonne soupe?

   La dégradation de la note de crédit de la France est importante. Non pas en terme de rating ou de coût d’accès au marché de la dette, nous sommes d’avis que cela n’a aucune importance.

Elle est importante car elle est l’occasion de réfléchir sur la situation du pays. 

La France bénéficie, en termes de dette, de son statut, soit de moins bon pays du core européen,  soit de son statut de meilleur pestiféré. 

Acheter de la dette française, pense par exemple le Japonais, c’est comme acheter de la dette germanique avec une décote, donc avec un bonus de rendement. Pourquoi? Parce que ce type  d’investisseur raisonne en termes relatifs; si la France venait à sombrer, l’euro n’y résisterait pas et comme l’Allemagne et les élites se sont promis de sauver l’euro coûte que coûte, la France serait sauvée et les créanciers feraient leur plein. Ou bien l’Allemagne se trouverait plombée et son rating rejoindrait celui de la France. C’est le fameux raisonnement « de deux choses l’une », raisonnement qu’affectionnent les financiers, et qui s’est régulièrement avéré faux et ruineux, car, de deux choses l’une, « c’est toujours la troisième qui se produit ».  C’est ce raisonnement qui explique que depuis janvier 2011, date de la première dégradation de la France par S&P, Standard and Poor’s, ce sont les fonds d’Etat français qui ont enregistré la meilleure performance parmi les grands pays. Celui qui a investi dans les OAT françaises, à l’occasion de la dégradation par S&P a gagné 9% sur son investissement, celui qui a investi dans les bunds allemands n’a fait que 3,5% et celui qui était sur les Tresories américains n’a fait que 2,5%. 

Eh oui!

German Debt

 Jusqu’ à présent, à part des marginaux américains, personne ne fonde une politique d’investissement sur l’hypothèse d’un break up de l’euro provoqué par une sortie de l’Allemagne et de ses collègues à balance positive. Personne ne retient l’hypothèse d’une création d’une seconde monnaie européenne comme le Guldenmark.

 EN LIEN : Pour sauver l’euro, coupez-le en trois

Cette hypothèse, que nous avons tendance, sinon à privilégier, du moins à ne pas écarter,  viendrait chambouler les pseudo-raisonnements de nos acheteurs de dette française et leur faire enregistrer à la fois perte sur dépréciation sur la hausse des taux et perte sur la conversion du change.

Les Japonais ont une solide réputation de nuls et une incroyable capacité à se faire « tarter » quand ils sortent de chez eux. Ce n’est pas bon signe qu’ils accumulent la dette française. 

PLUS DE BERTEZ EN SUIVANT :

Pour continuer sur la situation française, nous revenons sur l’entretien accordé par Hollande aux journalistes.  Les journalistes, nous vous le rappelons, sont les intermédiaires de la démocratie, ils représentent, en quelque sorte, le peuple souverain. Un esprit normal, qui vivrait debout et non pas à genoux devant le Pouvoir s’étonnerait de l’expression utilisée en France: accorder un entretien aux représentants, médiateurs du peuple souverain. Ne devrait-on pas inverser? 

Le pays est tellement pollué qu’il ne s’étonne même plus. 

Tout comme il ne s’étonne plus qu’on laisse passer des inepties de propagande pour justifier les reniements et virages politiques. 

Ainsi les soi-disant médiateurs du peuple souverain ont laissé passer une énormité incroyable. Preuve de leur nullité bien sûr, de leur absence de culture économique et politique ; preuve de leur complaisance. 

Ils ont laissé Hollande développer l’idée d’un socialisme de l’offre! 

Socialisme de l’offre qui serait symétrique du socialisme de la demande.

Pour lui, la conception traditionnelle du socialisme est celle du socialisme de la demande.

Il invente donc l’eau tiède du socialisme de l’offre. Soi-disant nouvelle variété de la sociale démocratie dont il se refuse à se réclamer pour éviter les scissions et permettre à ses camarades de continuer d’aller à la soupe. 

Et nos gobe-lunes de journalistes d’écouter bouche bée réinventer l’eau tiède! 

Le socialisme de l’offre existe depuis longtemps et il a fait des ravages terribles.

L’URSS, de sinistre mémoire, pratiquait un socialisme de l’offre, on a vu le résultat lorsque l’Etat et ses prébendiers se mêlent de deviner ce que veut le peuple, de deviner l’avenir, de diriger les ressources et de conduire la production.

 Plus près de nous, Helmut Schmidt, ou Helmit Schmudt, comme disait le vieux Marchais, a pratiqué en Allemagne le socialisme de l’offre. Il disait la fameuse idiotie largement reprise, même par les Giscardiens: les profits d’aujourd’hui font les investissements de demain et les emplois d’après-demain. C’est avec notre Helmut que l’Allemagne a commencé à dériver, à chuter; accumulant un endettement qui a failli la faire crouler comme une vulgaire France. 

Comment, dans un pays où l’Etat central dirige 56% de la dépense nationale, dans un pays où les gouvernements locaux ou régionaux, les entreprises publiques ou semi publiques représentent encore 20% du GDP, comment, dans un pareil  Etat de tiers payant généralisé, peut-on oser proférer semblable absurdité? 

Les règles du jeu de la compétitivité et même de la compétence ne s’appliquent qu’à moins d’un quart des acteurs de l’économie. Et il faut leur en demander des efforts, à ces quelques pourcents du secteur libre, libre, mais avec des boulets aux pieds, pour qu’ils puissent tirer la charrue du pays. 

Le socialisme n’est ni de la demande ni de l’offre car il est d’ailleurs. Il est dans la prétention de quelques-uns de savoir mieux que les autres, dans tous les domaines, surtout ceux qui leur sont étrangers. 

Le socialisme, c’est cette infatuation qui conduit à croire que parce que l’on est le représentant de la fraction de la population la moins avertie de la chose économique, on est le mieux à même à conduire cette économie. 

Le socialisme, c’est cette aberration qui consiste à croire que parce que l’on nie les inégalités, on accède par l’adoubement miraculeux de l’élection au paradis de la compétence, de l’expérience et du savoir pour tous. 

Le socialisme, il est au cœur du système dans lequel l’individu est, par essence, l’ennemi et la société, elle, est  la mesure de toute chose. Le bien incarné. 

C’est pour cela que nous disons que la fausse droite est socialiste, elle croit les mêmes choses, elle pratique le même dirigisme, avec un habillage diffèrent, c’est tout. 

Et le pire est que les résultats sont les mêmes. 

Il n’y a pas de différence entre un socialisme qui prétend se préoccuper du business et de l’investissement et un socialisme qui prétend se préoccuper de produire de la demande.

Ce sont les deux faces d’une même médaille, celle d’un système dans lequel une minorité avide de  pouvoirs, de richesses, de reconnaissances féminines et masculines- et oui il faut vivre avec son temps- une nomenklatura, prétend savoir et faire mieux que ceux qui en ont fonction,  sous prétexte de collecte de suffrages. Sous prétexte de plaire et de séduire. 

Les hitparades d’opinion, hélas, n’ont jamais garanti vérité ou efficacité. Ils garantissent en revanche le règne des évidences de court terme  les plus trompeuses, les plus coûteuses, le règne des intérêts particuliers, de l’intérêt général dévoyé. 

Réfléchissez par exemple aux résultats de nomination des anciens proches de Mitterrand, voire de Sarkozy à la tête du nucléaire français. A la tête des banques. A la tête des compagnies d’assurances. A la tête de l’industrie de l’armement. A la tête d’Air France… A la tête de la future Banque d’investissement. 

Comment un système qui repose sur un mensonge, une négation du réel pourrait-il être efficace?

Le réel, c’est le règne de l’inégalité qui fait avancer la société , qui la fait progresser, échapper à la rareté, qui fait advenir des jours meilleurs et échapper à la barbarie et l’obscurantisme. 

Comment un système bâti sur un mensonge, une dénégation originelle, pourrait-il être efficace?

BRUNO BERTEZ Le Jeudi 22 Novembre 2012

llustrations et mise en page by THE WOLF

EN BANDE SON :

1 réponse »

  1. Vendredi 23 Novembre : Fiscal Cliff, un pas en arrière de Boehner.

    Apres avoir fait deux pas en avant et s’être montré très conciliant la semaine dernière,
    Boehner essaie de se racheter auprès de ses amis républicains de la Chambre des
    Représentants.

    Il vient de déclarer que les Etats Unis n’ont pas les moyens de se payer Obamacare.

    Il a ajouté que la loi sur le heathcare n’était pas sacrée et devait rester sur la table.

    On sait que les républicains avaient promis de revenir en arrière sur cette loi s’ils étaient élus.

    Les républicains pensent que le cout de Obamacare est excessif compte tenu de la faible croissance de l’économie et d’une dette officielle de plus de 16 trillions.

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