Art de la guerre monétaire et économique

Douce France-Etat Profond : Le procureur de Paris s’alarme du « microfinancement » de Daesh… Et quid du « macrofinancement » ?

Syrie : comment Lafarge informait l’État français

Dans l’affaire du financement de l’État islamique par l’entreprise de matériaux de construction, Libération révèle que les renseignements français étaient informés de façon précise et régulière par le directeur sûreté. L’Élysée et le Quai d’Orsay participaient à des discussions stratégiques sur l’envoi de soldats dans l’usine.

Lors de ce troisième interrogatoire, révélé par ­Libération, la juge questionne Jean-Claude Veillard sur un point crucial  : les services de renseignements français étaient-ils informés de la « réalité du financement » de l’EI par ­Lafarge  ? La réponse est limpide  : « Je ne faisais aucun tri dans les informations que je donnais aux services des renseignements. »

Et d’enfoncer le clou  : « Au cours des réunions, j’ai donné toutes les informations. » Selon l’agenda fourni par Jean-Claude Veillard aux enquêteurs, le directeur sûreté a rencontré à 33 reprises les différents services de renseignement extérieurs (DRM, DGSE) et intérieurs (DGSI) entre 2012 et 2014.

Jusqu’ici, le scandale dépeignait surtout l’entêtement d’une multinationale pour engranger des profits au risque d’exposer ses salariés aux enlèvements et de contribuer au financement d’une organisation terroriste. Désormais, c’est l’État qui apparaît au cœur de l’affaire.

Une affaire d’État !

« Ancien commando marine, en poste dans l’entreprise depuis 2008, Jean-Claude Veillard, 64 ans, est un familier des cercles de la défense nationale. À la juge Bilger, il tient à préciser qu’il a « passé [sa] vie à combattre le terrorisme, en Afghanistan, en Bosnie, en Somalie ». Décrit comme un homme à la fibre patriotique chevillée au corps, il noue au fil du temps une relation de confiance avec différents services secrets.

Le groupe Lafarge seule source du renseignement français en Syrie

La juge tente alors de sonder l’importance de ses renseignements pour les services  : « Étiez-vous la seule source d’information pour la DGSE  ? » « Dans cette partie de la ­Syrie, j’aurais la prétention de le croire », rétorque le directeur sûreté.

Opération « grosmarmotte » !

Pour ­converser avec le directeur ­sûreté, la DGSE opte pour la création d’une adresse mail dont l’intitulé est ­surprenant  : [email protected] Plusieurs fois, Veillard l’utilisera pour informer le service de la destinée de l’usine. Ainsi, le 13 septembre 2014, il avise la DGSE de sa future rencontre avec deux dirigeants kurdes en France. L’EI attaque l’usine et en prend possession quelques jours plus tard, le 19 septembre. Dans un autre mail adressé à la DGSE, daté du 22 septembre, Veillard fait ouvertement part de son inquiétude  : «L’usine est maintenant occupée par Daech qui bénéficie de notre cantine, clinique et base vie. […] Le contact a été établi pour la libération de nos collègues chrétiens. Nous recherchons maintenant une voie pour payer la “taxe” car leur jugement est simple  : la conversion, la taxe ou la vie…»

L’usine de Lafarge, base des forces spéciales françaises !

« Dès 2014, alors que l’usine syrienne venait d’être investie par l’EI. Sherpa, partie civile dans l’enquête, a demandé l’audition de Laurent Fabius, alors au Quai d’Orsay. «En octobre ou novembre», Jean-Claude Veillard fait état de contacts avec le cabinet militaire du président François Hollande. « Mon simple objectif était de faire comprendre que cette usine pouvait être utilisée comme base dans le cadre de déploiement des forces militaires françaises », explique le directeur sûreté de Lafarge dans le bureau du juge. À la fin de l’année 2015, ce sont dans un premier temps les forces spéciales américaines qui prendront pied dans l’usine. Le 28 décembre 2015, Jean-Claude Veillard contacte par mail l’ambassadeur français pour la Syrie, basé à Paris, Franck Gellet, afin de le rencontrer  : «J’ai informé le directeur de la DRM et le CEMP [état-major personnel] du PR [président de la République] de cette évolution de situation. […] Je sollicite un rendez-vous dès que possible afin que nous puissions partager avec vous les informations à notre disposition et que vous nous proposiez une stratégie pour garder le contact avec ce site.» Le commandement militaire retient finalement la proposition de Lafarge, et positionne des forces spéciales françaises dans l’usine, aux côtés des Américains, quelques semaines plus tard. »

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