Géopolitique Friction du Vendredi 11 Juillet 2014: L’affaire ukrainienne- une spirale d’aggravation Par Nicolas Tandler

Discrètement, mais efficacement, de part et d’autre, les ennemis sur le front de l’est ukrainien, se cherchent des amis et des soutiens à travers l’Europe. Y compris en France. En Syrie, des volontaires ont été recrutés par centaines pour combattre dans la guerre civile de ce pays proche-oriental.

Au stade présent, initial, autour de 25 jeunes hommes sont partis de France rejoindre l’armée ukrainienne du président Porochenko, et une dizaine les groupes autonomistes de l’est russophone. La majorité de ces premiers volontaires ne se sont pas déterminés par nationalisme petit-russien (les Ukrainiens) ou grand-russien (les Russes), mais par choix religieux. Les catholiques se sont enflammés pour leurs frères de l’ouest du pays, persécutés sous les tsars ou les communistes. Les orthodoxes rejoignent les étendards de la « troisième Rome », Moscou. Lors de l’effondrement de l’URSS, sous le secrétaire-général du PC M. Gorbatchev, des incidents sérieux, allant jusqu’à mort d’homme, s’étaient produits entre les deux confessions, se disputant des lieux de culte sur le sol ukrainien.

Dans ce contexte, un événement que la presse religieuse a seule vraiment mentionné (La Croix, quotidien catholique…) s’est produit le 3 juillet, et jette de l’huile sur le feu. Selon un communiqué de l’Eglise gréco-catholique d’Ukraine, le Père Tikhon Sergiy Kulbaka a été enlevé près de Donetsk par des « forces pro-russes ». Cet ecclésiastique est président de la commission œcuménique de l’exarchat de la région. Depuis, aucun contact n’a été pris par les ravisseurs, aucune négociation n’a été entamée. Le Père Kulbaka s’entretenait avec les journalistes occidentaux, et avait fait part de sa crainte que les insurgés de Donetsk transforment l’orthodoxie en « religion dominante » du territoire en sécession.

Par ailleurs, selon les milieux militaires de Kiev, l’armée russe envisagerait de provoquer un incident de frontière aux limites de la Crimée, afin de trouver un prétexte pour prendre à revers les forces ukrainiennes enfoncées à l’est afin d’y écraser les bastions autonomistes.

Quoi qu’il en soit de cette rumeur sur le fond, elle témoigne, comme les faits signalés ci-dessus, que la tension monte toujours plus entre l’Ukraine et la Russie. Le président Poutine devra faire preuve de toute son habileté tactique face au déchaînement des passions, où s’impliquent plusieurs puissances, les Etats-Unis d’Amérique en tête, représentés sur place par plusieurs centaines de paramilitaires de diverses sociétés, sans compter des officiers de l’US Army.

Les propos du président Porochenko, qui a parlé récemment de sa volonté de diriger un défilé de la victoire à Sébastopol, capitale de la Crimée, dans quelques temps, indique que si le chef de la Russie abandonne toute aide aux autonomistes de l’est, la paix ne reviendra pas pour autant.

NICOLAS TANDLER Le Vendredi 11 Juillet 2014

illustrations et mise en page by THE WOLF

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