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Le Retour du LUPUS : Notes de Marché du Jeudi 21 Mars 2024

Le Retour du LUPUS : Notes de Marché du Jeudi 21 Mars 2024

Vers une correction salutaire 

Bien qu’un record soit souvent suivi d’un nouveau record, il est essentiel de se préparer à des séances de consolidation et/ou de correction. En effet, le S&P 500 a connu seulement trois baisses quotidiennes de 1% ou plus cette année, alors que l’année moyenne en compte 29 depuis 1928. Il en resterait donc 26 (si on respecte la moyenne historique), sachant toutefois que 2019 n’a connu que 15 baisses de 1% ou plus, alors qu’en 2022, il y a eu 63 séances de ce type. Les investisseurs se concentrent surtout sur les krachs et les bear markets, car ils marquent les esprits. Cependant, les corrections «saines» sont en fait bien plus probables qu’un krach la plupart du temps. Selon les calculs de Ben Carlson, il y a eu 33 corrections au cours des 97 dernières années, avec une perte moyenne de 13,8% et une durée moyenne de 116 jours entre le pic et le creux.

Lorsque l’on parle de baisses de marchés ces prochains mois, il est donc nécessaire de rappeler que nous sommes dans une année d’élection présidentielle américaine… Depuis 1833, l’indice S&P 500 a gagné en moyenne 10,03% l’année d’une élection présidentielle.

Les tendances baissières à court terme peuvent se produire pendant les tendances haussières à long terme, comme en témoignent les années 2010, 1990 et 1950. De plus, les élections présidentielles et les corrections des marchés ont une longue histoire en commun. Depuis 1833, l’indice S&P 500 a gagné en moyenne 10,03% l’année d’une élection présidentielle. Cependant, il existe des exceptions notables, comme en 2008, lorsque le S&P 500 a chuté de près de 37%. Compte tenu des fondements économiques actuels et de la durée récente de 15 ans du marché haussier en cours, les probabilités de consolidation cette année pourraient être légèrement plus élevées.

Corrections de marché et élections présidentielles

Les élections présidentielles et les corrections des marchés ont une longue histoire en commun. Lorsque l’on parle de baisses de marchés ces prochains mois, il est donc nécessaire de rappeler que nous sommes dans une année d’élection présidentielle américaine… Depuis 1833, l’indice S&P 500 a gagné en moyenne 10,03% l’année d’une élection présidentielle. En revanche, la première et la deuxième année suivant une élection présidentielle enregistrent des gains moyens de 6,15% et 6,94%, respectivement. Pour les investisseurs, avec un «hit ratio» («ratio de victoire») de 76%, il y a de fortes chances que les marchés terminent l’année de l’élection présidentielle de 2024 en hausse. 

Toutefois, compte tenu des fondements économiques actuels, on ne peut pas écarter complètement le risque non négligeable de 24% qu’une correction plus importante se produise à nouveau.

Le risque pour les élections est un changement de politique qui pourrait remettre en cause les tendances actuelles. Il peut s’agir de propositions d’augmentation des impôts, d’une politique commerciale restrictive, d’une réduction des dépenses, etc. C’est pourquoi les marchés ont tendance à corriger avant les élections de novembre. Un examen de toutes les années électorales depuis 1960 montre que les marchés ont augmenté pendant les années électorales. Toutefois, il convient de noter que le marché a tendance à corriger en septembre et en octobre.

Il est crucial de ne pas minimiser les cycles économiques, monétaires, boursiers et politiques. Les corrections font partie intégrante du marché boursier, et une correction saine dans les mois à venir pourrait être bénéfique si elle permet d’éviter une correction plus importante plus tard. Préparez-vous donc à ces fluctuations et considérez les baisses comme des opportunités de vous repositionner.
Je note avec étonnement que le ratio put/call augmente hier assez nettement en faveur des puts, les intervenants achètent donc nettement plus de protection à la baisse que d’options d’achat dans un contexte de volatilité en repli et de sentiment en «amélioration libre», un phénomène rare et rassurant pour les taureaux, les acteurs du marché des actions sortiraient-ils de l’adolescence?
«Ecouter la radio, boire du gin, danser sur du jazz… retourner aux bonnes vieilles théories de l’économie et de la prospérité basées sur l’épargne et le travail»… «et détourner les yeux des prix des actifs financiers quand il le faut»… tel était le conseil de l’un des plus célèbres membres de JPMorgan, Russel Leffingwell, donné au Président américain au lendemain de la crise de 1929. Dans les krachs boursiers comme dans les phases d’euphorie, savoir porter le regard au-delà du ticker défilant en se concentrant sur un travail rationnel de valorisation peut être salvateur pour l’investisseur qui manquerait de paniquer à la baisse… ou à la hausse…
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CNBC mentionne ce matin la forte demande en or physique, alimentée par son attrait en tant que valeur refuge et un souci de diversifier les investissements. Enfin il semble que les banques centrales, acheteuses depuis deux ans, le seront encore cette année, selon le responsable du World Gold Council.
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Sur le front des indicateurs internes de marché, je note qu’une majorité d’actions du SPX ont clôturé à 5% de leur plus haut en 252 jours. L’histoire montre que lorsqu’une telle configuration se présente, dans 100% des cas l’indice progresse dans le mois qui suit dans une moyenne de 2,6%. Ne tirez pas sur le messager svp, il s’agit ici de relater le passé, pas de prédire l’avenir. En parallèle, le marché des options indique que les petits porteurs et les institutionnels semblent partager le même avis, un phénomène plutôt rare, le montant dépensé pour acheter des options de vente par rapport aux options d’achat tombant à son plus bas niveau en plus de deux ans. Cette configuration n’est apparue que rarement dans le passé (2020 – 2021 et 2000), elle peut permettre aux taureaux d’espérer que la hausse est sur le point de s’auto-entretenir, ceci dit elle indique aussi que les intervenants sont en train de baisser leur garde, à suivre de près.
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la décision la plus importante que la Fed devait prendre a connu son épilogue le 11 mars dernier.

Que s’est-il donc passé ce fameux 11 mars? La mort d’un potentiel black swan qui nous perturbait dans notre analyse de l’évolution des taux américains ainsi que du comportement de la Fed. Depuis de nombreuses semaines, nous manifestions notre inquiétude concernant la santé de certaines banques américaines (ainsi que deux allemandes et une japonaise accessoirement) en lien avec la crise actuelle qui touche le marché des CRE, les fameuses dettes dans l’immobilier commercial américain. Il y avait un risque non négligeable que le premier anniversaire de la crise dite SVB soit fêté par le retour potentiellement violent d’une crise similaire déclenchée par les CRE. La Fed nous a dit implicitement le 11 mars «il n’en est rien, circulez il n’y a rien à voir!» en fermant définitivement (pour l’instant?) son programme BTFP.Le BTFP, pour Banking Term Funding Program, avait été créé mi-mars 2023 pour une durée d’un an afin de venir en aide à des établissements en mal de liquidités. Nous avions donc conclu que si notre black swan «crise CRE» était vraiment une menace, la Fed l’aurait vu et aurait prolongé ce programme BTFP au-delà de sa date d’échéance prévue de longue date (et annoncée officiellement le 24 janvier) pour le 11 mars 2024. Nous sommes le 19 mars et force est de constater que ce BTFP n’a pas été reconduit. La Fed n’a pas jugé utile de commenter cette décision; elle dira sûrement, si on le lui demande demain soir lors de la session des questions-réponses, que tout a déjà été communiqué le 24 janvier. Conclusion: selon la Fed, il n’y a pas de crise CRE, ni aujourd’hui ni dans un avenir proche.

Nous voilà donc soulagés avec un petit bémol toutefois. Si la Fed savait tout et savait tout anticiper, cela se saurait. Elle a fait un job formidable en mars 2023 en transformant dans l’urgence un risque systémique en risque idiosyncratique et en nous évitant une crise supplémentaire. Mais, une fois de plus, elle a agi en réaction à un événement qu’elle n’avait pas prévu et non en prévention. Alors qui sait si cette crise CRE ne va pas nous revenir en pleine face tel un boomerang dans les mois qui viennent. Ne nous le souhaitons pas.
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La dernière enquête mensuelle menée par Bank of America auprès de gérants de fonds montre sans grande surprise que leur allocation en actions est à son plus haut niveau depuis deux ans, que leurs anticipations de croissance font de même, qu’ils ont tendance à se tourner vers le marché européen (tiens tiens…), les marchés émergents et les valeurs financières (ndlr UBS gagne 13% depuis un mois). C’est une énorme surprise que d’apprendre que le principal «crowded trade», le pari le plus embouteillé de ces messieurs dames est d’être long les 7 magnifiques (rappelons ici l’existence trop souvent dédaignée d’un type d’ordre de bourse appelé «stop loss»). 45% des gérants interrogés pensent que l’intelligence artificielle n’est pas une bulle, 40% pensent que oui tandis que 15% n’ont pas d’avis à ce sujet. Je me suis permis de prolonger l’enquête de BAC en posant la question directement à Chat GPT, qui est manifestement en vacances en Normandie et me livre la réponse suivante: «l’IA peut connaître des périodes de spéculation financière mais cela ne signifie pas nécessairement qu’elle constitue une bulle financière. La prudence et l’analyse diligente sont importantes pour les investisseurs qui s’intéressent à ce secteur en évolution rapide». Tellement juste et so boring… On revient à l’enquête de Bank of America, qui conclut avec le sentiment des investisseurs, qui n’a pas été aussi haussier depuis janvier 2022 (voir le passage sur les ordres stop…).
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Pour une fois, la performance de l’eurostoxx50 devance de quelques pas celle du S&P500. Raisonnable, à 14 fois les résultats des 12 prochains mois, la valorisation en ligne avec sa moyenne 10 ans rassure par rapport à celle du S&P500 (22 fois les BPA). Le rendement du dividende deux fois supérieur (3,2%) et les programmes de rachats d’actions compensent une croissance moins séduisante des bénéfices. 24 ans après la bulle Interne, l’Eurostoxx franchit à nouveau les 5000 points. Le plafond de verre et puit gravitationnel des 3000 points du célèbre «Whatever it takes» de Mario Draghi est désormais un très lointain souvenir.

Mais les mêmes vicissitudes observées outre Atlantique ne nous épargnent pas. Trois secteurs accaparent le podium des performances: technologie, électrification, luxe. 5 valeurs du top 50 s’arrogent à elles seules la moitié de la performance de l’indice: ASML, SAP, LVMH, SCHNEIDER, HERMES. Attention cette concentration de marché exubérante est vulnérable au retour de la volatilité, pour l’instant spectrale… 50% sous ses niveaux d’octobre, «le big short» de fin 2023 reste sonné par le gong de l’appétit insatiable des marchés pour le risque. Le défibrillateur des chiffres d’inflation un peu moins bons qu’espéré n’est d’aucun secours aux acheteurs de volatilité et de couverture: les futures Vstoxx (indice de volatilité implicite de l’Eurostoxx 50) traitent 10 points en dessous de la moyenne historique! Une telle absence de crainte et de protection dans le marché peut le fragiliser en cas de mauvaise surprise.

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Pour les observateurs des matières premières, l’actualité est intéressante et ne milite plus autant en faveur de la «Grande désinflation» des derniers trimestres. Dopé par une forte baisse des stocks dans l’OCDE, une prolongation des restrictions de l’OPEP, et des frappes ukrainiennes sur des raffineries russes, le pétrole repart à l’assaut de 80 dollars. L’Agence Internationale de l’Energie vient de réviser ses attentes et table sur un déficit en 2024.

Les métaux, bondissent depuis les points bas de début février (+10% pour le Goldman Sachs Metal Index). Ceux sensibles au cycle économique, comme le cuivre, voient les investisseurs se repositionner, dans le prolongement du rebond de l’indice PMI manufacturier global et en amont du redémarrage de ce que certains d’entre eux considèrent comme un «supercycle des métaux». Pierre angulaire d’une économie dopée aux semi-conducteurs, à l’IA et aux énergies propres, le cuivre renoue avec les 9000 dollars, un plus haut à un an, sur fond de risque d’asphyxie des raffineurs chinois qui manquent cruellement de concentrés chilien, la matière première des précieuses cathodes… Tandis que la banque de Monsieur Leffingwell revoit sa cible de fin d’année sur l’or, à 2500 dollars l’once.
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Les Etats-Unis, sont de devenus le premier producteur mondial de pétrole et cela vient limiter considérablement l’influence de l’OPEP et augmente de manière significative les paiements en dollars américains !

Comme nous l’apprend le Monde, « le cartel mené par l’Arabie saoudite a vu sa part dans l’extraction mondiale de brut passer de 43 % à 36 % en douze ans. Mais le club des douze, désormais épaulé par ses alliés de l’OPEP+, garde des atouts d’importance. »

Plus les Etats-Unis extraient du pétrole, plus le premier producteur mondial contrarie l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). Avec l’Arabie saoudite à sa tête, ce cartel de douze pays membres a besoin de peser sur le marché, pour tirer les prix vers le haut. Or, son poids dans la production mondiale de pétrole (brut, sables bitumineux, schiste, condensats) a déjà décliné : il est passé de 43,2 % en 2012 à 36,3 % en 2022, sur désormais plus de 93 millions de barils par jour, selon les statistiques d’un organisme britannique, l’Energy Institute. Dans le même temps, la part des Etats-Unis a grimpé : elle s’est élevée à 18,9 % en 2022, contre 9,6 % dix ans auparavant, c’est-à-dire avant la « révolution » texane des pétroles de schiste.
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La BNS devrait être la première grande banque centrale à réduire ses taux

La Suisse n’a jamais vraiment eu de problème d’inflation. L’IPC a culminé à seulement 3,5%, alors que la zone euro et le Royaume-Uni affichaient des taux à deux chiffres.

La BNS sera la première grande banque centrale à réduire ses taux. Notre point de vue: 1,75% à 1,5%.

L’inflation est de 1,2% et a été inférieure à 2% au cours des neuf derniers mois. Objectif: 0-2%.

La Suisse n’a jamais vraiment eu de problème d’inflation. Marché unique.

  • L’IPC a culminé à seulement 3,5%. Grand contraste avec les taux à deux chiffres observés dans la zone euro et au Royaume-Uni.
  • La Suisse ne dépend pas de l’importation de pétrole et de gaz de l’étranger. Offre importante d’hydroélectricité.
  • L’approvisionnement en énergie est également très réglementé. Les fournisseurs sont en grande partie des entreprises publiques.
  • 1/3 du panier de l’IPC de base est également soumis à une certaine forme de réglementation des prix. Plus élevé que dans tout autre pays européen.
  • Franc suisse fort.

Le principal risque auquel la BNS sera attentive est la force du franc suisse (CHF).

  • Cette année, la BNS a cessé d’intervenir pour soutenir le franc suisse.
  • Elle a acheté des francs suisses pour une valeur de 15 % du PIB en 2023.
  • Le CHF s’est déprécié de 3 % depuis le début de l’année en termes pondérés par les échanges commerciaux.
  • Une trop grande divergence de politique avec les autres BC pourrait exercer une pression supplémentaire à la baisse sur le CHF.
  • Cela dit, le franc suisse est très fort en ce moment.

Perspectives d’avenir: il y aura probablement deux autres baisses de taux cette année. Laisser le taux directeur à 1%, où il devrait rester à moyen terme.

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Gucci, qui représente la moitié du chiffre d’affaires de Kering et près de 70% de ses bénéfices, a vu ses ventes chuter de 20% sur un an, avec un recul particulièrement prononcé en Asie-Pacifique. Le groupe peine à renouveler l’intérêt des consommateurs, malgré l’arrivée de nouvelles collections. L’action cède 7% depuis le début de l’année.
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L’administration Biden envisage d’inscrire sur une liste noire les entreprises chinoises de puces électroniques liées à Huawei, selon l’agence Bloomberg, intensifiant ainsi sa campagne visant à freiner les ambitions de Pékin en matière d’intelligence artificielle et de semi-conducteurs. La plupart des entités concernées ont déjà été identifiées à Washington comme des installations acquises ou construites par Huawei.
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Les ventes de voitures neuves dans l’UE ont augmenté de 10,1% en février par rapport à l’année précédente, selon l’ACEA.

« Comme il fallait s’y attendre, le lumpen-prolétariat s’est mis au service de la bourgeoisie »

Le lumpen-prolétariat organisé a livré, sa bataille au prolétariat travailleur non organisé.

Comme il fallait s’y attendre, il s’est mis au service de la bourgeoisie […].

Friedrich Engels – Les journées de 1848 ; in Neue Rheinische Zeitung (29 juin 1848)

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3 réponses »

  1. « Comme il fallait s’y attendre, le lumpen-prolétariat s’est mis au service de la bourgeoisie »
    Le lumpen-prolétariat organisé a livré, sa bataille au prolétariat travailleur non organisé.

    Comme il fallait s’y attendre, il s’est mis au service de la bourgeoisie […].

    Friedrich Engels – Les journées de 1848 ; in Neue Rheinische Zeitung (29 juin 1848)

    Citation tout a fait d’actualité …depuis que nos « amis » surdiplomés « et « grande chance pour la France » nous livrent une bataille non nommée dissimulée
    Ils sont le bras armé …ils entretiennent la peur …maintiennent les gens dans les clous
    Plus de liberté les racailles veillent
    Silence iSlence l’ordre régne …

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