Behaviorisme et Finance Comportementale

Idées courtes, idées fausses : ce n’est pas parce qu’on vous le dit ou qu’on l’écrit que cela est vrai…

La suite de ma  nouvelle rubrique destinée à tordre le cou à certaines idées politiquement correctes  car destinées à caresser la bête dans le bon sens du poil mais économiquement fausses….Alors au risque de déplaire, restons « contrarian »  et vive la contrariété !!!!

IDEES COURTES IDEES FAUSSES : ce n’est pas parce qu’on vous le dit  et/ou qu’on l’écrit que c’est vrai

Les Hedges Funds et la pratique de la vente à découverte sont nuisibles à la bonne marche des marchés financiers : FAUX

SUITE DU QUIZZ :

Refuser de comprendre le rôle des
hedge funds nuit au marché tout entier

agefi 20/4/09

Les spéculateurs dérangent les
investisseurs honnêtes. Motivés
uniquement par le profit à court terme, ils
faussent les règles du jeu. Ils donnent un
poids prépondérant aux facteurs négatifs et
déstabilisent la finance, voire l’économie
toute entière. Parmi eux, les hedge funds,
qualifiés par leurs détracteurs de «fonds
spéculatifs», ou tout au moins de «fonds à
risque particulier», occupent une place privilégiée.
L’interdiction des ventes à découvert
n’ayant pas eu l’effet souhaité, les régulateurs
ont renforcé les exigences de
transparence. Faute de pouvoir prendre des
mesures contre les causes plus profondes
de la crise, il faut s’attaquer aux cibles plus
faciles pour donner l’illusion d’un engagement
actif. Ainsi, les autorités ne s’efforcent
ni de comprendre le rôle des hedge funds au
sein du marché ni d’étudier leur fonctionnement.
Elles pourraient commencer par
prendre en considération l’origine du terme:
«to hedge», c’est-à-dire «se couvrir». Car
ces «short» accusés de tous les maux sont
souvent utilisés pour couvrir les risques des
positions à l’achat (long). Ou simplement
pour limiter les dégâts: le professeur de
finance à l’IMD Arturo Bris a constaté que le
jour où le titre Lehman Brothers avait perdu
45%, les «short sellers» ne sont entrés sur
scène que lorsqu’il avait déjà perdu 30%,
pour plafonner leurs pertes à ce niveau-là.
Si certaines stratégies ont abusé du levier
pour générer les meilleurs rendements
(LTCM) ou simplement remplacé leur approche
par un schème de Ponzi (Madoff), d’autres
privilégient encore et toujours la réduction
des risques par rapport aux placements
traditionnels. L’étude de l’EDHEC l’a montré:
ce n’est pas un hasard si l’interdiction des
ventes à découvert a eu un effet contraire à
celui visé. En fait, les régulateurs ont supprimé
un élément stabilisateur. Le professeur
Arturo Bris rappelle ce qu’ils semblent
avoir oublié: «A chaque vente à découvert
correspond un engagement à l’achat.» A ses
yeux, un équilibre entre les paris optimistes
et pessimistes «crée une compétition»
qui a pour effet de rapprocher les cours de
la réalité du marché. Il a observé que la
première conséquence d’empêcher les
pessimistes d’agir est de détériorer la
liquidité des titres concernés. Si les investisseurs
n’ont pas la possibilité de couvrir
leurs positions, ils évitent simplement d’en
prendre. Et lorsqu’une action est moins
liquide, les transactions ont plus d’impact
sur le cours – elle devient plus volatile.
Arturo Bris a également observé qu’avant
l’entrée en vigueur de l’interdiction, les
titres ainsi «protégés» n’ont pas fait plus
souvent l’objet de ventes à découvert que
les autres. Il renforce ainsi l’impression
que l’effet principal de cette intervention a
été de perturber le fonctionnement
normal du marché. Finalement, malgré
une année 2008 marquée par une suite de
scandales et de faillites de hedge funds, il
n’en reste pas moins que ces fonds ont
perdu nettement moins que le MSCI World
(-23,27% selon l’indice HFR, contre –
42,12%)!
Refuser de comprendre le rôle des
hedge funds nuit au marché tout entier

 

Bannir les ventes à découvert
augmente la volatilité
ÉTUDE EDHEC
Cette mesure a plus fortement influencé les fluctuations que les effets liés à la crise financière.

ANALYSE
«L’ÉQUILIBRE ENTRE
LES PARIS OPTIMISTES
ET PESSIMISTES CRÉE UNE
COMPÉTITION RAPPROCHANT
LES COURS DE LA RÉALITÉ
DU MARCHÉ.»
CHRISTIAN AFFOLTER agefi 20/4/09

Les régulateurs ont trouvé leur
bouc émissaire. Les acteurs qui
misent sur les baisses de valeur
pèsent si lourdement sur les
marchés qu’il faut limiter leurs
activités au maximum. Les ventes
à découvert ont donc été interdites
sur une série de titres
jugés particulièrement sensibles.
Cela aurait dû mettre un
terme aux chutes de cours sans
fin des valeurs financières. Les
fluctuations extrêmes retourneraient
à des écarts normaux.
Une étude de l’EDHEC publiée
vendredi montre que les régulateurs
se sont trompés de cible.
Leurs espoirs ne se sont pas
confirmés. Au contraire.
Le constat du professeur de finance
Abraham Lioui de
l’EDHEC est sans appel: «L’interdiction
de la vente à découvert
a eu un impact plus important
sur la volatilité des marchés que
la crise financière.» Les indices
analysés dans l’étude ont même
plus fortement réagi à cette mesure
que les titres directement
concernés. En revanche, elle n’a
eu aucun effet significatif sur la
distribution de performances
négatives ou positives. Par
conséquent, l’objectif d’arrêter
le mouvement négatif des actions
du CAC 40 frappées de
cette interdiction n’a pas été atteint.
Et elle a contribué de manière
significative à les éloigner
de la réalité du marché, comme
le montre la diminution du
bêta après la mise à ban.
Les autorités n’ont fait
aucun effort d’explication
Les raisons de ce double échec
sont tant d’ordre technique que
liées à la psychologie des marchés.
«Si l’objectif a été de
contrer un groupe de manipulateurs,
cette interdiction équivaut
clairement à un aveu de faiblesse.
Si elle a au contraire visé
à ralentir la chute des cours, cela
représente une interférence sur
les marchés qui ne correspond
pas à la mission des autorités de
surveillance. Quoi qu’il en soit,
celles-ci n’ont fait aucun effort
pour s’expliquer», analyse Abraham
Lioui. Ainsi, elles ont rajouté
à l’incertitude au lieu de
rassurer les marchés. Annoncer
un changement des règles aussi
abrupt a provoqué un choc plus
fort que celui lié aux conséquences
directes. La réaction des indices
en livre un exemple particulièrement
probant.
Les «market maker» (teneurs de
marché, intermédiaires pour
l’achat et la vente de titres) ont
été autorisés à continuer les ventes
à découvert (short). Une
étude récente sur le marché
américain des «short sellers» a
ainsi montré que la part de ces
transactions au volume
d’échange quotidien est tombée
de 20% à 8% durant la période
d’interdiction, correspondant
donc au poids des market maker.
Ceux-ci «couvrent leurs paris
sur les marchés des options.»
Majoritairement composés
d’établissements financiers, les
«short sellers» seraient des acteurs
«sophistiqués, contribuant
à l’efficience des marchés.
» Les investisseurs plus
petits ont recours à des options
pour miser sur des baisses. Ces
instruments dérivés n’ont pas
été touchés par l’interdiction,
ce qui renforce les doutes au sujet
de son efficacité.
Parmi les leçons à en tirer figure
le reproche aux régulateurs
d’avoir introduit cette
mesure sans avoir évalué son
impact. Certes, ces autorités
doivent tenter d’améliorer le
cadre du négoce, mais «avant
de le faire, elles devraient documenter
ses failles», suggère
Abraham Lioui.

EN COMPLEMENT  CETTE ARTICLE  INDISPENSABLE DU BRILLANT CHERCHEUR CANADIEN ANDRE GOSSELIN :

La vente à découvert: les pompiers du marché

Si vous êtes comme moi, votre surprise a dû être grande lorsque vous avez appris qu’on pouvait vendre un titre qu’on ne possède pas. Vous pensez que le titre XYZ est surévalué et qu’il devrait bientôt tomber de son piédestal, vous n’avez qu’à emprunter une quantité d’actions à votre courtier pour les vendre sur le marché. Il vous suffit de les racheter plus tard en espérant que le cours aura baissé et de remettre les actions à votre courtier en empochant la différence. Tout ce qui intéresse ce dernier, c’est de ravoir les actions qu’il vous a prêtées, en exigeant une couverture minimale (30 % de la valeur des titres vendus par exemple). Cette technique qui consiste à miser sur la baisse d’un titre s’appelle la vente à découvert (short selling en anglais).

Disons, par exemple, que vous vendez à découvert 1 000 actions de « MacroSoft » à 5 $ parce qu’à ce prix, selon vous, le titre est nettement surévalué. Deux mois plus tard les actions ne valent plus que 2 $ et vous décidez de les racheter. Vous les remettez à votre courtier et vous encaissez un profit de 3 $ l’action, soit 3 000 $ au total. 

Avec la chute des marchés en 2000, en 2001 et en 2002 et 2008 , les rares investisseurs qui ont fait de l’argent sont ceux qui n’ont pas hésité à vendre à découvert. Imaginez votre gain si vous aviez vendu à découvert 1 000 actions de Nortel lorsqu’elles se négociaient à 100 $ à Toronto, pour les racheter à 3 $ quelque part au début de 2003; ou mieux encore, si vous aviez vendu à découvert Enron et Worldcom comme certains l’ont fait avant la débâcle de ces deux pommes pourries de l’économie américaine. Si votre courtier exigeait une couverture de 30 000 $ pour la transaction sur Nortel, cela représente tout de même un rendement de près de 300 % puisque le gain total est de 97 000 $. 

Les gains de la vente à découvert peuvent être assez exceptionnels et extrêmement rapides quand les conditions favorables sont réunies. Plusieurs grandes compagnies de haute technologie, à la fin des années 1990, ont vu leurs titres passer de 10 $ à 100 $ en 5 ans. Mais il leur a fallu moins de 12 mois pour faire le chemin inverse. 

 Comme le marché a souvent tendance à être cher et que les aubaines sont rares, la vente à découvert reste un outil que les investisseurs ont intérêt à maîtriser s’ils veulent tirer leur épingle du jeu. D’ailleurs, les courtiers n’hésitent pas à faire la promotion de cet instrument financier pour aider leurs clients à avoir un portefeuille plus équilibré et mieux protégé contre les aléas du marché. 

Soupape de sécurité 

La vente à découvert est un instrument financier aussi vieux que la Bourse elle-même. On en retrouve des traces, nous disent les historiens, aussi loin qu’en 1610, au sein notamment de la Bourse d’Amsterdam (le premier marché boursier du monde). 

Lors de la création de la Dutch East India Company, une société d’exploration et d’exploitation des richesses du Nouveau Monde, une frénésie spéculative s’était abattue sur le titre de la compagnie, dans une sorte de répétition générale de ce que l’Angleterre allait connaître un siècle plus tard (en 1721 très exactement) avec ce que l’on a appelé la South Sea Bubble. Dans les semaines qui suivirent les déboires du titre de la Dutch East India, les dirigeants de la compagnie blâmèrent directement les vendeurs à découvert. 

Dans un mémoire larmoyant adressé au gouvernement de l’époque et daté de 1610, ces dirigeants écrivaient: « L’attaque des investisseurs pessimistes contre le titre de notre compagnie, notamment sous la forme de vente à découvert, a causé et continue de causer des dommages incalculables à d’innocents actionnaires, parmi lesquels plusieurs veuves et orphelins.» 

La riposte des agents de la Bourse d’Amsterdam, empreinte de rationalité et de lucidité, n’étonnera pas les historiens financiers: «La chute du titre de la Dutch East India Company, lit-on, a été provoquée par des conditions d’affaires insatisfaisantes et des attentes trop élevées de la part des investisseurs.» Peine perdue pour eux, une loi allait être promulguée en février 1610 interdisant la vente à découvert. Mais très vite, les forces du marché allaient rétablir la pratique de la vente à découvert. 

Dans à peu près tous les marchés boursiers de la planète, la vente à découvert a été, un jour ou l’autre, prohibée par les autorités pour revenir en force quelques mois ou quelques années plus tard. Elle suscite encore la polémique, et certaines institutions financières n’hésitent pas à prendre les grands moyens pour interdire le «prêt» aux courtiers des actions contenues dans leurs portefeuilles et prêtées ensuite aux vendeurs à découvert. 

Sans pour autant pratiquer assidûment la vente à découvert, je demeure un farouche défenseur de cette manière d’investir. Sans la vente à découvert, les marchés ne seraient pas aussi efficaces; les bulles spéculatives seraient plus fréquentes, plus grosses et plus dangereuses; pire encore, les entreprises qui profitent de la convoitise des investisseurs novices abuseraient encore davantage des émissions d’actions (toute entreprise est tentée par des appels à l’épargne lorsque son titre atteint des sommets sur le marché), d’où un plus grand gaspillage du capital et une mauvaise allocation des investissements. 

Les excès d’optimisme qu’on rencontre trop souvent sur les marchés, à cause des investisseurs irresponsables, doivent être contrebalancés par le camp des investisseurs pessimistes. Sans eux, ce serait la folie. Sans eux, vous seriez peut-être sur la paille. Comme il y a déjà assez d’incendiaires sur les marchés, il nous faut bien une petite armée de pompiers pour éteindre les feux. 

Afin que les joueurs pessimistes du marché puissent transmettre efficacement leur point de vue dans le cours des actions, il ne suffit pas de leur dire de ne pas acheter. Ils ont le droit de tirer profit d’instruments plus appropriés à leurs opinions et anticipations, comme la vente à découvert. Les faits, d’ailleurs, parlent d’eux-mêmes: les vendeurs à découvert sont les plus aguerris de la collectivité des investisseurs, et ils forment la frange la plus responsable de tous ceux qui s’activent sur le marché des actions. Je n’ai aucune objection à ce que mon courtier leur prête mes actions, moyennant un certain loyer pour les valeurs ainsi prêtées. Tant qu’il s’agit d’un contrat entre personnes consentantes qui protègent toutes les parties, je ne vois pas ce que l’État aurait à dire là-dessus et ce qu’il y aurait d’immoral ou d’antipatriotique dans la vente à découvert. 

ANDRÉ GOSSELIN PHD, ANALYSTE PRINCIPAL Orientation Finance

L’IDEE FAUSSE PRECEDENTE :

 En Bourse les Traders actifs sont gagnants

http://leblogalupus.com/2009/05/09/idees-courtes-idees-fausses-ce-n%e2%80%99est-pas-parce-qu%e2%80%99on-vous-le-dit-ou-qu%e2%80%99on-l%e2%80%99ecrit-que-cela-est-vrai%e2%80%a6/

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