Trois chercheurs de l’Université de Linz font pour la première fois la preuve empirique que des prestations de chômage élevées ou une hausse du chômage ont un effet pénalisant majeur sur les valeurs morales. A moyen et long terme, l’individu est incité à tirer profit de l’Etat social via la fraude….
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De l’effet de la hausse des prestations de chômage
L’offre crée sa propre demande, selon la loi établie par Jean-Baptiste Say (1767-1832)( cliquez sur le lien), le principal économiste classique français. Cette loi a été étudiée par de nombreux économistes qui insinuent que l’Etat social est autodestructeur. Les milieux académiques en étaient restés au niveau théorique. Mais le mois dernier, trois chercheurs de l’université de Linz, en Autriche, ont présenté les premiers résultats empiriques sur ce thème (1).
Leur objet d’étude porte sur l’impact de l’Etat social sur les normes sociales, en particulier sur la morale liées aux prestations («benefit morale»). Ce concept définit la réticence d’un individu à exploiter le système de sécurité sociale par la fraude.
Ces chercheurs ne sont pas des inconnus. Friedrich Schneider (cliquez sur le lien) notamment est l’un des économistes les plus réputés en Europe dans le domaine de l’économie souterraine, du travail au noir et de la corruption.
Deux de ces trois chercheurs, Halla et Schneider, avaient présenté l’an dernier une étude sur la morale fiscale fort intéressante. Elle suggère que l’individu rationalise son comportement déviant. Il le justifie en quelque sorte. En termes économiques, on dira que les normes sociales sont déterminées par les prix. Plus l’impôt est élevé, et plus la tentation de l’évasion ou de la fraude fiscale est élevée.
Un autre universitaire, Friedrich Heinemann montrait l’an dernier quepour les pluss récentes générationsm, la morale liée aux prestations sociales était plus basse que pour les générations antérieures.
L’initiative de Halla, Lackner et Schneider est originale. En s’appuyant sur les sondages des European et des World Values, ils montrent que l’impact d’un Etat social généreux est différent à court, moyen et long terme. Un haut niveau de prestations sociales ou un nombre élevé de personnes au chômage n’ont pas, ou très peu, d’impact sur la morale liées aux prestations et d’effet sur le comportement de fraude. Mais à moyen et long terme, l’incitation à la fraude est très nette. On parle alors d’un effet de «désincitation». La loi de Say est ainsi vérifiée dans le domaine social.
Les trois chercheurs n’observent pas de dégradation morale, comme Heinemann, auprès des jeunes générations. Cependant, ils mettent en évidence d’intéressantes relations statistiques: La morale (liée aux prestations sociales) augmente avec l’âge. Elle est également supérieure auprès des personnes de formation supérieure et des hauts revenus -ce qui corrobore l’idée qu’un individu à faibles revenus «rationalise» son comportement déviant.
Les femmes ont également un comportement plus honnête. Il en va de même des personnes vivant dans des régions rurales. Enfin, la morale des prestations est plus faible auprès des chômeurs.
Comme il s’agit d’une première, la recherche doit être poursuivie, notamment sur la base d’autres données. Les auteurs vont plus loin et recommandent, au plan politique, d’accroître le niveau de formation.
(1) An Empirical Analysis of the Dynamics of the Welfare State: The Case of Benefit Morale, Martin Halla, Mario Lackner, Friedrich Schneider, Institute for the Study of Labor, may 2009
Emmanuel Garessus le temps 26/6/09
EN COMPLEMENT INDISPENSABLE :
JEAN BAPTISTE SAY /http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Baptiste_Say
ECOLE DU CHOIX PUBLIC /http://www.wikiberal.org/wiki/%C3%89cole_du_Public_Choice
Catégories :L'Etat dans tous ses états, ses impots et Nous, Le Temps
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