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Richard s. Lindzen : Gare à l’hystérie climatique

Quand la mise en garde provient d’une sommité dans le domaine de la climatologie , cela mérite que l’on y prète attention….surtout quand il dénonce les présupposés idéologiques et les intérets économiques  en soubassement de ce qui nous est souvent donné comme des évidences…. 

«  Depuis 14 ans, il n’y a pas eu de réchauffement global net statistiquement significatif.   

PLUS DE DETAILS EN SUIVANT :

 La notion d’un climat statique et immobile est étrangère à l’histoire de la Terre et de toute autre planète entourée d’une enveloppe fluide. Que le monde avancé ait donc pu succomber à l’hystérie à propos de changements de quelques dixièmes d’un degré déviant de la température globale moyenne ne manquera sans doute pas d’étonner les futures générations. Une telle hystérie reflète surtout l’illettrisme scientifique d’une grande partie du public, sa vulnérabilité à la répétition se substituant à la vérité, et l’exploitation de ces faiblesses par les politiciens, les environnementalistes et, après 20 ans de battage médiatique, par bien d’autres groupes d’intérêts.

Or, depuis 14 ans, il n’y a pas eu de réchauffement global net statistiquement significatif. Les alarmistes maintiennent que certaines des années les plus chaudes jamais observées ont eu lieu durant la dernière décennie. Étant donné que nous nous trouvons effectivement dans une période relativement chaude, cela ne saurait surprendre. Cela ne permet pas, néanmoins, de tirer des conclusions sur les tendances futures. Par ailleurs, d’autres facteurs exercent un impact beaucoup plus important que le réchauffement planétaire sur toute situation spécifique. Les catastrophes naturelles ont toujours eu lieu et rien ne permet d’affirmer que cela sera plus ou moins souvent le cas à l’avenir. Combattre le réchauffement planétaire avec des gestes symboliques ne va rien changer à cette réalité. L’Histoire nous enseigne plutôt que la prospérité et le développement économiques augmentent sensiblement la capacité d’adaptation et de résistance de l’humanité à de telles catastrophes.

On peut raisonnablement s’interroger sur les raisons de la préoccupation du public à ce sujet – et en particulier de la montée de l’alarmisme ces dernières années.

Or, lorsqu’une question comme le réchauffement planétaire est thématisée si longtemps, il faut s’attendre à ce que de nombreux groupes d’intérêts tentent de l’exploiter.

L’intérêt du mouvement environnementaliste à acquérir davantage de pouvoir, d’influence et de donations semble évident.

Les politiciens, eux, perçoivent la possibilité d’augmentations d’impôts largement acceptées parce que celles-ci seraient nécessaires pour «sauver» la Terre.

Différents États s’efforcent également d’exploiter ce thème dans l’espoir d’en tirer des avantages compétitifs.

Cependant, les choses prennent des allures encore plus absurdes. Le cas de l’ancienne entreprise énergétique texane Enron, avant qu’elle ne fasse faillite, est emblématique. Avant de se désintégrer en un feu d’artifice de manipulations comptables peu scrupuleuses, Enron était l’une des lobbyistes les plus actives en faveur de la ratification du protocole de Kyoto. L’entreprise espérait pouvoir ainsi négocier les certificats d’émissions de CO2. Et ce n’était pas un mince espoir. Les certificats pouvaient dépasser un billion de dollars et les commissions représenter plusieurs milliards. Les hedge funds examinent désormais activement les possibilités de participer à ce négoce, tout comme le fit la banque Lehman Brothers, entre-temps défunte elle aussi. Goldman Sachs s’est tout autant engagée en faveur de la limitation légale d’émissions de CO2 par le négoce de certificats ; elle semble bien positionnée pour en bénéficier à hauteur de milliards de dollars. Le célèbre activiste Al Gore lui-même est associé à de telles activités. La vente de certificats est en plein essor; plusieurs organisations ont commencé à vendre des compensations d’émissions de CO2, tout en reconnaissant parfois sa futilité pour le climat.

 Le potentiel de corruption est immense.

Archer Daniels Midland, la plus grande entreprise d’agrobusiness des USA, s’est par exemple engagée avec succès en faveur des exigences légales d’éthanol pour l’essence. La demande d’éthanol en résultant a contribué à une forte augmentation du prix du maïs, et en conséquence à un accroissement de la misère des consommateurs dans les pays en développement.

Avec tous ces enjeux, il est compréhensible que la possibilité que le réchauffement puisse, dans les faits, ne pas être significatif provoque un nouveau sens de l’urgence, voire une panique. Pire encore, la perspective que l’homme n’ait pas d’influence perceptible sur le climat paraît impensable. Pour ceux dont les intérêts sont les plus matériels, la nécessité d’agir sans tarder, avant que le public ne se rende compte de la réalité, est bien réelle.

Le gaspillage de ressources pour combattre symboliquement l’évolution d’un climat qui a toujours été en mouvement n’est pas une marque de prudence. La notion que le climat de la Terre ait atteint son niveau de perfection vers le milieu du vingtième siècle n’est pas davantage un signe d’intelligence.

Richard s. Lindzen  Professeur de sciences atmosphériques au Massachusetts Institute of Technology (MIT).

EN COMPLEMENT :   Le négoce de droits de polluer prend son envol en Suisse

Ce type de certificats peut être échangé dès aujourd’hui sur la plate-forme pour valeurs secondaires OTC-X exploitée par la Banque Cantonale Bernoise

A partir d’aujourd’hui, chacun peut acheter ou vendre en Suisse un certificat correspondant à l’émission d’une tonne de CO2. La Banque Cantonale Bernoise (BCBE)(cliquez sur le lien), en collaboration(cliquez sur le lien) avec l’Office fédéral de l’environnement (OFEV)(cliquez sur le lien), ouvre sa plate-forme de négoce pour les valeurs secondaires baptisée OTC-X à ce type d’instruments. Jusqu’à présent, il n’existait pas de place centralisée pour échanger ces droits d’émission, tout était fait de gré à gré. «Nous sommes curieux de voir les volumes et les prix auxquels ces certificats seront échangés», expliquait la semaine dernière Stephan Bichsel (cliquez sur le lien), responsable de la division négoce de titres et de devises de la BCBE.

Dans la salle de marché logée dans un bâtiment administratif ­situé en périphérie bernoise, l’équipe chargée du projet ne montrait aucun signe de nervosité à quelques jours de la mise en fonction de ce nouveau service. D’un point de vue purement technique, le négoce de droits d’émission ne pose en soi que peu de difficultés à la plate-forme de la BCBE. Ces certificats viendront s’ajouter aux 330 actions de sociétés déjà traitées sur la plate-forme OTC-X. D’un point de vue administratif, échanger ces titres entraîne néanmoins quelques complications: «Les droits d’émission attribués par l’OFEV ne sont pas assimilables à des papiers-valeurs. Ils restent en tout temps enregistrés auprès du registre national de l’OFEV», souligne Stephan Bichsel. Les ordres peuvent être passés par téléphone auprès de la BCBE, qui les centralise sur sa plate-forme. Les cours d’achat et de vente sont ensuite affichés à l’adresse www.otc-x.ch/emissionsrechte. (cliquez sur le lien) Pour participer au marché, chaque acheteur et vendeur doit être inscrit au registre national de l’OFEV.

350 sociétés sont concernées en Suisse

Autre particularité de ce marché: côté acheteur, n’importe qui peut se porter acquéreur des droits mis en vente. Côté vendeur, seules les quelque 350 entreprises suisses concernées par le schéma de réduction des émissions de CO2 mis en place dans le cadre du protocole de Kyoto(cliquez sur le lien) ont la possibilité de céder leurs droits. Entré en vigueur en 2005, ce mécanisme contraint les pays industrialisés à réduire de 8% leurs émissions de dioxyde de carbone par rapport au niveau atteint en 1990.

Pas d’«eurocompatibilité»

En Suisse, sur la base de la loi fédérale sur la réduction des émissions de CO2 (cliquez sur le lien) , les entreprises peuvent se faire exempter de payer la taxe CO2 sur les combustibles fossiles si elles souscrivent auprès de la Confédération un engagement à limiter leurs émissions. Dans ce cas, l’entreprise se voit attribuer par l’OFEV des droits d’émission à hauteur de son objectif de réduction pour un certain nombre d’années durant lesquelles elle sera exemptée du paiement de cette taxe. Ce sont ces droits d’émission, appelés les «CH-Units» (CHU), qui sont négociables sur la plate-forme de la BCBE. Par exemple, une entreprise qui émet l’équivalent de 100 tonnes de CO2 se voit assigner l’objectif de réduire cette quantité à 90 tonnes dans un certain délai. Si elle réussit à diminuer ses émissions en dessous de ce seuil, par exemple à 85 tonnes, elle pourra vendre 5 droits sur le marché. En revanche, si elle n’atteint pas les objectifs fixés, et qu’elle émet 95 tonnes, elle devra alors acheter 5 droits d’émission.

Les «CH-Units» peuvent-ils être échangés contre d’autres droits ­similaires émis en Europe appelés les «European Allowance Units» (EAU)? (cliquez sur le lien)«Une telle possibilité n’existe pas actuellement», précise Stephan Bichsel. A moyen terme, l’objectif est toutefois de raccrocher la Suisse au système européen. A l’avenir, il n’exclut pas non plus que les EAU européens puissent être négociables sur la plate-forme OTC-X de la BCBE.

A quel prix la tonne de CO2 devrait-elle se négocier en Suisse? L’équipe de la BCBE ne s’avance à aucun pronostic. Il n’est en effet pas possible de se baser sur les prix pratiqués en Europe, qui évoluaient vendredi à un peu plus de 13 euros la tonne de CO2 à la bourse EEX de Leipzig, en tant que cours de référence. Le système suisse étant fermé, le prix des CHU ne sera pas forcément identique à ceux du marché européen, qui est, lui, beaucoup plus vaste. En outre, «comme tout nouvel instrument, qui en plus se négocie avec un nombre de participants limités, les prix se développeront d’abord de manière relativement aléatoire», observe Stephan Bichsel.

Par Yves Hulmann le temps nov09

6 réponses »

  1. Si Richard Lindzen n’est pas d’accord sur les impacts climatiques du réchauffement, il n’en conteste pas l’existence ni le rôle climatique du CO2 : Dans un article du 12 avril 2006 dans le Wall Street Journal il écrivait :

    http://www.opinionjournal.com/extra/?id=110008220

    ”Global temperature has risen about a degree since the late 19th century; levels of CO2 in the atmosphere have increased by about 30% over the same period; and CO2 should contribute to future warming. These claims are true. »

    = « la température globale a monté d’environ 1°C depuis la fin du 19ème siècle ; les niveaux de CO2 dans l’atmosphère ont augmenté d’environ 30% pendant la même période ; et le CO2 devrait contribuer au réchauffement futur. Ces affirmations sont exactes. »

    Plus d’infos :

    http://www.sauvonsleclimat.org/new/spip/IMG/pdf/Climato-scepticisme-1-1-2.pdf

    Quelques coopérations :

    Jean Poitou physicien climatologue, ingénieur physicien de l’Ecole Supérieure de Physique et Chimie. Climatologue au Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement de l’IPSL, unité mixte de recherche CEA, CNRS, UVSQ
    Paul Duval, Directeur de Recherche CNRS, Laboratoire de Glaciologie et de Géophysique de l’Environnement (LGGE) à Saint-Martin d’Hères.
    Michel Fily, Professeur à l’Université Joseph Fourier, Directeur du LGGE
    Jean Jouzel, Directeur de Recherche CEA, Directeur de l’Institut Paul- Simon Laplace (IPSL)
    Valérie Masson, Chercheur CEA, responsable de l’équipe Glaciologie du Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement (LSCE) à Saclay
    Dominique Raynaud, Directeur de Recherche CNRS, Laboratoire de Glaciologie et de Géophysique de l’Environnement (LGGE)
    Thomas Stocker, Professeur à l’Université de Berne (Suisse), Directeur du Laboratoire Physique du Climat et de l’Environnement

    Ne pas confondre les aspects scientifiques fondamentaux d’une part et les nombreuses utilisations et déformations qui peuvent en être faîtes, tantôt par les émetteurs de Ges, tantôt par ceux qui peuvent tirer profits de tentatives et options plus ou moins efficaces voire intéressées de réduire ces Ges.

    Faire ou tenter un amalgame entre les 2 éloigne de la réalité des variations climatiques et traduit un défaut d’arguments scientifiques solides.

    Sinon à ce titre on pourrait également dire :

    According to Ross Gelbspan in a 1995 article in Harper’s Magazine, Lindzen « … charges oil and coal interests $2,500 a day for his consulting services; his 1991 trip to testify before a Senate committee was paid for by Western Fuels and a speech he wrote, entitled Global Warming: the Origin and Nature of Alleged Scientific Consensus,[28] was underwritten by OPEC. »[29][30] However, according to Alex Beam in a 2006 article in the The Boston Globe, Lindzen said that although he had accepted $10,000 in expenses and expert witness fees from « fossil-fuel types » in the 1990s, he had not received any money from these since..[31]

    Lindzen has contributed to think tanks including the Cato Institute and the George C. Marshall Institute that have accepted money from ExxonMobil.[30]

    http://en.wikipedia.org/wiki/Richard_Lindzen

    Et faire un très long rappel historique de toutes les arguties et manipulations non scientifiques et donc non démontrées qui ont tenté depuis plus de 30 ans au moins de brouiller les résultats des recherches sur le climat.

    Il faudrait également rappeler que les Ges ne sont qu’un aspect de la pollution globale croissante de la planète aux conséquences trop souvent irréversibles et de l’impact incontestable de l’homme qui s’accroît avec l’augmentation des populations, sans qu’il soit possible de maîtriser cet impact.

    Et qu’il n’est pas non plus contestable ni contesté par aucun scientifique qu’il y a excès de C02 avec ses conséquences en particulier sur l’acidification des océans et la disparition définitive d’espèces et de ressources.

  2. Lobbying énergétique : le secteur des énergies fossiles dépense nettement plus que celui des énergies renouvelables…

    Sur la mise en oeuvre d’une législation énergie/climat aux Etats-Unis, une étude publiée cette semaine par l’Internal Revenue Service (IRS – fisc américain) s’avère fort instructive.

    D’après l’IRS, l’American Petroleum Institute (API), consortium des principales entreprises pétrolières, a dépensé à lui seul $75,2 millions et l’American Coalition for Clean Coal Electricity (ACCCE), consortium du secteur charbonnier, a déboursé $40 millions en publicités et en démarches de communication, que ce soit auprès du grand public ou auprès d’autorités d’états fédérés ou fédéral.

    Contrairement à la déclaration obligatoire au Congrès, la publication de l’IRS permet de mesurer non seulement les contributions au lobbying direct, mais l’ensemble des dépenses de relations publiques, publicité comprise.

    L’IRS révèle que les montants engagés par les entreprises du secteur pétrolier et charbonnier se montaient déjà à $115 millions en publicité en 2008, un niveau inégalé par le passé.

    Elle révèle également l’ampleur des campagnes de relations publiques qui ne s’adressent pas uniquement au sénateurs et députés.

    Les $75 millions déclarés par IRS sont environ 15 fois plus élevés que ce qu’API avait déclaré auprès du Congrès pour le lobbying au niveau fédéral.

    Quant à l’ACCC, c’est un facteur 4 entre ce qu’elle a dépensé en lobbying proprement dit et ce qu’elle a déclaré au fisc comme dépenses de communications et de relations publiques.

    La guerre de communication sévit donc aussi sur les ondes (télévision et radio) et dans les contacts de terrain, pas seulement sous les voûtes du Capitole.

    Et la tendance est à l’augmentation vertigineuse, à la faveur des débats qui entourent la législation énergie et climat, actuellement en débat au Sénat. L’ancien Sénateur Tim Wirth, président de l’ONG UN Foundation affirmait mardi à l’école de relation internationale de Johns Hopkins University qu’au troisème trimestre 2009, le montant total des sommes dépensées en vue de contrer les projets de loi en discussion au Sénat atteindraient $300 millions! L’enjeu est manifestement de taille.

    L’industrie électrique, dont certaines utilities (opérateurs) détiennent un portefeuille constitué principalement de centrales au charbon, se sent menacé à l’approche d’un éventuel prix du carbone.

    Les acteurs concernés ont donc redoublé d’efforts dans leur campagne pour le « clean coal ».

    Pot de terre contre pot de fer?

    Tout ces montants peuvent légitimement faire pâlir d’envie les confrères énergéticiens de l’éolien et du solaire. En effet, l’American Wind Energy Association (AWEA) a déclaré avoir dépensé seulement $1.7 millions en lobbying auprès du Congrès et encore près de $1 million à d’autres firmes de lobbying, soit un total de $2.7 millions. Et quoique faible en comparaison de ce que les promoteurs des énergies fossiles ont su mettre sur la table, le montant dépensé par le consortium éolien reste encore très élevé par rapport à ses confrères du solaire. Le Solar Energy Industries Association (SEIA) a du se contenter de verser $282.561 a une entreprises de relations publiques, d’après les documents d’IRS.

    • James Hansen, climatologue américain directeur de l’institut Goddard d’études spatiales de la NASA, est l’un des premiers à avoir souligné l’origine humaine du changement climatique. Il était mercredi 12 mai 2010 de passage à Paris, où il s’est exprimé devant la commission développement durable de l’Assemblée nationale.

      Déplorant le regain d’audience des climato-sceptiques, il a critiqué le manque de courage politique des gouvernements. Il a également expliqué pourquoi une taxe mondiale sur le carbone serait plus efficace que le système de « cap & trade » instauré par le protocole de Kyoto et refusé par plusieurs acteurs économiques majeurs, dont les Etats-Unis et la Chine. Et a affirmé que les solutions existent.

      Sur les climato-sceptiques

      « On observe un fossé de plus en plus large entre le niveau des connaissances scientifiques concernant le réchauffement climatique et la perception qu’en a l’opinion publique. Cela est dû à un été frais suivi d’un hiver rigoureux dans l’hémisphère Nord et à la médiatisation autour d’erreurs minimes relevées dans les travaux du GIEC (le groupe intergouvernemental des experts du climat). En réalité, au niveau mondial, ces dernières années ont été parmi les plus chaudes.

      Quant à l’université East Anglia (médiatisée en raison de mails entre chercheurs rendus publics au moment de Copenhague, affaire baptisée « climate gate »), il faut savoir que les données rassemblées par cet institut sont accessibles à tous. Si elles concluaient à l’absence de réchauffement climatique, vous pensez bien que les climato-sceptiques se seraient empressés de le faire savoir, or il n’en a rien été.

      C’est incroyable que les media laissent croire à l’opinion que les tenants du réchauffement et leurs opposants sont aussi crédibles les uns que les autres. Les climato-sceptiques ne s’expriment pas comme des scientifiques mais comme des avocats. Ils ne communiquent que les résultats qui apportent de l’eau à leur moulin. On fait des gorges chaudes d’erreurs minimes du GIEC mais personne ne songe à relever les contradictions grossières de leurs opposants. Les medias ne font pas correctement leur boulot. Mais nous, scientifiques, devons aussi nous exprimer plus.

      En effet, il est essentiel que les populations comprennent ce qui ce passe, car ce n’est que la pression de l’opinion qui peut faire bouger les dirigeants politiques et les conduire à un changement de modèle de société, ce qui est inconfortable. »

      Sur la situation actuelle

      « La réalité, c’est que le climat se réchauffe depuis un siècle et singulièrement depuis 30 ans.

      Pour éviter de dépasser un point de non retour, il faudrait revenir à une proportion de CO2 dans l’atmosphère de 350 mpp (millions de particules par partie), sachant qu’elle est actuellement de 390 mpp. Ce constat a des implications pratiques : nous ne pouvons pas brûler tout le charbon de la terre, ni tous les combustibles non conventionnels tels que le pétrole issu des sables bitumineux, ni même jusqu’à la dernière goutte de pétrole disponible dans les régions polaires, les océans, etc.

      Et pourtant c’est précisément ce que l’on fait aujourd’hui, en s’abritant derrière le mirage du « charbon propre » et en poursuivant l’exploration pétrolière.

      Nous sommes actuellement engagés sur une voie qui mène à un point de non retour en matière de changement climatique, synonyme d’injustice intergénérationnelle. Et nous ne pouvons pas prétendre que nous ne comprenons pas ce qui est en train de se passer. »

      Sur les gouvernements

      « En ce moment, les intérêts financiers dominent, et les gouvernements n’agissent pas comme ils le devraient en faveur de l’intérêt général. Ce sont eux qui autorisent que se développe le scepticisme actuel qui permet à certains d’affirmer que le réchauffement climatique est un canular. Ils n’ont qu’à commander des rapports aux académies des sciences. Cela prouverait aux yeux de tous que le réchauffement est réel, que l’homme en est largement responsable et que nous devons modifier nos comportements.

      Mais il y a un manque de volonté politique car c’est difficile d’exiger de nos concitoyens un changement de leurs comportements. Aujourd’hui, l’opinion publique n’a pas conscience qu’on s’approche d’une crise, qu’on est dans une situation d’urgence. »

      Plafonner les émissions ou donner un prix au carbone ?

      « Il est évident qu’il est impossible de plafonner les émissions de CO2 à un niveau mondial. La Chine ou l’Inde ne l’accepteront jamais, et d’ailleurs elles n’ont aucune raison de l’accepter, leurs émissions par tête sont très inférieures à celles des Etats-Unis ou de l’Europe. On observe que depuis l’instauration du protocole de Kyoto, l’augmentation des émissions s’est encore accélérée au lieu de diminuer. De toutes façons, les énergies fossiles disponibles sur terre, qui sont les moins chères, seront brûlées.

      La solution, c’est un coût du CO2 qui croisse de façon continue. Cela permettrait notamment de modifier les comportements des citoyens. Néanmoins, une telle taxe adoptée par un seul pays serait préjudiciable à ses entreprises. Ce type de mesure doit être pris au niveau international. Même les Chinois seraient d’accord pour une taxe carbone. Ils investissent massivement dans les énergies renouvelables et dans le nucléaire et sont particulièrement menacés par les conséquences du réchauffement climatique, notamment en raison de leur nombreuse population côtière. Ils font tout pour se positionner de façon favorable face à l’éventualité d’une taxe carbone. Ils ont même envoyé des signaux dans ce sens, mais ce n’est pas ce qui était discuté à Copenhague, où on n’a parlé que de l’élargissement du système « cap & trade ».

      Les principales économies peuvent très bien s’entendre sur une taxe. Ceux qui la refuseraient seraient soumis à une taxation de leurs exportations aux frontières, qu l’OMC ne pourrait refuser car elle serait juste.
      Cela renchérirait le prix des énergies fossiles, faciliterait l’application d’une réglementation (sur les véhicules, les bâtiments, etc.) favorisant une économie « bas carbone » et stimulerait le développement technologique.

      Sur le Président Obama et le climat

      Obama a réalisé des avancées en matière de lutte contre le réchauffement climatique, notamment sur les émissions des véhicules. Mais il ne progresse pas sur la mise en œuvre d’ un système de « cap and trade ». On ne peut pas le blâmer, il est mal conseillé.

      En privé, beaucoup aux Etats-Unis admettent qu’une taxe serait la meilleure solution, mais c’est trop compliqué, et puis il faut faire des concessions au secteur pétrolier…La proposition de loi Lieberman [en faveur d’un système de cap & trade, Ndlr] est pire que l’absence de loi. Elle prévoit des compensations. Ce n’est pas acceptable. C’est une raison supplémentaire pour laquelle une taxe est la meilleure solution.

      Obama fait ce qu’il peut dans ce qu’il croit être les limites politiques de son action. L’opinion américaine adhère largement au « Drill, baby drill » [fore, petit, fore], d’autant plus que cela va dans le sens d’une plus grande indépendance énergétique du pays. Mais tout le pétrole américain ne suffira pas à rendre le pays réellement indépendant.

      Sur les solutions

      On connaît avec précision deux données : la quantité d’énergies fossiles que l’on consomme et donc la quantité de CO2 que l’on émet, et la quantité de CO2 dans l’atmosphère. Et l’on constate que seulement 55% de ce qui est émis demeure dans l’atmosphère, le reste étant absorbé par le système, les océans (pour 25 %), mais aussi le sol, les arbres, etc.On connaît donc la solution. Il faut diminuer la consommation d’énergies fossiles, améliorer les pratiques agricoles notamment en cessant de retourner sans cesse la terre et limiter la déforestation. Le problème est soluble. Si nous parvenons à nous passer du charbon dans les 20 prochaines années, on peut espérer revenir à 350 ppm d’ici à 2100, et même plus tôt si on améliore en même temps les pratiques agricoles et forestières.

      http://www.latribune.fr/green-business/20100513trib000508664/interview-rechauffement-climatique-la-solution-c-est-d-augmenter-le-cout-du-co2.html

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