Risques géopolitiques, sociaux, environnementaux et sanitaires

Jeannette Williner : Le discours écologique se ridiculise par manque de réalisme politique

Il serait temps de définir sérieusement et sans passion les contours d’une politique verte concrète et supportable par tous à l’échelle mondiale. Et de mettre en place les structures nécessaires.

Copenhague ne se clôturera pas sur un succès. D’ailleurs le président Obama l’a d’ores et déjà annoncé.

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Les Américains n’ont qu’une statistique en tête: les émissions totales.

Ils ne s’attachent nullement au chiffre qui devrait les intéresser: la production de CO2 par tête d’habitant. Ils en sont à 20 tonnes. La Chine et l’Inde focalisent la colère des Américains. 60% d’entre eux pensent que ces deux pays devraient réduire la production de CO2. Or, ils n’en produisent respectivement que 5 et 2 tonnes par habitant. On comprend leur ahurissement et leur révolte qui les conduit à demander réparation pour le passé.

C’est ainsi que l’écologie raisonnable se transforme en affaire d’argent : impôts, taxes, le CO2 devient un remarquable prétexte pour renflouer les tirelires étatiques.

On se demande d’ailleurs ce que les Etats feraient si demain l’émission de CO2 reculait sensiblement ou si tout à-coup plus personne ne s’en souciait. L’époque conduit à attaquer les problèmes par les mauvais bouts et surtout à taper sur des entités ayant du succès ou étant des symboles de réussite par rapport à l’ensemble.

On ne voit franchement pas pourquoi la Chine et l’Inde n’auraient pas accès aux mêmes services que les Etats-Unis. Or ces services (équipements ménagers divers et tout le reste) consomment tous de l’énergie. De plus, si leur développement était stoppé, les Etats- Unis en seraient les premières victimes commerciales! Alors que les voitures s’assagissent de jour en jour, elles continuent d’être taxées et super taxées à travers le carburant.

Personne ne soulève la question des vélomoteurs et motocyclettes qui polluent pourtant proportionnellement largement plus.

D’objets polluants en sujets de réflexion d’ordre divers (réchauffement de la planète, banquise en déroute…) le temps passe, l’agitation est grande mais comme d’habitude le concret se fait rare. Les objectifs que l’on fixe (horizon 2050) ne risquent pas d’être atteints du vivant des politiques aux commandes aujourd’hui. On a le droit de s’interpeller sur le nombre de personnes plus ou moins influentes voyant problème sérieux dans l’émission de CO2. On a de plus en plus l’impression qu’il s’agit d’un sujet faire-valoir porteur et d’une source de revenus.

On peine encore à reconnaître cette situation mais cela ne va pas tarder les partis écologistes ayant fait le plein des voix et n’étant plus révolutionnaires. Par ailleurs, si le problème avait été réellement pris au sérieux, le modèle suédois était à portée de main, au moins pour les Européens. Cet exemple montre qu’il est possible d’avancer tout en préservant la qualité de vie acquise.

Développer la recherche pour produire mieux devrait être la vraie préoccupation des Etats : tout simplement parce qu’attaquée sous cet angle, l’écologie peut conduire à la diminution du chômage au fil du temps. Puisque les compagnies pétrolières (à l’exception d’Exxon Mobil qui a œuvré en Suède) ne semblent pas comprendre qu’entreprendre cette démarche est une assurance pour leur avenir, les autorités doivent les y contraindre par l’attribution d’une partie de leur cash flow au secteur de la recherche fondamentale ou appliquée dans le secteur  des énergies renouvelables. M.Ghosn, patron de Renault, après avoir déclaré que le véhicule écologique était un gadget, a bien été contraint de se pencher sur le problème.

En second lieu, on parle de ne plus polluer, mais le nettoyage des pollutions est également possible. Là aussi, il ne semble pas avoir un enthousiasme débordant. D’autant plus qu’on a adopté cette pratique de nettoyage dans certaines régions ou communes d’Europe depuis quelques années. Débarrasser la planète de ses déchets à grande échelle serait une option défendable. Que ces déchets soient flottants ou enterrés, la plupart du temps ils sont toxiques. Dans ce cas Chinois et Indiens ne peuvent être exclus de la scène mondiale: leurs entreprises sont tout aussi intéressées que les occidentales à se libérer à coût favorable de matériaux inutilisables et nocifs. Pour les Occidentaux la faute est plus grave. La plupart du temps des solutions officielles existent mais sont jugées trop coûteuses. Des surveillances doivent être renforcées ou instaurées.A terme les marges bénéficiaires n’en seront que plus réalistes. Là encore un réservoir d’emplois existe. Le Japon a, par le passé, joué les apprentis sorciers en matière de déchets. Sa population l’a payé très cher.

Enfin, si les gouvernants, dirigeants et multinationales ou autres comités du monde veulent rester crédibles, il est temps de cesser de laisser d’un côté attaquer l’énergie nucléaire et de l’autre de regarder se développer l’exploitation des sables bitumineux canadiens.

On commence enfin à lire dans une presse accessible à tous que les prix du brut sont mieux pour tout le monde à l’altitude actuelle tout simplement parce que l’exploitation de tels sables devient rentable. Or il n’y a pas d’industrie plus sale et plus polluante. Seule à rivaliser avec elle, la transformation du charbon en brut et cela c’est une spécialité australienne.

Il serait temps de définir sérieusement et sans passion les contours d’une politique verte supportable par tous à l’échelle mondiale. Et pour ce faire, il est nécessaire d’avoir une idée de ce que l’on veut pour mettre en place les structures nécessaires à l’aboutissement de ces objectifs et surtout l’argumentaire indispensable à la participation de tous. Les Chinois ont souvent dit qu’ils attendaient du concret : les grandes idées ne transformeront rien. Et Copenhague n’a rien de tout cela dans son ordre du jour.

Jeannette Williner  Analyste financier indépendant NOV09

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