Commentaire de Marché

Commentaire : Trappe à Dettes / Royaume-Uni – l’empereur nu.

 Le conte d’Andersen intitulé Les Habits Neufs de l’Empereur raconte l’histoire de deux tisseurs qui promettent à un empereur un costume invisible aux yeux des incompétents ou de ceux qui ne méritent pas leur rang.

 Quand l’empereur apparaît dans ses habits neufs, un enfant s’écrie : « Il ne porte rien du tout ! ».

PLUS DE DETTES EN SUIVANT :

 Les marchés ont affiché une nudité involontaire mercredi, lorsque le chancelier britannique a publié le Rapport Pré-budgétaire (RPB), armé d’un document de 212 pages incapable de jouer le rôle d’une feuille de vigne.

Le RPB n’a pas introduit de mesures extraordinaires pour redresser la situation budgétaire du Royaume-Uni, sinon de nouvelles impositions dont l’impact est plus politique qu’économique. De l’ordre de 176Md£, le déficit du secteur public prévu pour l’exercice 2010/2011 est quasiment inchangé en nominal par rapport au déficit de 2009/2010, revenant marginalement de 12,6 % à 12,0 % du PIB.

Même à l’horizon 2014/2015, le déficit budgétaire resterait élevé à 4,4 %. Cela augure de massives émissions obligataires lorsque la stratégie d’achat d’actifs de la banque centrale sera achevée.

Etre ministre des Finances du Royaume-Uni est un cadeau empoisonné. Darling doit arbitrer entre deux maux :  la déflation due à un durcissement fiscal excessif ou la perspective d’une crise budgétaire et monétaire aigüe due à un ajustement insuffisant. Le Chancelier a choisi la dernière option.

 Les projections à moyen terme font état de déficits budgétaires primaires (le déficit total moins les coûts liés au service de la dette) sur chaque exercice jusqu’à 2014/2015, date à laquelle le déficit devrait s’établir à -1,1 % du PIB. Selon une autre estimation, le Royaume-Uni devrait dégager un excédent primaire de l’ordre de 0,2 % pour stabiliser le poids de la dette par rapport au PIB. Or, comme le Financial Times l’a observé, cette réduction (peu crédible) du déficit nécessiterait 7 à 8 ans de croissance minimale des dépenses en termes réels – ce qui ne s’est jamais produit au Royaume-Uni.

Dans ces conditions, le pronostic est pessimiste à moins que la reprise économique mondiale soit telle qu’elle puisse sortir les économies les plus vulnérables de l’austérité budgétaire. Il est presque acquis que le Royaume-Uni perdra sa notation AAA, même si les agences de notation pourraient attendre de connaître les intentions du prochain gouvernement avant d’agir.

La leçon des marchés émergents est que le retard et la prévaricationfont empirer la situation et entraînent la nécessité d’une aide du FMI.

Il semble que les actifs les plus vulnérables soient la devise et les emprunts d’Etat britanniques, restés surévalués en raison des achats de la banque centrale. On a beaucoup parlé en début d’année du fait que la livre sterling était revenue à parité avec l’euro. Mais si les marchés réalisent que les empereurs du Royaume-Uni (qu’il s’agisse des actuels ou des prochains) sont nus et incapables de faire face à l’épée de Damoclès de la dette, on ne peut exclure une parité avec le dollar.

LES FINANCES DU ROYAUME UNI DANS LE ROUGE :  http://www.letemps.ch/Page/Uuid/f4ded784-e50a-11de-8d65-6de85170b83c/ (cliquez sur le lien) 

Au comble du populisme et de la démagogie : aujourd’hui on rase gratis demain on rase les murs…

Plutôt que détailler son  programme de rigueur, M. Darling a préféré lancer des clins d’oeil à l’électeur en comparant à cinq reprises la situation sociale relativement préservée qui prévaut après cette récession, grâce à la prodigalité du gouvernement travailliste, à celle qui existait sous les conservateurs dans les années 90 les plus noires.

Il a soigné une myriade de microsecteurs, allant d’une réduction de l’impôt sur les établissements de bingo à une prime à la casse pour les vieux chauffe-eau.

Résumant l’impression générale,  Howard Archer, d’IHS Global Insight, a estimé qu’il s’agissait «bien plus d’un pré-budget politique que d’un pré-budget économique » et qu’on «n’était pas beaucoup plus renseigné sur la manière dont va s’opérer la réduction du déficit».

EN COMPLEMENT INDISPENSABLE : La trappe à dette versus France et Royaume uni (cliquez sur le lien)

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