.L’envolée des déficits publics de certains pays européens laisse craindre une vive remontée des taux à long terme en 2010 et au-delà.
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Les banquiers américains raffolent des acronymes. Après avoir inventé les Bric, qui désignent les nouvelles puissances émergentes que sont le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine, leur dernière création est baptisée « Pigs ».
Cette peu flatteuse appellation désigne des Etats européens dont les déficits publics sont si élevés que beaucoup s’interrogent sur leur capacité à honorer leur dette. Ces Pigs de la zone euro sont le Portugal, l’Irlande, la Grèce et l’Espagne (Spain). Ils ont en commun le triste privilège d’afficher en 2009 un déficit public abyssal, représentant jusqu’à 12,7 % du PIB pour la Grèce.
Une dette sous haute surveillance
Cette situation, inédite dans l’histoire récente de l’économie occidentale, pose de nombreuses questions. En pleine crise économique, et confrontés à une dégradation de la situation de l’emploi, ces pays seront-ils capables de mener une politique d’austérité, de réduction des dépenses, seule capable de ramener la dette à un niveau acceptable ?
Pour l’agence de notation Moody’s, la question est loin d’être tranchée. Dans une étude récente consacrée à la dette souveraine (la dette des Etats), dont le titre explicite est Attachez vos ceintures, l’agence américaine s’inquiète de l’abondance d’appels au marché en 2010 et de la fin des politiques monétaires accommodantes. Voir le billet : Trappe à Dettes : Moody’s /Accrochez vos ceintures : période tumultueuse en vue (cliquez sur le lien)
Au fur et à mesure que le poids de la dette s’accroît, un Etat doit prouver aux investisseurs qu’il sera en mesure de rembourser facilement l’argent que ces derniers lui prêtent.
Dégradation de la note de l’Espagne et de la Grèce
Comme les entreprises privées, les Etats se financent essentiellement sur les marchés financiers. Ils empruntent des sommes auprès de fonds d’investissement ou de fonds souverains à la recherche d’obligations peu risquées.
Les meilleurs titres, les plus sûrs, sont crédités d’un triple A, à l’instar de la France, de l’Allemagne ou encore des Etats-Unis. Si la solvabilité d’un Etat se dégrade en raison d’un alourdissement du poids de sa dette, ce dernier voit sa note abaissée. La Grèce a ainsi été dégradée par Standard & Poor’s et Fitch Ratings. Les conséquences sur les taux d’intérêt à long terme sont immédiates. Plus le profil de risque d’un pays est élevé et plus les investisseurs attendent de ce dernier une rémunération forte en contrepartie des sommes prêtées.
Pour emprunter et continuer à financer leurs dépenses courantes et leurs investissements, la Grèce, l’Irlande ou l’Espagne doivent offrir une rémunération supérieure à celle que l’Allemagne ou la France offrent pour la même durée d’emprunt (voir illustration).
Et plus la situation se dégrade, plus il est difficile de trouver de l’argent bon marché : les taux longs montent tandis que l’offre de crédits se raréfie. 2010 risque bien d’être une zone de turbulences pour l’Europe et les obligations.
YANNICK ROUDAUT | JDF HEBDO | 19.12.2009