Art de la guerre monétaire et économique

Art de la guerre économique et monétaire : A quoi servent les réserves de change ?

Depuis la crise asiatique de 1997 et la crise russe de 1998, on observe une très rapide accumulation de réserves de change dans les pays émergents, surtout en Asie et notamment en Chine.

Les pays émergents accumulent des devises, et notamment des dollars dans l’obectif de mener une politique de type mercantiliste à l’image de leurs prédecesseurs du 16ème siècle qui par une accumulation outrancière d’or ont fini par couler leurs principaux  partenaires commerciaux…

PLUS DE DOLLARS EN SUIVANT :

Depuis 2009, on observe une très rapide accumulation de réserves de change dans les pays émergents, surtout en Asie et notamment en Chine.

Avec plus de 2.500 milliards de dollars dans ses coffres, la Banque centrale de Chine est de loin l’institution financière qui détient le montant le plus élevé des réserves de change au monde. De quoi s’agit-il ?
Les réserves de change sont des avoirs libellés en devises étrangères et détenues par une banque centrale, donc par un Etat. Ces liquidités, sont généralement investies en bons du Trésor ou obligations émises par des pays étrangers. La Chine, le Japon, les pays exportateurs de pétrole sont ainsi de gros acheteurs de bons du Trésor américain ou autres obligations libellées en dollars ou en euros. Ces liquidités sont issues des ventes de matières premières (pays du Golfe) ou de produits manufacturés à l’exportation (Japon, Chine, Malaisie…). Comme tout bon père de famille, les banques centrales réinvestissent ces deniers dans des devises ou obligations étrangères.

La recherche de diversification
Si les banques centrales expriment la volonté de ne pas placer tous leurs oeufs dans le même panier, leurs avoirs restent encore essentiellement investis en dollars. Selon le FMI, au troisième trimestre 2009, les réserves de change détenues à travers le monde représentaient la bagatelle de 7.500 milliards de dollars (contre 2.000 milliards en 2001), et 61,61 % de ces réserves étaient libellées en dollars américains, contre 27,75 % en euros. Petit à petit, ce dernier grignote du terrain au roi dollar. Depuis quelques mois, les banques centrales des pays émergents accentuent néanmoins leur politique de diversification de leurs réserves en achetant de l’or. L’Inde, le Sri Lanka, l’île Maurice, le Chine ou la Russie ont procédé à des achat d’or pour réduire la part du dollar.
Le billet vert reste cependant la devise la plus recherchée dans le monde pour des raisons historiques (rôle de valeur refuge) mais aussi parce que des pays comme la Chine ou le Japon sont en quelque sorte « contraints » d’acquérir des bons du Trésor américains. En achetant ces obligations américaines, ils apportent une réponse au financement du déficit des Etats-Unis et participent ainsi à la relance de la première économie mondiale, qui représente leur premier débouché commercial.

L’accumulation des réserves de change par les banques centrales des pays émergents, et plus particulièrement par les banques centrales asiatiques, peut s’expliquer de plusieurs manières. Outre le soutien de l’économie américaine, il s’agit également de se défendre contre des attaques monétaires spéculatives. Après la crise de 1997, de nombreux pays d’Asie ont compris qu’ils devaient disposer de dollars et d’euros en quantité suffisante pour pouvoir, en cas de besoin, intervenir sur les marchés des changes. Il leur suffit désormais de revendre ces devises et de racheter leur monnaie pour la soutenir.

Enfin, en accumulant des dollars et des euros, en augmentant leurs réserves de change, les pays exportateurs d’Asie ou d’Amérique du Sud contribuent à soutenir les devises fortes et à conserver une monnaie « faible ». Ils stimulent ainsi leurs exportations, et donc leur économie. Les réserves de change sont une arme économique à part entière.

| JDF HEBDO | 09.01.2010 |

EN COMPLEMENTS : Nicolas Baverez : Le yuan sous-évalué / un problème mondial (cliquez sur le lien)

Philippe d’Arvisenet : Voilà pourquoi les déséquilibres macroéconomiques et financiers vont persister (cliquez sur le lien)

Commentaire : l’Art de la guerre économique / la Guerre larvée des changes (cliquez sur le lien)

1 réponse »

Laisser un commentaire