Le consensus se lézarde sur les émergents
Après une année 2009 exceptionnelle en termes de performance, les actions des pays émergents paraissent aujourd’hui moins attractives. Résultat, d’ardents défenseurs de ces marchés revoient aujourd’hui leur pondération à la baisse. Mark Mobius, le fameux gourou de Franklin Templeton, estime que les IPO au niveau mondial draineront des fonds hors des indices émergents. Quant à la banque HSBC, pourtant très présente en Asie, elle revient aujourd’hui à une position «neutre» sur le continent et favorise les placements aux Etats-Unis.
Les actions émergentes sont-elles surachetées?
Elles présentent en tout cas des valorisations moins attractives. Et ce ne serait pas la première fois qu’une correction suivrait une année de forte hausse – un tel scénario s’est déjà produit après 1993 et 1999.
Les craintes se focalisent aujourd’hui sur l’immobilier chinois, qui a grimpé en 2010. Conscient du problème, Pékin tente d’éviter le gonflement d’une bulle….
PLUS DE BULLES EN SUIVANT :
Etonnant revirement dans les allocations d’actifs: après une année 2009 de performance exceptionnelle pour les actions des pays émergents, les stratèges revoient aujourd’hui leur pondération à la baisse pour ces marchés.
Plus surprenant encore, cet ajustement concerne d’ardents défenseurs des pays en voie de développement. Mark Mobius, le fameux gourou de Franklin Templeton, anticipe une correction de 20% sur les actions émergentes en 2010. Et la banque britannique HSBC, très présente en Asie, diminue sa position à «neutre» pour ce continent. Elle s’aligne ainsi sur l’indice global d’actions MSCI, qui alloue 13% de sa pondération aux actions émergentes.
Les perspectives macroéconomiques ne sont pas en cause, puisque la croissance de ces économies devrait se poursuivre à un rythme soutenu. Selon le FMI, les PIB des pays émergents devraient croître de 5,7% en moyenne cette année, contre 1,7% pour les économies matures. Tabler à long terme sur l’effet de rattrapage demeure ainsi parfaitement valable. «Mais une forte croissance, si tant est qu’elle se produise, ne provoquera plus aucun effet de surprise», écrit HSBC.
De fait, les indices émergents paraissent surachetés. Ils ont surperformé les marchés mondiaux et présentent aujourd’hui des valorisations nettement moins attractives que début 2009. Or 1993 et 1999, deux autres années excellentes pour les émergents, furent suivies de performances négatives. L’enthousiasme excessif pour ces pays précède souvent un dur retour à la réalité. D’un coup, les investisseurs se rappellent des risques inhérents à des régimes instables, auxquels s’ajoutent des politiques macroéconomiques parfois imprévisibles.
Pour Mark Mobius, qui a notamment tablé sur la Thaïlande l’année dernière, les investisseurs se tourneront vers d’autres placements en 2010: «Une activité soutenue dans les IPO (nouvelles entrées en bourse, ndlr) pourrait tirer des montants substantiels hors des positions actuelles», relève-t-il sur son blog. Selon ses estimations, les IPO au niveau mondial pourraient drainer quelques 250 milliards de dollars dans les prochains mois.
Il y a pire pour les émergents: plusieurs stratèges anticipent une correction des indices actions mondiaux, dans les prochains mois, provoquée par le surendettement des Etat occidentaux.
Le processus de contagion pourrait se diffuser rapidement.
La charge fiscale alourdie finira par peser sur la consommation des ménages et les investissements des entreprises, se répercutant sur la demande en produits importés. Et donc sur les pays émergents exportateurs. Selon Gonzague du Couëdic, de la Banque Privée Espírito Santo, «il subsiste quelques illusions sur la capacité des pays exportateurs à rediriger leur économie vers la consommation intérieure. Ce mouvement prendra du temps, surtout en Chine.
Nous sommes donc plus à l’aise avec des pays exportateurs de matières premières, comme la Russie ou le Brésil.» S’il reste exposé aux émergents à moyen terme, notre interlocuteur préfère «jouer la prudence à court terme».
Un positionnement que partage François Savary, directeur des investissements chez Reyl & Cie: «Il y a différentes manière de jouer les émergents dans l’allocation d’actifs. Il faut sans doute baisser la part en actions, mais une pondération accentuée sur les devises et les obligations de ces pays se justifie encore pleinement.» Le récent rally sur la dette émergente pourrait ainsi se poursuivre. A Genève, certaines banques ont d’ailleurs recruté de nouveaux spécialistes en obligations pour répondre à une demande toujours en forte progression.
«Les perspectives de croissance restent excellentes pour les émergents, dont l’endettement souverain est globalement faible; elles auront forcément des répercussions sur les actions, et les obligations souveraines et quasi souveraines, qui demeurent très attractives», précise pour sa part Agnès Arlandis, de HSBC Private Bank (Suisse).
Un rééquilibrage semble ainsi s’opérer dans les portefeuilles de la clientèle, la part en obligations émergentes augmentant au détriment des actions._
BULLE IMMOBILIERE CHINOISE
En Chine, l’investissement immobilier devrait croître de 30 à 40% cette année, ce qui provoque quelques inquiétudes. «Je comprends qu’il y ait un petit vent de panique, mais une stratégie de long terme impose de rester positionné sur les émergents», souligne Esteban Garcia De Rentero, chairman de Realstone, une direction de fonds à Lausanne.
En 2009, les commentateurs avaient déjà redouté une correction de l’immobilier chinois, qui ne s’est finalement pas réalisée. Les prix des maisons se sont pourtant envolés: +68% à Shanghai, +66% à Beijing et +51% à Shenzen. «Le gouvernement devrait prendre des mesures pour éviter le gonflement d’une bulle. Il va probablement relever les taux et modifier la politique bancaire. Les acquéreurs de biens immobiliers devront présenter plus de fonds propres pour recevoir un crédit hypothécaire.»
EN COMPLEMENT INDISPENSABLES : Bourse, immobilier, ail …. : les bulles chinoises s’enchainent et menacent…. (cliquez sur le lien)
Un Consensus dangereux parce trop positif des analystes financiers sur les marchés émergents (cliquez sur le lien)
3 réponses »