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William André Nadeau : Pourquoi utiliser un indice de référence pour vos placements?

Quand on se compare on se console ou on se désole.

Une blague bien connue des vieux routiers de Wall Street met en scène deux gestionnaires de portefeuille partis pour une fin de semaine en camping: « Le gardien du parc m’a prévenu qu’un ours noir rôde par ici, dit l’un. Ça ne m’inquiète pas beaucoup car je cours très vite, répond son ami. Tu ne peux pas courir plus vite qu’un ours noir, il se déplace à 25 milles à l’heure  quand vient le temps d’attraper une proie, reprend le premier. Bien sûr que je sais que l’ours noir court plus vite que moi: mais ce qui m’importe c’est que je cours plus vite que toi » 

Dans l’univers des sciences, une seule branche peut prétendre fournir une réponse absolue c’est la physique. On connait précisément la vitesse de la lumière et du son. Toutes les autres données des sciences pures et humaines sont relatives. Le cerveau humain, pour se sécuriser, tente de ramener sa compréhension à des comparables absolus mais malheureusement ce n’est pas la réalité.
Dans un monde où la compétition est vive et pour mesurer le niveau de satisfaction de l’évolution de rendement d’un placement, il est essentiel d’utiliser des comparables appelés “indices de référence”.

PLUS DE DETAILS EN SUIVANT :

Ces indices de références doivent être le plus près possible de la réalité du contenu de votre placement.
Par exemple : Vos actions canadiennes pourraient se comparer au rendement total TSX ou à la moyenne des fonds communs d’actions canadiennes répertoriées par entreprises comme le Globe ou Palltrack. Ne comparez pas vos actions américaines avec ce même indice.

La mesure doit être suffisamment longue pour être valide. Les analystes recommandent une comparaison sur 36 à 48 mois A ce jour, aucun gestionnaire de portefeuille n’a réussi en Amérique du Nord à surpasser à chaque année ses indices de référence. Un seul gestionnaire boursier, M. Bill Miller avait réussi sur plus d’une décennie aux États-Unis à surpasser l’indice S&p500 à chaque année. Il était le seul, jusqu’au moment où son rendement a été substantiellement inférieur à son indice de référence pendant cette année.
Un gestionnaire qui réussit à surpasser son indice de référence net de frais, sur 35 à 48 mois, est bon, il est très bon si son rendement a été de plus de 2% l’an, et il est remarquable, si son rendement a été de plus de 5% l’an pendant plus que 5 ans.

William André Nadeau Gestionnaire canadien de portefeuille fev 10

EN COMPLEMENT :  

Tous les indices ne se valent pas »

Responsable des programmes de l’Ecole la Bourse, Gérard Ampeau attire l’attention des investisseurs sur quelques curiosités des indices.

Frédéric Lorenzini |morningstar : On a l’impression que les promoteurs d’indices sont pris d’une créativité débridée avec les développements du marché des ETF…

 Gérard Ampeau : Oui c’est vrai. Les indices, tout le monde en parle, surtout avec le développement des ETF ; mais en réalité peu de personnes savent ce que c’est et comment concrètement ils fonctionnent. Ainsi on confond souvent «  indice de prix » et  « indice de performance », et il y a une sérieuse différence entre les deux : un indice de performance réincorpore dans sa base de calcul les dividendes qui ont été versées par les sociétés composant l’indice. Si on ne fait pas attention, on tend à dire comme tout le monde que l’indice allemand DAX dont la performance communiquée est celle « dividende réinvesti » surperforme le CAC 40 qui lui est médiatisé en indice de prix, c’est-à-dire sans la réincorporation des dividendes. On ne compare pas ce qui est comparable : deux indices de prix ou deux indices de rentabilité totale !

Même les indices « bien connus » ne sont pas toujours maîtrisée. Dans la pratique on est habitué à utiliser un indice comme le CAC 40, sans toujours avoir à l’esprit que sa composition peut être révisée 4 fois par an lors des réunions de son Conseil scientifique des indices et sans connaître les critères d’éligibilité. Ces critères sont importants à connaitre, ils portent sur la capitalisation, les volumes d’échange, mais pas sur les secteurs. D’où le fait que structurellement un indice comme le CAC 40 est susceptible d’afficher un biais sectoriel important. C’est un des éléments essentiels à garder à l’esprit : quels sont éventuellement les biais sectoriels, sur représentation ou sous représentation, de l’indice que j’utilise.

Il suffit de consulter la composition de l’indice…

Oui… si cette dernière est publique et facilement accessible. Prenons un exemple concret : que peut-on penser de l’indice OSF ? Il s’agit de l’indice par rapport auquel le fonds Oddo Génération se compare. OSF signifie « Oddo Sociétés Familiales », il est sous doute très intéressant mais on ne trouve ni sa composition ni sa méthodologie sur le site internet de la maison Oddo.

C’est le problème des indices « maison », comme par exemple les indices d’obligations convertibles d’Exane. La littérature n’est pas très abondante. En outre, cela pose la question du risque de conflits d’intérêt entre une société qui est à la fois fabriquant d’indice et gestionnaire.

Un bon indice, c’est donc d’abord un indice transparent. Quels selon vous les autres critères auxquels doit répondre un indice ?

Il a bien sûr les composants de l’indice, la pertinence de la population ciblée par l’indice avec une nomenclature connue.

Deuxième point important : l’objectivité des critères de sélection. A ce niveau il faut que la méthodologie de gestion de l’indice soit publique et consultable facilement. Autre éléments la stabilité dans la composition de l’indice, comme pour le DJ 30. Et si ce n’est pas le cas la prévisibilité des changements : les valeurs composant le CAC Next 20 ont vocation à remplacer celles qui sortent du CAC 40. Globalement il faut que les règles de gestion de l’indice soient simples

Et puis il y a bien sûr la question de la réplicabilité de l’indice : elle ne se pose pas de la même façon pour un indice comportant 30 valeurs et pour un indice de 5.000 valeurs…

Vous indiquez que la façon dont le réinvestissement des dividendes est effectué peut avoir une incidence…

En la matière, il y a 2 grandes écoles. En Allemagne avec le DAX, les dividendes détachés sont réinvestis individuellement dans chaque société, ce qui a pour effet d’augmenter mécaniquement la pondération des entreprises qui servent les plus forts dividendes. De ce fait, on est obligé de  « repondérer » l’indice une fois par an. Avec le CAC 40 la méthode est plus élégante, les dividendes sont réinvestis dans le panier globalement, ainsi la structure des deux indices reste harmonieuse.

Quels sont les aléas auxquels peuvent être soumis les indices ?

Parmi les incidents de parcours, on peut citer la façon dont est gérée l’interruption de cotation des valeurs de l’indice. S’il n’y a qu’une valeur qui ne cote pas, on continue. Si les titres qui ne cotent pas représentent 35% ou plus de la capitalisation de l’indice, alors on calcule un « éclaireur ». L’éclaireur est en quelque sorte  le cours théorique de l’indice  calculé avec les actions qui continuent de coter afin de donner une image réelle de la valorisation du marché

EN COMPLEMENTS INDISPENSABLES :  Matières Premières : Les pondérations 2010 des indices de matières premières S&P GSCI et DJ-UBS (cliquez sur le lien)

Matières Premières : Quand l’indice devient une stratégie (cliquez sur le lien)

La Douce Mélasse des Indices… (cliquez sur le lien)

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