Art de la guerre monétaire et économique

WSJ : L’Allemagne face à un dilemme

Face aux problèmes budgétaires de la Grèce et d’autres pays européens, Berlin doit trouver le moyen de concilier ses propres intérêts économiques et ses responsabilités au sein de la zone euro.

PLUS DE DETAILS EN SUIVANT :

Les responsables allemands savent bien que laisser la Grèce dans l’incapacité de rembourser ses dettes enterrerait le processus d’intégration européen. Mais ils sont aussi conscients du fait que l’électorat allemand ne tolérera pas le sauvetage d’un pays qui n’a pas vécu les affres d’une restructuration – marquée en Allemagne par le maintien de salaires bas pour rester compétitif sur les marchés mondiaux -, ou qui ne se débat pas pour maintenir son déficit budgétaire non loin de la limite des 3% du PIB fixée par le Pacte de stabilité et de croissance, au coeur de l’accord instituant la zone euro.

Aussi la chancelière allemande Angela Merkel clame-t-elle haut et fort son refus d’un plan d’aide dans le but de complaire à ses électeurs, tandis que ses collaborateurs s’évertuent à en concocter un qui puisse, de manière crédible, être baptisé autrement.

Un tel dispositif pourrait être nécessaire dans un avenir proche, dans la mesure où il est difficile de prévoir quand l’attention des marchés obligataires se tournera vers le Portugal ou l’Espagne, deux autres pays de la zone euro dont la situation budgétaire est tendue.

Et ce n’est pas le seul problème que l’Allemagne ait à résoudre.

Berlin doit également décider quelle discipline imposer depuis Bruxelles à chaque pays de la zone euro.

Ce qui est en jeu ici est la maîtrise des politiques budgétaires trop dispendieuses des Etats périphériques, mais les bureaucrates à Bruxelles pourraient se tourner vers les pays qui n’ont pas donné l’élan dont ils estiment que la région a besoin et demander à Berlin d’accroître son déficit pour doper une économie en stagnation dans la zone euro.

L’Allemagne, qui redoute le spectre de l’inflation, doit donc trouver un moyen d’autoriser une intervention dans les affaires des pays prodigues, sans qu’une réciproque soit possible dans les affaires des Etats plus prudents financièrement.

Pour réussir à concilier la nécessité de soutenir ses propres exportations afin de sortir de la récession et de permettre aux économies en difficulté de rester dans la zone euro, l’Allemagne devrait probablement utiliser les instruments suivants à terme:

Berlin pourrait ainsi dissimuler son aide en accordant des garanties aux banques allemandes qui achètent de la dette grecque, entre autres, si les marchés fixent des taux d’intérêt intenables;

 mettre en place un système de contrôle plus strict des pays lourdement endettés;

et éviter toute mesure qui nécessite la réouverture du Traité de Lisbonne, comme la version européenne du Fonds monétaire international, ou qui menace les exportations allemandes.

Irwin Stelzer, The Wall Street Journal mars10

5 réponses »

Laisser un commentaire