Art de la guerre monétaire et économique

WSJ / Zone Euro ou les charmes secrets de la dialectique Hegelienne

Un économiste ne doit jamais être trop certain de ses prévisions. Il lui faut en toute circonstance rester conscient des divers aspects d’un problème. Ainsi, la situation de la zone euro peut être abordée de deux points de vue opposés.

PLUS DE DIALECTIQUE EN SUIVANT :

D’un côté, les choses se sont améliorées par rapport à l’année dernière, où les économies se contractaient à un rythme rapide. D’un autre côté, on ne prévoit pas pour autant une croissance satisfaisante pour l’année en cours ou la prochaine. La société de recherches et de conseil The Economist Intelligence Unit anticipe une croissance de 1% pour 2010 et de 1,1% en 2011.

La sortie de récession résulte de la hausse des exportations. D’un côté, c’est une bonne nouvelle, car sans cela les économies européennes continueraient à se détériorer. D’un autre côté, une partie de la hausse des exportations, notamment celles de l’Allemagne vers d’autres pays de la zone euro, accentue des déséquilibres graves. L’excédent commercial allemand auprès de ses parteraires européens cause de sérieux problèmes, en particulier pour les pays en difficulté de la périphérie.

L’excédent commercial allemand se retrouve dans le déficit de ses partenaires européens, un déficit qu’ils financent par des emprunts.

Or, la Grèce et les autres pays dans la même situation doivent précisément réduire leurs emprunts. Il faudrait donc pour le bien de l’Europe que l’Allemagne fonde davantage sa croissance sur la demande nationale. Une telle évolution semble peu probable au vu des chiffres avancés par le groupe financier Jefferies. Dans son dernier rapport, il souligne que la consommation ne représente que 57% du PIB allemand, contre 70% des PIB américain et britannique.

Par ailleurs, la Grèce ne réduira pas ses dépenses si ses partenaires de la zone euro ne lui garantissent pas un taux d’emprunt préférentiel, afin de ne pas rogner sur les économies de son plan d’austérité.

 Cependant, la chancelière allemande Angela Merkel a trouvé une parade pour cesser de payer la note de membres moins efficaces de la zone euro, en suggérant que la Grèce s’adresse au Fonds monétaire international.

En outre, l’Espagne menace de suivre les pas de la Grèce.

Tous ces problèmes ont fait chuter l’euro d’un pic de 1,50 dollar en novembre, à environ 1,37 dollar.

Charles Gave: Euro / Ligne Maginot : même logique, même résultat (cliquez sur le lien)

 L’économie américaine se redresse plus vite que l’économie européenne et la Réserve fédérale américaine devrait relever ses taux avant la Banque centrale européenne. La monnaie unique devrait donc poursuivre son repli. D’un côté, c’est une bonne nouvelle pour les exportations européennes. De l’autre, la baisse de l’euro augmente le prix des importations, notamment du pétrole libellé en dollars. Cet effet pourrait accroître les pressions inflationnistes au moment de la reprise et contraindre la Banque centrale européenne à un resserrement monétaire plus vite que prévu. D’un côté, cela permettrait de maîtriser l’inflation. De l’autre, cela ralentirait la croissance. Toute médaille a son revers.

-Irwin Stelzer, The Wall Street Journal mars 10

EN COMPLEMENT INDISPENSABLE : Bruno Bertez : La folie des hauteurs (cliquez sur le lien)

1 réponse »

Laisser un commentaire