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Actions Européennes : Les assureurs sont en bien meilleure forme que les banques

Entre janvier 2007 et la fin 2010 le nombre d’actions des assureurs se sera accru de 14% en moyenne. Un chiffre substantiel certes. Mais seuls 6% sont à mettre au compte des besoins d’amélioration de la solvabilité

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La liste des banques européennes qui ont dû lever des fonds (privés ou étatiques) pendant la crise est particulièrement longue. Les assurances européennes s’en sortent mieux.

Entre janvier 2007 et la fin 2010 le nombre d’actions des assureurs se sera accru de 14% en moyenne, selon une étude de Citigroup. Le chiffre paraît substantiel, mais seuls 6% sont à mettre au compte des besoins de solvabilité. Car 11% ont été alloués aux projets d’acquisitions et d’obligations convertibles. Sans les deux enfants à problèmes qu’ont été ING et Fortis, les levées de fonds destinées à l’amélioration de la solvabilité ne représentent que 2% du total. Dans ces conditions, il est difficile de parler de crise.

Mais la grande récession a tout de même provoqué de vastes chambardements. Les écarts se creusent entre bons et mauvais élèves. Le niveau du dividende est sans doute un critère adéquat pour opérer la distinction.

Le choix du dividende est une décision majeure qui traduit une marque de confiance, de discipline et du caractère durable de la tendance du bénéfice. Le relèvement massif du dividende de Zurich Financial Services (ZFS) a d’ailleurs déclenché la forte hausse de l’action et le début d’un parcours bien supérieur à la concurrence européenne. Mais le niveau du dividende publié doit être analysé et ajusté avant d’être interprété.

L’analyse montre que six assureurs européens versent en 2010 un dividende plus élevé qu’avant la crise et que six autres compagnies versent entre 80 et 100% du niveau distribué au printemps 2008. La récession n’a sévèrement frappé qu’un cinquième des compagnies, celles qui distribueront cette année moins de 80% du dividende de 2008, selon Citigroup.

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Dans leurs efforts de gestion du capital, les sociétés peuvent employer différents instruments pour redistribuer une partie du bénéfice aux actionnaires. Mais dans ce travail d’optimisation, certains assureurs oublient l’essentiel et se livrent à des opérations trop modestes pour être efficaces. C’est souvent le cas des rachats d’actions.

«Une perte de temps», selon Citigroup. Les mini-rachats d’actions n’ont, par définition, guère d’influence sur le bénéfice par action. Ils doivent être significatifs à l’image de celui de Munich Re (19% du capital). La réaction négative aux résultats de la Bâloise, la semaine dernière, à son versement d’un dividende inférieur aux attentes – malgré le programme de rachat d’actions – confirme cette interprétation.

Le Ratio » shareholder yield » ou la mesure de la valeur à l’actionnaire (cliquez sur le lien)

Une solution apparemment innovante doit être vue d’un œil critique. Nous pensons à celle employée par exemple par Scor.

Le repreneur de Converium a proposé à l’actionnaire le choix entre un dividende et l’achat d’actions à un prix préférentiel. Cette pratique, appelée «scrip» dans les milieux financiers, est un piège pour investisseurs. Le rendement brut du dividende est artificiel dans la mesure où il est basé sur un nombre d’actions condamné à s’accroître. Pour Scor, les conditions sont telles que l’actionnaire a intérêt à choisir les actions plutôt que le dividende. La société a elle-même expliqué que cette solution lui permettra de soigner son rating auprès des agences de notation. Mais en termes de gouvernement d’entreprise, les «scrips» marquent un pas en arrière.

Toutefois, en général l’annonce du dividende des assureurs européens a représenté une bonne surprise (Hevetia et ZFS).

Sur la base des taux de distribution du bénéfice, ce sont nettement les assureurs non-vie les plus généreux. Le taux de distribution moyen en 2010 est de 40%. Mais les différences sont énormes entre les sociétés. D’un côté, cinq compagnies ne distribuent rien et, à l’inverse, sept versent plus de 50% du bénéfice aux actionnaires. L’investisseur devrait considérer le montant net, et ainsi tenir compte de l’évolution du nombre d’actions. Le taux de distribution net est de 36%, soit bien moins que les 42% du taux brut.

Le classement des plus généreux (net) est mené par Brit, Catlin, Hannover Re et ZFS. Dans les profondeurs du classement, on trouve des sociétés qui ne versent rien (Aegon, ING, Irish Life, SNS), ou un mini-dividende, comme Scor, Swiss Re et (probablement) Swiss Life.

Au sein des fleurons helvétiques, le taux de distribution est de 39% pour Helvetia, 53% pour la Bâloise (70% y compris le rachat d’actions) et 66% ZFS. Nous noterons aussi qu’un seul assureur vie entre dans le Top 10 européen.

L’assurance non-vie, malgré sa faible croissance, reste le pilier le plus porteur. Les taux d’intérêt sont trop bas pour soutenir le secteur vie. Mais les nuages s’accumulent sur l’assurance dommages. Le taux de sinistres et le taux combiné sont en train d’augmenter. Et les tarifs ne sont pas encore à la hausse. Contrairement à certaines attentes, le séisme chilien ne mènera pas à un durcissement des primes. Un tremblement de terre dans une région aussi éloignée n’amènera aucun client européen à accepter une hausse des primes.

Souvent épargnées par la crise, les assurances présentent aussi un bilan très solide ainsi qu’en témoigne leur solvabilité. Celle de Zurich atteint 198% (+38 points), Helvetia 223% (+15 points), Bâloise 230% (+34 points). Le défi est aujourd’hui lié à un environnement réglementaire en mutation (solvabilité II) et à l’évolution des taux d’intérêt.

Par Emmanuel Garessus le temps mars10

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