Asie hors émergents

Commentaire : L’exception australienne ou les vertus d’une politique économique adaptée

Le plan de relance chinois a fortement favorisé la reprise et le saut économique de l’Australie….Les Reaganomics aussie !!!! 

 

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Alors que les principales économies mondiales n’osent pas relever leur taux directeur, de crainte de tuer la reprise dans l’oeuf, en Australie, c’est tout l’inverse. La Banque centrale australienne a en effet annoncé, mardi 6 avril, un nouveau relèvement de son principal taux d’intérêt d’un quart de point, pour le porter à 4,25 %, son plus haut niveau depuis quatorze mois. Il s’agit de la cinquième hausse depuis le mois d’octobre. Et la Reserve Bank of Australia a d’ores et déjà annoncé que le mouvement allait se poursuivre dans les mois à venir. Il faut dire que depuis le dernier trimestre 2008, où l’activité s’était contractée de 0,5 %, l’économie s’est fortement redressée à la faveur de la demande asiatique. Le plan de relance chinois de 450 milliards de dollars profite aux commandes australiennes, même si le taux de change pèse sur les exportations. Le pays a en plus bénéficié d’un système bancaire stable. En 2009, la croissance du pays a été de 0,8 %. Le taux de chômage est resté à 5,7 % de la population active. Les estimations font ressortir un taux de croissance de 2,4 % pour 2010 et de 3,5 % pour 2011.

D’un côté, il faut le dire, l’Australie est un “lucky country”, une nation chanceuse, selon l’expression du sociologue Donald Horne. Pas trop éloignée de l’Asie orientale, elle a profité à plein de l’appétit de la Chine pour ses matières premières – charbon, or, uranium et minerai de fer.

Le plan de relance chinois a fortement favorisé la reprise économique de l'Australie.

L’appétit chinois pour les matières premières soutient la croissance

« L’économie est en meilleure forme que ce que n’importe qui osait espérer, il est donc naturel que les taux reviennent vers la moyenne du passé », explique un analyste. « Si l’économie australienne continue de croître plus vite que les autres pays industrialisés et que le chômage reste contenu, alors la Reserve Bank of Australia passera rapidement à une position plus stricte », ajoute-t-il, estimant que les taux pourraient facilement atteindre 6 à 6,5 % d’ici à la fin de l’année prochaine.

Matières Premières : les hommes du fer renvoient les aciéristes à un système roulant.. (cliquez sur le lien)

Mais sa bonne santé économique, l’Australie la doit aussi à elle-même. Le pays a mené depuis quinze ans une politique volontariste de libéralisation et de lutte contre les distorsions de concurrence. Un effort qui, selon un récent rapport de l’OCDE, a permis un formidable accroissement de la productivité. En élève modèle, le pays a utilisé les surplus dégagés par ces réformes pour se désendetter. Et acquérir des marges de manoeuvre budgétaires bien utiles en temps de crise.Les chiffres parlent d’eux-mêmes : sa dette rapportée au PIB est de 15,9 %, tandis que celle de la France atteint 84,5 % et celle de la Grèce… 113 %.

 Reaganomics à la sauce australienne : Quand liberalisme et monétarisme protègent les kangourous (cliquez sur le lien)

Un peu d’historique

Une banque centrale très active 

Les autorités monétaires australiennes ont pour objectif de maintenir l’inflation entre 2 et 3%. Face à la détérioration et criseéconomique et en dépit d’une inflation toujours supérieure à 3%, elles ont ramené, en quelques mois en 2008/09, le loyer de l’argent de 7,25% à 3,25%. D’une ampleur et d’une rapidité inégalées, cette baisse visait d’abord à soulager les finances des ménages, fort endettés et le pouvoir d’achat mis à mal par la flambée inflationniste et la montée du chômage. Et le coup de pouce des autorités monétaires a été loin d’être anecdotique : l’assouplissement monétaire se serait traduit par une chute des intérêts payés par les ménages correspondant à 5% du revenu disponible. Et avec un taux directeur à 3,25%, les autorités monétaires disposaient encore de réelles marges de manœuvre…

La réponse du gouvernement

Fort des surplus budgétaires de la décennie précédente et d’une dette publique de seulement 15% du PIB, l’Etat a multiplié les mesures pour faire face à la crise. Dès octobre 2008, pour éviter que la crise ne se transforme en une profonde récession, le gouvernement a mis en œuvre un plan à effet immédiat, injectant directement de l’argent dans l’économie en ciblant les ménages les plus pauvres. Quatre millions de pensionnés ont ainsi reçu un chèque d’un montant équivalent à quelque 700 à 1 050 euros, et deux millions de familles ont perçu environ 500 euros par enfant à charge. Pour amortir la baisse du marché immobilier, une prime pouvant aller jusqu’à 10 500 euros a aussi été prévue pour ceux qui accèdent pour la première fois à l’immobilier. Pour compléter ce train de mesures, le gouvernement a présenté de nouveaux plans présentant toujours des actions à effet immédiat (comme un versement de 475 euros à 8,7 millions d’Australiens gagnant moins de 50 000 euros par an), mais aussi des dépenses d’infrastructures dans l’éducation, le réseau ferroviaire et routier, l’isolation…

La réaction énergique des autorités a évité le pire au pays. En ciblant les ménages, la banque centrale et l’Etat ont soutenu  la consommation et sauvegardent la santé financière des Australiens, évitant une crise financière et immobilière. Le chèque reçu par les Australiens s’est ainsi traduit par un rebond des ventes de détail, mais aussi par une hausse du taux d’épargne des ménages, tombé extrêmement bas ces dernières années (ce qui aurait pu affecter leur capacité de remboursement avec les conséquences que l’on sait sur l’immobilier).

Globalement, l’Australie est sorti moins traumatisée de la récession mondiale. Grâce aux excédents budgétaires engrangés lors des années de forte croissance, les finances publiques ne sortiront pas laminées par la crise et le poids de la dette n’hypothéquera  pas la croissance future. On croit rêver !!! 

Le Futur c’est tout de suite

A la suite du dernier relèvement de taux, le dollar australien a gagné du terrain et la Bourse de Sydney a atteint un plus haut de dix-huit mois en séance. Ne pas hésiter à miser  sur une devise vraiment costaude qu’est le dollar australien.

 L’ASX 200 a ainsi touché un plus haut annuel à 4.953,70 points et l’ASX 300 a clôturé à 4.946,40 points, soit à 4 points de son dernier plus haut touché en janvier.

 A ces niveaux, les marchés australiens sont désormais revenus à leurs niveaux d’avant la chute de Lehman Brothers. Rien de très étonnant quand on connaît le poids des valeurs minières dans ces deux indices.

source jdf/le monde avril10

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