Tout comme il est de bon ton de ne pas mélanger politique et religion, J.P. Morgan Chase (JPM) pourrait bien montrer pourquoi politique et bénéfices ne font pas très bon ménage….
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Au vu des résultats meilleurs que prévu enregistrés par le groupe au premier trimestre, J.P. Morgan semble bien parti pour être la première grande banque commerciale à échapper aux fourches caudines de la crise du crédit. Comme lors des trimestres précédents, ses résultats profitent de bénéfices d’exploitation colossaux. En outre, certains signes indiquent que les profits pourraient prochainement jongler plus encore avec la baisse des coûts liés aux prêts irrécouvrables.
Ce retour aux bénéfices devrait continuer de doper l’action J.P. Morgan, mais l’ampleur de ce coup de pouce dépend de l’évolution des activités de la banque, notamment de son portefeuille de produits dérivés de 79.000 milliards de dollars, après l’adoption par le Congrès d’une législation sur la refonte du système financier. Et le fait que de grandes banques affichent des résultats trimestriels solides pourrait convaincre les responsables politiques qu’elles sont suffisamment fortes pour supporter une nouvelle réglementation plus stricte.
A la lumière de ces éléments, il convient donc de s’interroger sur le potentiel de progression du titre J.P. Morgan. Avant la publication des résultats du premier trimestre de la banque, les analystes de Wall Street tablaient sur un bénéfice de 4,68 dollars par action pour l’an prochain, l’action se négociant donc à 10 fois les résultats escomptés, ce qui n’est guère donné. Mais l’évolution favorable des pertes de crédit va probablement montrer que les analystes ont été trop prudents.
Au cours des cinq derniers trimestres, J.P. Morgan a renforcé ses réserves pour pertes de crédit de 7 à 8,6 milliards de dollars, ce qui a lourdement pesé sur les bénéfices. Mais ces provisions ont permis de constituer des réserves équivalentes à 5,64% des prêts, ce qui est élevé pour le secteur.
Autrement dit, si l’économie ne se détériore pas, la banque pourrait bien laisser ce taux diminuer; les fonds affectés aux provisions trimestrielles seraient alors réduits, ce qui aurait pour effet immédiat de doper les résultats du groupe. Chaque milliard de dollars de provisions en moins représente environ 16 cents de plus de bénéfice par action.
Selon l’analyste de Barclays Capital Jason Goldberg, la part moyenne sur 20 ans des réserves de J.P. Morgan par rapport aux prêts s’élève à 2,6%, soit moins de la moitié du niveau actuel. Les régulateurs pourraient certes exiger plus de réserves de sécurité à l’avenir, mais probablement pas autant que la banque en dispose à ce jour.
Les incertitudes quant au potentiel de hausse du titre viennent surtout de Washington. L’exposition de la banque aux dérivés, dont une bonne partie sont illiquides, la rend bien plus vulnérable à une réorganisation profonde du système financier que ses rivales. Les nouvelles règles pourraient obliger la banque à détenir plus de capitaux propres face aux dérivés qu’elle ne peut transférer aux chambres de compensation, ce qui entamerait la rentabilité des capitaux propres, un domaine dans lequel J.P. Morgan a rarement excellé.
En 2006, au plus fort de la bulle du crédit, J.P. Morgan affichait un rendement des fonds propres de 12% seulement. La banque a davantage de capitaux aujourd’hui, mais pourrait en avoir besoin de bien plus encore. Dans un tel contexte, les bénéfices doivent réellement être astronomiques.
Peter Eavis, Wall Street Journal avril10
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