Commentaire de Marché

Commentaire du Wolf : La crise grecque et celle plus globale de la Zone euro va t elle entamer la reprise américaine ?

Commentaire du Wolf :  La crise grecque et celle plus globale de la Zone euro va t elle entamer la reprise américaine ?

    Les inquiétudes à l’égard des difficultés budgétaires de la Grèce s’étendent à d’autres pays d’Europe, faisant craindre une nouvelle crise de la dette qui pourrait ralentir la reprise naissante du monde industrialisé dans son ensemble…

Dans l’immédiat au moins, l’économie des Etats-Unis semble à l’abri des maux qui pourraient venir de l’autre côté de l’Atlantique: trois trimestres de croissance de la production et la reprise des embauches soutiennent la vigueur de l’économie, avec une demande intérieure suffisamment forte pour compenser les problèmes internationaux

PLUS DE COMMENTAIRE EN SUIVANT :

Malgré les turbulences des marchés financiers, de récentes statistiques montrent en effet que la reprise américaine est sur les rails.

Ainsi, l’indice ISM du secteur des services, publié mercredi, a continué à progresser en avril. De même, 70,4% des chefs d’entreprises ont affirmé s’attendre à une croissance de l’économie américaine comprise entre 2,1% et 3% cette année, selon une enquête réalisée par le Business Council et le Conference Board.

La meilleure nouvelle est d’abord venue de l’enquête ADP, qui a fait état d’une hausse de l’emploi privé pour le troisième mois consécutif. Et les analystes qui  tablaient sur 180.000 créations d’emplois non agricoles en avril,ont vu au final Vendredi  la création de 290 000 emplois en avril aux États-Unis

L’économie américaine a ainsi créé des emplois pour le quatrième mois d’affilée en avril. Ainsi, selon le département du Travail, 290 000 emplois nets ont été créés en avril par rapport à mars, soit 103 000 de plus qu’attendu en moyenne par les économistes. Il faut remonter à mars 2006 pour trouver un solde positif plus important. A cette bonne nouvelle s’est ajoutée une révision en forte hausse des chiffres des mois précédents: janvier s’est ainsi conclu par la création de 14 000 emplois, février de 39 000 et mars de 230 000 (au lieu de 162 000 annoncées initialement). 

Donc, le rythme mensuel des créations d’emplois apparaît plus rapide que ce qu’anticipait le gouvernement. Celui-ci avait indiqué en février tabler sur 95 000 embauches nettes en moyenne par mois en 2010. Les chiffres du ministère révèlent une moyenne de 128 000 emplois supplémentaires par mois depuis le début de l’année. 

Le ministère indique que plus de 84% des 573 000 emplois créés depuis décembre l’ont été par le secteur privé. L’état a néanmoins contribué positivement au marché du travail pour le deuxième mois de suite, à hauteur de 59 000 créations d’emplois.

Emplois, croissance et Fed (JEAN PIERRE CHEVALLIER) (cliquez sur le lien)  

Qui plus est il semble que le taux de chômage, que certains économistes voyaient dépasser 11% cette année, ait atteint un pic à 10,1% en octobre 2009, et soit resté à 9,7% en avril 2010.

Le crédit à la consommation aux États-Unis a rebondi en mars, avec une hausse de 1,0% en rythme annuel par rapport au mois précédent, selon la Fed. L’encours des crédits à la consommation a progressé de $2 milliards par rapport à février, atteignant $2 451,1 milliards tandis que les analystes estimaient au contraire que le crédit à la consommation avait continué de se contracter au mois de mars, et que son encours avait baissé de $3,9 milliards. 

Les gains de productivité quant à eux ont été supérieurs aux attentes au premier trimestre aux États-Unis, selon le département du Travail. La productivité a augmenté de 3,6% par rapport au quatrième trimestre, alors que les analystes interrogés par Reuters s’attendaient à une hausse de 2,5%. Les chiffres du quatrième trimestre ont à nouveau été révisés et la hausse de la productivité a finalement été de 6,3% en fin d’année dernière (contre +6,9% annoncé précédemment).

La productivité, qui mesure le rapport de la production au total des heures travaillées, avait bondi avec la crise, sous l’effet des coupes claires dans l’emploi pratiquées par les entreprises. Elle avait continué de progresser à un rythme soutenu avec la reprise entamée à l’été, alors que les entreprises augmentaient la production sans reprendre véritablement les embauches.

Les chiffres du ministère montrent que le ralentissement des gains de productivité au premier trimestre a été lié essentiellement à celui de la hausse de la production (passée de 7,0% à 4,4%), alors que la hausse des heures travaillées est restée faible (0,8% contre 0,7% à l’automne).

Cette faible hausse des heures travaillées corrobore le fait que l’économie américaine n’est redevenue créatrice nette d’emplois qu’au mois de mars.

Le rapport du ministère montre d’autre part que le salaire horaire réel a augmenté de 0,4% pendant l’hiver, après deux trimestres de baisse, tandis que le coût unitaire de la main-d’oeuvre continuait de reculer pour les entreprises, pour le troisième trimestre d’affilée, mais moins rapidement que pendant l’automne (de 1,6%, contre 5,6%).

Le redressement de l’Amérique (JEAN PIERRE CHEVALLIER) (cliquez sur le lien)

Cependant des incertitudes persistent concernant la crise grecque, surtout si des craintes comparables s’étendaient parmi les investisseurs au sujet de la dette émise par l’Espagne, le Portugal et l’Italie. Le risque que la Grèce puisse se trouver à terme en défaut de paiement reste aussi un facteur à prendre en compte pour certains investisseurs, une issue qui laisserait les porteurs d’obligations en grande difficulté avec des conséquences pour les Etats Unis

Vers une nouvelle crise de liquidité ?

Si les banques américaines ont une faible exposition à la dette grecque, elles sont néanmoins liées à des banques européennes qui prêtent à Athènes, et l’inquiétude pourrait conduire les banquiers à restreindre de nouveau le crédit. 2 indicateurs à ce niveau semblent tout particulièrement inquiétants il s’agit du TED PREAD et du  DEPOSIT FACILITY  

Le Ted Spread calcule la différence de taux entre ce que le gouvernement américain et les banques paient pour emprunter.

Concrètement, c’est l’écart entre les taux du Trésor américain pour trois mois et le Libor qui détermine le taux auquel les banques se prêtent entre elles.

Ce graphique mesure la différence entre les taux des bons du Trésor américain (sans risque) et ceux pratiqués par les banques, lorsqu’elles se prêtent de l’argent entre elles (le Libor). Ces deux taux d’intérêt sont basés sur des emprunts à 3 mois.

Lorsque la courbe augmente, la déconnexion entre ces deux taux s’accroît.

On peut lire les hausses comme une chute de la confiance entre les banques. Celles-ci, craignant des défauts de paiements de la part de leurs consœurs, augmentent les taux, alors que les emprunts du Trésor, jugés beaucoup plus sûrs, ne suivent pas la même évolution.

Hors le TED SPREAD vient de faire une incursion remarquée au dessus d’une valeur de  30  ce qui constitue une cote d’alerte : http://www.bloomberg.com/apps/cbuilder?ticker1=.TEDSP%3AIND (cliquez sur le lien)

Coté Deposit facility retraçant le  dépôt overnight auprès de la Banque centrale européenne (BCE) de l’excès de liquidité des banques commerciales de la zone euro. Mème cote d’alerte avec un dépot a 290…

En situation normale, ce chiffre doit être proche de 0. Plus ce chiffre est élevé, plus le déséquilibre du marché interbancaire est important. Il peut être considéré comme un indicateur de l’aversion au risque des banques à se prêter entre elles. 

A l’évidence donc , les difficultés de la zone euro ne laisseront pas les Etats-Unis indemnes, notamment en matière commerciale.Dans un contexte accumulant la crise grecque, les effets de l’affaire Goldman Sachs, la marée noire dans le Golfe du Mexique et l’attentat manqué à Times Square, il ne serait pas surprenant de voir ressurgir des craintes quant à l’économie américaine

Les exportations américaines seront directement touchées.

Le mouvement de repli des investisseurs vers le dollar en tant que valeur refuge va en effet renchérir les exportations des Etats-Unis vers la zone euro, destinataire de 14% de l’ensemble des exportations du pays. L’euro se situe actuellement à ses plus bas niveaux depuis plus d’un an face au billet vert.

David Rosenberg, stratégiste de Gluskin Sheff, souligne que la probabilité de voir l’Europe retomber en récession, couplée à l’appréciation du dollar, fait peser des risques de change sur les bénéfices des grandes entreprises américaines.

Un repli prolongé des marchés financiers lié à la situation en Europe aurait un impact encore plus important sur la confiance des acteurs économiques. Les ménages verraient leur patrimoine chuter de nouveau, au moment où l’arrêt de la baisse des prix de l’immobilier semblait leur donner un peu de répit. La consommation des ménages pourrait en pâtir.

Les perspectives pour l’économie américaine dépendront principalement de la propagation ou non de la crise grecque à d’autres pays.

Les économistes de T.Rowe Price ont établi des prévisions en fonction de deux scénarios contradictoires en la matière.

D’après eux, une crise circonscrite à la Grèce pourrait être positive pour les perspectives de croissance américaine dans la mesure où l’abandon de l’euro au profit du dollar entraînerait une baisse des taux d’intérêt des titres du Trésor.Vendredi, l’obligation du Trésor à 10 ans affichait un rendement de 3,42%, contre 4% début avril.Sachant que l’immobilier demeure lle talon d’achille de l’économie us on comprend tout l’intéret d’avoir des taux longs bas le plus longtemps possible…

En revanche, une propagation de la crise grecque à d’autres pays pourrait entamer l’appétit pour le risque aux Etats-Unis, “interrompant pour un temps la reprise cyclique, comme ce fut le cas au milieu de l’année 2002, lorsque les révélations sur les fraudes comptables des entreprises avaient fait plonger les marchés financiers”, préviennent-il. Un repli prolongé des marchés financiers lié à la situation en Europe aurait un impact encore plus important sur la confiance des acteurs économiques. Les ménages verraient leur patrimoine chuter de nouveau, au moment où l’arrêt de la baisse des prix de l’immobilier semblait leur donner un peu de répit. La consommation des ménages pourrait en pâtir.et une mécanique recessioniste se mettrait alors en route, le V se transformant en inconnue de l’alphabet économique… 

BILLETS PRECEDENTS : Commentaire : Roubini , l’obligataire, le forex et moi…. (cliquez sur le lien)

Commentaire : Bilan Résultats/Un excellent cru au 1er trimestre 2010 pour les Entreprise US (cliquez sur le lien)

EN COMPLEMENT INDISPENSABLECharles Gave : La crise de la Zone Euro est loin d’être terminée (cliquez sur le lien)

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6 réponses »

  1. L’Allemagne a proposé dimanche soir la mise sur pied d’un vaste plan d’aide financier pouvant être utilisé pour les pays de la zone euro, d’un montant total de 500 milliards d’euros et impliquant le FMI, a indiqué à l’AFP une source diplomatique européenne.

    http://www.romandie.com/ats/news/100509195152.my3fq515.asp

    Un plan d’aide de 500 milliards d’euros, et impliquant le FMI ?

    Mais avec quel argent ?

    Où vont-ils trouver ces 500 milliards d’euros ?

    Et qui va payer ?

    C’est encore un coup de bluff pour essayer de rassurer les marchés.

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