Toujours prompte à s’émouvoir quand il est question de conspiration étrangère, la presse chinoise fait ses choux gras des accusations de fraude que les autorités de régulation américaines ont lancées à l’encontre de Goldman Sachs (GS).
Elle se déchaîne sur les résultats exceptionnels de GS en Chine. Cela prouverait que les dés sont pipés : la banque a réussi à contrôler une société de courtage dont elle ne détient que 33 % du capital ; ses investissements lui ont rapporté des bénéfices astronomiques ; elle a quadruplé sa mise avec la banque chinoise ICBC, et la valeur de sa participation dans Shenzhen Hepalink Pharmaceutical, qui a fait son entrée en Bourse le 5 mai, a été multipliée par plus de 250…
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La plupart de ces récriminations ne devraient pas porter préjudice à GS. La banque a été retenue pour préparer l’entrée en Bourse d’Agriculture Bank of China (AgBank) qui pourrait lever jusqu’à 30 milliards de dollars (24 milliards d’euros). Certaines de ses rivales ont reconnu avoir officieusement oeuvré pour convaincre AgBank de ne pas la désigner comme chef de file.
GS doit prendre cela au sérieux. Ses difficultés aux Etats-Unis pourraient affecter ses opportunités d’investissement en Chine où les bénéfices des banques occidentales se font de plus en plus sur les investissements directs plutôt que sur les commissions traditionnelles tirées des prestations de conseil. Il faut prouver ses compétences d’investisseur avisé et de s’attirer la bienveillance des autorités de régulation chinoises. Lesquelles pourraient se montrer plus réticentes à accorder de nouvelles autorisations à un établissement qui a déjà remporté des succès éblouissants dans leur pays.
Image de marque
Le plus grand danger pour GS ? Que ses clients décident de profiter de sa faiblesse. Les instances de régulation chinoises reprochent déjà à certaines banques étrangères d’avoir vendu des produits trop complexes aux firmes locales. Et depuis 2008, GS est poursuivie par Shenzhen Nanshan Power, qui lui réclame 80 millions de dollars de dommages. L’action intentée par la Securities and Exchange Commission, le gendarme de la Bourse américaine, pourrait encourager d’autres sociétés chinoises à dénoncer des contrats décevants.
La renommée de GS est solide en Chine. Les opérations de privatisations que la banque a menées à bien – China Mobile et PetroChina – lui ont permis d’y asseoir sa crédibilité. Mais elle ne peut pas se reposer sur ses lauriers et doit travailler à la conservation de son image de marque.
LE MONDE | 12.05.10
La banque qui gagne à tous les coups.
BFM : Nouvelle surprenante et spectaculaire du côté de Goldman Sachs…
Marc Fiorentino : Et une bonne nouvelle qui pourrait vite se transformer en mauvaise nouvelle. Goldman Sachs vient d’annoncer que pendant les 63 jours ouvrés du premier trimestre, tous les jours, sans aucune exception, ses traders ont gagné de l’argent. 25 millions de dollars de gain en moyenne par jour, mais plus de 100 millions de dollars par jour de gain en moyenne pendant les 35 meilleures journées. Au total, prés de 10 milliards de profits sur la spéculation au premier trimestre, soit prés de 80 % du revenu total de la banque d’affaires américaines.
BFM : Et donc pas un seul jour de perte…
Marc Fiorentino : Pas un. Pas même une petite journée de trading avec une petite perte de 1 ou 2 millions de dollars, juste pour faire semblant. C’est d’ailleurs la première fois dans l’histoire de la banque d’affaires que cela arrive. Et c’est là que le bât blesse. Tous les traders, tous les spéculateurs les plus doués, tous les génies de la finance ont des jours avec et des jours sans. Le but est d’avoir en net plus de jours avec que de jours sans, et de gagner plus les jours avec qu’on perd les jours sans. C’est une bonne nouvelle qui tombe très mal alors que Goldman Sachs est déjà sous les feux des critiques. Car là c’est soit un miracle, soit un mystère. Comment peut on gagner à tous les coups ? A tous les coups. Sans exception. Pas une.
BFM : Cela va relancer la polémique sur le conflit d’intérêt…
Marc Fiorentino : De façon certaine. Et cela risque encore plus d’effrayer certains des clients. Car quand on gagne à tous les coups,
– soit c’est qu’on n’a que des traders géniaux et quand on a vu Fabrice Tourre, on a vite compris que ce n’était pas le cas,
– soit on triche, mais on sait que Goldman est trop subtil pour compter les cartes tous les jours dans les casinos,
– soit on joue le rôle de la banque dans le casino, c’est-à-dire qu’on gagne toujours, et que c’est le client qui perd.
C’est une performance vraiment spectaculaire qui va rendre jaloux tous les traders du monde et qui va encore énerver le Sénat, Michael Moore, Oliver Stone et les américains anti Wall Street.
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