Au coeur de la création de richesse : l'Entreprise

Europe de l’est : Les sociétés innovantes sont les plus affectées par la crise

Au moment où les études sur «l’après-récession» se multiplient, des économistes de la Banque mondiale se penchent sur le sort des entreprises innovantes particulièrement dans six pays d’Europe de l’Est. Les conclusions sont peu encourageantes

Les entreprises vont-elles accroître sensiblement leurs investissements et assurer une reprise durable? Les dégâts structurels de la crise vont-ils au contraire pénaliser l’après-récession et réduire la croissance de la productivité?

PLUS/MOINS DE PRODUCTIVITE EN SUIVANT :

Une étude de la Banque mondiale (1) se penche sur le problème sous un angle particulier. Paulo Correa et Mariana Iootty comparent 1686 entreprises innovantes ou non-innovantes de six pays d’Europe de l’Est (Bulgarie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Roumanie, Turquie).

 L’étude montre que les entreprises non-innovantes sont majoritaires dans ces pays: 76% entrent dans la catégorie «n’investit pas dans la recherche», et le chiffre grimpe même à 90% en Hongrie. De plus 89% sont «vieilles», dans le sens où elles ont plus de six ans.

Les deux économistes observent ensuite leur croissance avant et pendant la crise afin d’en tirer des leçons sur l’après-crise.

A priori, comme le commerce international décline et les conditions financières se détériorent, on pourrait croire que l’innovation et la capacité d’apprentissage d’une entreprise sont deux sources de croissance majeures pour l’après-crise. Les sociétés innovantes devraient soutenir la croissance économique ces prochaines années.

Pourtant le document de travail de la Banque Mondiale arrive à une conclusion particulièrement décevante. En effet, à partir de deux méthodes empiriques différentes, il montre que les entreprises innovantes ainsi que les jeunes sociétés ont davantage souffert que les autres pendant la récession et qu’elles seront durablement touchées.

Les entreprises innovantes profitaient d’une croissance supérieure à la moyenne avant la crise. Et leur petite taille était initialement un avantage. Mais les caractéristiques propres aux sociétés innovantes se sont retournées contre elles. Elles ont davantage été pénalisées que la moyenne pendant la crise. Certes elles sont capables de s’adapter, mais la baisse des ventes a été tellement forte que le résultat net est négatif. Il leur est difficile de retrouver le rythme d’avant crise en raison de leur sortie du marché (par exemple par faillite) et de leur moindre performance en termes d’innovation. En effet, leurs ventes ont tellement baissé qu’elles investissent moins dans l’innovation. Cela signifie, selon les deux économistes, que les perspectives de productivité et de croissance se sont détériorées dans les pays d’Europe de l’Est.

(1) Will the Crisis affect the Economic Recovery in Eastern European Countries? Paulo Correa, Mariana Iootty, World Bank, Policy Research Paper 5278, April 2010

Par Emmanuel Garessus LE TEMPS MAI10

1 réponse »

Laisser un commentaire