La situation qui règne sur les marchés amène par ailleurs les gens de Bloomberg à mettre un ours(symbole des bears en opposition aux taureaux/bull) en évidence sur la couverture de la plus récente édition du magazine BusinessWeek. Un article de plusieurs pages sur les Nouriel Roubini et Peter Schiff de ce monde se trouve dans cette édition du magazine que vous pouvez lire ici.En ces temps difficiles sur le front des Bourses et des déficits publics, leur parole est d’or.
Les anti-conformistes (contrarians en anglais) vont certainement y voir un signal «bullish»Mais qui sont donc ces gourous de la débâcle ?
PLUS DE PERMABEAR EN SUIVANT :
La dernière livraison de Businessweek consacre un dossier passionnant à ces apôtres de la déroute, à ces archanges du krach imminent, à ces Héraults de l’anéantissement économique, bref à ces indécrottables pessimistes.
Le magazine américain les classe en trois catégories d’ours (symbole des baissiers à Wall Street) : les grizzlis, les ours aux dents émoussées et les ours de compagnie.
Voici la liste de ces gourous de la débâcle accompagnés de quelques extraits de ce long article.
Les grizzlis:
–>Nouriel Roubini fait bien sûr partie des grizzlis. “Businessweek” n’est pas tendre avec lui. Début 2004, il a prédit une récession imminente qui n’est pas venue. Même prévision en 2005. Même échec, raconte l’hebdomadairee. En 2006, il a revu ses prévisions parlant cette fois d’un fiasco immobilier, des prédictions qui ont fini par se réaliser.
Entre-temps Roubini, « un obscur professeur de l’université de New York » a formulé d’autres prévisions qui se sont révélées erronées comme un baril de pétrole entre 30 et 40 dollars en 2009 alors qu’il a atteint 70 dollars en novembre.
–>Autre grizzli, Robert Pretcher, qui a eu la chance d’anticiper de deux semaines le krach d’octobre 1987 recommandant à ses lecteurs de liquider toutes leurs positions en Bourse. Aujourd’hui, la bête noire de Prectcher, c’est le gouvernement américain qui agit comme « le dernier ivrogne de la soirée ». Il s’attend à une nouvelle chute dans l’immobilier et dans les actions.
–>Dans la même catégorie, le « polémiste en chef » Nassim Nicholas Taleb qui s’est fait connaître en démontrant comment Wall Street trompe les investisseurs, et se trompe elle-même, avec des modèles de prédiction ingénieux qui sont régulièrement mis à terre par les faits.
Il a atteint le statut de star avec son livre « Le cygne noir » publié en mai 2007 qui étend sa critique de la gestion des risques à Wall Street. Il affirme que les modèles destinés à mesurer et contenir le risque sont viciés dès le départ car ils ne peuvent pas prendre en compte l’existence de cygnes noirs, des évènements imprévisible et potentiellement désastreux. Le timing fut excellent: ce livre a été publié quelques mois avant la crise des subprimes….
–>Pour finir avec les grizzlis (dont font également partie Michael Panzner et Peter Schiff) Businessweek épingle Marc Faber qui est le seul rival de Taleb en terme de grandiloquence. Auteur de “Gloom, Doom and Boom Report” ce Suisse de 64 ans anticipe depuis 2002 une chute du dollar et depuis 2005 un effondrement économique des Etats-Unis.
Dans la catégorie des ours aux dents émoussées on trouve:
–>Gary Shilling qui pense que les Américians ne pourront éviter de revoir à la baisse leurs habitudes de consommation.
–>Stephen Roach qui comme Shilling estime que la crise de la dette en Europe frappera durement les USA.
–>Meredith Whitney qui a prédit les déboires de Citigroup et est restée négative sur le secteur bancaire. Le marché lui a donné tort.
–>David Rosenberg qui est la voix calme et posée du pessimisme économique a passé le plus clair de l’année dernière à mettre en doute le rally boursier.
Enfin parmi les ours domestiques, l’hebdo économique pointe:
–>Jeremy Grantham qui a été largement négatif sur l’économie avant de mettre de l’eau dans son vin en raison de son nouveau job : faire de l’argent pour ses clients. Il n’est pas devenu pour autant un optimiste à tous crins. Il recommande l’achat de certains titres triés sur le volet.
–>James Grant a gagné en réputation avec le krach de 1987 et l’a reperdue avec les deux marchés haussiers connus depuis lors. Et se console en affirmant que les grandes récessions ont été suivies par des reprises très fortes.
Pour lire le dossier complet de Businessweek, cliquez ici.
Source press affairs et echo juin10
EN RAPPELS INDISPENSABLES : Le magazine The Economist affirme haut et fort que la planète financière a besoin de ses pessimistes.
Dans deux textes intitulés datant d’octobre 2009 « Please do feed the bears » et « The end is nigh (again) », le magazine rappelle que les commentateurs pessimistes demeurent convaincus que le rallye actuel en Bourse se base sur de l’air.
Citant des stars du pessimisme international, comme Nouriel Roubini, The Economist considère que la reprise s’appuie peut-être sur du sable. Ils disent que les programmes de relance gouvernementaux ont produit un effet temporaire. Mais les causes sous-jacentes de la crise actuelle demeurent.
Le mot clé, ici, c’est la dette. Celle des consommateurs, notamment. Les persistent et signent, craignant que l’endettement généralisé ne précipite l’économie dans une longue léthargie à la Japonaise. Ce qui se traduirait par une chute spectaculaire des actions.
Une fois passée l’aide temporaire étatique soutenant le secteur immobilier et la vente de voitures, les ours croient que la remontée actuelle de l’économie et des marchés sera suivie d’une chute, qui se produira quelque part au début ou au milieu de l’an prochain. Sinon, on connaîtra une croissance mondiale plutôt faible. Ils ajoutent que les gouvernements ont peut-être stabilisé le secteur bancaire, mais qu’ils n’ont pas réussi à stimuler le marché du crédit.
Eventuellement, les gouvernements voudront rééquilibrer des budgets marqués par des années de déficit. La tentation sera forte d’imprimer de l’argent. « Mais vous ne pouvez vous imprimer une voie vers la prospérité » affirme le magazine.
The Economist va même jusqu’à affirmer qu’historiquement, les ours sont plus intelligents que les taureaux. Le magazine rappelle une légende voulant que, lorsque les généraux romains déambulaient lors de leurs marches triomphales, ils étaient suivis d’un esclave qui leur chuchotait de se souvenir qu’ils étaient mortels. « Voilà le rôle que les bears jouent pour les investisseurs », conclut le magazine.
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André Gosselin : Les permabears américains en 10 points Janvier 2009
Dans le jargon de Wall Street,un”permabear” est un investisseur qui est pessimiste depuis fort longtemps (3 à 10 ans) concernant la Bourse ou tout autre marché financier.
Un “permabull”, au contraire, est quelqu’un d’optimiste depuis longtemps,quin’a jamais hésité à ache- ter ou à recommander des titres.
Lemoinsqu’on puisse dire, c’est que les premiers, en 2008, ont eu raison par rapport aux seconds. Ce qui ne veut pas dire qu’ils n’ont pas changé leur fusil d’épaule à l’occasion. Au cours des dernières semaines par exemple, on a vu des pessimis- tes notoires passer dans l’autre camp parce que les actions, selon leurs dires, étaient enfin des aubaines à ne pas laisser passer.
Pour les “permabear” purs et durs cependant (Nouriel Roubini, Bill Fleckenstein, etc.), la baisse fulgurante des marchés que nous avons connue en 2008 n’est pas terminée et pourrait bien se prolonger tout au long de 2009. Leur thèse se résume à l’idée que la récession américaine se prolongera jusqu’en 2010 et qu’elle sera la pire qu’on ait connue depuis la Deuxième Guerre mondiale.
Le problème principal, au dire de certains d’entre eux, se situe notamment au chapitre des mé-nages et des consommateurs, et à plusieurs autres chapitres qui re-lèvent du gouvernement et de la Fed. On a beau les trouver terriblement pessimistes, leur message mérite quand même d’être entendu. Voyons en quelques points leur diagnostic de la situation économique américaine. À vous d’en déduire ce qui attend l’économie canadienne en particulier, et l’économie mondiale en général.
1.Leconsommateur américain, qui depuis 10 ans est le principal moteur de la croissance écono-mique, est à bout de souffle. Il a dépensé au-delà de ses moyens, si bien que son taux d’épargne est tombé à zéro. Son taux d’endettement, en fonction de son revenu disponible après impôt, est passé de 70 % au début des années 1990 à 100 % en 2000, et à 140 % en 2008. Autrement dit, en 2008, le ménage moyen américain dépensait 1,40 $ pour chaque dollar gagné. Il se rend compte qu’il a manqué de prudence et il recommence à épargner. C’est bon pour lui, mais ce l’est beaucoup moins quand on cherche à sortir d’une récession. Il faut espérer que le consommateur assainisse ses fi-nances personnelles sur un horizon assez long (quatre ans plutôt que deux) si on souhaite sortir de la récession avant 2010 ou 2011.
2.La valeur des maisons aux États-Unis s’est dépréciée de près de 20 % (6 000 G$), et pourrait per-dre un total cumulatif de 40 % en 2010 par rapport à son sommet de 2006. Si c’était le cas, 4 ménages sur 10 qui ont une hy-pothèque serait dans le rouge si on compare le montant de l’hypothèqueparrapport àlavaleurdeleur propriété. On les inciterait alors fortement à remettre leurs clés au banquier, avec l’effet en spiralequel’onconnaît sur les institutions prêteuses.Lesménages américains ne peuvent plus emprunter sur leur maison pour finan- cer une partie de leur consommation. La récession n’en sera que plus sévère.
3.Environ la moitié des ménages américains détiennent un portefeuille d’actions. Celui-ci a fondu de près de 50 % depuis 2007, ce qui a complètement anéanti le fameux “effet de richesse” qui contribue normalement à augmenter les dépenses de consommation.
4.Il ne faut pas croire que la crise du crédit est en train de se ré-sorber grâce au plan Paulson de quelque 700 G$. Au contraire. Elle est en train de s’étendre à d’autres actifs que les prêts immobiliers, tels les prêts pour auto, les prêts sur cartes de crédit et les prêts aux étudiants. Le plan Paulson adopté le 3 octobre dernier, sous le nom “Troubled Assets Relief Program” (ou TARP), est déjà un cauchemar bureaucratique. Ceux qui auront les plus grosses parts du gâteau sont ceux qui se démarqueront en raison de la qualité de leur lobby politique à Washington. Le pire, c’est qu’à plus ou moins court terme, TARP 1 sera suivi de TARP 2, car les 250 G$ prévus pour recapitaliser les institutions financières pourraient facilement dépasser 1 000 G$.
5.La confiance des con-sommateurs a atteint un niveau plus bas que lors des récessions de 1973-1975 et 1980-1982. Lors de la récession de 2001, on n’a enregistré aucun trimestre négatif pour la con-sommation des ménages. Il faut remonter à la récession de 1990-1991 pour assister à un seul trimestredeconsommationen baisse. Or, le bilan financier des ménages américains est beaucoup moins reluisant en 2008-2009 qu’il ne l’était en 1990-1991. Plusieurs trimestres de consommation négative sont à prévoir au cours de la prochaine année.
6.Il n’y a pas eu de croissance des salaires ni des revenus au cours des deux dernières années. Et il n’y en aura pas dans les années à venir. La baisse du cours de pé-trole devrait ajouter un montant de 150 G$ dans les poches des consommateurs, ce qui est bien peu par rapport aux centaines de milliards envolés en fumée quant aux actifs mobiliers et immobiliers des ménages.
7.La Fed n’a presque plus de marge de manoeuvre pour abaisser son taux directeur. La déflation est en train de s’installer peu à peu, et les consommateurs gèleront très bientôt leurs dépenses en espérant acheter à meilleur prix dans 3, 6 ou 12 mois. La politique monétaire de la banque centrale américaine sera de bien peu d’aide pour atténuer ou écourter la récession. Les institutions prêteuses et de crédit continueront de faire ce qu’elles ont commencé à faire : augmenter les taux d’hypothèque et les taux des prêts à la consommation, et exiger de meilleures garanties avant de prêter.
8.Le taux d’emploi est en chute libre depuis les 10 derniers mois, et le chômage devrait connaître une croissance accélérée en 2009. Lors de la mini-récession de 2001, qui avait une baisse cumulative du PIB d’à peine 0,4 %, les pertes d’emplois se sont étendues jusqu’en août 2003, avec au total plus de cinq millions d’emplois per-dus. Dans le cycle économique actuel, nous en sommes seulement à un million d’emplois perdus. Ce qui veut dire que le pire est à venir, compte tenu de la chute importante du PIB américain en 2008. Le taux de chômage devrait franchir la barre des 9 % dans les 12 prochains mois.
9.Lesréductionsde taxes mises en place par l’administration Bush au début de l’année 2008 pour stimuler l’économie n’ont pas eu l’effet escompté. Seulement 25 % du montant remis aux con-tribuables américains a été dé-pensé, alors que le reste a vraisemblablement été déposé dans le bas de laine ou a servi à payer le solde des cartes de crédit. Les ventes au détail ont d’ailleurs commencé à baisser dès juin 2008, et elles seront sur la pente des-cendante pendant encore plusieurs mois.
10.Les récessions de 1990-1991 et 2001 n’étaient pas mondiales. Cette fois-ci, la récession le sera, c’est ce que prévoit le Fonds monétaire international (FMI) pour 2009. La pire récession de l’après-guerre (1957-1958) avait connu une chute de 3,7 % du PIB. L’actuelle récession pourrait bien se traduire par une glissade cu-mulative d’au moins 5 % du PIB américain.
On trouve chez les “permabear” américains des gens plus pessimistes que d’autres. Une toute petite minorité seulement prédit une récession en L, comme ce fut le cas pour le Japon au cours des années 1990. La majorité croit qu’elle sera en U, et qu’elle durera de 18 à 24 mois. Toutefois, nombreux sont ceux qui pensent que la reprise sera loin d’être specta-culaire et très faible, notamment en 2010 ou 2011. Ce redécollage timide s’explique par l’ampleur des dégâts au sein du système financier et par la très grande frilosité, à moyen et long terme, des mécanismes du crédit.
EN COMPLEMENT INDISPENSABLE : La crise n’est pas finie, parole d’ours (cliquez sur le lien)

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