Carmignac Patrimoine : la gestion diversifiée marque le pas
Le plus gros fonds français diversifié, Carmignac Patrimoine, gérant plus de 20 milliards d’euros, est moins en réussite cette année. Sur les sept premiers mois, le fonds gagne 3,35 %, contre 9,76 % pour son indice de référence.
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C’est le plus gros fonds français diversifié de la place de Paris. Le vaisseau amiral, Carmignac Patrimoine (A), qui gère plus de 20 milliards d’euros, représente à lui seul plus du quart du total des actifs des fonds diversifiés internationaux de l’Hexagone, lequel était de 72,5 milliards d’euros à fin juillet selon EuroPerformance-Six Telekurs. Dès lors, les simples variations de la collecte et des actifs de Carmignac Patrimoine (A) suffisent à faire bouger tout ce segment. Or ce fonds a perdu 3,9 % en juillet, contre – 0,6 % pour son indice de référence.
La société de gestion présidée par Edouard Carmignac explique cette contre-performance par un « positionnement excessivement défensif ». Dans la lettre mensuelle de Carmignac Gestion, achevée le 3 août, avant la réunion de la Réserve fédérale américaine, Eric Le Coz, membre du comité d’investissement, l’a reconnu : « Les performances de notre gestion globale, décevantes sur le mois, auront été le résultat d’un excès de prudence, de méfiance vis-à-vis de la situation européenne. Un peu trop de mines d’or – le refuge par excellence -, pas assez de valeurs bancaires, surtout européennes, pas assez d’euros, un peu trop de dollars. Mea culpa. » Conséquence, sur les sept premiers mois de l’année, le fonds gagne seulement 3,35 %, contre 9,76 % pour son indice de référence.
EN LIEN LA dernière LETTRE MENSUELLE DINVESTISSEMENT : http://www.carmignac.fr/_docs/publication/1273/LettreMensuelle56537.pdf
Fortes souscriptions
Les investisseurs ne semblent pour l’instant pas vraiment tenir rigueur à la boutique de ces contre-performances passagères. En effet, depuis sa création, en 1989, la performance annuelle moyenne du fonds est de près de 10 % et très supérieure à celle de son indice de référence. Depuis 2000, il n’a fait moins bien que celui-ci qu’en 2004. Les encours du fonds ont véritablement pris leur envol à partir de 2008. Il est parvenu, cette année-là, à préserver le capital investi (+ 0,01 %), alors que pratiquement tous les fonds diversifiés clôturaient dans le rouge, parfois très nettement. Il a alors connu un afflux considérable d’argent, qui ne s’est pas tari depuis. Un afflux qui a bénéficié à ses autres produits (Carmignac Investissement…). Bilan : entre 2008 et 2010, les actifs ont été multipliés par 4, de 12,6 milliards d’euros à 47,4 milliards. Du jamais vu en France.
Pour les investisseurs, la question centrale reste le maintien ou pas du style de gestion de la maison, marqué par des paris forts, et ce malgré l’explosion des encours et son changement de dimension. En effet, à mesure qu’une société de gestion grossit, elle peut être tentée d’opter pour une approche plus patrimoniale et prudente de sa politique et de ses choix d’investissement. Une inflexion vers davantage de sécurité. L’avenir le dira mais cela ne semble pas cadrer avec la philosophie de Carmignac, qui promeut une gestion de conviction « active » et décomplexée. Un des modèles de la société est le gérant américain Fidelity, qui s’est efforcé de conserver son approche de « stock-picking » (choix de valeurs au cas par cas) malgré sa taille colossale.
Au mois de juin, la boutique française a enregistré, tous produits confondus, la première collecte en Europe, de 3,2 milliards d’euros selon les statistiques de Lipper FMI (groupe Thomson Reuters). Carmignac est régulièrement présent sur le podium des souscriptions depuis près de dix-huit mois, grâce notamment à une ambitieuse politique de développement commercial en Europe, où la société a noué de nombreux accords de distribution. Le redoutable marché anglais est la prochaine étape pour la boutique française.
Le succès de Carmignac met en tout cas sous pression les autres boutiques hexagonales et sociétés de gestion, bien en peine de suivre l’exemple et le rythme de la société de la place Vendôme. Il a logiquement aussi attiré des prétendants au rachat. Seulement, avec l’envolée de ses encours, le prix de la plus atypique des boutiques françaises a pu vite apparaître prohibitif pour beaucoup. De toute façon, la société semble s’accommoder de sa situation actuelle. De surcroît, l’adossement d’un indépendant n’est pas toujours très bien perçu par les investisseurs, qui peuvent redouter ses conséquences néfastes (performance, organisation…).
NESSIM AÏT-KACIMI les echos aout10
Catégories :Carmignac Gestion, OPCVM et Gestion Collective
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