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Energie : Le nucléaire propre existe aussi

Energie : Le nucléaire propre existe aussi

 Patrick Moore (ex-Greenpeace) s’interroge sur le peu d’enthousiasme que suscitent les technologies atomiques alternatives.

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La catastrophe japonaise amène à s’interroger sur les raisons pour lesquelles, en dehors des énergies vertes, la recherche concernant l’énergie nucléaire propre n’a pas été encouragée. Pour Patrick Moore, co-fondateur et transfuge de Greenpeace, les évènements au Japon doivent conduire à une relance de la recherche dans toutes les énergies propres et renouvelables dont certains projets nucléaires font partie.

 Il a rendu visite aux installations de PBMR en Afrique du Sud et s’étonne que le projet ait été pour l’instant discontinué.

Le PBMR (Pebble Bed Modular Reactor) est un modèle de réacteur à très haute température (800-900°) développé en Afrique du Sud par la société PBMR (Pty) Ltd depuis 1994. Le projet prévoyait la construction d’une centrale de démonstration à Koeberg près du Cap et d’une usine de combustible à Pelindaba près de Pretoria. Ce réacteur est alimenté d’éléments combustibles de la taille d’une balle de tennis qui contiennent des milliers de micro particules d’uranium 235 enveloppés d’un revêtement en céramique de carbure de silicium.

 Le refroidissement est obtenu par un gaz inerte ou semi-inerte comme l’hélium, l’azote ou le dioxyde de carbone . Le mérite essentiel de ce procédé est que les combustibles ne fondent pas.

Les réacteurs à boulets refroidis au gaz ont été développés en Allemagne, principalement au centre de recherche de Jülich, dans les années 1950. Une usine prototype, AVR, produisant 15 MW y a été exploitée de 1967 à 1988 . Une seconde usine de démonstration au même endroit, THTR-300 (300 MW) a été officiellement fermé en 1989 suite à des problèmes critiques. L‘AVR est généralement considéré comme un design très réussi. Sous la pression des mouvements écologistes, les recherches ont été abandonnées en Allemagne à l’époque du Chancelier Schroede et reprises en l’Afrique du Sud en 1993 par l’entreprise publique électrique, Eskom. Même si ce n’est pas le seul réacteur à haute température refroidi au gaz en cours de développement, le projet sud-africain était considéré comme le leader mondial dans ce domaine. Le gouvernement sudafricain a retiré son appui au projet en 2009 sans qu’il soit clairement établi si cette décision est seulement liée à un manque de ressources financières ou à un problème critique lié au taux de contamination des résidus.

 Patrick Moore s’étonne de la résistance de Greenpeace à ce genre de projets alors que l’association dénonce avec force l’électricité au charbon qui représente 90% de la production sud-africaine.

 Plus récemment, des chercheurs de l’Université de Gothenburg se sont penchés sur l’utilisation du deutérium ultra-dense comme combustible nucléaire. Le deutérium ultra-dense est une matière extraordinairement dense produite à partir de l’hydrogène lourd, aussi connu sous le nom de deutérium d’où son nom. Sa densité le dispose bien à créer une réaction nucléaire en utilisant des impulsions laser à haute puissance. Le deutérium est un isotope de l’hydrogène que l’on trouve en grandes quantités dans l’eau. Plus d’un atome d’hydrogène sur dix mille a un noyau de deutérium. L’isotope est notée «2H»ou «D», et est généralement connu comme «l’hydrogène lourd».

 Le deutérium est utilisé dans un certain nombre de réacteurs nucléaires classiques sous forme d’eau lourde (D2O), et pourra être utilisé comme combustible dans les réacteurs de fusion à l’avenir. Outre la disponibilité quasi-infinie du matériau, sa fusion par laser ne produit que de l’hélium et de l’hydrogène, deux produits sans aucune nocivité. Il serait donc inutile de traiter les déchets comme on doit le faire pour le tritium issu d’autres types de réaction. «Si nous pouvons produire de grandes quantités de deutérium ultradense, le processus de fusion peut devenir la source d’énergie de l’avenir. Et il peut devenir disponible beaucoup plus tôt que nous ne l’avions imaginé», déclare Leif Holmlid, Professeur au département de Sciences Atmosphériques de l’Université de Chimie de Gothenburg. «L’énergie nucléaire peut contribuer à réduire de manière sensible la dépendance vis-à-vis des énergies fossiles. Il ne faut pas avoir d’oeillères et démoniser une alternative qui peut se révéler très bénéfique» explique Patrick Moore.

Nicolette de Joncaire/agefi avril11

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