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Risque Nucléaire/Japon : Des ouvriers dans le réacteur de Fukushima

Risque Nucléaire/Japon : Des ouvriers dans le réacteur de Fukushima

Douze hommes ont tenté jeudi d’installer un système de ventilation pour essayer d’abaisser le niveau de radioactivité et permettre les réparations à venir

Huit semaines jour pour jour après le tremblement de terre et le tsunami qui ont ravagé le nord-est de Honshu et provoqué la catastrophe nucléaire de Fukushima, cette région de la principale île japonaise a de nouveau été secouée par un séisme de magnitude 6,1 à 0 h 58 heure vendredi (16 h 58 heure suisse jeudi). D’après les premières informations, cette réplique n’aurait fait ni dégâts ni victimes.

 La veille, jeudi, pour la première fois, des hommes ont approché au plus près du réacteur numéro 1 de la centrale de Fukushima, l’un des quatre à avoir été endommagés par le cataclysme du 11 mars.

 Refroidissement

 D’après le quotidien Mainichi, ils étaient douze, revêtus de combinaisons protectrices, munis de masques et de bouteilles d’air, à devoir se succéder dans le bâtiment, par groupes de quatre et par tranches de dix minutes afin de limiter leur exposition à la radioactivité. Leur mission? La mise en œuvre d’une ventilation destinée à aspirer les poussières radioactives dans le réacteur pour faciliter les opérations de réparation et l’installation de nouveaux systèmes de refroidissement. L’opérateur électrique Tepco avance que le refroidissement des réacteurs aura lieu d’ici à janvier 2012.

 Depuis les premières fuites radioactives consécutives à cet incident classé le 12 avril au niveau 7 de l’échelle internationale des événements nucléaires (INES), 80 000 per­sonnes ont été évacuées dans un rayon de 20 km autour de la centrale. La pénétration de cette dernière est strictement interdite depuis le 21 avril. Mercredi, alors qu’il visitait un centre d’évacuation des abords de la zone, le patron de Tepco, Masataka Shimizu, a été conspué par des rescapés révoltés par le manque de transparence de l’opérateur. Le même jour, la société a fait état d’une très vive augmentation des niveaux de radioactivité relevés en mer, à une quinzaine de kilomètres au large Fukushima.

Par Angélique Mounier-Kuhn/le temps mai11

PLUS DE RISQUE EN SUIVANT :

AU FIL DU TEMPS A FUKUSHIMA

L’opérateur de la centrale nucléaire Fukushima Daiichi va reprendre l’évacuation de l’eau hautement radioactive d’un tunnel du bâtiment du réacteur 2. Deux pompes seront mises en services. L’opération de transvasement avait été interrompue vendredi pour vérifier s’il y avait des fuites dans le bâtiment.

Tepco a pompé 2400 tonnes d’eau radioactive du tunnel depuis le 19 avril. A la question, mais où va aller cette eau radioactive, Tepco annonce qu’elle envisage d’enterrer des citernes et de stocker cette eau radioactive sur place. Cette stratégie a l’avantage de faire disparaître immédiatement le problème, mais l’inconvénient de transmettre «la patate chaude» aux générations futures d’ingénieurs et de transférer les coûts au gouvernement japonais.

Actuellement, plus de 1000 travailleurs sont engagés sur le site de Fukushima. Tepco a identifié 3000 personnes qui avaient déjà travaillé, par le passé, à Fukushima. Elle va demander à ces personnes de revenir sur le site de la centrale nucléaire.

Tepco avait déjà annoncé que 28 de ses collaborateurs avaient été irradiés. La semaine dernière, une femme a été fortement irradiée et deux autres hautement contaminées. Tepco a annoncé que deux autres femmes ont été fortement irradiées entre le 15 et le 23 mars. Avec notre calculette, nous arrivons à 33 employés fortement contaminés, mais aujourd’hui Tepco en annonce un total de 21. Parle-t-elle d’employés encore en vie ou est-ce une erreur?

Les compteurs explosent autour du réacteur 2. L’iode 131 radioactif dépasse plus de 3000 fois les limites légales et les césiums 120 et 134 dépassent d’une bonne centaine de fois ces limites. C’est la 3e journée consécutive qui voit une augmentation de la radioactivité autour du réacteur 2, une hausse de 30% en 3 jours. Parallèlement, le taux de radioactivité de la mer est également à la hausse.

Du côté du réacteur 1, Tepco désire envoyer des hommes à l’intérieur du bâtiment pour y installer des machines afin de filtrer l’air et permettre d’y travailler. C’est la première fois depuis le tremblement de terre que des hommes vont tenter de pénétrer à l’intérieur de ce bâtiment. Comme Tepco ne connaît pas les quantités d’eau dans ce réacteur, les liquidateurs vont devoir installer des sondes pour mesurer le niveau d’eau.

Afin de faire de la place dans ses réservoirs, pour son eau contaminée, Tepco a vidé dans le Pacifique quelque 12 millions de litres d’eau radioactive. Diluer l’eau hautement radioactive dans le Pacifique semble être la meilleure stratégie pour l’opérateur de la centrale. La Russie a envoyé un bateau spécial afin d’essayer de traiter cette eau fortement dangereuse pour l’homme.

Belle coïncidence, c’est LE 3 MAI que le Rainbow Warrior, vaisseau amiral de Greenpeace, a entamé des mesures sur la qualité de l’eau au large de la centrale nucléaire endommagée de Fukushima. Le gouvernement japonais n’a pas accordé l’autorisation de mener à bien ces mesures indépendantes à l’intérieur des 20 km des eaux territoriales.

Le taux de radiation reste très élevé tant dans le Pacifique que dans la centrale de Fukushima. L’eau dans le bâtiment du réacteur 2 dépasse de 6000 fois les limites légales. Tepco tente de développer une nouvelle machine expérimentale à base de la zéolite pour filtrer cette eau.

Sous la pression de Greenpeace et son bateau amiral le Rainbow Warrior, Tepco a divulgué des nouveaux chiffres du taux d’activité dans l’eau de mer aux environs de Fukushima ainsi qu’à 20 km de la centrale. Les taux de césium et d’iode radioactifs dépassent de 100 à 1000 fois les limites légales (1400 becquerels de césiums 137 et 134).

Dans un même élan, après avoir été interdit, le vaisseau de Greenpeace a été autorisé à faire ses propres mesures de contamination de l’eau. Mais il devra rester en dehors d’un périmètre de 20 km. Tepco va également conduire des mesures sur la contamination des poissons.

Pour la première fois depuis le début de la catastrophe, des employés sont entrés dans le bâtiment d’un réacteur. Douze liquidateurs ont la mission de connecter 8 tubes à des ventilateurs afin de réduire la radioactivité à l’intérieur du bâtiment du réacteur 1. Le très haut taux de radioactivité à l’intérieur du bâtiment va limiter leur temps de travail à un maximum de 10 minutes. Les trois équipes vont se relayer pour cette opération qui devrait durer 30 minutes.

Entièrement équipé d’équipements de protection et de bonbonnes d’air, les 3 groupes de 4 employés recevront une dose d’environ 3 millisieverts. Le 17 avril, deux robots avaient détecté un taux de radioactivité de 49 millisieverts par heure à l’intérieur du bâtiment.

Le Rainbow Warrior serait-il hautement radioactif?

Depuis que le bateau amiral de l’association Greenpeace prend des mesures dans les eaux proches de Fukushima, les taux de contamination annoncés par l’opérateur de la centrale et le gouvernement japonais ont pris l’ascenseur. Les premiers résultats de Greenpeace devrait être annoncés ce weekend

Nous entrons dans le deuxième mois de la catastrophe de Fukushima.

Jeudi , douze employés ont réussi à entrer dans le réacteur 1. Ils ont installé huit tuyaux de 30 centimètres de diamètre qu’ils ont relié au système de ventilation de la salle des machines. L’objectif est de faire baisser le taux de radioactivité afin de permettre à d’autres liquidateurs d’y entrer afin de rétablir le système de refroidissement du réacteur. Ce processus prendra 3 jours. La radioactivité est tellement élevée dans le bâtiment qu’ils n’ont pas pu rester plus de 10 minutes.

Pendant ce temps, l’eau du réacteur 3 a fortement augmenté sa température (+33 degrés) pour atteindre 143,5 degrés. Tepco va devoir injecter encore plus d’eau pour le refroidir.

Du côté du Pacifique, Tepco annonce que le niveau des substances radioactives a fortement augmenté pour dépasser 600 fois la dose limite. Mais cette annonce est à relativiser. Car depuis mardi, Greenpeace prend ses propres mesures et Tepco semble préparer le terrain et l’opinion publique. Tepco a relâché plus de 520 tonnes d’eau très contaminée depuis mars. Tepco annonce également des taux 38’000 fois supérieurs à la limite dans certains poissons. Bon appétit

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Risque Nucléaire/Japon : Les 18 centrales nucléaires japonaises

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