Asie hors émergents

Risque Nucléaire/Japon : Quand la méfiance grandit

Quand la méfiance grandit

En admettant que les dégâts à la centrale de Fukushima sont pires qu’annoncés précédemment, l’opérateur du site, Tepco, a semé le doute sur l’exactitude des informations qu’il délivre depuis plus de deux mois, après le pire accident nucléaire depuis 25 ans.

PLUS DE RISQUE EN SUIVANT :

Tokyo Electric Power (Tepco), plus grande entreprise d’électricité en Asie, a ces derniers jours dressé un tableau de la situation au sein de Fuskushima Daiichi (n°1) plus noir qu’auparavant.

L’opérateur vient ainsi de se rendre compte, grâce à de nouvelles mesures, que le combustible nucléaire des réacteurs 1,2 et 3 avait vraisemblablement fondu, faute d’avoir été immergé pendant plusieurs heures après la catastrophe du 11 mars qui a anéanti les systèmes de refroidissement.

Le combustible du réacteur 1 serait tombé au fond de la cuve sous pression.

Auparavant, l’opérateur, comme le gouvernement, assurait que la fusion était peu probable, les réacteurs relativement stables et les fuites radioactives dangereuses largement contenues.

Le Premier ministre Naoto Kan a admis que son gouvernement n’avait pas repéré les inexactitudes des précédentes déclarations de l’opérateur électrique. «Ce que j’ai déclaré à la population était totalement erroné», a reconnu Naoto Kan vendredi en 8 devant le Parlement. «Nous n’avons pas su détecter les fausses affirmations de Tepco. J’en suis profondément désolé». Pour se justifier, Tepco explique qu’il a une vision plus exacte de la situation seulement depuis que des employés ont pu entrer dans les bâtiments abritant les réacteurs.

«La façon dont Tepco diffuse les informations montre clairement qu’il n’a aucun sens de gestion de la crise», estimait récemment le grand quotidien des affaires Nikkei, dans une analyse.

«Deux mois après l’accident, il a reconnu la fusion au réacteur n°1. Mais beaucoup d’experts avaient émis cette hypothèse» dès la catastrophe, soulignait le journal. «Ils ne donnent pas de mauvaise nouvelle avant qu’elle soit complètement confirmée. Cette attitude suscite la méfiance».

Tepco dessert le Kanto, une vaste région du centre-est de l’archipel comprenant Tokyo, qui abrite un bon tiers de la population nippone et représente près de 40% de la richesse nationale du pays.

Déjà épinglé pour des manquements à la sécurité, l’opérateur est désormais critiqué pour son impréparation en cas de catastrophe naturelle. Un laxisme encouragé par la souplesse de la réglementation dans ce secteur, mise en oeuvre par une agence gouvernementale dont l’objectif est de promouvoir l’énergie nucléaire.

Le journal Asahi Shimbun estime que Tepco et les régulateurs ont évité toute utilisation du terme «fusion» afin que «la population sous-estime ce qui se passait réellement». La confusion s’est accrue avec de nouvelles directives sur la zone d’évacuation autour de la centrale, située à 220 km au nord-est de Tokyo.

Tout de suite après la catastrophe, le gouvernement a demandé l’évacuation des habitants dans un rayon de 3 km. La zone a ensuite été élargie à 20 km, alors que les fuites radioactives continuaient. Les gens résidant à distance de 20 à 30 km de Fukushima Daiichi doivent rester à l’intérieur des habitations.

La semaine dernière, de nouvelles évacuations ont eu lieu.

Mais après les explosions d’hydrogène qui avaient fortement endommagé le bâtiment extérieur de deux des six réacteurs de la centrale, les responsables avaient assuré que les réacteurs étaient intacts et ne posaient qu’un faible risque «immédiat» pour la santé.

On a appris ensuite que des fuites radioactives massives s’étaient produites alors que beaucoup d’habitants du voisinage étaient encore chez eux. Selon la Société de l’énergie atomique du Japon, les autorités n’ont pas su expliquer la situation et «ont perdu leur crédibilité».

Dégâts pires que prévu

Selon les dernières informations publiées par Tepco et l’Agence japonaise de sûreté nucléaire, la cuve sous pression et l’enceinte de confinement du réacteur 1 «seraient endommagées et fuiraient». L’état des cuves des réacteurs 2 et 3 est «inconnu» mais l’enceinte de confinement du 2 a «probablement été endommagée» et fuirait elle aussi.

Malgré la découverte de dégâts pires que prévu, Tepco a affirmé la semaine dernière que son calendrier de sortie de crise serait respecté. L’opérateur continue de tabler sur la réduction des fuites radioactives d’ici à juillet et sur le maintien durable sous 100 degrés Celsius de la température des réacteurs, d’ici à janvier prochain.

Encore 70000 personnes à évacuer

Les estimations de l’Institut français de radioprotection et de sécurité nucléaire prennent en compte des territoires situés au-delà d’un rayon de 20 km autour de la centrale

Il faudrait encore évacuer quelque 70 000 personnes résidant au Japon dans des zones contaminées par les retombées du panache radioactif de la centrale nucléaire de Fukushima, estime l’Institut français de radioprotection et de sécurité nucléaire (IRSN).

Au-delà de la zone des 20 km située autour de la centrale accidentée qui a déjà été évacuée, des dépôts importants d’éléments radioactifs ont été relevés dans la direction du nord-ouest, avec une radioactivité de plusieurs centaines de milliers à plusieurs millions de becquerels au mètre carré.

9500 enfants de 0 à 14 ans

Environ «70 000 personnes dont 9500 enfants de 0 à 14 ans» vivent dans ces «territoires les plus contaminés en dehors de la zone d’évacuation initiale des 20 km autour de la centrale de Fukushima», selon un rapport d’évaluation de l’impact des doses reçues publié lundi soir par l’IRSN.

«Ce sont les personnes qui seraient encore à évacuer, en plus de celles qui l’ont été lors de l’urgence au mois de mars», a déclaré à l’AFP Didier Champion, directeur de l’environnement à l’IRSN.

Faute d’évacuation, elles risquent de subir une irradiation externe de plus de 10 millisieverts (mSv) dans l’année suivant l’accident de Fukushima, selon l’IRSN, qui ne prend pas en compte la contamination interne due à l’éventuelle ingestion d’aliments contaminés

Commission d’enquête indépendante à Fukushima

Le gouvernement japonais a approuvé mardi la constitution d’une commission d’experts indépendants afin d’enquêter sur la crise nucléaire à la centrale et de mettre en œuvre des modalités pour éviter à l’avenir des accidents semblables

Un professeur émérite de l’Université de Tokyo, Yotaro Hatamura, vétéran de la recherche sur les erreurs humaines, conduira le groupe qui aura le pouvoir d’accéder à des documents liés à l’accident et de rencontrer les protagonistes.

Les spécialistes, principalement des universitaires, pourront interroger les techniciens de la compagnie exploitante (Tokyo Electric Power, Tepco), les membres du gouvernement et les fonctionnaires, a expliqué le secrétaire général adjoint du gouvernement, Yoshito Sengoku, lors d’une conférence de presse.

La commission devrait établir un rapport d’étape en décembre et un document final à l’été 2012. Le panel d’experts aura aussi pour mission de faire des recommandations pour atténuer l’impact de l’accident nucléaire sur les résidents qui ont été forcés d’évacuer leurs maisons près de la centrale Fukushima Daiichi (Fukushima N° 1), mise à mal par le terrible séisme et le tsunami géant qui ont dévasté le nord-est du Japon le 11 mars.

Par ailleurs, une équipe d’une vingtaine de spécialistes étrangers de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) est au Japon pour une mission prévue jusqu’au 2 juin afin d’analyser l’accident de la centrale, le plus grave depuis celui de Tchernobyl (Ukraine) en 1986. Ils remettront leurs conclusions lors d’une réunion de ministres au siège de l’AIEA à Vienne le mois prochain.

Quatre des six réacteurs de la centrale Fukushima Daiichi ont subi de lourds dégâts en raison d’explosions, inondations et autres avaries consécutives à l’arrêt des systèmes de refroidissement anéantis par la catastrophe naturelle. Quelque 85 000 personnes ont dû être évacuées de la périphérie du site en raison des rejets radioactifs.

Depuis quelques jours sur internet, des images montrent que le bâtiment du réacteur 4 penche dangereusement et pourrait s’écrouler. Tepco avait envoyé des signaux d’alarme qui allaient dans ce sens. Depuis lundi, l’entreprise a entrepris des travaux pour consolider les bases de la piscine qui est en train de s’enfoncer dans le sol. D’ici à la fin juillet, 30 pilonnes en acier devraient soutenir les murs de ce bâtiment

Tepco /Fournisseur électrique trop crucial pour couler

Tepco/ C’est la principale société émettrice d’obligations au Japon avec des emprunts totalisant 5000 milliards de yens Acquis principalement par des fonds de pension nippons.

Alimentant la mégapole de Tokyo et au coeur d’intérêts financiers majeurs, la compagnie d’électricité Tepco, qui va bénéficier de fonds publics, est tout simplement trop cruciale à la bonne marche de l’économie japonaise pour que le gouvernement l’abandonne.

Bien que critique sur les moyens de prévention et la gestion de l’accident par Tepco, l’équipe de centre-gauche au pouvoir a dévoilé  un plan prévoyant un soutien financier à cette compagnie privée, portant sur plusieurs dizaines de milliards d’euros qui proviendront en bonne partie de fonds publics.

«La principale raison pour laquelle le gouvernement ne peut laisser tomber Tepco est le rôle primordial de la compagnie en tant que fournisseur d’électricité», explique Mana Nakazora, économiste à BNP Paribas au Japon.

La firme dessert en effet le Kanto, une vaste région du centre-est de l’archipel comprenant Tokyo, qui abrite un bon tiers de la population nippone et représente près de 40% de la richesse nationale de la troisième puissance économique mondiale.

«Le gouvernement a pris en compte l’impact énorme qu’un défaut de paiement de Tepco aurait non seulement sur les indemnisations des victimes, mais aussi sur les marchés financiers», a souligné Mme Nakazora. Tepco est en effet la principale société émettrice d’obligations au Japon, avec des emprunts totalisant 5000 milliards de yens (43,5 milliards d’euros), soit 8% du marché nippon des obligations d’entreprises. L’essentiel des titres obligataires de la firme ayant été achetés par des fonds de pension japonais, une défaillance de Tepco pourrait bloquer le versement des retraites à de nombreuses personnes âgées nippones.

Les entreprises et les commerces de la mégapole de Tokyo ont en outre besoin d’un approvisionnement stable en électricité, comme l’ont montré les quelques jours de restrictions suivant la catastrophe du 11 mars, au cours desquels leur activité a été désorganisée.

source agences mai11

AU FIL DU TEMPS

EN LIEN :

 Les liquidateurs ont tenter d’installer un échangeur de chaleur dans le réacteur 2 dans le but de faire baisser la température de la piscine contenant des barres de combustible usagé. Cette humidité est causée par les hautes températures de la piscine et la vapeur émise par la cuve du réacteur, qui est endommagée. Actuellement, les conditions extrêmes et le niveau de radioactivité dans le réacteur 2 n’autorisent pas un travail de plus de 15 minutes dans ce bâtiment.

 Nobuaki Terasaka, le chef de l’agence nucléaire japonaise a annoncé que 4956 liquidateurs, qui ont travaillé sur le chantier de Fukushima, ont été contaminés par des radiations. Seuls 1400 d’entre eux ont eu droit à un check-up. Le 40% de ces employés ont vu les résultats de leur irradiation confirmés. A ce jour, Tepco a annoncé qu’une trentaine d’employés ont été fortement irradiés.

 Tepco va mesurer le taux de radiations nucléaire au-dessus des Réacteurs. Les chiffres devraient être dévoilés d’ici peu.

Tout le monde le savait et l’avait annoncé, mais il restait à recevoir LA confirmation de Tepco. Ca y est! L’opérateur confirme officiellement: les réacteurs 2 et 3 ont subi une fusion de leur combustible nucléaire et rejoignent le réacteur 1 dans la galère. Le combustible aurait fondu quelques heures après le tsunami soit le 12 mars déjà. Dans le glossaire de l’industrie nucléaire japonaise, vous avez beau chercher, mais il n’y a rien sous les mots: transparence et éthique.  

A Fukushima, plus de 15 000 parents d’élèves ont signé une pétition pour demander au gouvernement japonais d’instaurer un niveau légal acceptable de radiations pour leurs enfants. Le gouvernement avait augmenté cette limite à 20 millisieverts par an pour les petites têtes blondes, soit la même quantité que pour un adulte qui travaille dans une centrale atomique. Les parents demandent que le règlement de l’Agence Internationale de la Protection Radiologique s’applique avec un taux de 1 millisievert par an pour les écoliers.

Afin d’aérer les réacteurs et de diminuer le niveau radioactif dans les bâtiments, Tepco a installé des systèmes qui permettent d’évacuer l’air à l’extérieur de la centrale. Sans aucune surprise, les mesures de contaminations radioactives prisent à l’extérieur des bâtiments montrent un dépassement important de Césium et d’Iode radioactifs. La piscine du réacteur 4 laisse également échapper dans la nature d’importantes quantités de particules. Pour y remédier, Tepco aimerait couvrir les bâtiments par des sortes de tentes géantes en polyester. Ce système offrirait l’avantage de pouvoir faire de belles photos de la centrale. Et du côté technique et radioactif? Ce système n’arrêtera pas les radiations de se propager dans la nature.

Depuis quelques jours, Tepco est en train de vider son sac et de faire révélations sur révélations. Ainsi , nous apprenons que la cuve du réacteur 1 a été endommagée 18 heures après le tremblement de terre du 11 mars et que Tepco était au courant.

 Ce qui est ahurissant, c’est l’aplomb avec lequel Tepco a toujours clamé que cette cuve était en parfait état et que la situation était sous contrôle. Nous nous apercevons aujourd’hui que durant les jours qui ont suivi le début de la catastrophe, la communication n’a été qu’une suite de mensonges tous plus grand les uns que les autres et que le gouvernement n’a jamais tenté de remettre en cause les rapports livrés par l’opérateur.

 La question qui se pose est: pourquoi ce déballage et pourquoi maintenant? Est-ce le départ de son président ou est-ce que la situation n’est vraiment plus sous contrôle? En tout cas le timing est parfait, car la plupart des médias internationaux se sont détournés de cette catastrophe. Ces révélations tardives passent presque totalement inaperçues.

Tepco a dû arrêter le pompage de l’eau hautement radioactive du bâtiment 3 car la capacité de stockage est pleine. Il ne reste que 10% d’eau dans ce bâtiment, mais à cause de l’eau utilisée pour refroidir le réacteur, le bâtiment est à nouveau en train de se remplir.

En préambule au G8 de Deauville en France, le premier ministre japonais Naoto Kan a annoncé que son pays «va réduire drastiquement» sa dépendance au nucléaire. Pour le Japon, qui base sa prospérité sur l’innovation, Naoto Kan a présenté une nouvelle stratégie qui privilégie les énergies renouvelables ainsi que l’efficacité énergétique. 

Dans le réacteur 1, l’injection d’azote pour prévenir une explosion d’hydrogène, a dû être à nouveau arrêté pendant quelques heures à cause de problèmes techniques. Tepco va tenter de rendre l’installation plus pérenne. 

L’opérateur de la centrale tente de trouver une solution pour les quantités énormes d’eau hautement radioactive qui augmentent de jour en jour. Malheureusement, les capacités de stockage sont pleines. Il ne restait que 10% d’eau dans le réacteur 3 avant que Tepco fût forcé d’arrêter le pompage. Depuis, le niveau de l’eau est en train de remonter. Un véritable fil d’Ariane. 

Le parti démocratique japonais a suggéré d’arrêter d’abattre le bétail qui se trouve dans la zone contaminée de Fukushima et de débuter des études sur les effets des radiations nucléaires sur les bêtes. Plus de 10 000 vaches se trouvaient dans la région lors du début de la catastrophe. 

A 200 km de Fukushima dans les préfectures de Chiba et Gunma, le Gouvernement a mesuré des taux élevés de contamination radioactive dans les feuilles de thé.

Greenpeace a envoyé son bateau amiral, le Rainbow Warrior, dans la région de Fukushima afin de vérifier les taux de contamination nucléaire du Pacifique, mesurés par Tepco. Sans aucune surprise, Greenpeace annonce que ses tests, vérifiés de manière indépendante par des laboratoires français et belges, ont décelé des quantités 50 fois supérieures à la limite d’iode radioactif et de césium 137 dans plusieurs espèces de poissons, de coquillages et d’algues.

 «Nos données montrent que des quantités importantes de contamination continue de se propager sur de grandes distances de la centrale nucléaire de Fukushima», a déclaré Jan Vande Putte, de Greenpeace. «Malgré ce que les autorités prétendent, les risques radioactifs ne sont pas diminués par dilution ou la dispersion des matériaux, mais la radioactivité est plutôt l’accumulation de la vie marine. La concentration d’iode radioactif nous avons trouvé dans les algues est particulièrement inquiétant, car il nous dit dans quelle mesure la contamination se propage le long de la côte, et parce que plusieurs espèces d’algues sont largement consommées au Japon.» Bon appétit!

Tepco annonce qu’une nouvelle grande fuite d’eau hautement radioactive a été découverte dans le bâtiment du réacteur 3. Alors que les pompes de vidange sont arrêtées depuis hier, le niveau est en train de baisser et indique que 57 tonnes d’eau se sont déversé quelque part et pourraient rejoindre le Pacifique. Le problème de cette eau, c’est quelle contient du plutonium car ce réacteur fonctionne au carburant nucléaire MOX.

 L’Agence de sécurité nucléaire japonaise a réprimandé Tepco pour ne pas avoir protégé correctement 2 de ces employées. En effet, ces deux femmes ont été fortement irradiées lors de leur travail à Fukushima

Les employés de Tepco n’ont toujours pas réussi à découvrir où les 57 tonnes d’eau hautement radioactive, qui se sont échappées du Réacteur 3, se trouvent. La difficulté est accentuée par les 650’000 millisieverts par an que dégage cette eau contaminée par le combustible nucléaire et son plutonium. De plus durant la journée de jeudi, le niveau d’eau dans le bâtiment du Réacteur 3 est encore descendu de 3 cm. La fuite est toujours en activité.

 Cette fuite est non seulement dangereuse pour le Pacifique et ses habitants, mais également pour la structure du bâtiment qui s’érode.

Après avoir mesuré des niveaux de contamination bien plus élevés que les relevés de Tepco, Greenpeace demande au Gouvernement japonnais d’effectuer de nouvelles mesures indépendantes…

Une équipe de techniciens spécialisés ont remis en marche dimanche le système de refroidissement d’un des réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima au Japon, qui était tombé en panne, a indiqué Tepco.La pompe à eau utilisée pour refroidir le réacteur numéro 5 et l’eau de la piscine où est immergé le combustible nucléaire irradié est tombée en panne, selon des constatations effectuées samedi soir, a indiqué Tokyo Electric Power (Tepco).Les travaux pour remplacer la pompe ont démarré dimanche à 08H00 (23H00 GMT) et se sont achevés quatre heures et demi plus tard, a ajouté Tepco.»Il y avait un problème de moteur dans la pompe et nous l’avons remplacée avec une nouvelle pompe, qui fonctionne à présent», a déclaré un responsable de l’opérateur.La température de l’eau dans le réacteur, de 68 degrés Celsius lorsque la panne a été détectée, est montée jusqu’à 93,7 degrés avant l’activation de la nouvelle pompe, a-t-il ajouté.

BILLET PRECEDENT :

Risque Nucléaire/Japon : L’illisibité écologique et économique du Japon

2 réponses »

  1. Encore un immense Bravo pour ce Blog incontournable, toujours aussi passionnant à lire et à l’énorme travail qu’il doit assurément demander 🙂

    Un petit article écrit rapidement, le sujet est vaste et demanderait de détailler les différents thèmes, mais si çà peut éventuellement servir tel quel…

    Très bonne continuation 😉

    Olivia

    Allemagne : basculement d’énergie non isolé aux conséquences à ne pas sous-estimer…

    L’Allemagne a décidé lundi 30 mai 2011 d’arrêter ses derniers réacteurs atomiques en 2022 et entend montrer la voie de l’abandon de l’énergie nucléaire au reste du monde.

    D’ici à 2021, 14 des 17 réacteurs allemands seront mis hors service. Les 3 plus récents continueront de fonctionner jusqu’à fin 2022.

    En Europe, l’Italie membre du groupe des pays les plus industrialisés du G8 avait abandonné le nucléaire civil dès 1987 par référendum et a reconfirmé sa position encore récemment. « La Suisse a jugé que l’énergie nucléaire allait perdre ses avantages concurrentiels sur le long terme par rapport aux énergies renouvelables ». C’est ainsi que le gouvernement fédéral a justifié, le 25 mai 2011, sa décision d’arrêter le programme nucléaire du pays. La Suisse vient donc ainsi de s’engager également dans la voie de l’abandon du nucléaire d’ici à 2034 et elle pourrait devenir sans peine l’un des premiers pays d’Europe à avoir une production d’électricité 100 % renouvelable, comme ce vers quoi s’orientent plusieurs autres.

    En Asie le Japon a mis un terme à ses projets nucléaires et se tourne désormais également majoritairement vers les énergies renouvelables. Plusieurs pays ont choisi ou sont sur le point de choisir cette voie.

    Les écologistes, dont la popularité atteint des sommets en particulier en Allemagne depuis la catastrophe nucléaire de Fukushima, comme le confirment les récents votes, ont rappelé à juste titre la nécessité de recourir aux énergies renouvelables plutôt qu’aux centrales au charbon mais ne sont pas l’unique déclencheur de ce basculement déjà envisagé et prévisible depuis longtemps. La Chine, partie de loin, s’est fixée des objectifs ambitieux et fait déjà des progrès notables dans cette direction à la lumière des derniers chiffres.

    La catastrophe japonaise du 11 mars, dont l’ampleur des dégâts est encore manifestement sous-estimée par l’opérateur japonais Tepco, malgré des données indépendantes de plus en plus précises sur notamment 300 km de côte et à l‘intérieur des terres, a certes ravivé l’inquiétude de l’opinion publique à laquelle les États devront répondre par des exigences accrues de sécurité.

    Mais crise aidant, elle a surtout jeté une lumière crue sur les coûts réels de l’électricité produite par l’énergie nucléaire dont la compétitivité est remise en cause. Cette fois, ce ne sont plus seulement les écologistes qui l’affirment depuis longtemps tout comme les financiers, mais également les industriels de la filière nucléaire eux-mêmes dont beaucoup l’admettent et le confirment.

    La compétitivité du nucléaire remise en cause

    On assiste donc à un changement notable aux conséquences importantes. Aux États-Unis, le débat sur l’intérêt économique du nucléaire est clairement lancé. Thomas O’Malley, le pdg d’Energy Group, l’un des principaux opérateurs d’électricité américain, a estimé que l’industrie nucléaire « était grillée » car devenue trop chère, pour expliquer sa décision de renoncer à un important projet de centrale nucléaire.

    Dans un volumineux rapport de plus de 1000 pages (SRREN – Special Report on Renewable Energy Sources and Climate Change Mitigation) publié le 09 mai 2011, synthétisant 164 scénarios retranscrits par 123 rédacteurs de quelques centaines d’experts se basant sur des milliers d’études et d’articles parus dans des revues scientifiques à comité de lecture, le Giec (Groupe intergouvernemental d’experts de l’ONU sur l’évolution du climat) ne rapporte pas un autre constat, estimant qu’il serait «plus probable d’assister d’ici à 2050 à une vraie montée en puissance des énergies renouvelables qu’à un scénario qui privilégierait le nucléaire.»

    http://srren.ipcc-wg3.de/press/content/potential-of-renewable-energy-outlined-report-by-the-intergovernmental-panel-on-climate-change

    L’allemand Siemens, qui avait rompu son alliance avec Areva il y a deux ans pour nouer un accord pourtant très ambitieux avec le russe Rosatom, a annoncé son intention de délaisser la filière nucléaire au profit des énergies renouvelables. Le patron du groupe allemand avait été en outre l’un des rares à ne pas signer l’an dernier une lettre ouverte du patronat allemand en faveur de l’énergie nucléaire, ce qui pouvait laisser entendre que ce n’était plus là un axe prioritaire pour la société.

    Les énergies renouvelables de plus en plus compétitives, y compris les différentes formes de solaire

    Les chercheurs du géant américain General Electric signalent dans le même temps que la seule énergie solaire photovoltaïque, parmi d’autres énergies renouvelables, va être plus compétitive que l’énergie fossile et nucléaire d’ici 3 à 5 ans seulement, comme le rapporte Mark M. Little, directeur général de la recherche de GE. De nombreuses études depuis plusieurs années allaient dans le même sens. Les premières ne se trompant toutefois souvent que sur la rapidité avec laquelle cette compétitivité allait arriver et qui est désormais palpable.

    Gaetan Masson économiste à l’European Photovoltaic Industry Association (EPIA) prévoit que l’électricité solaire sera compétitive en Allemagne, dont le parc est le plus développé d’Europe, en 2017. Et au plus tard en 2020 en France comme dans la majorité des pays européens où il est déjà compétitif dans plusieurs grandes régions.

    Les principales explications à ce regain de compétitivité tiennent aux progrès techniques réalisés sur les rendements solaires, à l’organisation du marché, à l’évolution des modes de production qui ont fait chuter les prix.

    Parallèlement le fort développement du marché soutenu dans tous les pays par des aides et des subventions d’États a été un déclencheur et a également contribué in fine à pousser les prix à la baisse.

    Ainsi, dans les régions fortement ensoleillées comme la Californie, le Maghreb, certaines régions turques ou encore le sud de l’Italie et de l’Espagne, l’électricité solaire est devenue compétitive.

    Cette tendance s’accroît et s’étend, pas seulement pour les grandes installations, mais également pour celles des particuliers sans aucune aide ni subvention.

    « Les taux de rétribution du courant injecté sont sous pression en raison du développement fulgurant de l’industrie solaire » comme le souligne l‘étude « L’industrie solaire – vers une nouvelle dimension » publiée récemment par la Banque Sarasin (auteur: Matthias Fawer) qui compare et apprécie les perspectives des divers marchés, technologies et industries solaires et les trois applications représentées par le photovoltaïque (PV), l’énergie solaire thermique et les centrales solaires thermiques (CST).

    Cela n’empêche pas pour ce seul secteur une croissance mondiale d’en moyenne 33% par an attendue jusqu’en 2015, estime la Banque Sarasin. La pression sur les prix va se renforcer sensiblement avec la nouvelle réduction de la rétribution du courant injecté. Il faut compter avec des baisses de prix de l’ordre de 10 à 20% par an. Le secteur du photovoltaïque se développe donc rapidement et passera bientôt à une production à grande échelle à des prix compétitifs. Cette tendance est confirmée par le recul des valorisations boursières au niveau du cours des actions des industries matures comme les semi-conducteurs ou l’électronique, souligne la banque suisse.

    L’ensemble de la gamme « solaire » ne fait pas exception, du photovoltaïque à concentration (CPV), pourtant encore un très petit marché en très forte croissance aux Etats-Unis en particulier, qui n‘a pas échappé au français Soitec, aux grandes centrales thermiques (CST). En 2015, le coût moyen actualisé de l’électricité CPV serait de 8 c$/ kWh seulement. (Par ailleurs le prix d’installation HCPV – haute concentration – serait abaissé à $2,47/W et $1,75/W pour le LCPV – basse concentration).

    http://news.pv-insider.com/concentrated-pv/fortnightly-intelligence-1-march-16-march-2011

    Le secteur des centrales solaires thermiques (CST), qui nécessite des investissements d‘un autre ordre, n’est pas en reste et s’est fixé des objectifs ambitieux de réduction des coûts. L’électricité solaire thermique peut être utilisée dans des centrales hybrides, être stockée, sa production est modulable et elle attire désormais un nombre croissant de grandes entreprises comme Chevron, Alstom, Areva, Siemens etc qui, entre beaucoup d’autres, ont fait également leur entrée sur ce marché solaire.

    Cette compétitivité croissante se retrouve sur l’ensemble des filières renouvelables au fur et à mesure de leur développement et il serait trop long de les détailler chacune ici.

    L’augmentation des coûts intrinsèque à la technologie nucléaire

    A contrario dans le même temps, comme le résume très justement Eric Benhamou dans la Tribune, et toutes les études concordent sur ce point, « le coût d’investissement et/ou de production de l’énergie nucléaire ne cesse d’augmenter avec le temps. C’est même l’une des caractéristiques de l’industrie nucléaire que l’on retrouve nulle part ailleurs : tous les bénéfices de la courbe d’expérience sont neutralisés par la complexification croissante des projets. Le chercheur Arnulf Grubler démontre ainsi, sur l’exemple français, une évolution quasiment linéaire des coûts au kilowatt depuis 1977. »

    Entre 1977 et 1998, les coûts d’investissement ont été ainsi multipliés par 2,6. Le coût d’investissement de la centrale de Flamanville qui utilise les nouveaux réacteurs EPR (3.500 euros/kW) confirme cette progression linéaire des coûts. Conclusion du chercheur : « L’augmentation des coûts est intrinsèque à ce type de technologie qui se caractérise par une complexité croissante très difficilement gérable et qui vient contrarier les effets a priori positifs de la standardisation et de l’effet d’échelle. » Et ce sans intégrer l’ensemble des coûts de cette filière qui sont nombreux et parfois très supérieurs à ce qui pouvait être initialement évalué.

    Le professeur d’économie François Lévêque, dans une étude publiée sur le site Energypolicyblog.com, démontre également que les évaluations de coûts progressent au fur et à mesure de la date à laquelle elles sont réalisées. Il est en effet difficile d’imaginer que les coûts décroîtront du fait des nouvelles exigences de sécurité imposées par les États mais également par les assureurs, les agences de notation et les financiers. Chacun réclame en effet de plus en plus de garanties : le préjudice estimé de Fukushima s’élève à plus de 100 milliards de dollars, une facture qui sera très largement supportée par le consommateur japonais.

    Dans cette trajectoire, les énergies renouvelables gagneront entre autres mécaniquement d’autant plus en compétitivité. Reste toutefois un problème : l’énergie renouvelable s’accompagne inévitablement d’économies d’énergie, ce qui fait certes l’affaire du public… mais pas celle des électriciens !

    L’Allemagne peut passer à 100% d’énergies renouvelables d’ici 2050

    Que ce soit à travers des conférences ou des déclarations individuelles, la communauté scientifique allemande prend pleinement part au débat énergétique sur les renouvelables.

    A Berlin, le campus d’Adlershof, un parc scientifique et technique autour duquel gravitent des laboratoires, des entreprises, et des universités, a organisé encore récemment une manifestation autour du thème « l’énergie du futur »

    http://www.adlershof.de/

    Les chercheurs allemands dans le domaine de l’énergie demandent de prendre d’avantage en compte les résultats et concepts développés dans ce secteur.

    Ulrich Wagner du Centre allemand de recherche aérospatiale (DLR- Hamburg), Harald Bolt du Centre de recherche de Jülich (Rhénanie du Nord-Westphalie) et Peter Fritz de l’Institut de technologie de Karlsruhe (KIT- Bade-Württemberg) ont ainsi récemment relayé ce message. Ottmar Edenhofer, Vice-président du panel, souligne que « le potentiel technique est au dessus de la demande. » Il ne reste donc qu’un problème de coûts.

    Atteindre 100% d’énergies renouvelables en 2050 est seulement possible si une politique climatique est mise en place. Cette politique climatique doit être compatible avec la politique énergétique. Annette Schavan, Ministre fédérale de la recherche (BMBF) a aussi souligné le besoin de compatibilité avec la politique de la recherche et la nécessité de renforcer les moyens de la recherche.

    Aussi, si des progrès techniques sont encore attendus, notamment dans le domaine du stockage de l’énergie ou les solutions à haut rendement sont désormais nombreuses, les chercheurs étaient plutôt en attente d’une intervention du gouvernement. Certaines réglementations font encore défaut selon eux, notamment dans la mise en place des réseaux intelligents et de l’électromobilité. Ils estiment aussi que les investissements publics sont encore à clarifier bien que pour eux, les technologies de base sont prêtes.

    L’opposition entre une communauté scientifique prête et une communauté politique jusqu’à présent hésitante revenait de ce fait régulièrement dans l’actualité énergétique de l’Allemagne.

    La communauté scientifique et les solutions sont prêtes

    Fraunhofer (FhG), très en pointe sur les thèmes des énergies renouvelables, est l’une des plus importantes institutions de recherche appliquée d’Allemagne et d’Europe. Elle fait partie, avec la société Max-Planck (MPG) et la communauté des centres Helmholtz, des principaux acteurs de la recherche extra-universitaire allemande. 2.000 scientifiques répartis dans 16 divisions thématiques autour des énergies renouvelables travaillent à l’heure actuelle au sein de l’organisme de recherche sur des concepts et des technologies pour les décennies à venir.

    Lors d’une conférence de presse le 10 mai 2011 au siège l’Institut Fraunhofer à Munich, son président M. Hans-Jörg Bullinger a exposé la politique et les grands chantiers en matière d’énergie pour le futur à l’horizon 2050.

    Les énergies sont l’un des principaux enjeux en matière de recherche et la FhG travaille d’ores et déjà à la restructuration du paysage énergétique allemand avec comme perspective les énergies renouvelables. Avec l’objectif ambitieux d’atteindre les 100% d’énergies renouvelables, les chercheurs de Fraunhofer travaillent sur des concepts et des solutions pour les décennies à venir, en considérant les avancées technologiques des prochaines années, ainsi que la viabilité économique de tels scénarii.

    Il résulte de ces études une conclusion claire : les énergies renouvelables sont économiquement viables. Eicke Weber, directeur de l’institut Fraunhofer pour l’énergie solaire de Fribourg (Bade-Wurtemberg), analyse ainsi les enjeux économiques actuels : « Pour pouvoir maintenir à l’avenir l’électricité, le chauffage et les transports à des prix abordables, nous devons utiliser l’énergie de manière plus efficace et exploiter davantage les énergies renouvelables. »

    L’étude intitulée « Vision pour un système énergétique 100 % renouvelable »

    http://www.fvee.de/fileadmin/politik/10.06.vision_fuer_nachhaltiges_energiekonzept.pdf

    démontre comment atteindre à l’horizon 2050 une production d’énergie fiable et économiquement viable uniquement avec des sources renouvelables en Allemagne, avec notamment un fort développement du solaire, de l’éolien, ainsi que des réseaux dits « intelligents » et des systèmes de stockage de l’énergie.

    Nous connaissons l’aptitude des allemands à planifier amplement. « Le chantier des énergies renouvelables va dans un premier temps engendrer des surcoûts. Ceux-ci atteindront leur maximum vers 2015 avec une somme d’environ 17 milliards d’euros. Cela correspond toutefois seulement à 8% des dépenses globales pour l’énergie en Allemagne. Les coûts vont par la suite retomber. Dans la période de 2010 à 2050, considérant seulement les coûts dans les secteurs de l’électricité et du chauffage, 730 milliards d’euros peuvent être économisés » explique le Prof. Jürgen Schmid, directeur de l’Institut Fraunhofer pour l’énergie éolienne de Kassel.

    L’investissement dans le développement des énergies renouvelables aura inévitablement une répercussion sur le prix de l’électricité. Celui-ci devrait augmenter dans un premier temps de 11,5 ct/kWh aujourd’hui jusqu’à 13,1 ct/kWh en 2015, pour ensuite descendre continuellement jusqu’à 7,6 ct/kWh en 2030 puis 6,3 ct/kWh à l’horizon 2050. Cela impliquerait, selon ces estimations, que le courant provenant de sources renouvelables deviendrait économiquement plus rentable que les sources fossiles dès 2025.

    Des créations d’emplois nettes, par nature plus importantes que pour d’autres énergies

    L’autre retombée économique de la transition énergétique se fera ressentir au niveau de la création d’emplois. Les chercheurs prévoient qu’en 2020 près de 2,8 millions de travailleurs seront concernés par les énergies nouvelles dans l’Union européenne, soit une augmentation nette de 400.000 emplois pour l’économie de l’Union européenne.

    http://ec.europa.eu/energy/renewables/studies/doc/renewables/2009_employ_res_report.pdf

    L’Allemagne serait elle-même largement concernée par ces résultats, car d’après une étude du ministère pour l’environnement, la protection de la nature et de la sécurité nucléaire (BMU), 200.000 emplois supplémentaires seraient créés au niveau de l’Etat fédéral.

    http://www.erneuerbare-energien.de/files/pdfs/allgemein/application/pdf/employment_effects_061211.pdf

Laisser un commentaire