Art de la guerre monétaire et économique

Affaire DSK : La leçon de démocratie et la déchéance de la gauche caviar par Nicolas Lecaussin

La leçon de démocratie et la déchéance de la gauche caviar par Nicolas Lecaussin

 

Je m’excuse auprès des lecteurs de choisir ce titre. Je viens de découvrir qu’il a été utilisé (en partie ) par un journaliste du Monde mais je me permets d’apporter d’autres arguments. J’avoue d’abord que j’ai ressenti une certaine satisfaction en voyant une personnalité politique française menottée. Depuis pas mal d’années, j’espère que cela puisse arriver aussi en France même si je ne me faisais pas beaucoup d’illusions. Car les raisons sont nombreuses. Sous la Ve République, nombreuses ont été les occasions de voir des politiques, de gauche et de droite, dans cette posture. Mais ici, en France, le pouvoir est très fort et les juges sont nommés par lui. Qui oserait le faire ?

PLUS/MOINS DE GAUCHE CAVIAR :

Le cas de cette personnalité politique française arrêtée aux Etats-Unis et accusée de faits très graves est surtout une très grande leçon de démocratie. Il y a d’abord la police new-yorkaise qui se fiche de qui il s’agit et procède à son arrestation rapide. Quel inspecteur de la police française aurait pris le risque d’embarquer cette personnalité sans en référer, au moins, à ses supérieurs hiérarchiques lesquels, à leur tout, auraient contacté le ministre et celui-ci l’Elysée ? Fort de son statut et habitué aux mœurs françaises, l’inculpé aurait demandé au commissariat d’être traité comme un VIP au commissariat. Sa demande a failli provoquer l’hilarité parmi les policiers américains…

Ensuite, le fonctionnement de la justice. Le juge devant lequel on le présente après avoir fait la queue avec les autres délinquants n’a strictement rien affaire de son nom et de son statut. L’important c’est qu’il y a une victime et un accusé. La justice est la même pour tous ! Dans le pays soi-disant des inégalités, les individus sont libres et égaux. La formule de notre Déclaration des droits de l’homme s’applique à merveille de l’autre côté de l’océan, pas ici. La victime est une personne située à l’autre extrémité de l’échelle sociale que l’accusé. Cela n’a pas empêché la police et la justice de la défendre comme n’importe quelle autre personne.

 De même, dans le pays  « du fric roi, de l’ultralibéralisme sauvage et de l’exploitation des employés par les patrons », la direction du palace n’a pas hésité à déclarer que la victime était une employée modèle alors qu’elle sait que la perte de leur client prestigieux représente un manque à gagner dans le budget…

Enfin, le comportement de la gauche française a été pitoyable. Il n’y a eu d’abord aucune compassion envers la victime, femme simple, immigrée, électeur potentiel d’une gauche « sociale ». Les dinosaures se sont empressés de défendre l’accusé au lieu de l’exclure du PS comme cela ce serait passé dans un autre pays. D’autant plus que les frasques sexuelles du personnage sont connues depuis très longtemps. Son comportement n’aurait pas du étonner outre-mesure. On a, au contraire, entendu des phrases du genre « un effroyable lynchage planétaire », « c’est comme ça que l’affaire Dreyfus a commencé ! » (JP Chevènement) ; « Je ne peux pas croire à sa culpabilité » (JC Cambadélis) ; « La justice américaine n’est pas sûre » (D. Vaillant). On a pu aussi entendre des phrases du genre : « Espérons qu’il aura droit à un procès équitable » (J. Lang) ce qui voudrait dire que les juges américains seraient partiels. L’inénarrable Jack Lang rajoutant : « Il n’y a quand même pas eu mort d’homme ». Mais pour la gauche française, la justice est équitable seulement quand elle rend un jugement qui lui est favorable. Pour elle, les patrons sont des voyous et les vrais voyous sont les victimes de la société ou d’un complot.

De même, se croyant en France, le n° 2 du PS (H. Désir) a demandé l’intervention de Nicolas Sarkozy dans cette affaire…  Ces réactions démontrent la collusion de la justice et du pouvoir au sein de ce grand fromage qui s’appelle l’Etat et les politiques. Chacun a besoin de l’autre.

Pour un intellectuel comme JF Kahn, grand inquisiteur de Sarkozy à travers ses livres et sa revue, Marianne, cette affaire « fait le jeu de Marine le Pen », phrase cliché, utilisé par de nombreux politiques par le passé lorsqu’il s’agissait des affaires de justice ou des problèmes d’insécurité et d’immigration. Avant de rajouter qu’il ne s’agissait que d’un « troussage de domestique ».

Pour BHL, son ami « n’a jamais pu faire ça » ! Est-ce que ces gens de gauche se rendent compte qu’ils insultent la victime et les autorités américaines ? Qu’ils contestent le témoignage de la femme de chambre justement à cause de son statut social ? Eux, qui passent la plupart de leur temps à taper sur le libéralisme !

Le comble c’est que l’accusé semble être un récidiviste : une jeune femme a été victime d’une agression semblable en 2002, elle en a parlé lors d’une émission télé mais au lieu de déclencher une enquête policière, ses paroles ont été coupées au montage ! En 2008, l’accusé a eu une histoire avec une subordonnée qui lui a failli coûter son poste de Directeur. La personne respective a écrit clairement que « cet homme ne devrait pas avoir des fonctions de responsabilité dans une institution où travaillent des femmes ». Que dire aussi de la première réaction de son épouse : « Je ne crois pas une seconde à toutes ces accusations. Mon mari est innocent… » ? Quelle arrogance ! Quel mépris !

Cette affaire représente aussi la déchéance d’une gauche caviar qui nous donne des leçons de morale depuis la place des Vosges et des palaces new-yorkais. A cette occasion, on apprend le train de vie d’un couple qui aurait pu arriver à l’Elysée en promettant de faire du « social » et de « lutter contre les inégalités » ! Arrêtons l’hypocrisie.

On ne l’a pas dit dans les médias mais cette histoire s’inscrit dans une mauvaise série pour les Français à la tête des institutions et organisations internationales : Jacques Attali obligé de démissionner de la BERD en 1993 pour dépenses « non-justifiées » et Edith Cresson de la Commission européenne en 1999 à cause de la mise en place d’un emploi fictif pour son…dentiste. Pas très glorieux pour la France…

 Article rédigé par Nicolas Lecaussin le 22 May 2011

SOURCE ET REMERCIEMENTS LE BLOG DE NICOLAS LECAUSSIN

http://www.irefeurope.org/content/la-le%C3%A7-de-d%C3%A9mocratie-et-la-d%C3%A9ch%C3%A9ance-de-la-gauche-caviar

EN COMPLEMENT Affaire DSK : A la recherche de la cause première

Un Libéral n’a strictement rien à dire sur cette lamentable affaire qui relève soit du Tribunal soit de l’Hôpital psychiatrique et sans doute des deux à la fois.

Par contre un Liberal DOIT s’interroger sur l’étrange et assourdissant silence des média qui semble avoir entouré les précédents débordements de cette personnalité (ou de certaines autres avant elle).

Ce qui est stupéfiant pour moi, ce ne sont pas les errements de tel ou tel mais le trou noir informationnel qui entoure les faits et gestes des gens puissants dans notre pays.

Quoiqu’ils fassent, rien ne sort, jamais, s’ils ont fait leurs saloperies bien discrètement en France.

Si cela s’est passé en dehors de France, alors, nous avons le droit d’être informés, en général par la presse internationale, la presse française se rangeant violemment en formation de bataille pour défendre la personnalité française prise à commettre quelque forfait à l’extérieur, ces accusations ne pouvant être que le reflet d’esprits étroits et sectaires, manquant de l’incroyable finesse dont tous les français font preuve sans arrêt tant à l’étranger qu’en France. .

Pourquoi ?

A mon avis une seule réponse, une loi scélérate passée fin 70 et mise en application au début de la Présidence Giscard, la loi dite de la protection de la vie privée, loi profondément liberticide et dont chacun peut constater les effets pervers tous les jours.

Qu’elle en était l’objet?

L’idée était comme toujours cousue d’autant de bonnes intentions que de fil blanc : il fallait de toute urgence protéger les familles des hommes politiques contre les débordements des journalistes et mettre à l’abri la vie privée de nos élites pour qu’elles puissent se consacrer pleinement au service de notre cher et vieux pays, en la regardant aux fonds des yeux

Donc interdiction fut faite aux journalistes et à quiconque d’ailleurs de faire état de faits ayant traits à la vie privée de toutes ces personnes qui ont fait le don de leur personne à la France.

Et comme toujours quand une loi liberticide est promulguée, les effets pervers de cette monstruosité ne furent pas longs à apparaitre

Prenons un premier exemple

• Un Président a de notoriété publique une maitresse alors qu’il est marié et père d’une nombreuse progéniture. Interdit d’en parler dit la LOI, cela relève de la vie privée. Fort bien. Cela parait raisonnable.

• Le dit officiel loge sa maitresse dans un appartement qui appartient a l’Etat, sans que l’on puisse trouver trace d’un loyer payée par la bénéficiaire. Cela s’appelle de l’abus de bien public et est susceptible de sanction pénale. Pas un mot de nos journalistes…

• La vie de tous les jours de la jeune maman et de son cher enfant sont couverts financièrement par la République, toujours bonne fille, sans que cela figure dans aucun budget. Il s’agit la de concussion et de faux en écriture publiques. Ni le premier ministre, ni le ministre des finances, ni la cour des comptes de l’époque ne trouvent rien à redire. Donc les journalistes non plus.

• Cette heureuse maman est nommée au tour extérieur à un poste de haut fonctionnaire dans une grande institution étatique. Cela s’appelle de la simonie. Le silence médiatique reste total.

Résumons la situation : abus de bien public, concussion, faux en écritures publiques, simonie, et bien sur pas un journaliste n’a rien dit, puisqu’ils en étaient empêchés par cette Loi.

Voila qui honore la presse et le respect aigue qu’elle a de la loi et de la vie « privée » des hommes politiques.

Compte tenu des nombreux exemples que je peux citer de mémoire, je vais m’essayer à créer une petite typologie des actions de nos chers élus dans les relations qui les unissent avec leurs proches non officiels. Un ministre, un président de conseil régional… a une maitresse. Fort bien. Celle-ci travaille dans la communication. Encore mieux, elle va pouvoir l’aider. Le ministère lance une grande campagne d’informations payée par nos impôts pour célébrer son activité et celle de son ministère, sans que l’on comprenne très bien les raisons qui poussent le ministère en question à engager ces dépenses, pour un cout que d’aucuns estiment au double d’un cout normal.. Un peu douteux, mais qui suis-je pour juger ? Cette campagne est confiée à l’agence de communication où travaille sa maitresse. Le hasard fait bien les choses. Notre homme se présente a l’élection présidentielle (ou a besoin d’acheter des chaussures chez Bata) et la même agence se charge de sa campagne pour un cout équivalent de l’avis général à la moitie du cout réel.

Curieusement je ne suis pas surpris…En tant qu’homme d’affaires, je sais que parfois on gagne, parfois on perd…Et puis porter des bata c’est chic quand on devient Président du conseil constitutionnel quelques temps après, nommé par un autre Président qu’il faut dédouaner aussi, lui aussi poursuivi pour quelques factures inexpliquées sans que la presse s’intéresse beaucoup à tout cela.

Cette loi permet de tourner toutes les lois sur le financement des partis politiques, des campagnes électorales, sur la transparence de la vie politique et vous voudriez qu’on la supprime ?

Mais le plus effrayant c’est que les journaux en premier et les journalistes en second ont été les principales victimes de cette loi.

Comme les Français ne pouvaient avoir aucune confiance dans ce qu’ils lisaient dans les journaux tant le public savait que des qu’il s’agissait des puissants, le non dit et le mensonge étaient de règle eh bien le lecteur a disparu et il n’y a pas un seul journal qui ne soit en perte en France.

Du coup l’Etat à donné l’ordre de racheter ces journaux soit aux propriétaires de sociétés dépendant de la défense nationale soit encore a des sociétés de travaux publics ne vivant elles aussi que grâce aux contrats étatiques. Ce qu’ils firent bien volontiers. Le grand silence des cimetières s’est depuis répandu sur la presse, entrecoupé par le son des clochettes agitées par Alain Duhamel, Bernard Attali, Alain Minc, BHL and Co qui servent religieusement à tous les offices.

Un service est mis en place entretemps à Matignon chargé d’assurer l’indépendance et la diversité de la presse en France (traduction libre : d’acheter les récalcitrants et de maintenir les troupes en bon ordre)

Sont exclus assez rapidement tous les journalistes qui auraient un peu de caractère et qui n’auraient pas compris qu’ils travaillaient pour la Pravda, et bien sur « c’est comme ca que votre fille est devenue muette… » et que rien ne nous été dit sur DSK alors que tout le monde était au courant depuis des années.

Conclusion : que faire quand les Libéraux seront au pouvoir, ce qui ne saurait tarder comme chacun peut le voir au vu du succès grandissant que rencontrent leurs idées : Retourner encore et toujours à la liberté et supprimer toutes ces lois liberticides, faire passer un amendement constitutionnel comme aux USA interdisant TOUTE entrave à la liberté d’information et doubler les peines en rajoutant des peines de prison en cas de calomnies. Et la presse renaitrait, ainsi que la vie politique …On peut toujours rêver.

Charles Gave  Publié le 21 mai 2011 par faillitedeletat

SOURCE ET REMERCIEMENTS : LE BLOG DE CHARLES GAVE 

http://lafaillitedeletat.com/2011/05/21/affaire-dsk-a-la-recherche-de-la-cause-premiere/

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DSK : pourquoi ils n’ont rien dit

Ceux qui savent ne parlent pas. Ceux qui parlent ne sont pas entendus. Connivence ? Autocensure ? Légitime respect de la vie privée et de la loi ? Le «cas DSK» pose la question de l’omerta à la française.

Quinze jours après l’annonce de l’arrestation de Dominique Strauss-Kahn par la police de New York, la stupéfaction a laissé place à la polémique. Pour la grande majorité des Français, c’est une certitude: journalistes et politiques savaient et n’ont rien dit. Ils ne pouvaient ignorer les pulsions de DSK mais, comme d’habitude, ont refusé d’en parler dans leurs médias, dans le seul but de le protéger. La réalité est évidemment plus complexe.

Cette censure volontaire de la presse n’est pas uniquement liée à une volonté de protéger les puissants. Elle est dictée par la nécessité de respecter la loi. L’article 9 du Code civil est souvent brandi pour empêcher la parution d’articles ou de livres dévoilant des secrets intimes: «Chacun a droit au respect de sa vie privée. Les juges peuvent, sans préjudice de la réparation du dommage subi, prescrire toutes mesures, telles que séquestre, saisie et autres, propres à empêcher ou faire cesser une atteinte à l’intimité de la vie privée: ces mesures peuvent, s’il y a urgence, être ordonnées en référé.» De quoi faire réfléchir plus d’un directeur de rédaction ou d’un éditeur avant de faire tourner les rotatives.

Ainsi, pour Dominique Strauss-Kahn, les rédactions n’ont-elles pas souhaité franchir le pas. Si le journaliste Jean Quatremer a publié sur son blog un article où il explique que «le seul vrai problème de Strauss-Kahn est son rapport aux femmes. Trop pressant, il frôle souvent le harcèlement», c’est parce que son journal, Libération, n’a pas voulu le faire, «au nom de la loi sur la protection de la vie privée», explique Laurent Joffrin, son directeur à l’époque. Quand Le Nouvel Observateur veut raconter en 1998 l’histoire du passage de DSK à une soirée particulière dans un club échangiste de la capitale, l’hebdomadaire prend bien soin de ne pas publier de nom. Mais procède par allusions : «Ce soir, il y a un plus: le ministre doit venir. Un vrai ministre. (…) soudain il arrive. C’est bien lui. Un léger frémissement parcourt les troupes. Deux femmes l’accompagnent, jeunes, grandes et minces. « Il fait plus gros qu’à la télé, tu trouves pas? » Son sourire est presque électoral. Il entre dans le salon, serre quelques mains, l’habitude sans doute. Une blonde d’une cinquantaine d’années le salue par son prénom. Il fait semblant de la reconnaître puis, sans plus s’attarder aux mondanités, s’engouffre dans la pièce du fond, traînant derrière lui ses deux compagnes, dont une qu’il commence à lutiner chaudement, dès le couloir. (…) « Tu crois qu’il peut vraiment devenir président? » murmure une des spectatrices à sa voisine.» Le Tout-Paris politique et médiatique comprend immédiatement. Le lecteur, c’est moins sûr.

Bien sûr, les couloirs des journaux bruissaient des rumeurs d’infidélité chronique qui couraient sur le compte de DSK. Bien sûr, les journalistes qui côtoyaient les services de police revenaient régulièrement avec des «tuyaux» un peu particuliers. DSK aurait été surpris par une patrouille en mauvaise posture un soir dans un endroit fréquenté par des prostituées. Rien d’illégal, même s’il s’agit d’un comportement peu compatible avec celui que les Français peuvent attendre d’un prétendant à l’Elysée. Mais comment vérifier une telle information? Comment être sûr qu’il ne s’agit pas d’une manipulation politique ? Officiellement, personne n’est au courant d’une telle histoire. Impossible d’avoir une confirmation de l’événement.

Jusqu’à son arrestation à New York, DSK a toujours su ou pu éviter le grand déballage. Grâce à ses communicants bien sûr, mais aussi à son réseau et ses amis. Il suffit de voir comment BHL, Jean-François Kahn et les autres se sont immédiatement mobilisés, cette semaine, pour le défendre, négligeant la victime présumée, une simple femme de ménage.

Dans leur ensemble, les médias français refusent de s’engager dans la voie des tabloïds anglo-saxons pour lesquels la vie privée peut s’afficher en une. Au fond, même les journaux people de France n’ont pas cherché à enquêter sur la vie secrète des hommes politiques en général et de DSK en particulier. Tout le monde s’en tient à la ligne rappelée la semaine dernière par Le Canard enchaîné : «DSK courait les jupons et les boîtes échangistes. La belle affaire! C’est sa vie privée et elle n’en fait pas un violeur en puissance. Pour Le Canard, l’information s’arrête toujours à la porte de la chambre à coucher.»

L’affaire Tristane Banon aurait certes dû alerter davantage. Quand ce jeune écrivain a raconté l’agression dont elle assure avoir été la victime, peu de journaux ont relayé son histoire. Elle l’a racontée dans l’émission de Thierry Ardisson sur Paris Première en présence de journalistes politiques, mais au fond, elle-même ne souhaitant pas porter plainte contre DSK, comment embrayer sur ses attaques? D’autant qu’en face, les équipes de Strauss-Kahn ont su habilement déminer l’affaire. Grâce à ses communicants, DSK réussit à passer entre les gouttes.

«On est resté sur l’idée que ce n’était pas une pathologie et que le comportement de DSK correspondait à l’image d’Epinal de l’homme politique, le séducteur», analyse un spécialiste en communication. Anne Sinclair, l’épouse de DSK, a elle-même mis fin aux débats en répondant à L’Express, qui lui demandait en 2006 si elle ne souffrait pas de la réputation de séducteur de son mari: «Non, j’en suis plutôt fière! C’est important de séduire, pour un homme politique. (…) Je suis un peu blindée sur le pouvoir de la rumeur.»

Une rumeur qui ne l’a pas épargnée. Comment celle qui a été au cœur de la vie politico-médiatique pendant plus de vingt ans pouvait-elle ignorer ce qui se disait ou s’écrivait sur DSK? En 2000 sort le livre de deux journalistes, Vincent Giret et Véronique Le Billon, Les Vies cachées de DSK. Les auteurs racontent dans un chapitre qu’«un soir de septembre 1992, Dominique Strauss-Kahn, ministre de l’Industrie et du Commerce extérieur, et Martine Aubry, ministre du Travail, de l’Emploi et de la Formation professionnelle, sont les invités d’honneur d’une réception donnée par l’ambassadeur de France à Tokyo. (…) Ces deux-là s’adorent. (…) Ils distillent un même humour vachard, se relaient sans temps mort dans les karaokés de la capitale nippone jusqu’aux premières lueurs du jour et rejettent avec le même dédain l’esprit de sérieux de leurs aînés. Ils savourent la douce insouciance de ceux qui savent que l’avenir leur appartient. De cette folle équipée naît une rumeur colportée dans toutes les salles de rédaction: Martine et Dominique filent le parfait amour…»

DSK se situe dans la lignée des grands hommes politiques français qui arborent leurs conquêtes féminines comme les généraux leurs médailles. Après tout, pour ne parler que des présidents de la Ve République, Valéry Giscard d’Estaing et Jacques Chirac n’ont-ils pas aussi une réputation de grands séducteurs? Bernadette Chirac a expliqué dans son livre Conversation, paru en 2001, à propos de son mari, qu’«il avait un succès formidable. Bel homme, et puis enjôleur, très gai. Alors les filles, ça galopait (…). Mon père m’avait dit: « Vous êtes son point fixe. » La suite lui a donné raison. Mon mari est toujours revenu au point fixe.»

Et François Mitterrand? L’homme qui a collectionné les conquêtes et réussi à cacher pendant des années l’existence de sa seconde famille. Cette histoire est emblématique du fonctionnement des médias. Tant que c’est l’extrême droite et sa presse, comme Minute, qui évoque ces sujets, aucune reprise n’est tolérée. Ce système a de nouveau fonctionné quand Marine Le Pen a mis en cause le comportement de Frédéric Mitterrand pendant ses voyages en Thaïlande. Au lieu de s’intéresser aux faits, la plupart des commentateurs se sont insurgés contre les attaques de l’extrême droite et ont sommé les politiques comme les médias de ne pas les suivre.

Concernant François Mitterrand, les journalistes se sont retranchés derrière ce prétexte de la vie privée pour justifier leur refus de publier des informations sur l’existence de sa fille Mazarine. Occultant totalement le fait que le Président utilisait allègrement les moyens de l’Etat, donc l’argent des contribuables, pour loger sa seconde famille. Et qu’il a été jusqu’à mettre sur écoute téléphonique des journalistes, notamment Edwy Plenel, alors au Monde, voire des artistes comme Carole Bouquet, totalement étrangère à cette histoire…

Seul moyen de contourner l’obstacle, le roman. Françoise Giroud publie en 1983 Le Bon Plaisir, où elle raconte l’histoire d’un président amené à cacher sa double vie à la presse. Toute ressemblance avec des personnages existants est-elle fortuite? La maison d’édition, Mazarine, est-elle une clé de l’énigme? Difficile d’imaginer que Françoise Giroud, très introduite dans les cercles du pouvoir, ignorait totalement la situation de Mitterrand. Sa biographe, Laure Adler, assure que ce roman n’est pas inspiré de la vie du Président mais raconte une histoire similaire vécue par un dirigeant socialiste encore en activité. Mais son nom ne sera pas dévoilé. Au nom du respect de la vie privée…

Faute de pouvoir donner les informations, on s’en remet alors aux humoristes. Des «Guignols de l’info» à Nicolas Canteloup, de Laurent Gerra à Stéphane Guillon, ceux-ci s’en donnent à cœur joie. Puisant leur inspiration au cœur même des salles de rédaction, à l’affût de tout ce que peuvent leur raconter les journalistes. Ils sont d’autant plus drôles que tout le monde devine que sous leurs exagérations perce un morceau de la vérité. Le 28 mars, Nicolas Canteloup-DSK explique qu’«au FMI, on (lui) a donné une mission en trois points: sauver le monde, aider les pays émergents et repeupler la planète en fécondant les femmes. C’est comme ça, je n’y peux rien, c’est ma mission». Eclats de rire dans le studio de la rue François-Ier. A RTL, Laurent Gerra n’est pas en reste. Le 26 avril, l’humoriste met en scène le directeur du FMI le jour de Pâques. «J’ai beau être directeur du FMI, je suis un homme comme tout le monde. Le week-end de Pâques, je m’emmerde car le FMI est fermé et les secrétaires aussi. Alors j’attends mardi, la réouverture des bureaux, car il y a des stagiaires, des interprètes à talons…» Là encore, les rires éclatent dans le studio de la rue Bayard.

Les humoristes à la place des éditorialistes? En février 2009, Stéphane Guillon n’hésitait pas à endosser ce rôle, quand il officiait sur France Inter le matin. Juste avant l’arrivée de DSK, invité de la matinale, au lendemain des révélations sur l’affaire Piroska Nagy, l’humoriste écrit un billet qui fera date: «Dans quelques minutes, Dominique Strauss-Kahn va pé-né-trer (silence) dans ce studio. Evidemment, des mesures exceptionnelles de sécurité ont été prises au sein de la rédaction. Pardon, sein est un mot que je n’ai pas le droit de prononcer aujourd’hui pour ne pas réveiller la bête. Cinq seuils d’alerte sont prévus dans cette matinale. Le dernier étant l’évacuation pure et simple du personnel féminin d’Inter vers d’autres étages…» DSK est en route vers la station quand il entend la chronique. Son premier réflexe est de faire demi-tour et d’annuler sa participation. Finalement, le directeur général du FMI se rend à la radio mais commence par cette déclaration : «J’ai assez peu apprécié les commentaires de votre humoriste. Les responsables politiques comme moi ont le droit, même le devoir, sans doute, d’être critiqués par les humoristes. Mais l’humour, c’est pas drôle quand c’est principalement de la méchanceté.»

«S’irriter d’un reproche, c’est reconnaître qu’on l’a mérité», écrit Tacite dans les Annales. Est-ce pour cette raison que la réaction de DSK est aussi virulente? En tout cas, il ne se contente pas de cette remarque et décide de ne plus répondre aux invitations de la station publique. Même quand les journalistes lui proposeront de l’inviter les jours où Stéphane Guillon n’officie pas à l’antenne. Refus catégorique. Pas question de revenir tant qu’il sera employé par la radio.

Cette stratégie du boycott est un moyen de pression relativement classique pour contraindre les médias à éviter les sujets qui fâchent. Quand L’Express a publié la lettre de Piroska Nagy, son directeur, Christophe Barbier, a dû affronter la colère des communicants de DSK. Pressions sur les actionnaires, pressions par l’intermédiaire de la publicité, toutes les armes sont utilisées par les politiques pour contraindre un média à être plus compréhensif. Le contact direct est aussi efficace. Avant d’accéder à l’Elysée, quand Nicolas Sarkozy rencontrait un jeune journaliste, il ne manquait pas de lui dire sur un ton parfaitement courtois qu’il connaissait très bien son directeur de la rédaction, voire son actionnaire. Mais il n’était pas le seul à user de cet artifice pour impressionner les journalistes.

Lors de son dernier passage à Paris, dans le but de préparer sa prochaine candidature à l’Elysée, DSK a déjeuné avec les rédactions de trois journaux: Libération, Le Nouvel Observateur et Marianne. Son objectif était clair, ainsi que Denis Jeambar l’a raconté dans Marianne la semaine dernière: DSK «dit que Mariannen’a pas d’autre choix que de le soutenir dans ce combat. Il se découvre peu soucieux à cet instant précis de l’indépendance des journaux, pas du tout menaçant, mais pressant. Il est clair que son propos est délibéré et pas du tout improvisé. (…) Si la requête est choquante, elle a le mérite d’être claire et de montrer la conception qu’a Dominique Strauss-Kahn de la presse: c’est un rapport de soumission qu’il sollicite, un engagement militant.» En fin de compte, DSK demande à ces journaux de ne pas entrer dans les polémiques que pourrait lancer la droite pendant la campagne présidentielle, même si elles pouvaient être fondées sur des vérités, au nom de leur volonté commune de se débarrasser de Nicolas Sarkozy !

Et, pour les convaincre d’adhérer à sa stratégie, DSK leur révèle, à en croire les propos off qui lui sont attribués, qu’effectivement il en a «sans doute fait un peu trop dans le passé» avec les femmes. Mais qu’au fond, ce n’est plus le sujet. Comme le confirme un dirigeant d’Euro RSCG: «Les études montraient que les Français savaient. Il n’y avait pas tromperie sur la marchandise puisqu’on n’a jamais cherché à montrer DSK comme un homme vertueux.» Les amis politiques de DSK brossaient le portrait d’un séducteur certes compulsif, mais jamais violent. L’un d’eux assurait même récemment qu’il s’était «calmé» depuis l’affaire Piroska Nagy. «La vraie question, pour un spécialiste en communication, est de savoir pourquoi personne ne lui a conseillé de se soigner si ces pulsions atteignaient de telles proportions.» «Cette page est tournée», assurait DSK. Comment, dès lors qu’il ferme lui-même la porte, entrer dans sa part d’ombre sans le froisser?

A André Rousselet, qui estimait connaître 30 % de la vie de François Mitterrand, l’ancien Président répondit: «30%, c’est beaucoup!» Pour un ami du couple, Anne Sinclair ne connaissait «que 40% de ce que faisait DSK».

Par  Carl Meeus 27/05/2011 |le figaro mai11

EN LIENS :

L’omerta sur la sexualité des politiques en France a couvert les dérapages de «DSK»

Affaire Strauss-Kahn : Les critiques françaises laissent l’Amérique de marbre

Affaire Strauss-Kahn : La justice américaine révélée à la France

Affaire Strauss-Kahn : Toute affaire cessante au FMI l’ère post-DSK a déjà commencé

Affaire Strauss-Kahn : Un champ de ruines derrière DSK

Affaire Strauss Kahn : DSK, l’affaire qui bouleverse la campagne présidentielle française

L’affaire Strauss-Kahn en Une des grands journaux américains

Le Graphique du Jour/Affaire DSK : les différentes étapes de la procédure judiciaire

Sexe et pouvoir, l’entêtant tête-à-tête

Affaire DSK : Huis clos de fortunés

Affaire Strauss-kahn/DSK menotté: la justice américaine est-elle brutale?

1 réponse »

  1. Pas d’accord avec texte de Lecaussin sur DSK;
    La justice américaine est une justice au profit explicite et revendiqué des « puissants ». En effet ces derniers ne pâtissent pas là-bas de l’espèce de préjugé défavorable et soupçonneux dont ils sont souvent l’objet chez nous. Le succès social y est encore peu ou prou preuve de faveur divine.Aussi bien la société américaine n’a-t-elle jamais eu vocation à l’égalité.
    Les droits de l’homme américains c’est: »les hommes naissent libres et égaux »…pour la suite, c’est autre chose…

    Les droits de l’homme français (1789), c’est: « les hommes naissent et demeurent libres et égaux… ». La chose va très loin. Tellement loin que la justice française s’est employée depuis longtemps à contrarier sa mise en oeuvre. Notamment en créant des fonctionnaires aux ordres du gouvernement maîtres de déclarer une plainte recevable ou pas, et qu’on aappelle « procureurs ». Ce qui est évidemment déterminant dans toute implication d’un puissant!
    Monsieur Lecaussin, nous n’avons pas les moeurs de nos principes. Mais nos principes sont les plus équitables, et de loin(DSK sera acquitté) Simplement nous les renions..(jamais un procureur français n’aurait donné suite à la plainte pour viol d’une femme de ménage majeure contre le directeur du FMI).

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