Behaviorisme et Finance Comportementale

Consensus ISAG Septembre : Des marchés toujours sous influence

Consensus ISAG Septembre : Des marchés toujours sous influence

 Lors de leur dernière réunion trimestrielle, les stratèges genevois ont confirmé le ralentissement économique mondial. Un «événement» sur la Grèce leur paraît «inévitable»

L’enlisement des économies américaines et européennes préoccupe toujours autant les stratèges genevois qui se sont réunis pour leur «tour de table» trimestriel à la mi-septembre. Sur fond de fortes dépendances des marchés financiers aux autorités monétaires et fiscales, de plus en plus d’inquiétudes surgissent depuis la fin de la deuxième opération d’assouplissement monétaire (QE2) de la Réserve fédérale américaine.

Dans un contexte conjoncturel mondial qui se détériore de jour en jour, les excès de dettes des pays pèsent sur les processus de reflation opérés par les banques centrales et les différentes politiques fiscales gouvernementales. En effet, malgré l’ampleur des opérations entreprises sur ces deux niveaux, ces mesures ne sont pas suffisantes pour permettre, selon les experts, de résoudre la problématique des dettes gouvernementales. Le cycle économique continue de se dégrader, ne laissant guère envisager de retournement.

Le risque d’une récession structurelle voit ainsi sa probabilité de réalisation augmenter d’autant plus qu’un «événement de crédit» devrait se matérialiser d’une façon ou d’une autre en Grèce. L’issue paraît inévitable, poussant la Banque centrale européenne (BCE) à se substituer au fonds de soutien européen avec un arrière-plan de dichotomie politique.

PLUS DE GESTION DE PORTEFEUILLE EN SUIVANT :

La restructuration attendue de la dette grecque divisent cependant les stratèges sur ses effets: si certains voient cette fatalité sous un angle positif pour les marchés, d’autres, par contre, craignent que le monde ne bascule dans une récession profonde. L’Europe, via la BCE, devrait peut-être dès lors elle aussi se lancer dans un vaste programme d’assouplissement monétaire susceptible d’affaiblir sa monnaie unique. C’est finalement les seuls effets qu’une telle opération peut produire. Tels sont les conclusions du dernier plan «QE2» aux Etats-Unis, qui a finalement accéléré la dévaluation du dollar mais en n’amenant aucun effet positif sur les statistiques de croissance. Outre-Atlantique, le ralentissement économique semble ainsi être mieux géré, même si évidemment les fondamentaux en Europe restent meilleurs qu’aux Etats-Unis. Certains stratèges craignent toujours un scénario en Europe d’une récession à la japonaise. Les marchés émergents sont encore le moteur de la croissance mondial mais ne peuvent pas empêcher le ralentissement économique mondial.

Au niveau de l’allocation des actifs en portefeuilles, la sous-pondération des actions reste de mise. La plupart des établissements suivent d’ailleurs cette recommandation tactique en moyenne depuis la fin juin.

Cependant le niveau des valorisations des actions ne fait pas l’unanimité. Pour certains le niveau des primes de risque en comparaison du risque de crédit fait perdre en effet toute attractivité aux valorisations des actions. Dans ce contexte, l’or est toujours un vecteur privilégié pour se prémunir de l’activisme des banques centrales.

Globalement, les durations obligataires ont été récemment prolongées et une partie de l’allocation monétaire se fait au profit du dollar, qui devrait connaître un rebond tactique à court terme.

Les liquidités en portefeuilles sont importantes; elles peuvent se situer entre 10 et 25% selon les différents établissements. Les «Treasury bonds» pourraient quant à eux connaître une phase de rally d’ici à la fin de l’année.

Dans cet environnement très incertain, la question et l’option de l’immobilier est considérée de manière très attentive comme source de diversification et d’effet stabilisateur par plusieurs établissements. Ce secteur fait partie intégrante des grilles d’allocation cible de plusieurs banques de la place. La prudence reste cependant de mise dans un environnement de forte volatilité et à quelques heures de plusieurs échéances importantes pour les marchés financiers

Infographie. Le détail des prévisions et des politiques d’investissement

Par Alexandre Michellod / Membre de l’ISAG le temps sep11

EN COMPLEMENT / Gestion de Portefeuille :Des chercheurs romands veulent améliorer l’allocation d’actifs

Trois chercheurs romands veulent améliorer l’allocation d’actifs et tenant compte non seulement de l’aversion au risque mais aussi des conditions du marché telles que l’inflation ou les taux d’intérêt La méthode doit permettre une réallocation permanente du portefeuille. Trois universitaires veulent tenir compte de l’évolution des conditions du marché. 

Comment allouer sa richesse entre différentes catégories d’actifs? Si la question est aussi vieille que la finance, elle intrigue toujours autant les économistes. Tony Berrada en fait partie. Depuis deux ans, ce professeur de finance au Geneva Finance Research Institute – département de l’Université de Genève (Unige) qui est partenaire du Finance Summit ce mardi à Genève – travaille sur un nouveau modèle de gestion de portefeuille. Avec deux collègues, le professeur Julien Hugonnier de l’EPFL et le doctorant Kagba Kousse d’Unige, le jeune chercheur campe sur une méthode prenant en compte non seulement l’aversion (ou la tolérance) au risque des investisseurs mais aussi l’évolution des conditions de marché.

«Depuis les années cinquante et les travaux d’Harry Markowitz, explique Tony Berrada, tous les gestionnaires s’appliquent à diversifier la richesse entre un maximum d’actifs pour réduire les risques. Cependant, ce modèle historique repose sur une allocation statique des actifs: le portefeuille choisi aujourd’hui reste le même pour toujours.» Or, dans la pratique, les gestionnaires réallouent en permanence leurs portefeuilles. «Ils le font de manière intuitive, souligne Tony Berrada, en essayant d’anticiper les conditions futures du marché.»

Là où les gestionnaires font appel à leur expérience, Tony Berrada entend développer une méthode quantitative formelle. «Un modèle qui transformerait les informations en solution d’allocations», explique-t-il. A l’image de Robert Merton – prix Nobel d’économie en 1997 – le professeur genevois tient compte de cette évolution permanente du portefeuille. Mais contrairement à la méthodologie «bien trop complexe pour être applicable» de Merton, il espère bien rendre la sienne utilisable en pratique. Notamment pour les caisses de pension ou les investisseurs privés qui désirent placer leurs actifs sur le long terme.

«Nous proposons une méthode d’approximation facile à utiliser et qui permet de traiter un problème à très grande dimension», poursuit Tony Berrada. Grâce à l’utilisation de plusieurs variables – structure à terme des taux d’intérêt, inflation anticipée, primes de risque – la méthode indique dans quelle proportion investir pour chaque actif. Surtout, elle permet de rééquilibrer son portefeuille lorsque les conditions évoluent. «Il s’agit d’allocations stratégiques entre les grandes catégories d’actifs, tient à rappeler Tony Berrada. On ne va pas vous dire qu’elle action acheter mais plutôt comment utiliser l’or, par exemple, pour protéger un portefeuille largement exposé au marché des actions.»

Pour Tony Berrada et ses collègues, l’environnement difficile de ces dernières années représente un certain avantage pour tester leur méthode en période de crise. «Mais si les événements récents peuvent remettre en cause les modèles économiques, ils ne changent en rien la problématique du gestionnaire, argumente-t-il. Les investisseurs ont toujours un objectif, des contraintes budgétaires, un horizon d’investissement et une tolérance au risque». En tenant compte de l’évolution des conditions des marchés, ces derniers pourraient donc se rapprocher un peu plus de leurs objectifs.

Par Sébastien Dubas/le Temps sep11

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