Généralités et Inclassables

Fable : Les oligarques et les fourmis

Fable : Les oligarques et les fourmis

J’en causais récemment avec le propriétaire du stade international d’athlétisme pour les fourmis rouges:

Avait-il le numéro de téléphone d’un oligarque russe?  Son stade est au bord de la faillite, l’intérêt pour les fourmis a beaucoup baissé ces derniers temps, les équipes, il est vrai, ne sont plus si bonnes, mais mon ami a le souci d’assurer la pérennité des installations pour le jour où l’enthousiasme reviendra.

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– Pourquoi un oligarque russe, m’a-t-il demandé?

– Leur goût du sport! Ils achètent tout.

– Ils ne connaissent rien aux tournois de fourmis.

– Et alors! Tu crois que Bulat Chagaev connaissait quelque chose au Xamax de Neuchâtel? Ça ne l’a pas empêché d’acheter.

– Pour quel résultat? La faillite. Non merci.

– Ne t’arrête pas à un cas particulier, regarde Roman Abramovitch: grâce à lui, Chelsea flambe. On met aussi beaucoup d’espoir dans l’AS de Monaco depuis qu’il a été repris par Dimitri Rybolovlev, le roi de la potasse. Un deal à 200 millions d’euros. Ces gens-là, vois-tu, connaissent la valeur d’un mollet. Ils placent leur argent dans les choses importantes, à mon avis tu as des chances.

– Les fourmis rouges n’ont pas le même mollet, ni le même public, c’est un tout autre business.

– Alors essaie les oligarques du Qatar. Ils ont acquis le Paris Saint-Germain et Manchester City, qui marchent du tonnerre. Ils sont assez solides pour vouloir innover.

Les fourmis, c’est pas pareil. D’abord, on ne peut pas les vendre une par une, ça ne va pas, elles ne valent qu’en équipe. Et même en équipe, on est incapable de leur mettre un prix.

– Essaie quand même car sans prix, pas de capitalisation, donc pas de pognon, tu en es conscient j’espère.

Je mettrais ça différemment: sans prix, pas d’excitation de l’ego des oligarques, donc oui, tu as raison, pas de pognon. Tu vois un oligarque collectionner des timbres?

– Alors comment tu vas faire? L’Etat?

– L’Etat a un frein à l’investissement, tu le sais bien.

– Alors quoi?

– Tu me donnes quand même une idée. Je lance un projet d’un très grand stade, disons, le plus grand du monde, avec un très grand architecte, j’en vois un, il est Suisse et il s’y connaît en cathédrales. Et je place une offre internationale de financement.

– Et qu’est-ce que tu fais avec les fourmis rouges?

– Je les installe dedans: le plus grand stade du monde pour les plus petits tournois du monde. Là je tiens mon oligarque, je le vois déjà unique, fier, ému, lyrique, heureux de blanchir son immense fortune mal acquise au spectacle minuscule de la fourmi, amie de l’humanité. Le Bien, enfin!

– Pour le permis de construire, ça va être difficile!

– Il n’avait pas une autorisation pour un «Trianon», Rybolovlev?

– C’était un Trianon petit, et déjà toute la commune était contre.

– Dans ce cas, on construit à Dubaï.

– Pourquoi pas, mais il faut que tu revoies ton modèle d’affaires. Je te suggère de travailler sur un concept de fourmis géantes. Avec l’ego des oligarques, il arrive toujours un moment où il faut faire des concessions.

Et ainsi de suite jusqu’à la semaine prochaine.

Joëlle Kuntz/Le Temps fev12

1 réponse »

  1. il faut l’arret d’urgence des subventions publiques au sport professionel.tout le monde sait que le football est une lessiveuse a argent sale,ce qui explique les sommes investies dans les transferts et les salaires.les salaires importants sont la pour acheter le silence des joueurs.jamais aucun joueur n’a dénoncé les matchs arrangés et les retrocommissions sur transferts.l’introduction des paris sportifs va intensifier les trafics

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