Art de la guerre monétaire et économique

Buenos Aires sous pression après la nationalisation du pétrolier YPF

Buenos Aires sous pression après la nationalisation du pétrolier YPF

Buenos Aires sous pression après la nationalisation du pétrolier YPF L’Argentine a annoncé lundi l’expropriation de 51% du capital de la filiale du groupe pétrolier Repsol. Cette décision a suscité mardi un feu roulant de critiques de Madrid et de l’Union européenne, et alimenté la défiance des marchés. La décision menace de renforcer le pays dans son rôle de paria financier

   

Le gouvernement de Cristina Fernandez de Kirchner «mime Chavez», «la saisie d’YPF menace l’Argentine d’isolement», préviennent les écrans d’information financière Bloomberg. Dès lundi, les assurances – les «CDS» – pour se protéger d’un éventuel (nouveau) défaut de remboursement de Buenos Aires ont vu leur prix s’envoler.

Ces réactions font écho à la condamnation de cette décision par les autorités et la presse espagnole. Madrid, qui a convoqué l’ambassadeur argentin deux fois en cinq jours, veut répondre à ce geste «hostile» par des mesures «fortes», dans les domaines «diplomatique, commercial et énergétique». Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, s’est dit mardi «extrêmement déçu» et le parlement européen veut organiser un débat sur le sujet.

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Beaucoup de flou entoure encore cette nationalisation décrétée par le seul pays latino-américain ne contrôlant pas – partiellement – son champion pétrolier. Principale inconnue: Buenos Aires va-t-il exproprier Repsol ou racheter une filiale qui, outre l’extraction de brut, contrôle la moitié des capacités de raffinage du pays? Dans un document de 40 pages diffusé mardi, le groupe espagnol – qui a vu ses actions plonger de 6% hier – exige 10,5 milliards de dollars «cash» pour ses 57% du capital d’YPF. Un montant qui correspondrait au quart des réserves de change de l’Argentine, dédiées en grande partie au remboursement de ses dettes.

Le groupe espagnol laisse entendre que sa récente découverte du gaz de schiste de Vaca Muerta, dans le Sud argentin, pourrait être la «cause de ce pillage». Un potentiel gazier qui vaudrait près de 14 milliards, «selon les analystes».

Ceux de Bank of America Merrill Lynch conseillent de fuir les actions d’YPF traitées en bourse – plongeant de plus de 10% depuis lundi, celles-ci ne sont pas visées par la décision. Et évoquent «des procédures judiciaires afin de ralentir tout processus de nationalisation». 

Des pressions? Une guérilla judiciaire? Les autorités argentines sont habituées à ce régime de paria des marchés. Depuis dix ans. Buenos Aires est toujours poursuivi par des «fonds vautours». Les plus connus d’entre eux, ceux administrés par la firme Elliott du milliardaire Paul Singer, ont récemment obtenu des tribunaux new-yorkais six jugements en leur faveur ouvrant la voie à des dédommagements de 1,6 milliard de dollars.

Des pénalités qui pourraient, tout autant que la nationalisation d’YPF, menacer la capacité de Buenos Aires à verser les intérêts dus à ceux ayant joué le jeu des restructurations de ses emprunts, en 2005 et 2010. La semaine dernière, l’administration Obama a dénoncé ces jugements, qui ne menacent pas seulement l’Argentine. Confirmés en appel, ils fragiliseraient une réorganisation de dette trois fois plus importante: celle qui vient d’être mise en place pour la Grèce.

Par Pierre-Alexandre Sallier/Le Temps avril12

EN COMPLEMENT : L’Argentine va élargir l’expropriation au gaz

REPSOL. L’Etat argentin et les provinces détiendront désormais la majorité du capital d’YPF Gas

 L’Argentine a décidé d’élargir l’expropriation à hauteur de 51% de la filiale YPF de l’Espagnol Repsol à la compagnie YPF Gas, également contrôlée par Repsol, selon le gouvernement .

«La décision du pouvoir exécutif de déclarer d’utilité publique une majorité d’actions d’YPF SA a pour conséquence une mesure identique concernant Repsol YPF Gas SA afin de permettre à ces entreprises d’agir de concert», a déclaré le gouvernement dans un communiqué publié sur son site internet.

Le gouvernement argentin a réalisé, en prenant le contrôle d’YPF, «que Repsol YPF Gas n’était pas techniquement une société contrôlée par YPF», selon le même texte. Repsol YPF Gas appartient à Repsol Butano SA (84,99%), à Pluspetrol SA (15%) et à des actionnaires particuliers (0,003%).  Le nouveau décret d’expropriation a été publié hier au Bulletin Officiel.

YPF Gas «est le principal founisseur du Programme Bonbonnes Pour Tous, destiné à répondre aux besoins de base des secteurs les plus défavoriés qui n’ont pas accès au réseau», souligne le communiqué.

L’Argentine fait face à une hausse vertigineuse de ses importations d’hydrocarbures (+110% à 7,1 milliards d’euros en 2011) et n’arrive plus à financer des subventions trop coûteuses (gaz notamment, mais aussi eau, électricité, transports) à la base de son modèle de relance par la consommation.

Il est contraint de supprimer ces subventions par étapes.

1 réponse »

  1. Risquerais-je une variante d’un proverbe célèbre ? Allez va …..

    QUI VIT PAR LES PETS,
    PÉRIRA PAR LES GAZ !

    Scusez !

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