Agences de Notation

Au Royaume Uni : Sans l’Euro et malgré une Livre fortement dévaluée le postulat de la relance par l’export vole en éclat

Au Royaume Uni : Sans l’Euro et malgré une Livre fortement dévaluée le postulat de la relance par l’export vole en éclat

Le déficit commercial continue de se creuser. Surtout avec les pays hors Union européenne.

  

Le déficit commercial britannique s’est à nouveau creusé en février, au-delà des anticipations des analystes, pour atteindre 8,8 milliards de livres (environ 10,6 mds EUR), portant un coup à la stratégie du gouvernement d’une reprise portée par les exportations. En outre, le déficit de janvier a été revu à la hausse, à 7,9 milliards de livres (contre 7,5 milliards), selon les données publiées jeudi par l’Office des statistiques nationales (ONS). En tenant compte des services, traditionnellement excédentaires au Royaume-Uni, le déficit total ressort à 3,4 milliards de livres, contre 2,5 milliards en janvier, un chiffre lui aussi révisé à la hausse. 

   Fait particulièrement marquant, le déficit commercial s’est surtout creusé avec les pays hors Union européenne, où il a atteint 5 milliards de livres, en raison notamment d’une baisse des exportations de voitures.  Or le gouvernement incite les industriels à concentrer leurs efforts sur ces marchés pour être moins affectés par la détérioration de la situation dans la zone euro. Le Premier ministre  Cameron effectue ainsi actuellement une tournée en Asie largement consacrée au renforcement des relations commerciales, dans l’espoir de compenser l’atonie de la croissance européenne. En février, le déficit de la Grande-Bretagne s’est au contraire un peu réduit avec ses partenaires européens (à -3,8 milliards de livres), avec lesquels elle réalise près de la moitié de ses échanges. 

Ces chiffres ont été jugés «décevants» par Vicky Redwood, de Capital Economics, selon laquelle la situation devrait continuer de se dégrader en raison des signes de faiblesse persistants des pays de la zone euro. 

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 Cameron et son gouvernement avaient dit compter sur une reprise des exportations pour compenser les effets du plan d’austérité qu’ils ont mis en place, alors que le chômage est désormais au plus haut depuis 17 ans.

 

Les mauvais chiffres du commerce extérieur interviennent alors que les experts s’interrogent sur la possibilité d’un retour du pays dans la récession, après une contraction de l’économie de 0,3% au dernier trimestre 2011. Très attendu, le chiffre de la croissance du 1er trimestre de cette année doit être publié le 25 avril.

 

 

Un second trimestre négatif d’affilée marquerait techniquement un retour du pays en récession, une éventualité jusque-là écartée par le gouvernement.

Et comme si un mauvaise nouvelle n’arrivait jamais  seul  les prix de l’immobilier au Royaume-Uni ont baissé de 1% au mois de mars, leur plus fort repli en plus de deux ans, selon les chiffres de la banque mutualiste Nationwide. Le prix moyen d’un logement s’est établi à 163.327 livres, d’après son baromètre immobilier mensuel.  La baisse ressort ainsi à 1% en un mois, en données corrigées des variables saisonnières, un chiffre qui n’avait plus été vu depuis février 2010.

Et malgré les résultats calamiteux de l’économie britannique l »agence de notation financière Standard & Poor’s (SP) manifestement partisane et pro anglosaxonne a annoncé que le Royaume-Uni ne risquait pas de perdre prochainement sa note maximale, une décision que le gouvernement a aussitôt interprété comme un encouragement à sa politique économique.

SP a ainsi confirmé la note de crédit maximale « AAA » du pays, associée à une perspective stable, signifiant qu’elle n’envisage pas de la baisser prochainement. « Le pays jouit également de la note maximale attribuée par deux autres agences, Moody’s et Fitch, mais celles-ci envisagent en revanche d’abaisser sa note souveraine.

Synthèse réalisée par The Wolf le 21 Avril 2012

EN COMPLEMENT : Du pain et des jeux hors de prix

Par rapport aux estimations initiales, le coût des Jeux pour le gouvernement a presque triplé. Mais, par rapport aux estimations révisées en 2007, la facture ne serait peut-être plus aussi salée que prévu. 

Voyons un peu le détail. Lorsque Londres a remporté la tenue des Jeux, en 2005, les architectes de sa candidature prévoyaient que cette grande fête du sport coûterait un peu plus de 4 milliards de livres. Le gouvernement devait assumer 3,4 milliards de livres de cette somme, les quelque 740 millions restants devant être allongés par le secteur privé.

Le gouvernement a passé en revue le coût des Jeux en 2007, et force a été de constater que les prévisions initiales ne tenaient plus la route. Le coût des Jeux pour l’État est alors estimé à 9,3 milliards de livres. Le ministère de la Culture, des Médias et des Sports met toutefois son poing sur la table. Le gouvernement ne paiera pas un «pound» de plus que cette somme. 

Le montant exclut d’ailleurs le budget de 2 milliards de livres du comité organisateur (LOCOG), qui tirera des revenus des commandites, des droits de télédiffusion, de la vente de billets et de produits dérivés. 

Plusieurs erreurs ont été commises. Le budget initial ne prévoyait aucune réserve pour de probables dépassements de coûts. (On en créera une de plus de 2 milliards de livres dans laquelle on a déjà allègrement puisé.) Surtout, les coûts de la sécurité des Jeux, durant les travaux et durant les 19 journées de compétitions, avaient été exclus du calcul initial! 

Dans cette ville encore marquée par les attentats du métro de Londres de juillet 2005, la sécurité n’est pas prise à la légère. Pour entrer sur le chantier, par exemple, les travailleurs de la construction doivent poser leur main sur un dispositif de contrôle biométrique qui mesure leurs empreintes digitales.

 «Le chantier est géré comme un site gouvernemental sécurisé», dit Lawrence Waterman, chef de la santé et de la sécurité du Olympic Delivery Authority (ODA), lors d’une visite privée du parc olympique. C’est l’ODA qui est chargé de construire tous les bâtiments et sites des compétitions pour les Jeux de Londres.

 Quant à la sécurité durant les Jeux, elle est à l’avenant. Des tireurs d’élite survoleront le ciel de Londres à bord d’hélicoptères des forces de l’air. Des navires de guerre mouilleront dans la Tamise. En fait, a remarqué le New York Times Magazine, l’on comptera plus de soldats britanniques à Londres l’été prochain qu’en Afghanistan!

 Au total, les coûts de la sécurité s’élèveront à près de 1,1 milliard de livres, selon l’estimation la plus récente du Home Office.

 Si le budget a été gonflé de façon marquée, il serait maintenant respecté. Le ministre des Sports, Hugh Robertson, est «de plus en plus sûr» que la facture des Jeux ne dépassera pas les 9,3 milliards de financement public prévus. Avec 96% des installations achevées à la fin février au coût de 7,1 milliards de livres, l’ODA pourrait même retourner 500 millions de livres au Trésor.

 En cette période d’austérité, ce serait un heureux dénouement.

Sophie Cousineau La Presse avril12

3 réponses »

  1. Comme quoi l’euro qui sert de bouc émissaire facile n’est pas la véritable source de nos problèmes. Quand on voit les chiffres anglais, on se pose des question sur la complaisance des agences mais ce sujet a été très bien traité par ce blog sur la métaphore du concours de beauté truqué

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