Au coeur de la création de richesse : l'Entreprise

Humeurs de Loups du 20 et 21 Juin 2012 : Quelques brèves à propos du tiers payant (actualisé au 22/6/2012 à 19h00)

Humeurs de Loups du 20 et 21 Juin 2012 : Quelques brèves à propos du tiers payant (actualisé au 22/6/2012 à 19h00)

Tout ce qui touche à l’argent mérite intéret en ces temps de tension sur les ressources.

Nous ne pouvons donc etre indifferents à l’actualité lorsqu’elle nous parle de gros sous .

Les tennismen à la retraite ex vedette Noah et Forget étaient entendus par une quelconque commission sur la fiscalité. Si l’on en croit nos tennismen , le pactole qu’ils touchent pendant leur dix ans de carrière est justifié par le calcul economique suivant : ils doivent gagner en 10 ans de quoi subvenir à leurs besoins toute leur vie.

  Question : Et le cadre qui est viré de son entreprise pour cause de rachat étranger parce que le patron est écoeuré par la fiscalité destinée à financer le tiers payant , ce cadre peut il lui aussi prétendre , exiger de gagner en 10 ans l’équivalent de 40 ans de carrière?

Noah ajoute que pour lui c’est un honneur de porter les couleurs francaises, bien , très bien . L’a t il fait gratuitement quand il était en exercice? Notre petit doigt nous dit que non.

Passons aux footballeurs. Prestation lamentable , il vont quand mème toucher une prime de 100 000 euros. Prime moralement scandaleuse c’est évident . Mais à qui la faute? Au système dans lequel nous vivons, système de tiers payant généralisé. Ce sont les sponsors qui paient. Comme le dit la radio, il n’y a pas de raison que les sponsors se régalent sur leur dos. Ben voyons.

Le système du tiers payant est celui à la fois du socialisme et du capitalisme pervers. Dans les deux cas, on coupe le lien entre l’effort, le travail, l’innovation , le gout du risque et la rémuneration.

Qu’est ce qui est le plus scandaleux, vivre de la repartition des fruits du travail des autres ou bien s’octroyer ou se faire octroyer des gains que l’on n’ a pas merités? Des gains tombés du ciel ?

Le système du tiers payant coupe le lien qui unit l’homme au réel , il en fait un nevrosé, inadapté à la vraie vie, fragile , et envieux .

Le socialisme adore mettre les gens dans la dépendance . Connaissez vous le soi disant grand philosophe Bertrand Russell , socialiste impénitent devant l’eternel . Il a suggéré de pousser la mise en dépendance  de  l’homme à son extrème . Russell propose dans sa société globalisée, mondialisée et mondialiste que la nourriture soit utilisée pour s’assurer de la docilité des citoyens. La gestion de la nourriture serait centralisé et elle serait repartie en raison du degré de compliance, des peuples et des citoyens. Ainsi seraient rendues inutiles les guerres, le controle des naissances! AH  ces constructivistes, dirigistes, socialistes!

Quelle difference avec les pseudo démocraties dans lesquelles,  en échange de faveurs, on vote bien?

Les pauvres, les travailleurs, il en reste dans ce monde d’exploitation délocalisée des émergents , sont exploités par les biens pensants professionnels de la compassion , les Warren Buffett, les Soros, les Noah , les Arditi , les Bergé , les Niel et autres, ces professionnels de la philantropie à bon compte roulent sur l’or et vous roulent , Y avez vous songé?

 

Les dirigeants de la Grèce, l’Espagne, l’Italie et bientot la France ont grugé et vont gruger leurs peuples par des promesses intenables, qu’importe ils ont eu ou vont avoir  les honneurs. Laissant aux autres l’infamie.
Ah ! Le tiers payant.

PLUS DE BERTEZ EN SUIVANT :

 Richesse, accumulation et hopium du peuple, honte aux fous des rois

Un lecteur nous demande ce que nous pensons de la sortie de Zizou sur les riches et la fiscalité. Notre réponse sera conforme à l’analyse détaillée livrée il y a quelques jour à propos de Noah et Arditi.

EN LIEN : Humeurs de Loups et Politique Friction : Connaissez-vous la CARL ? Par Bruno Bertez (“enrichi” et actualisé au 13/6/2012 à 19h00 avec “L’Affaire Trierweiler” )

Il ne faut pas mélanger ceux qui s’enrichissent avec de l’argent tombé du ciel, sans produire de vraies richesses, qui s’enrichissent, comme je dis grâce , à la mode et à l’air du temps, avec les producteurs.

Nous considérons que seule l’accumulation aux fins de production de richesses est légitime. Elle est légitime si elle est productrice de richesses , de niveaux de vie supérieurs, de promotion sociale, d’emplois. L’accumulation de richesses à une fonction individuelle, sociale, historique.

La richesse des 30 dernières années est en partie illégitime car fondée sur la seule manipulation spéculative à partir du détournement d’un bien commun: la monnaie.

L’accumulation que nous défendons est productrice d’investissement et donc d’emplois .

Nous soutiens que l’accumulation privée est préférable à l’accumulation publique, d’état car moins gaspilleuse, moins clanique, moins politique . L’accumulation d’état entretient la pauvreté et la dépendance au profit d’une clique.

L’accumulation d’état débouche toujours sur la perte des libertés, le contrôle des prix et le rationnement. Ce n’est pas de l’idéologie, c’est de l’histoire.

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   Les problèmes économiques surviennent toujours lors d’une mauvaise’allocation des ressources financières. Un principe de base d’une économie de marché veut que le risque et la récompense soient en rapport. Plus leur entreprise prospère, mieux se portent les actionnaires, mais ils sont aussi les premières victimes des pertes. De même les détenteurs d’obligations sont heurtés en plein par les coupes (haircut) en cas de restructuration, ce qui dans une logique de marché n’est pas à remettre en question – sauf qu’ils bénéficient désormais trop souvent d’une protection, comme s’ils étaient les déposants et non des spéculateurs.

Le fait que les détenteurs d’obligations aient été protégés aux Etats-Unis en 2008 et en Europe en 2012 relance le débat autour du processus de destruction créative de Schumpeter. L’articulation de ce mécanisme aurait donc ainsi été gravement affectée, nuisant dès lors au rééquilibrage de la bonne allocation des ressources pécuniaires et condamnant l’économie mondiale à retomber en récession

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Revenons aux fous du roi, car c’est le statut social de ces pitres.

Avez vous songé un seul instant que ces pitres font, par leurs interventions publiques le travail pour lequel le système les paie, ils sont là pour détourner l’attention , faire tenir tranquille, fourvoyer les citoyens et leurs enfants. Pendant que les gens se passionnent pour ces débilités distrayantes, au sens fort de distraction, eux s’enrichissent et perpétuent le système. Ils font tenir tranquille, c’est la fonction des fous du roi.

Les Noah, les Arditi, les Zizous sont à la fois l’opium du peuple et l’hopium du peuple. Leur fonction est intégrative, ils sont des agents de paix sociale aux profits des riches d’un certain type.

Ils ont une fonction de détournement de l’attention, et grâce à cette fonction de détournement de l’attention il est normal qu’en contrepartie ils détournent de la richesse sociale à leur profit.

Ces gens font partie intégrante du système d’exploitation klepto, ils en sont des rouages indispensables , ils sont l’huile qui graisse ses rouages. tout comme le jeu , scandaleux d’ailleurs, qui s’est greffé sur leur activité de distraction et d’exploitation.

Nous avons expliqué et montré que nous vivons dans un système complexe , mystifiant ou on ne sait plus très bien qui est qui, qui défend qui; nous avons donné a voir que ce système était un système de détournement, avec ses grands prêtres. Nous avons mis a jour le fait que ces grands prêtres, ceux de la finance, ceux du Pouvoir connivent, ceux des medias MSM, ceux des soi disant penseurs et ceux du spectacle s’octroyaient une part considérable de la richesse et que cette richesse confinait au vol .

Est ce que cela vous étonne si, objectivement, sans même en avoir conscience , ces gens défendent le système inique qui les fait vivre?

BRUNO BERTEZ Le Mercredi 20 Juin et Jeudi 21 Juin  2012

llustrations et mise en page by THE WOLF

EN BANDE SON :

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Rajat Gupta ou l’incarnation du rêve américain mise à mal

L’ex-star de Wall Street risque 25 ans de prison. Ce milliardaire couvert d’honneurs était aussi un philanthrope aux largesses célébrées

Rajat Gupta est la première huile de Wall Street ressortie coupable du box des accusés depuis le début de la crise financière, il y a quatre ans. Avant lui, 61 seconds et troisièmes couteaux étaient tombés. Mais avec Rajat Gupta, qui risque 25 ans de prison, ce n’est plus un spéculateur de métier ou un factotum de salle des marchés qui s’est vu condamner à l’unanimité, samedi 16 juin, par un jury populaire. C’est une figure de proue de la finance new-yorkaise, un immigré d’origine indienne de 63 ans souvent décrit comme une «incarnation du rêve américain».

Formé à la Harvard Business School, il a présidé durant neuf ans aux destinées du consultant McKinsey, siégé dans les conseils d’administration de sociétés majeures comme Procter & Gamble et Goldman Sachs (GS). Ce milliardaire couvert d’honneurs était aussi un philanthrope aux largesses célébrées. C’est cet homme-là que les jurés ont déclaré coupable sur quatre motifs d’accusation, tous centrés sur les délits d’initiés.

Oui, ont-ils estimé, Rajat Gupta a bien fourni à son partenaire occulte en affaires, Raj Rajaratnam, PDG du hedge fund Galleon, des informations exclusives qu’il lui était interdit de divulguer. Un exemple: en septembre 2008, dans la minute qui suivit la réunion des administrateurs de GS où ils apprirent que Warren Buffett s’apprêtait à investir 5 milliards de dollars dans leur banque, Rajat Gupta en informait son acolyte.

Du temps d’avance ainsi glané, Raj Rajaratnam avait acquis massivement des actions GS pour réaliser une jolie plus-value lors de leur hausse intervenue après l’annonce officielle de cet investissement. Raj Rajaratnam, principal bénéficiaire des turpitudes au­jour­d’hui reprochées à Rajat Gupta et déjà condamné pour avoir organisé un réseau d’informateurs délictueux, a été envoyé pour 11 ans en prison le 13 octobre 2011.

Victoire d’une justice qui frappe à la tête, s’est glorifié le procureur de Manhattan, Preet Bharara. «Ceux qui commettent des délits d’initiés doivent s’attendre à être poursuivis avec toute la ri­gueur de la loi», a estimé Robert Khuzami, haut responsable de la Securities & Exchange Commission (SEC, le contrôleur des marchés américains). Pourtant, ce procès suscite autant de satisfaction que de scepticisme. Au cœur du débat: le fossé entre la caractérisation formelle du «délit d’initié» et les pratiques bancaires au quotidien.

Les récentes mésaventures de Facebook n’ont fait que renforcer le malaise: Morgan Stanley et GS y sont suspectés d’avoir fait bénéficier certains clients privilégiés d’informations sur la santé financière réelle de l’entreprise avant son introduction en bourse. Si cela n’est pas du délit actif d’initié! D’autant que, de façon récurrente, on apprend que telle ou telle banque soupçonnée de cette pratique a ensuite passé un accord amiable avec la SEC. Dernier cas en date, Goldman Sachs a payé en avril 22 millions de dollars d’amende pour se dépêtrer d’une telle accusation.

Le 19 mai, Gretchen Morgenson, la pugnace chroniqueuse du New York Times, osait la question: «Le délit d’initié est-il constitutif du système financier?» (Is Insider Trading Part of the Fabric?). Elle racontait les confondantes aventures de Ted Parmigiani, analyste de feu Lehman Brothers, qui ­détaillait comment sa propre banque avait usé et abusé de ses ­pronostics supposés rester «con­fidentiels» pour en faire bénéficier certains clients ou, au contraire, lui avait demandé de les modifier pour ne pas porter préjudice à divers intérêts. Cela, dans un univers où les traders étaient tenus informés «de façon routinière» des estimations évolutives des analystes avant qu’elles soient rendues publiques.

Ces pratiques, jugeait l’ex-trader, restent communes au milieu bancaire. Aujourd’hui, c’est un secret de Polichinelle à Wall Street que des normes destinées à éviter le délit d’initié sont contournées. Qui croit sérieusement que la fameuse «muraille de Chine» censée séparer au sein des banques les départements du trading et de l’analyse (ou ceux des fusions-­acquisitions et des émissions de titres) est une réalité tangible?

Lors du procès Rajaratnam, son avocat, John Dowd, avait mené une «défense de rupture»: les délits d’initiés que l’on reprochait à son client consistaient à avoir glané avec plus de talent et de détermination que ses concurrents ce qui fait le pain quotidien de l’investisseur avisé, l’obtention d’informations exclusives et fiables. Cette stratégie n’a pas convaincu les jurés. Plus classique (fondée sur la négation des preuves de l’accusation), celle de Gary Naftalis, le défenseur de Gupta, n’a pas été plus efficace.

Reste que le scepticisme continue de dominer Wall Street. Ted Parmigiani avait décrit à la SEC puis au procureur de New York comment sa propre banque avait installé un système occulte de «passerelles» entre des divisions qui devaient rester séparées. Là était la source de lucratifs délits d’initiés non reconnus mais bien réels, d’ampleur modeste mais banalement quotidiens, «constitutifs» du système. Qu’est-ce qui, depuis, aurait bien pu faire changer les choses? Par Sylvain Cypel New York/Le Temps

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Business model: It’s not only rock’n rollRolling Stones, le mix-marketing est parfait

There’s no business like show business. Qui mieux que les Rolling Stones illustrent cette maxime. Le groupe de Rock au plus de 200 millions de disques vendus en un demi-siècle est devenu, au fil des ans, une cash machine inégalée dans le monde de la musique. Sans doute car, contrairement aux idée reçues sur ce milieu, les Rolling Stones ont su gérer leur succès avec un sens stratégique aigu.

Ainsi restés insensibles aux modes musicales fluctuantes, pour rester fidèle à leur ADN : le rock de leur origines ce qui leur a offert une clientèle mondiale étalée sur trois générations. Dés leurs premiers succès discographiques les cinq rockers ont su, en outre, construire un cycle vertueux. Leurs tournées toujours plus gigantesques ont fourni une efficace promotion à leurs disques. Ils sont ainsi devenus une marque dont la puissance et la notoriété génère aujourd’hui des revenus plus diversifiés et plus importants que ceux des autres stars du rock et de la variété. 

12 juillet 1962, six garçons inconnus se produisent dans le mythique club londonien “le Marquee”. Influencés par des bluesmen américains comme Chuck Berry ou Bo Didley, ils formulent alors un vœu avant de monter sur scène : “Pourvu que l’on ne croie pas que nous faisons du rock’n’ roll.” Un demi-siècle plus tard, ils sont pourtant devenus LE groupe de rock qui aligne tous les superlatifs : les plus durables, les plus rentables, les plus médiatisés, les plus provocateurs. Il serait cependant imprudent de considérer que cette exceptionnelle trajectoire est le fruit du hasard. Au fil des ans, les Rolling Stones ont construit un véritable modèle artistique et économique. 

Ce qui explique qu’ils soient toujours là, cinquante ans plus tard, quand certains de leurs illustres collègues se sont séparés avec pertes et fracas. Ou quand tant d’autres se morfondent en fond de catalogue de leur maison de disques, contraints parfois de reprendre la route pour une ultime et incertaine tournée afin de compenser la baisse de royalties. Les multiples modes musicales ou les évolutions technologiques n’ont en revanche affecté ni la cohésion, ni l’audience des Rolling Stones. Continuant de remplir les stades, après avoir fait de la sortie de chacun de leurs disques un véritable événement. Sans doute parce que leur stratégie a transformé le nom d’un groupe en une marque, dont chaque source de revenus est soigneusement optimisée. 

Une offre inoxydable et mondiale

Qu’on se le dise, les Rolling Stones font du rock’ n’ roll et rien d’autre depuis leurs débuts. “Ils se sont approprié un style et en sont devenus les porte-parole”, estime Henri de Bodinat qui les a abondamment pratiqués lorsqu’il était le patron de Sony Music Europe, leur maison de disques. Pas de changement d’ADN pour les Stones entre leurs disques des années 1970 et ceux des années 2000. Entre-temps pourtant, la scène musicale a été traversée par force de courants différents : punk, funk, reggae, électro. Avec, pour chaque genre, ses blockbusters dont les ventes de disques et la longévité ont toutefois rarement excédé la décennie. Mick Jagger et ses acolytes, restant fidèles à leurs racines, peuvent aujourd’hui compter sur trois générations de clients remplissant leurs concerts, achetant les rééditions ou les compilations régulièrement remises sur le marché. 

Les maisons de disques appellent cela “faire tourner le fond de catalogue”, activité à haute rentabilité. Car les morceaux ont déjà été enregistrés. La remise sur le marché se fait donc sans coûts de production et avec de modestes dépenses de promotion. Selon le magasine Fortune, l’entreprise Rolling Stones a dégagé un chiffre d’affaire de 1,5 milliards de dollars de 1989 à 2002 dont les deux tiers générés par les ventes de tickets de concerts. Cette permanence artistique leur permet également de voir leur abondante discographie régulièrement et massivement diffusée sur les radios du monde entier. Des titres comme Satisfaction ou Jumpin Jack Flash n’ont en effet pas pris une ride. 

“Ils ont réussi à composer des titres iconiques, d’une force exceptionnelle”, considère Henri de Bodinat. Or, la programmation sur les ondes est l’une des trois principales sources de revenus d’un artiste, avec les ventes de disques et la scène. Même les radios ciblant un public jeune comme NRJ ne peuvent ignorer le phénomène Rolling Stones. “NRJ, qui ne programme pas particulièrement leur musique, a été partenaire sur leurs concerts français. Ils ont acheté le mythe, pas le public”, rappelle Jackie Lombard, qui a organisé les trois dernières tournées du groupe dans l’Hexagone.

 Une maîtrise totale de la création

Après avoir commencé leur carrière par quelques reprises de vieux standards de blues, les Rolling Stones ont rapidement fonctionné sur la complémentarité artistique entre le chanteur Mick Jagger et le guitariste-compositeur Keith Richards. La quasi-totalité des chansons figurant sur leurs 34 disques albums sont signées de ce duo. Ils se sont en fait inspirés du modèle des Beatles, dont le succès a secoué le Royaume-Uni cinq ans avant le leur. La musique des quatre garçons de Liverpool repose en effet sur la créativité du binôme John Lennon/ Paul McCartney. A la différence de Michael Jackson, Céline Dion, Lady Gaga ou encore Johnny Halliday, les Rolling Stones ne sont pas dépendants, pour leur carrière, d’un ou plusieurs compositeurs.

 L’avantage est triple. D’abord, ils s’affranchissent des luttes d’égo et des difficultés relationnelles qui minent souvent les relations compositeurs /interprètes. Ensuite, ils augmentent considérablement leurs revenus puisque les droits d’auteur, aussi bien sur les ventes de disques que sur les prestations scéniques, sont plus importants pour les auteurs compositeurs que pour les interprètes (voir encadré). Enfin, ils conservent une continuité dans la couleur et la sonorité de leurs compositions, ce qui leur permet de fidéliser leur public. La démarche est plus risquée pour Johnny Halliday qui a successivement confié la destinée de ses disques à Michel Berger, Jean-Jacques Goldman ou récemment Matthieu Chedid avec des scores de vente inégaux. 

Une répartition judicieuse des rôles

Même si un groupe de rock peut en apparence être perçu comme moins organisé qu’un cabinet d’avocats ou un centre médical, chacun des cinq membres des Rolling Stones a un rôle et un périmètre bien définis. Sur scène comme en coulisses, Mick Jagger est indiscutablement le boss. Passé brièvement par la London School of Economics, il gère aussi bien les finances que les ressources humaines. En 2008 lors des négociations avec Universal, leur actuelle maison de disques, il y avait peu de monde autour de la table, le président de la compagnie Lucian Grange, un avocat, Keith Richards et sa fidèle assistante Jane Rose et Mick Jagger, sans le moindre conseil ou manager. S’il tolère que les aventures sentimentales ou les beuveries des membres du groupe puissent alimenter la presse people ou les faits divers, la confidentialité est une règle d’or pour le business. 

“Jamais les affaires du groupe ne seront évoquées en public. On pourra lui poser toutes les questions que l’on veut, affirmer ce qu’on veut sur sa vie privée, ce qui relève de la Rolling Stones Limited Company sera bouclé au regard public”, écrit François Bon dans une minutieuse biographie du groupe ayant nécessité plusieurs années d’enquête. L’intéressé lui-même confirme dans la biographie consacrée à Keith Richards : “Je ne crois pas que Keith ait d’autres intérêts à part la musique. Mais il pige qu’il y a des choses dont il faut s’occuper, des décisions à prendre qui impliquent un paquet de fric. Les Rolling Stones, c’est une affaire gigantesque qu’il faut garder en état de marche. Cela ne me dérange pas de m’en occuper.” Ou encore : “Si je n’étais pas passionné par tous ces détails, c’est un brave salarié de l’affaire qui laisserait aller tout ça dans tous les sens.” 

Face aux égos de chaque membre du groupe, c’est également lui qui joue un rôle clé dans les évictions, comme celle du guitariste Brian Jones en 1969, ou les recrutements, tels que celui de son remplaçant Ron Wood, après une longue période d’essai. Le chanteur est sans doute aussi l’artisan de la pérennité du groupe. “Mick Jagger est toujours resté là avec son sens du business et une volonté forte de durer. C’est lui qui a mobilisé les autres pour continuer les tournées. Il a compris que la marque Rolling Stones transcendait la marque Mike Jagger”, analyse Henri de Bodinat. Moins exposés, les autres membres ont cependant un rôle bien défini. Le stoïque batteur Charlie Watts, dont les costumes achetés à Savile Row pourraient le faire passer pour un financier de la City, rassure et apporte une touche de sagesse dans cet univers “sexe, drogue and rock’n roll”. Enfin, le dernier arrivé, Ron Wood, est l’amuseur de service. Aussi bien dans ses grimaces sur scène que lorsqu’il se prête avec enthousiasme aux photos réclamées en coulisses par les généreux sponsors qui ont payé fort cher le droit d’accoler leur marque à celle des Stones. 

Un entourage soigneusement choisi

S’ils maîtrisent la chaîne artistique, les Rolling Stones ont toutefois été contraints de déléguer, en partie, la gestion de leur activité. Ils ont su néanmoins éviter le syndrome du colonel Parker, l’omniprésent et omnipotent manager d’Elvis Presley durant 22 ans. “Leurs agents ont un rôle positif. Ils sont bien choisis et bien contrôlés”, juge Henri de Bodinat. Trois personnages ont joué un rôle clé dans la carrière du groupe, sans néanmoins sortir du périmètre qui leur a été défini. Le premier d’entre eux, Andrew Loog Oldham, a été formé par Brian Epstein, le manager des Beatles. Il a pu voir de l’intérieur la machine à tubes que constituait John Lennon et Paul Mc Cartney. L’histoire lui prête d’avoir enfermé Mick Jagger et Keith Richards dans la cuisine de leur appartement de Mapesbury Road avec la consigne de n’en sortir qu’une fois leur première chanson écrite. 

Dès 1964, une société anonyme est constituée : la Rolling Stones Limited. C’est elle qui encaisse les cachets et reverse un salaire à chaque membre du groupe. Oldham est remplacé au milieu des années 60 par un nouveau manager, Allan Klein, qui fait entrer les Stones dans une autre dimension. Désormais, les compositions du duo Mick Jagger/Keith Richards sont exclusivement réservées au groupe et ne pourront plus servir la carrière de certaines de leurs égéries comme la chanteuse Marianne Faithfull. Dans les années 1980, un troisième homme compte dans la carrière des Stones, Michael Cohl qui a produit leurs six dernières tournées. Sa martingale : le “package deal” dans lequel il prend en charge, outre l’organisation logistique et la promotion de la tournée, tous les revenus annexes. Le dernier tour des Rolling Stones, “ a biger band” a ainsi généré 554 millions de dollars selon le producteur Live Nation.

 Une marque déposée génératrice de minimums garantis

Lorsqu’il dessine en 1971 le logo des Stones (une langue écarlate sortant d’une bouche immaculée), le designer John Pasche, qui fut rémunéré 50 livres pour cet exercice, ne se doute pas qu’il contribue à la naissance d’une marque. Plus qu’un groupe de rock qui se produit sur scène et vend des disques, les Rolling Stones sont aujourd’hui une marque mondiale génératrice de revenus diversifiés. Elle permet à Mick Jagger et ses associés de s’exonérer de tout risque financier, dès lors qu’ils entrent en studio pour enregistrer un disque ou qu’ils jouent leur premières notes de musique sur scène. Dans un cas comme dans l’autre, ils bénéficient de minimums garantis et non remboursables. C’est ainsi que le tourneur Michael Cohl a su les convaincre de partir sur la route avec lui. “A ce minimum garanti s’ajoute un pourcentage des recettes qui peut aller jusqu’à 80 %”, précise l’ancien président de Sony Records Henri de Bodinat. 

Même démarche pour les disques. Pour quitter EMI et rejoindre Universal, les Stones ont touché un minimum garanti demeuré “top confidentiel”, auquel s’ajoutent des droits d’auteur proches de 30 % sur les ventes de leur catalogue. En clair, les albums déjà existants qui continuent à se vendre ou font l’objet de réédition. Le tout sans avoir eu à composer une seule nouvelle chanson. Mieux encore, il suffit que Keith Richards retrouve une vieille chanson qui n’avait pas été intégrée à un album pour que “cette chute de studio” se transforme en or lors d’une réédition d’un vieil album qui sera ainsi assorti d’un bonus.

 Last but not least, la scène comme les disques permettent de générer de confortables revenus tirés des produits dérivés. Chaque tournée est vendue à un sponsor général qui inscrit son nom sur les affiches et les billets. S’y ajoutent les recettes tirées du merchandising : les milliers de tee-shirts vendus à l’entrée des stades. Cette déclinaison de la marque Rolling Stones est même devenue permanente. Avocate de formation, Cécile Rap Veber gère les droit dérivés du groupe au sein de la maison de disques Universal, “c’est l’unique groupe de rock dans le monde capable de fêter ses cinquante ans et d’être toujours là. Mais au delà d’un groupe, c’est aussi un logo.”. Elle commercialise aujourd’hui le logo sur toute une gamme de produits qui vont de la grenouillère pour bébés aux tasses à café, en passant par les agendas. “L’an dernier nous avons vendu 800 000 tee-shirts et nous sommes en discussion avec un constructeur de voitures pour un partenariat”, précise-t-elle. Sur chacun de ces articles griffés aux couleurs du célèbre logo, les rockers touchent des royalties comprises en 20 et 30 % du prix de vente. Le boss du groupe exige de voir personnellement tous les projets avant de les valider. 

Une image hautement contrôlée

Les stars attirent les stars. Que ce soit pour leurs photos ou les films qui retracent leur concerts, les Rolling Stones ne font confiance qu’à un petit club de professionnels dûment adoubés. Ainsi, bon nombre de clichés sont signés Annie Leibovitz, qui a d’ailleurs commencé sa prestigieuse carrière en les suivant en tournée. C’est également elle qui a réalisé le cliché sur lequel Keith Richards pose dans une chambre d’hôtel pour la campagne publicitaire de Vuitton. En France, c’est le photographe des rock stars Claude Gassian qui a le privilège de les shooter lors de leurs passages dans l’Hexagone. En dehors de ces démarches hautement balisées, rares sont les photos volées qui apparaissent dans la presse people. Madonna ou Johnny Halliday ne peuvent en dire autant. Même démarche pour leur filmographie. Seuls des réalisateurs de renom – Jean-Luc Godard en 1968 et plus récemment Martin Scorsese – ont été autorisés à installer leurs caméras sur scène. Et lorsqu’un documentaire les montre dans une posture trop violente comme Cock Sucker Blues réalisé par le photographe Bernard Franck, ils en interdisent tout simplement la diffusion. 

L’image est également pour eux un outil de gestion de crise. 1970, au cours d’un concert gratuit à Altamont (en Californie), un spectateur est tué par un membre des hells angels qui assurent la sécurité. Lors d’un documentaire réalisé juste après les faits, Mick Jagger livre longuement ses impressions afin de désamorcer la crise. En 1972, les libertés qu’il prennent à l’égard de la législation sur les stupéfiants et le code des impôts les amènent à être déclarés persona non grata au Royaume-Uni. Qu’à cela ne tienne, ils s’installent alors avec femmes et enfants dans une immense maison à Villefranche-sur-Mer (Alpes-Maritimes). L’occasion, puisqu’ils sont réunis en un même lieu, d’enregistrer à l’intérieur même de la villa un de leurs meilleurs albums, Exile on Main Street. Cet épisode fait en outre l’objet d’un excellent documentaire rediffusé le mois dernier par Arte. De l’art de transformer l’ivraie en bon grain. 

Un marché chamboulé

Tout aussi rentable et durable que soit le modèle développé par les Rolling Stones, il n’a guère fait d’émules. Les blockbusters anglo-saxons des années 70 tels que les Beatles, les Who ou Led Zeppelin ont tous disparu, victimes de dissensions internes ou du décès d’un de leurs membres. L’environnement économique s’est en outre radicalement transformé. Il y a encore vingt ans, le modèle économique de l’industrie musicale reposait sur l’enregistrement d’un disque avec de confortables délais et coûts de production, suivi d’une tournée dont la rentabilité n’était pas la principale préoccupation puisqu’elle servait avant tout à promouvoir les ventes de microsillons. 

Aujourd’hui, sous l’effet du téléchargement non autorisé, les ventes de disques sont en chute libre. Impossible pour les artistes, mêmes confirmés, de se constituer un fond de catalogue leur assurant des revenus récurrents. La quasi-totalité de leurs gains provient de la scène, ce qui les oblige à multiplier les concerts. Mais, comme tous ont la même stratégie, l’offre est de plus en plus abondante et la fréquentation moyenne par représentation chute. 

L’actuelle tournée de Madonna sera vraisemblablement moins lucrative que la précédente. En outre les producteurs commencent à être las de verser d’énormes minimums garantis. En France, Gilbert Coullier, qui a signé un chèque de 12 millions d’euros d’à-valoir à Johnny Halliday pour sa tournée actuelle, a déclaré au Monde que l’opération ne serait peut-être pas bénéficiaire. Le leader mondial des tournées Live Nation doit supporter un endettement important. Faut-il y voir un signe ? Sa fusion en 2010 avec Ticketmaster, leader mondial de la vente de billets de spectacles, lui a permis d’améliorer sensiblement son cash flow. 

Il subsiste néanmoins quelques exceptions. En France, elle se prénomme Mylène Farmer : “C’est une artiste qui réussit à la fois à vendre beaucoup de disques et à se produire au Stade de France grâce à un public très fidèle”, analyse Serge Assayag, spécialiste des revenus des artistes pour le cabinet de conseil Weave. 

Les mercenaires et les fabricants

L’avenir du rock et de la variété sera sans doute marqué par une séparation de plus en plus marquée des activités. D’un côté, des interprètes qui répondront de plus en plus à des critères dignes d’un casting et pourraient devenir de vrais mercenaires de la scène. De l’autre, des auteurs compositeurs qui les alimenteront en contenus. Cette dichotomie existe déjà depuis longtemps en Asie et commence à se développer sur le marché anglo- saxon et francophone. Lady Gaga et Céline Dion en sont sans doute les meilleurs exemples. 

Pendant ce temps-là, les Rolling Stones, eux, ne connaissent pas la crise. Leur prochaine tournée donne lieu à une foire d’empoigne et sans doute d’enchères entre leur producteur habituel Michael Cohl et Live Nation. Il se murmure qu’ils pourraient être les vedettes surprises de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques à Londres, le 27 juillet, toute juste cinquante ans après leur premier concert dans cette ville. Aujourd’hui encore, leurs perspectives pourraient se résumer en ce seul mot : satisfaction. 

Droits d’auteur 

L’autre modèle : “le songmaker” 

C’est une autre exception culturelle française. Elle se situe entre le modèle de l’auteur compositeur interprète façon Rolling Stones et le compositeur « pur player » qui travaille dans l’ombre des studios d’enregistrement. Dans l’hexagone une catégorie de chanteurs compositeurs tire ses revenus tout autant de ses propres interprétations que de ses compositions pour d’autres. Michel Berger hier, Didier Barbelivien, Pascal Obispo et Mathieu Chédid aujourd’hui en sont les illustrations les plus prolifiques. En marge de leurs propres disques, ils composent de manière officielle pour d’autres. Le plus multicartes est sans doute Jean Jacques Goldman (l’un des plus importants percepteurs de droits à la SACREM) qui a officié avec succès pour Patricia Kaas, ou Johnny Halliday. 

Mais c’est sans doute Céline Dion qui a le plus bénéficié de ses talents de compositeurs. Son succès dans l’hexagone repose en grande partie sur les compositions de Goldman. Sans doute moins flatteur pour les égos, le statut d’auteur-compositeur est néanmoins le plus lucratif. Lors d’un concert, une taxe de 9% est versée à la SACEM qui la redistribue aux concepteurs des œuvres. Sans compter leur rémunération sur les passages en radio et les ventes de disques qui est en générale supérieure à celle de l’interprète. Et dès lors qu’un titre phare comme « my way » est repris par plusieurs artistes successifs (Claude François, Frank Sinatra, Paul Anka), c’est le compositeur français, Jacques Revaux, qui touche le jackpot.

 Franck Bouaziz Publié le 20/06/2012 |Le Nouvel Economiste

http://www.lenouveleconomiste.fr/its-not-only-rockn-roll-15283/

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5 réponses »

  1. Oui vous touchez juste mais je m’interroge : est-ce que cette logique de domination n’a pas toujours existé dans l’histoire de l’humanité ?

    • @Cordier

      Si, mais à un degre moindre et puis avant, on ne nous bassinait pas avec la litanie du progres , litanie qui masque un retour en arrière .

      L’exploitation a toujours existé et je crains qu’elle n’existe toujours, mais elle n’était pas accompagnée de telles mystifications qui font prendre les vessies pour des lanternes.

      La tonte des moutons n’est pas une manifestation de leur liberté.

      Non contents de vendre leur image aux publicitaires et aux banques, ces pitres font les relations publiques des politiciens:

      La complexité du système est telle , la puissance de la propagande et du politiquement correct sont telles qu’elles permettent d’atteindre des sommets.

  2. Au-delà de la 120ème place dans le classement mondial des joueurs de tennis les-dits joueurs non seulement ne gagnent pas d’argent mais en sont de leur poche… dixit Guy Forget. Ils sont fous ces tennismen !

  3. noah et forget ne sont que la partie émergée de l’iceberg.il me semble que lors du scandale clearstream on a (vite )parlé de stars de cinéma ,de tops models de politiques et d’hommes d’affaires qui lessivaient leurs revenus au luxembourg.sur la liste il n’y avait pas que sarko!il semble que tous les hauts revenus aient pris l’habitude d’optimiser fiscalement leurs revenus.et je souscris totalement a votre critique de forget lorsqu’il déclare que sa carriére courte justifie l’optimisation fiscale:c’est obscène!on peut se demander quelle est la raison pour laquelle il y a tant d’argent dans le sport pro,le football en particulier:j’ai ma théorie la dessus en voyant ce qui se passe a londres.l’achat d’un club de football est clairement une porte d’entrée dans la place financière londoniene,la possibiliter de lessiver de fortes sommes d’argent sale dans le paradis fiscal qu’est londres

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