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Prix de l’or: les grandes manœuvres

Prix de l’or: les grandes manœuvres

Le scandale qui vient d’éclabousser la Barclays Bank à propos de la manipulation du taux interbancaire, le fameux Libor, est instructif à plus d’un titre. D’abord, parce que les grandes affaires de corruption annoncent souvent des fins de règne, ce qui laisse à penser que la mise à pied du tout-puissant patron de cette banque en annonce d’autres. Mais, aussi, parce que toute cette affaire prenait sa source à l’occasion d’un fixing. Comprenez un accord car­tellaire, par définition opaque. Or, pour les financiers, la notion de fixing est d’abord rattachée au métal jaune, dont le prix est ainsi arrêté quotidiennement à Londres.

D’ici à penser que le prix de l’or a fait l’objet de nombreux «arrangements», il n’y a qu’un pas, dont les médias parlent ces jours-ci. Des traders connus détiennent en effet d’énormes positions dites «short» qui visent à faire baisser les prix. Plus largement, le métal jaune a de nombreux détracteurs. Pour ne pas dire de puissants ennemis, à commencer par les banquiers centraux qui ne veulent surtout pas lui reconnaître son statut de monnaie refuge. Ces derniers savent, en effet, que la hausse du prix de l’or coïncide souvent avec une gestion laxiste de la masse monétaire dont ils sont justement responsables.

Quant aux banquiers, leur relation à l’or est ambiguë. Officiellement, ils vantent les mérites de diversification d’un tel actif et recommandent les actions minières ainsi que des achats dits «en compte-métal». Dans ce dernier cas, les banques les plus prudentes détiennent dans leurs coffres les quantités correspondantes pour être en mesure, en cas de situation exceptionnelle, d’allouer à chaque client la quotité physique qui lui revient.

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Mais, le plus souvent, la part de l’or détenue par les banques sous forme de lingots ou de pièces est faible par rapport aux encours des comptes métaux, sans parler des produits structurés détenus dans leurs livres et qui totalisent des chiffres immenses. Si une crise importante devait survenir, l’émetteur ou la contrepartie de ces derniers risque fort de se retrouver aux abonnés absents.

C’est dans cette logique qu’il convient de poser une question encore incongrue: verrons-nous bientôt apparaître une divergence notoire entre le prix de l’or physique et celui de l’or-papier? Officiellement, non. Mais la mémoire collective de l’Occident a oublié les grandes spoliations du passé, et rares sont les Américains qui se souviennent qu’un de leurs présidents, peu soucieux de protéger la propriété privée, avait simplement déclaré illégale en 1933 la détention d’or par les particuliers. La manipulation de l’or, monnaie ultime, reste plus que jamais à l’ordre du jour.

 Par François Gilliéron Consultant indépendant /Le TempsJuil12

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Sprott « ne peut pas imaginer que l’or redescende »

 Brent Lewin/Bloomberg

Brent Lewin/Bloomberg

 C’est ce qu’Eric Sprott a déclaré en entrevue à l’agence Bloomberg en ajoutant qu’il faisait cette prévision parce qu’il « ne voyait pas de solution prochaine » au problème de la dette souveraine. 

L’or, qui a progressé successivement durant les onze dernières années, n’a presque pas augmenté depuis le début de 2012 et reste 19 % sous la barre des 1 923,70 $, le montant record atteint le 6 septembre 2011. 

Eric Sprott s’attend néanmoins à ce que le métal précieux remonte à des niveaux supérieurs d’ici la fin de l’année : « L’or a coupé le souffle à tous les marchés du monde depuis 2000, ne l’oublions pas. » 

Ne voulant pas faire de prédiction précise, Eric Sprott a déclaré que la « croissance future des prix était indéfinissable parce qu’elle dépend toujours des décisions des politiciens ». Selon lui, les gouvernements, en incluant celui des États-Unis, n’ont pas les ressources nécessaires pour remplir leurs obligations en termes de dette souveraine. 

« Nous sommes devant un problème fondamental dans le système bancaire et celui de la dette souveraine dans le monde, a-t-il déclaré. Je crois que probablement personne n’a une conception adéquate de la situation. Personne ne voit à quel point tout va mal. » 

Le financier canadien a toutefois l’habitude d’être un bon lecteur de boule de cristal puisqu’il avait prédit, en mai 2011, que l’or atteindra les 2000 $ durant l’année. En 2008, il avait aussi prévu la chute des titres bancaires avant même la disparition de Bear Stearns.

Source Bloomberg /F&I Juil12

2 réponses »

  1. Trés bonne analyse; l’or finira par avoir le dernier mot,c’est inéluctable (cf la fin du système soviétique etc… ) mais ses ennemis sont encore puissants.

  2. il y a beaucoup de vente d’or physique par les particuliers pour assurer les fins de mois.cela date de plusieurs années.il y a une floraison d’echoppes de rachat d’or.je doute que ces magasins en revendent.donc pression négative sur le physique aussi.mais tous ceux qui possèdent du physique depuis 40 ans savent ce qui s’est passé au niveau cours…..

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