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Another brick in the Wall: Cascade de signaux négatifs au Brésil- retour vers le passé!

Another brick in the Wall: Cascade de signaux négatifs au Brésil- retour vers le passé!

Faible croissance économique, inflation  en hausse, chute du solde commercial: les indicateurs et signaux négatifs se succèdent au Brésil et font chuter la popularité du gouvernement de Dilma Rousseff, à un peu plus d’un an de la présidentielle.

«La présidente Rousseff sait que sa popularité chute et l’inflation est un mal redouté par tous les Brésiliens», a-t-elle ajouté. L’inflation s’est établie à 6,5% sur un an en mai, le taux de tolérance maximum fixé par le gouvernement.

En raison des craintes d’un retour de l’inflation, bête noire du pays pendant des décennies, le taux de popularité du gouvernement Rousseff a chuté pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir en 2011. La chute a été de 8 points (de 65% en mars à 57% en juin), selon un sondage de l’institut Datafolha et de deux points, selon celui de MDA (de 56,2% en juillet 2012 à 54,2% aujourd’hui). Mais la présidente reste de loin la favorite de la présidentielle en octobre 2014. «La crise touche la poche du Brésilien», a souligné le directeur de Datafolha, Mauro Paulino. Le prix des tomates a en effet grimpé de 96% en un an (à mai), celui des oignons de 70% et ceux du riz et du poulet de 20% et 23% respectivement.

«Le seul signal positif a été que la Banque centrale a relevé son taux d’intérêt directeur – de 0,5 point de pourcentage à 8%, au-dessus des prévisions du marché- pour contrer l’inflation», a déclaré Margarida Gutierrez, experte en macro-économie de l’Université Fédérale de Rio de Janeiro (UFRJ).

And here’s a a chart of how the Brazilian central bank is trying to push down the rise of the dollar, without success (see spikes).

BRIC interest rates - India China Russia Brazil

Pour 2013, le gouvernement table sur une croissance de 3,5% du PIB -alors que les marchés misent sur 2,5% seulement- et une inflation de 5,8%.

Le Brésil a enregistré une piètre croissance de 0,6% au premier trimestre par rapport au précédent, après une croissance de 0,9% en 2012 et de 2,7% en 2011, très loin des 7,5% de 2010.

Brazil industrial production and GDP growth 

Au cours des cinq premiers mois de l’année, la septième économie mondiale a accumulé un déficit commercial de 5,3 milliards de dollars,  un très mauvais résultat.

Au vu des ces résultats, l’agence de notation Standard and Poor’s (S&P) a réduit sa perspective de la note de la dette souveraine du pays à long terme («BBB») de stable à négative.

Une réduction de «la confiance des investisseurs» en raison de la «politique fiscale plus expansive avec détérioration de l’excédent primaire» avec laquelle le gouvernement a répondu à la timide croissance, explique cette perspective négative, d’après Sebastian Briozzio, directeur chez S&P au Brésil. «Le Brésil pâtit de la mauvaise passe de l’économie mondiale, avec la récession dans la zone euro, la récupération lente des USA et le ralentissement de la Chine», explique Felipe Queiroz, analyste de l’agence de notation financière brésilienne Austin Rating.

«Il y a eu une chute des investissements (en provenance de l’étranger-fuite de la hot money)par rapport au PIB ce qui rend le pays moins compétitif sur le marché extérieur. En 2012 ils représentaient 18,1% par rapport au PIB contre 19,5% en 2010», souligne-t-il.

Au cours des 12 derniers mois, le real s’est déprécié de 24% face au dollar, coté à 2,15, ce qui pousse à la hausse le prix des produits importés et l’inflation dans un pays où 40 millions de personnes ont rejoint la classe moyenne au cours des douze dernières années grâce aux plans sociaux du gouvernement (soucieux de redistribution et bien peu d’investissement) et à un boom de l’économie portée par une consommation gourmande avant tout… de produits importés!

Le Carry trade n’est plus ce qu’il était!: yen contre real

En raison de la volatilité du real, la Banque centrale est intervenue plusieurs fois sur le marché  pour soutenir sa devise face au billet vert.  «Produire au Brésil est très cher, l’industrie locale perd de la compétitivité et les importations ont beaucoup augmenté», explique encore  Mme Gutierrez de l’UFRJ. L’activité industrielle, moteur de l’économie brésilienne, a reculé de 0,8% en 2012 mais elle donne de légers signes d’amélioration avec un solde positif de  1,6% au cours des quatre premiers mois de cette année. Pour de nombreux experts, le gouvernement a encouragé la consommation mais l’offre n’a pas suivi la croissance de la demande, ce qui a entraîné la hausse de l’inflation causant un «décalage de croissance » qui affecte l’économie et se traduit par un secteur manufacturier faible et non compétitif et des dépenses de consommation trop forte.  Gris Newman, économiste en chef pour l’Amérique latine chez Morgan Stanley ajoute que le taux de change real/dollar a augmenté de façon spectaculaire au cours des dix dernières années, rendant certe les  produits d’exportation (agricoles et matières premières) toujours moins compétitifs mais bénéficiant d’une demande accrue du reste du monde (Chine en particulier) et que des mesures en termes d’investissement visant à accroître la productivité ( produire moins cher et ainsi  contrer la hausse du real à l’export) auraient dû accompagné  ce mouvement….Au lieu de cela le Brésil a dilapider cette manne dans le clientélisme électorale et dans la surconsommation ( de produits importés de surcroit certes  de moins en moins chers mais ne stimulant en aucun l’économie locale) 

Désormais il est trop tard le boom de la consommation « scandaleux » qui a conduit la croissance économique du Brésil entre 2003 et 2011 ne devrait pas probablement se répéter de sitôt. C’est fini. C’était un de ces cycles « marchandise » qui arrive une fois tous les 30 ans. 

 Le Brésil a loupé le coche d’ une sorte de  mercantilisme « à l’allemande »,  une conjonction de 3 phénomènes:  des entrées de capitaux étrangers en provenance des pays développés qui stimule la fortune de l’économie locale relayé par des mesures visant à dynamiser l’investissement local et à créer une véritable économie de l’offre portée par des exportations bénéficiant d’une demande accrue parce que spécifique s sur fond d’une monnaie forte. Le tout étant protégé par la constitution de fortes réserves de change visant à protéger l’économie d’une fuite des capitaux étrangers et à soutenir la monnaie le cas échéant….laissant les coudées franches à la Banque Centrale de gérer ses taux à sa guise… 

Au lieu de cela le Brésil à fait le choix d’une surconsommation « à la française » il ne lui reste donc plus que l’arme de la dévaluation compétitive et à brader ses bijoux de famille s’il ne veut pas connaitre les « joies » d’une inflation galopante et d’un indice de la misère revenu à ses plus hauts!

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