Detroit, la plus grande faillite urbaine de l’histoire des Etats-Unis: c’était écrit!!!
Après le dépôt de bilan de General Motors et de Chrysler, en 2009. Après un recensement confirmant que la métropole de 2 millions d’habitants sous l’ère Eisenhower n’en comptait plus que 700 000. Après un krach financier ayant chassé de leur pavillon impayé des milliers de citoyens. Le tuteur financier imposé en mars dernier par l’Etat du Michigan, l’avocat Kevyn Orr avait rendu déjà son diagnostic, le 12 mai: La ville est «insolvable»!!!
Vendredi, pour la première fois, Kevyn Orr a dû carrement jeter l’éponge sur le remboursement d’une des innombrables traites des 15 milliards de dollars de dettes de la municipalité. Il doit rencontrer jeudi les syndicats pour tenter de faire accepter une baisse des retraites. Si c’est non? Les tribunaux devront organiser la plus grande faillite municipale aux Etats-Unis. En attendant que le nouveau maître de Detroit ne leur présente son plan d’économies, les milieux financiers font leurs comptes. Exigeant des taux d’intérêt implicites de 12% – davantage que ceux de la Grèce – pour conserver leurs emprunts Motown. Chantage destiné à imposer des coupes claires dans les services publics et les retraites, hurlent les syndicats. Le maire, Dave Bing, entré en fonction en 2009 alors que son prédécesseur rejoignait la case prison, ne répond plus. L’ex-gloire du basket pro ne se représentera pas aux élections de novembre.
Faisant écho aux friches industrielles et aux quartiers fantômes, les indicateurs socio-économiques ne montrent qu’un cap. Celui du non-retour. Chômage approchant les 25%, peut-être le double si l’on ajoute ceux ayant renoncé. Fermeture de 200 écoles en dix ans. Un enfant sur deux vivant dans la pauvreté – 23 000 dollars par an pour une famille de quatre. La moitié des adultes maîtrisant à peine la lecture. Ou pas. Et puis les relations raciales empoisonnées dans une ville ne comptant plus que 75 000 résidents blancs; contre 1,5 million en 1950.
Voici quelques faits au sujet de Detroit qui sont absolument hallucinants …(Source economic collapse http://theeconomiccollapseblog.com/archives/rotting-decaying-and-bankrupt-if-you-want-to-see-the-future-of-america-just-look-at-detroit
1 – Detroit était autrefois la quatrième plus grande ville des États-Unis, et en 1960, Detroit a eu le revenu par habitant le plus élevé dans toute la nation.
2 – Au cours des 60 dernières années, la population de Detroit a diminué de 63 pour cent .Autrefois 4ème ville la plus peuplée des Etats-Unis, sa population est passée de 1,8 million d’habitants en 1950 à 685 000 actuellement.
3 – Aujourd’hui, environ 40 pour cent de tous les lampadaires de la ville ne fonctionnent pas.
4 – Certaines ambulances dans la ville de Detroit ont été utilisés depuis si longtemps qu’elles ont plus de 250.000 miles au compteur
5 – 210 des 317 parcs publics de la ville de Detroit ont été fermé définitivement .
6 – Selon le New York Times, il y a maintenant environ 70.000 bâtiments abandonnés à Detroit.
7 – Environ un tiers de la surface de Detroit est soit vacant ou abandonné.
8 – Moins de la moitié des habitants de Detroit de plus de 16 ans travaillent à…Detroit
9 – 60 pour cent des enfants de la ville de Detroit vivent sous le seuil de la pauvreté.
10 – Selon un rapport, 47 pour cent des résidants de Detroit sont des analphabètes fonctionnels.
11 – Aujourd’hui, la police arrive à résoudre moins de 10 pour cent des crimes qui sont commis à Detroit.
12 – Il y a dix ans, il y avait environ 5.000 policiers dans la ville de Detroit. Aujourd’hui, il y en a seulement environ 2500…
13 – En raison de restrictions budgétaires, la plupart des postes de police de Detroit sont maintenant fermés au public pendant 16 heures par jour .
14 – Le taux de criminalité à Detroit est 11 fois plus élevé qu’il ne l’est à New York.
15 – l’insécurité est tellement grande à Detroit que même les policiers disent aux gens : « Si vous entrez à Detroit c’est à vos risques et périls ».
16 – À l’heure actuelle, la ville de Detroit est confrontée à 20 milliards de dollars de dettes et d’engagements non capitalisés. Ce qui représente plus de 25.000 $ par habitant.
17 – À ce stade, la ville de Detroit doit de l’argent à plus de 100.000 créanciers.
18) -En 1950, il y avait environ 296.000 emplois manufacturiers à Detroit. Aujourd’hui, il ya moins de 27.000.
19) -Entre Décembre 2000 et Décembre 2010 , 48 pour cent des emplois manufacturiers de l’État du Michigan ont été détruits.
20) -La ville de Detroit est désormais très fortement dépendante des recettes fiscales, elle en tire des casinos de la ville et pour la somme rondelette de 11 millions de dollars par mois.
21) -Il existe 70 sites de déchets dangereux “Superfund” à Detroit.
PLUS DE DETROIT EN SUIVANT:
Le berceau de l’industrie automobile américaine a une dette de 18,5 milliards de dollars. Elle souhaite pouvoir négocier le montant de l’ardoise avec ses créanciers
L’implication du rappeur Eminem et de l’acteur Clint Eastwood n’aura pas suffi. Les deux stars américaines originaires de Detroit avaient tourné en 2011 des spots télévisés à grand budget pour le compte du groupe Chrysler. Ils y martelaient que «la partie n’était pas encore jouée», que la ville du Michigan avait encore des atouts en main. Jeudi soir, le tribunal des faillites de Detroit a pourtant sifflé la fin de la partie. La ville s’est officiellement déclarée en faillite.
Fleuron historique de l’industrie automobile américaine, «Motor City» est ainsi devenue la plus grande ville de l’histoire des Etats-Unis à se déclarer en défaut de paiement. «Je prends cette décision difficile afin que les habitants de la ville aient accès aux services publics les plus élémentaires et pour que Detroit reparte sur de solides bases financières, qui lui permettront de croître à l’avenir», a expliqué Rick Snyder, le gouverneur républicain de l’Etat du Michigan qui a autorisé la demande de mise en faillite. «Je sais que beaucoup verront dans cette action l’un des points noirs de l’histoire de la ville», a-t-il poursuivi, dans une lettre qui accompagnait l’acte déposé au tribunal de Detroit.
Une mise en faillite, si elle est approuvée par la Cour fédérale, permettra à la ville de renégocier une dette devenue insoutenable. Une charge accumulée qui s’élève à quelque 18,5 milliards de dollars (17,4 milliards de francs suisses), a précisé jeudi Kevyn Orr, l’agent engagé en mars 2013 par la municipalité pour gérer la faillite. Connu pour avoir participé à la réorganisation de Chrysler en 2009, l’avocat de 54 ans avait alors déclaré que le redressement de Detroit équivaudrait aux «Jeux olympiques de la restructuration».
Kevyn Orr avait aussitôt entrepris des négociations avec les créanciers, les fonds de pension et les détenteurs d’obligations de la ville pour parvenir à un accord. Sans succès. Le mois dernier déjà, il avait prévenu que Detroit serait obligée de faire défaut sur une partie de sa dette. Et suspendu tous les paiements aux banques. Il résumait alors les causes de la crise actuelle en quelques points: «Une mauvaise gestion financière, une population en baisse et une érosion de la base fiscale depuis 45 ans.»
Echaudés par le projet de Kevyn Orr, des fonds de pension – auxquels Detroit doit 9 milliards de dollars – ont lancé une procédure judiciaire pour empêcher toute coupe dans les retraites de leurs souscripteurs. En vain? Si la déclaration de faillite est approuvée, la ville sera placée sous la protection du chapitre IX de la loi américaine sur les faillites et Detroit pourra alors suspendre le remboursement de ses dettes et renégocier les montants avec ses créanciers. Sans risquer d’être attaquée en justice. La ville pourra également demander à un juge de prononcer l’annulation de certains contrats, notamment avec les syndicats.
Le long déclin économique et financier de Detroit, qui a commencé dès le milieu du XXe siècle, s’est conjugué avec une dégradation des conditions sociales. Le taux de chômage y atteint 18% de la population active pour une moyenne nationale de 7,6%. La population est passée de 1,85 million d’habitants en 1950 à quelque 700 000 aujourd’hui. Selon un rapport de Kevyn Orr publié en mai, le berceau des «Big Three» – pour Ford, Chrysler et General Motors – compte 78 000 bâtiments inoccupés et 60 000 priorités laissées à l’abandon. L’industrie a vu son nombre d’employés passer de 296 000 en 1950 à 27 000 en 2011. L’administrateur soulignait que si rien ne changeait, le coût de la santé pour les retraités du service public – soit 20 100 personnes – s’élèverait à 163 millions pour l’année fiscale à venir.
L’évolution de la situation est suivie de près par les employés de la ville, qui craignent de voir leurs retraites coupées. Sur les plus de 18,5 milliards, neuf milliards sont en effet dus à des fonds de retraite. Detroit compte 10.000 employés du service public et 20.000 retraités du même secteur.
Jeudi, l’avocat a toutefois assuré que «rien ne changerait» pour les citoyens ordinaires. «Les services [publics] continueront d’être assurés, les salaires seront versés et les factures payées», a-t-il expliqué. Tout en précisant qu’il espérait que la ville puisse sortir de son état de banqueroute à la fin de l’été 2014. Voire à l’automne
Avec la mise en faillite de Detroit, les municipalités du Michigan et, par ricochet, d’autres Etats du pays, risquent d’avoir des difficultés à emprunter de l’argent, faute de confiance des prêteurs.
Prochaine étape: un juge devra dire si Detroit peut se placer sous la protection de la loi sur les faillites, qui lui permet de renégocier sa dette.
Detroit rejoint donc le rang des grandes municipalités américaines ayant fait faillite suite à la crise financière de 2008. Au même titre que Jefferson County en Alabama ou encore San Bernardino et Stockton en Californie.
Les autres villes US menacées de faillite
Par Sébastien Dubas et Valère Gogniat/Le Temps 20/7/2013
http://www.letemps.ch/Page/Uuid/0dd44288-f09c-11e2-886c-e9b61a06518b%7C1
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La loi américaine sur les faillites, le Federal Bankruptcy Code, date de 1978 pour sa dernière mouture, modifiée toutefois à plusieurs reprises, dont en 2005. Elle prévoit une série d’articles (chapters) selon le statut du «faillitaire».
Quelle est la procédure légale prévue?
Pour les villes et collectivités, c’est le chapitre 9 du Bankruptcy Code qui traite des faillites. Ainsi, en 1994, le comté d’Orange, Californie, devenait le plus grand comté placé en faillite, après le refus des habitants d’une hausse des impôts afin d’équilibrer un budget plombé par la stratégie financière hasardeuse du trésorier de l’administration.
Contrairement aux chapitres 7 ou 13 sur les faillites personnelles ou entrepreneuriales, plus usités, le chapitre 9 ne permet pas la liquidation des actifs. Aucun risque donc de voir les bâtiments publics, les équipements de la police ou des pompiers vendus au plus offrant.
Ce que prévoient les textes, c’est qu’un gestionnaire d’urgence soit nommé. Il est chargé de présenter un «plan d’ajustement de la dette» pour traiter les réclamations en suspens contre les finances de la ville, et de négocier avec les différents créanciers. A Detroit, c’est Kevyn Orr qui aura cette mission.
Sur le plan judiciaire, afin d’éviter tout conflit d’intérêt, les procédures ne peuvent être confiées à un tribunal relevant de la juridiction locale, contrairement à une faillite personnelle ou d’entreprise. Elle sera confiée à l’un des tribunaux de ce que les Américains appellent le «6e circuit», qui regroupe Michigan, Ohio, Kentucky et Tennessee. C’est le juge en chef de la Cour d’appel de ce «6e circuit» qui déterminera le lieu de l’instruction.
Quel sera le calendrier?
Dès le dépôt de la procédure de faillite, Detroit a bénéficié d’une protection de ses biens vis-à-vis des créanciers, en vertu d’une «suspension automatique», une disposition du Bankruptcy Code qui empêche les créanciers de se servir pour se rembourser.
Le tribunal chargé de la faillite n’ayant pas le pouvoir de s’ingérer dans les affaires quotidiennes de la ville, en vertu du Bankruptcy Code, les habitants de Detroit ne seront pas privés de police, de secours ou d’autres services publics.
La ville conserve également le droit de recourir, sans demander l’autorisation du tribunal, à l’emprunt, afin de disposer des fonds nécessaires pour poursuivre ses activités.
Les autorités politiques ne sont soumises à aucune tutelle de la part des autorités judiciaires. Kevyn Orr ne pourra exercer son mandat que sur les 18,5 milliards de dollars de dette de la cité.
Quels sont les droits des créanciers?
La suspension automatique des procédures de recouvrement des créances, induite par le placement en situation de faillite de la ville, ne bloque pas toutes les procédures. Les créanciers conservent le droit de s’opposer à ce processus de faillite en déposant une requête.
Pour que le placement en situation de faillite soit validé, la ville doit avoir négocié de bonne foi avec ses créanciers. Si ces derniers arrivent à convaincre le juge que ces négociations de bonne foi n’ont pas été menées, la procédure de faillite peut être annulée.
Le dépôt des oppositions et leur examen par le tribunal pourraient prendre des semaines voire des mois. Dans ce laps de temps, la procédure de faillite n’est pas suspendue et les protections qu’elle accorde demeurent.
Et de ce côté-ci de l’Atlantique?
L’éventualité de la faillite d’un Etat s’est présentée récemment, avec la situation critique de la Grèce. Dans l’histoire, plusieurs faillites ou banqueroutes de pays ont été enregistrées, comme celle de la France en 1797, en pleine Révolution française.
Un Etat peut donc se retrouver en cessation de paiements: du fait de dettes trop importantes, il peut être incapable de les rembourser, voire de rémunérer ses fonctionnaires et de garantir les services publics. Toutefois, contrairement aux entreprises en faillite, aucune «liquidation» sur la base des actifs n’est prévue.
En cas de faillite, l’Etat concerné peut négocier avec ses créanciers afin d’établir un nouveau calendrier de paiement des dettes, avec un délai supplémentaire pour rembourser. Dans les cas les plus extrêmes (et c’est ce qui s’est passé avec la Grèce), certains établissements financiers peuvent abandonner une partie des créances pour permettre à l’Etat de rembourser le reste.
L’aide peut également venir d’institutions internationales: le FMI ou, pour ceux qui en sont membres, l’Union européenne, peuvent se substituer aux banques et prêter des fonds à l’Etat concerné pour lui permettre d’assurer ses paiements.
Source Bilan.ch 19/7/2013
http://www.bilan.ch/argent-finances/detroit-ville-en-faillite-quest-ce-que-ca-veut-dire
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La faillite de Detroit menace le groupe Dexia
La faillite de la ville américaine de Detroit pourrait avoir un gros coût pour le groupe Dexia, rapportent plusieurs quotidiens samedi. Le groupe belgo-français possède dans son portefeuille certaines créances détenues par Detroit, pour un montant qui pourrait atteindre 100 millions d’euros.
Dexia avait investi en 2006, peu avant la crise financière mondiale, dans un paquet de produits financiers complexes émis par la ville de Detroit afin de financer son fonds de pension. Dexia n’est pas le seul bancassureur concerné par ces produits. D’autres institutions financières européennes, telles la Société Générale ou Commerzbank, sont également touchées.
Dexia avait constitué à l’époque une provision en vue d’une éventuelle faillite de la ville, dont les problèmes financiers ne datent pas d’hier. Ces provisions ont été calculées en tenant compte d’une intervention de l’Etat du Michigan. Or, celui-ci pourrait ne pas agir.Les provisions s’avéreraient alors insuffisantes et la facture pourrait s’élever à 100 millions d’euros pour Dexia. Le capital du groupe serait dès lors encore plus écorné.
Source: Belga 20/7/2013
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Les banques européennes rattrapées par la faillite de Detroit
Ils relativisent l’impact sur leurs comptes du défaut de la ville.
Pour tenter d’éviter que Detroit se déclare en faillite, les banques avaient accepté, le 15 juillet dernier, que la municipalité ne leur rembourse que 75 % du montant total de ses dettes. –
Un problème chasse l’autre chez UBS. Le jour même de l’annonce d’un « accord de principe » avec l’Agence fédérale américaine de financement immobilier (FHFA) pour le règlement du litige concernant les actifs douteux vendus aux organismes de crédit hypothécaires Fannie Mae et Freddie Mac, la banque suisse se retrouvait embourbée hier dans la faillite de Detroit. Selon le « Wall Street Journal », UBS s’est chargé en 2005 de vendre pour la ville déjà très endettée plus de 1,4 milliard de dollars d’obligations municipales afin de lui permettre de financer son fonds de pension. Plusieurs autres banques européennes, notamment les plus fragilisées déjà, auraient souscrit l’équivalent de 1 milliard de dollars de ces « certificats de participation » susceptibles de perdre toute valeur.
Une souscription qui promettait d’être lucrative
En Allemagne, la « bad bank » de Hypo Real Estate, répondant du nom de FMS Wertmanagement, est ainsi la plus exposée. Celle-ci reste en effet assise sur une obligation de 200 millions de dollars émise par la ville américaine. Mais les titres ont déjà été dépréciés dans les comptes, a tempéré un porte-parole. Il s’agit en outre d’une infime portion d’un total de 176 milliards d’euros d’actifs toxiques hérités en 2010, dont la banque bavaroise se débarrasse au fil de l’eau.
Commerzbank quant à elle détient un total de 4,5 milliards d’euros en créances publiques aux USA, mais ne dit pas si la ville de Detroit en fait partie. Selon le site d’informations Quartz, la banque aurait souscrit à un produit structuré à partir d’engagements de retraites. Enfin, Deutsche Bank serait aussi exposée mais d’une manière négligeable, indiquent des sources financières alors que la banque n’a pas souhaité faire de commentaires. En France, la plupart des banques se disent épargnées, à l’exception de Dexia. Le groupe franco-belge aurait en effet acheté plusieurs centaines de millions d’euros de certificats de participation de Detroit mais l’impact de la faillite de la ville américaine sur ses comptes ne dépasserait pas 59 millions d’euros au deuxième trimestre. Son exposition totale s’élève à 305 millions de dollars selon le groupe. « A l’échelle de Dexia, il n’y a pas d’enjeu matériel, il n’y a pas de sujet de solvabilité », confirme un connaisseur du dossier.
La souscription de certificats de participation promettait pourtant d’être lucrative puisque Detroit aurait dû payer 827 millions de dollars (627,2 millions d’euros) d’intérêts durant 20 ans au pool de banques européennes réuni par UBS. L’opération leur avait d’ailleurs déjà permis de toucher 46,4 millions de dollars (35,2 millions d’euros) de commissions. Pour tenter d’éviter que le berceau américain de l’automobile se déclare en faillite, les banques avaient accepté, le 15 juillet dernier, que la municipalité ne leur rembourse que 75 % du montant total de ses dettes mais cette concession n’a pas suffi à éviter que le piège ne se referme sur elles.
Par Frederic Therin, Jean-Philippe Lacour et Ninon Renaud Les Echos | 23/07 | 06:00
Emission obligataire en perdition: UBS aurait déjà trouvé un accord avec Detroit (en faillite)
UBS est au cœur d’une émission obligataire de la ville en faillite
Depuis que Detroit s’est déclarée insolvable, jeudi, on tente de faire les comptes. Avec une interrogation: qui seront les grands perdants du placement de «Motor City» sous la protection du chapitre 9 du code des faillites américain?
Lundi, le Wall Street Journal révélait ainsi l’implication de plusieurs grandes banques, dont UBS, dans la dette de 18,5 milliards de dollars accumulée par Detroit. Le quotidien new-yorkais décortique une complexe opération financière datant de 2005. La ville tente alors de remplir les caisses de ses fonds de pension publics. Ceux censés assurer les retraites des employés municipaux, des policiers et des pompiers.
Detroit se tourne vers la banque suisse. Avec «son grand réseau bancaire européen, elle pouvait assurer une forte demande pour la dette de la ville», témoigne une personne proche de l’affaire. UBS, menant un groupe de banques internationales, émettra au total plus de 1,4 milliard de dollars de titres de dettes, des «certificats de participation». Il est alors calculé que la ville devra payer 827 millions de dollars d’intérêts, durant les 20 années d’existence de ces certificats.
Pour s’assurer que cette facture n’augmente pas, les banques et la ville concluent une opération de hedging (couverture). En gros, celle-ci prévoit qu’en cas de hausse des taux, les banques payeraient Detroit. Dans le scénario inverse, la ville leur serait redevable, afin de conserver la validité de l’opération de couverture.
Ardoise supplémentaire
Au final, la plongée des taux post-crise financière a placé Detroit devant une ardoise supplémentaire de 13 millions de dollars par trimestre. Si bien que le mois dernier, la somme due par la ville à UBS et Bank of America atteignait presque 300 millions de dollars.
Contactée hier, UBS n’a pas voulu commenter ces informations. Les deux banques seraient toutefois tombées d’accord avec le responsable de la procédure de faillite. Elles se contenteront de percevoir 75% de cette somme. Tout en libérant Detroit de ses obligations. Cet accord exclut d’ailleurs toute réclamation ultérieure. De ces créanciers-ci, pour cette dette-ci.
Car la quête est bel et bien lancée. Selon divers médias, on sait déjà que les fonds de pension publics réclament 3 à 4 milliards. Pour Dexia, un chiffre de «moins de 100 millions d’euros» a été articulé ce week-end. Lloyds et Société Générale se sont déjà déclarées «sans exposition» à Detroit. Commerzbank, elle, ne répond pas.
Source Le Temps 23/7/2013
REVUE DE CRISE
La ville de Detroit endettée: vers la plus grande faillite de l’histoire des USA?
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