L’Etat Islamique Par Samuel Laurent
“L’Etat islamique doit le fleuron de son arsenal à la France” Samuel Laurent interrogé par Véliocas.
Interview de Samuel Laurent, auteur de “L’Etat islamique: organigramme, financements, filières..(Seuil, 2014) par Joachim Véliocas au Press Club de Paris le jeudi 4 décembre 2014. A la fin de cette vidéo, en exclusivité, la bande annonce de la réédition de l’enquête Ces Maires qui courtisent l’islamisme en librairies en janvier.
Les combattants de l’Etat islamique méprisent l’Occident… Mais pas ses gadgets électroniques et ses friandises
Les résidents des zones dont l’EI a maintenant le contrôle tentent de survivre à la crise économique qui sévit dans le pays au terme de 3 années de guerre civile. L’alcool et la cigarette étant interdits, en raison de l’application de la charia, de nombreux cafés ont dû fermer. La séparation entre les hommes et les femmes a également décimé un grand nombre de restaurants.Mais certains ont trouvé un nouveau moyen de subsistance : fournir aux combattants de l’EI les paquets de chips, les barres chocolatées, les boissons énergisantes, les téléphones portables et autres treillis militaires que ceux-ci ont été habitués à consommer, et qu’ils ne parviennent plus à trouver dans leur pays d’accueil.
« L’économie dans les zones contrôlées par l’EI dépend maintenant des combattants étrangers. Tout le reste est à zéro », affirme Saleh, un vendeur de vêtements de la ville de Raqqa en Syrie.
Beaucoup de ces commerçants n’avaient jamais entendu parler de boissons énergisantes comme Red Bull, ni ne vendaient de barres chocolatées comme Snickers ou Bounty avant l’arrivée des combattants occidentaux de l’EI. « Ces snacks étaient ou bien inconnus, ou bien des produits de luxe que nous ne pouvions nous permettre d’acheter… Mais lorsque les combattants les ont réclamés, je n’ai posé aucune question. J’ai couru voir mon fournisseur, et je lui ai passé commande. Pringles et Snickers ? Les gars de l’EI les achètent par boîtes entières pour les partager sur le front », explique un commerçant qui a souhaité rester anonyme.
Dans l’Est de la Syrie, les boutiques d’électronique proposent des smartphones dernier cri. Les djihadistes ont le choix entre les derniers modèles Android et iPhone, alors que la population locale doit souvent se contenter de ses vieux téléphones portables Nokia. Les combattants venant des pays du Golfe en seraient particulièrement friands, et seraient très soucieux de se procurer les derniers gadgets lancés par leur marque favorite.
Toutes ces marchandises proviennent le plus souvent de Turquie. A Raqqa, une cannette de Red Bull est vendue près d’un euro, et à Deir Ezzor, un tube de Pringles coûte près de 4 euros. Mais le prix n’est guère un problème pour les combattants de l’EI. Les locaux affirment qu’ils sont payés au moins 160 euros par mois, le double du salaire moyen dans les zones contrôlées. De plus, ils perçoivent une indemnité pour leurs repas, et de fréquentes primes, sans parler du butin qu’ils peuvent s’approprier lorsqu’ils se livrent à des pillages.
« Ils nous gouvernent au nom de la religion, mais ils mènent la belle vie pendant que tous les autres souffrent », conclut l’un de ces commerçants.