Art de la guerre monétaire et économique

Ukraine : l’Europe au pays des Merveilles/ L’économie russe se militarise massivement/ Pourquoi la Russie ne va pas s’enfoncer dans la crise…

Ukraine : l’Europe au pays des Merveilles

Pierre Moscovici merveilles« Que vous ayez ou non de l’argent, dépensez-le. Voilà ce que conseille aujourd’hui le gouvernement ukrainien.

Cette philosophie n’est bien entendu pas différente de celle de n’importe quel autre pays, y compris des Etats-Unis.

Mais l’Ukraine est proche du défaut.

Voici un extrait de l’article Ukraine Can’t Scrimp on Military Spending as S&P Rating Cut :

Le lendemain de la réduction de la note de crédit de son pays, le président ukrainien a annoncé que le budget de l’an prochain ne devrait pas prévoir d’économies sur le domaine militaire, et devrait prendre en ligne de compte la possibilité d’une invasion.

« La guerre nous a rendus plus forts, mais elle a détruit notre économie, a déclaré Poroshenko. Il y a un domaine sur lequel nous ne pouvons nous permettre de faire des économies, et c’est celui de la sécurité nationale ».

L’Ukraine finalise son plan fiscal pour l’an prochain, alors que le conflit qui a ravagé son cœur industriel, situé sur la frontière avec la Russie, fait l’objet d’un cessez-le-feu. A mesure que son économie recule, et alors que ses réserves sont au plus bas depuis dix ans, le pays tente désespérément d’obtenir des aides internationales à hauteur de 17 milliards de dollars. Le 19 décembre, Standard & Poor’s annonçait qu’un défaut de l’Ukraine était inévitable, et a porté la note de crédit du pays à CCC-.

Avec des prévisions officielles qui pensent voir apparaître une contraction de 7% cette année, le gouvernement ukrainien aura besoin de 15 milliards de dollars en plus de son plan de sauvetage attendu pour pouvoir rester à flot.

« L’Union européenne et les Etats-Unis parlent d’envoyer un plan de sauvetage de 12 à 15 milliards de dollars à l’Ukraine, plan de sauvetage auquel la Russie devra elle aussi contribuer », a annoncé Pierre Moscovici, commissaire de la Commission européenne lors d’une réunion qui se tenait cette semaine à Washington. Une décision devra être prise d’ici janvier.

La guerre nous a rendus plus forts

Ce sont les propos qu’a tenus le président ukrainien.

Ce mensonge est si absurde que même ma grand-mère s’en retourne dans sa tombe. La preuve en est la note de crédit CCC- de l’Ukraine, qui n’est pas beaucoup plus élevée qu’un défaut.

Mais l’affaire prend des allures plus étranges encore.

Pour éviter un défaut, l’Ukraine a besoin de voir la Russie contribuer à son plan de sauvetage, selon les dires de Pierre Moscovici, commissaire de la Commission européenne.

Quelle ironie

L’Europe et les Etats-Unis ont imposé de lourdes sanctions à la Russie suite au conflit en Ukraine, et veulent désormais la voir refinancer l’Ukraine tout en continuant de l’accuser de l’avoir envahie.

Cerise sur le gâteau, le rouble russe a plongé de plus de 50% depuis le début de l’année. Mais l’Ukraine a besoin de l’argent russe pour combattre la Russie.

Voilà ce que j’appelle pure folie ».

Mike « Mish » Shedlock via 24hgold, le 24 décembre 2014

http://olivierdemeulenaere.wordpress.com/2014/12/27/ukraine-leurope-au-pays-des-merveilles/

L’économie russe se militarise massivement

Le Kremlin change de modèle de développement face à l’écroulement de ses recettes pétrolières

La Russie a réalisé mardi le premier lancement réussi de son nouveau lanceur lourd Angara, destiné à remplacer les fusées Proton. Mais ce n’est pas le directeur de l’agence spatiale russe (Roscosmos) qui est venu faire son rapport à Vladimir Poutine devant les caméras de télévision. C’est le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, dont dépendent les cosmodromes.

Sergueï Choïgou est plus que jamais dans les bons papiers de Vladimir Poutine. «Les deux hommes se voient tous les jours, alors que le patron de la première banque [d’Etat] du pays doit faire des pieds et des mains pour avoir une audience avec le président, se désole Igor Iourgens, président de l’Institut du développement contemporain. Les questions de défense intéressent désormais beaucoup plus le président que l’économie.»

Des dépenses record

A moins que ce soit simplement l’économie qui se militarise. Durant ses 14 années de pouvoir, Vladimir Poutine a profité d’une formidable rente pétrolière (3000 milliards de dollars), qui lui a fait dire que la Russie était devenue «une superpuissance de l’énergie». Sauf que la baisse actuelle des cours mondiaux des matières premières rappelle au Kremlin la vulnérabilité de ce modèle. La confrontation avec l’Occident dans la crise ukrainienne a aiguisé son désir de faire de la Russie une superpuissance tout court.

La Russie a lancé un programme de réarmement massif en 2011, promettant de dépenser 20 000 milliards de roubles (353 milliards de francs suisses d’aujourd’hui, le double à l’époque) jusqu’en 2020. Or, le mouvement s’accélère. L’année prochaine, les dépenses militaires vont augmenter de 30% (58 milliards de francs suisss), soit 4,2% du PIB russe, un record. Les dépenses de sécurité atteignent désormais près d’un tiers du budget fédéral russe, alors que celui-ci fondra faute de croissance et de la chute des cours du pétrole. Un arbitrage qui conduit à un fort recul des dépenses sociales.

Les trois Sergueï

Une rotation s’opère parallèlement au sein des barons de l’économie. Les oligarques et autres milliardaires subissent la crise de plein fouet. La version russe du magazine Forbes calculait lundi que les 20 plus grandes fortunes russes ont perdu 73 milliards de dollars depuis février 2014. La fuite de capitaux atteint des records, l’investissement continue de baisser. Trois hommes pèsent aujourd’hui davantage dans l’économie. Ce sont les «trois Sergueï»: Choïgou, Chemezov (patron de la corporation d’Etat RosTekh) et Ivanov (chef de l’administration présidentielle). Le politologue Dmitri Orlov lie leur émergence au processus de militarisation en cours. Selon le cabinet d’experts Minchenko Consulting, ces hommes, issus des structures de sécurité, ont vu leur influence croître aux dépens des partisans d’un rapprochement avec l’Occident. Ivanov veille aux dépenses de sécurité, Choïgou déchaîne l’appétit de l’armée et Chemezov étend son empire industriel bien au-delà du complexe militaro-industriel.

Est-ce pour autant un retour au modèle de subordination de l’économie à la constitution de l’armée la plus puissante du monde? «Impossible, rétorque l’expert militaire Pavel Felgenhauer. Nulle part au monde, l’industrie militaire ne peut plus faire office de locomotive économique. L’innovation technologique vient du privé et le militaire en profite parfois. Pas l’inverse. Les plans de Poutine sont voués à l’échec. Non seulement le budget ne permet plus d’assumer le réarmement, mais les technologies de pointe sont en Occident.»

PAR EMMANUEL GRYNSZPAN MOSCOU/ Le TEMPS Dec14

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/bee56e3e-8ade-11e4-894e-3285b5d7eb25/L%C3%A9conomie_russe_se_militarise_massivement

Poutine signe une nouvelle doctrine militaire ciblant l’Otan, et test de nouveaux ICBM (missiles balistiques thermonucléaires intercontinentaux)

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Comme le rapporte Zero Hedge :

La semaine dernière, après l’adoption à l’unanimité de l’Ukraine Freedom Support Act de 2014 au Congrès, nous avons écrit que « le monde attend la réponse russe alors qu’Obama rend l’aide « Lethale » légale Pour l’Ukraine .  » Nous n’avons pas eu à attendre longtemps: il y a une petite heure, Poutine a adopté une version actualisée de sa doctrine militaire, qui « reflète l’émergence de nouvelles menaces contre la sécurité nationale » qui pointe l’accumulation militaire de l’OTAN sur les frontières de la Russie ainsi que les Etats-Unis, et la situation déstabilisée dans certaines régions (lire Ukraine) comme principales menaces à la sécurité étrangères russe. La mise à jour de la doctrine a aussi, pour la première fois, pris en compte la protection de l’intérêt national russe dans l’Arctique (lire pétrole et gaz nat) parmi les priorités clés pour les forces armées de la Russie. En d’autres termes, Poutine non seulement ne recule pas  , mais il a encore une fois explicitement prévenu l’OTAN que toute action occidentale, soit en Ukraine ou ailleurs, aura une réponse proportionnelle. 

Mais l’essentiel du message était clairement axé sur les développements externes, parce que tandis que la doctrine déclarait explicitement que « la prévention de la guerre nucléaire et tout autre type de conflits sont au coeur des politiques militaires de la Russie» et que «Moscou se réserve le droit d’utiliser des armes nucléaires si Moscou, ou ses alliés subissent une attaque nucléaire ou non nucléaire « , quelques heures avant l’annonce de la doctrine, le missile balistique intercontinental Russe  Yars RS-24 effectuait un tir d’essai depuis le cosmodrome militaire de Plessetsk dans le nord-ouest du pays, selon les déclarations vendredi à TASS du porte-parole des Forces de missiles stratégiques (RVSN) du Ministère de la Défense russe , le colonel Igor Egorov. 

Le RS-24 Iars (code OTAN SS-X-29), missile à propergol solide et à trois étages, est une version modernisée du missile monobloc RS-12M2 Topol-M. Il est doté d’ogives multiples de 150 à 300 kt à guidage individuel et a une portée de 11.000 km. Le RS-24 constituera, avec le Topol-M monobloc (RS-12M2), le noyau des forces nucléaires russes

Un premier régiment équipé de missiles stratégiques RS-24 à têtes multiples est opérationnel depuis juillet20113. Chacun des missiles RS-24 emporte au moins quatre têtes nucléaires.

test du RS-24 Yars Le 26 Décembre 2014, au 11:02, heure de Moscou

 

http://www.zerohedge.com/news/2014-12-26/putin-signs-new-military-doctrine-names-nato-us-main-foreign-threat-test-fires-yars-

Trois jours après l’abandon par l’Ukraine de sa neutralité pour favoriser un rapprochement avec l’Otan, Vladimir Poutine a signé une nouvelle doctrine militaire qui identifie l’Alliance atlantique comme les principaux risques extérieurs de la Russie, annonce vendredi le Kremlin dans un communiqué.

Le vote par le parlement de Kiev, mardi, en faveur de l’abandon du statut de non aligné a provoqué la colère de Moscou.

Le vice-ministre de la Défense, Anatoli Antonov, a estimé que l’Otan cherchait à faire de l’Ukraine la « ligne de front » de son conflit avec la Russie. Il a menacé de couper totalement les ponts avec l’Otan si cette dernière devait intégrer l’Ukraine.

Il faudrait des années pour que l’Ukraine remplisse les critères techniques d’adhésion à l’Otan et il n’est même pas sûr que dans ce cas, l’ancienne république soviétique soit acceptée.

La précédente doctrine militaire de la Russie, signée par Vladimir Poutine en 2010, identifiait déjà l’expansion de l’Otan comme l’un des principaux risques stratégiques de la Russie, mais le contexte a été bouleversé par l’annexion par Moscou de la Crimée en mars et le soulèvement séparatiste dans l’est de l’Ukraine en réponse à la révolution de « Maïdan » et la chute du président pro-russe Viktor Ianoukovitch à Kiev.

L’Otan a renforcé cette année sa présence militaire en Europe orientale, disant avoir les preuves que la rébellion séparatiste pro-russe du Donbass est orchestrée et armée par Moscou, ce que dément le Kremlin.

« Si l’Ukraine décidait d’être candidate à l’adhésion, l’Otan examinerait ses capacités à rejoindre l’Alliance de la même façon qu’avec n’importe quel autre candidat. C’est une question entre l’Otan et les pays candidats à l’adhésion », a déclaré un responsable de l’Alliance interrogé à Bruxelles. (Polina Devitt, avec Barbara Lewis à Bruxelles; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)

https://www.zonebourse.com/actualite-bourse/Poutine-signe-une-nouvelle-doctrine-militaire-ciblant-lOtan–19596582/

SOURCE LE BLOG DE LA RESISTANCE

http://resistanceauthentique.wordpress.com/2014/12/26/poutine-signe-une-nouvelle-doctrine-militaire-ciblant-lotan/

Russie : la banque Trust reprise par sa rivale Otkrytié

JEAN MICHEL GRADT / JOURNALISTE | Les Echos LE 26/12 /14
Après frôlé faillite, Trust, quinzième banque Russie, reprise n°8 secteur, banque Otkrytié.

Après avoir frôlé la faillite, Trust, quinzième banque de Russie, est reprise par le n°8 du secteur, la banque Otkrytié. – DR

La banque centrale de Russie a annoncé vendredi avoir désigné la banque Otkrytié pour reprendre sa concurrente Trust, mise sous tutelle et renflouée d’urgence cette semaine pour lui éviter la faillite.

Mais quatre jours après l’annonce du sauvetage, la facture s’avère bien plus lourde que prévu. Selon l’agence de presse Interfax, il s’agit même du deuxième plus gros sauvetage bancaire de l’histoire de la Russie, après celui de la Banque de Moscou en 2011. Alors qu’il évoquait lundi un crédit de 30 milliards de roubles (480 millions d’euros), pour sauver Trust, le régulateur compte en effet lui verser désormais une aide de 99 milliards de roubles (1,6 milliard d’euros) via un crédit sur dix ans. « Les fonds serviront à couvrir les déséquilibres entre la juste valeur des actifs de la Banque et le coût de son passif« , souligne l’agence russe Itar-tass . Le régulateur a également accordé un crédit de 28 milliards de roubles (450 millions d’euros) sur six ans à Otkrytié.

 En pleine turbulences liées à la chute du rouble, les difficultés de Trust Bank, 15e établissement du pays en termes de dépôts, étaient aussi connues que le visage de Bruce Willis sur ses publicités (voir ci-dessous). Mais la banque a dû, comme ses consoeurs, faire face à des retraits importants de dépôts les 15 et 16 décembre, journées marquées par un plongeon historique de la monnaie russe. Ce qui a rendu sa situation intenable.

Otkrytié, huitième banque russe

Le repreneur, Otkrytié, est classé 8e du pays par ses actifs. Fondé en 1993, il compte 3,2 millions de clients particuliers et près de 20.000 entreprises. Les banques russes se trouvent soumises à rude épreuve par le plongeon historique subi par le rouble la semaine dernière, et par la hausse des taux décrétée par la banque centrale pour y mettre fin.

Les autorités ont annoncé des mesures de soutien pour assurer la stabilité financière (voir encadré), dont une recapitalisation du secteur, jugé très vulnérable avec plus de 800 établissements, pour certains très fragiles. Ce qui n’a pas empêché le ministre russe des Finances, Anton Siluanov, de décréter jeudi devant la chambre haute du parlement,  la fin de la crise du rouble : « Le taux directeur a été relevé afin de stabiliser la situation sur le marché des changes (…) Cette période, de notre point de vue, est déjà derrière nous. Le rouble se renforce« . Il envisage pourtant de renforcer le capital de VTB, la banque française à capitaux russes, de 100 milliards de roubles (1,6 milliard d’euros) et celui de Gazprombank de 70 milliards de roubles (1,1 milliard d’euros) dans les prochains jours. 

Russie : récession en vue pour 2015

Après avoir déjà dépensé plus de 80 milliards de dollars (65,6 milliards d’euros) pour défendre le rouble, la banque centrale russe a vu, à la date du 19 décembre, ses avoirs en or et en devises étrangères passer sous la barre des 400 milliards pour la première fois depuis août 2009. La chute du prix du baril et la dépréciation du rouble constituent un test politique majeur pour le président Poutine, dont la popularité dépend en partie de la prospérité et de la stabilité économiques. Selon prévisions présentées vendredi par le ministre russe des Finances ( basées sur un baril de brut à 60 dollars et un dollar à 51 roubles), l’économie russe pourrait subir en 2015 une contraction de 4% de son produit intérieur brut -ce qui constituerait sa première récession depuis 2009, et le déficit budgétaire atteindre 3%.
Selon l’un de ses conseillers économiques, l’inflation devrait atteindre 11% sur un an d’ici à la fin du mois, passant ainsi le cap psychologique des 10% pour la première fois depuis la crise financière de 2007-2009. Enfin, le rouble faible renchérit la facture des importations, ce qui accroît les tensions inflationnistes. Signes des temps : soucieux de préserver leur pouvoir d’achat les consommateurs se sont mis à racheter des dollars et à Saint Pétersbourg, les habitants ont amassé tant de jetons de métro (en prévision d’une hausse des prix attendue le 1er janvier) que les autorités locales en ont rationné la vente.

 http://www.lesechos.fr/finance-marches/banque-assurances/0204040686554-russie-la-banque-trust-reprise-par-sa-rivale-otkrytie-1078324.php

Pourquoi la Russie ne va pas s’enfoncer dans la crise…

Pascal Nguyen  |  23/12/2014, / La Tribune
Avec la chute accélérée du prix du pétrole, les marchés ont paru anticiper un défaut de paiement. Toutefois, la Russie devrait pouvoir compter sur le soutien financier de la Chine. Il est ainsi peu probable que les événements récents conduisent le pays vers une crise profonde. par Pascal Nguyen, professeur de finance à la Neoma Business School.

Alors qu’il se maintenait tranquillement autour de 100 dollars depuis quatre ans, le prix du baril de pétrole vient de subir une chute spectaculaire ces dernières semaines. Le ralentissement modéré de l’économie chinoise ne peut expliquer à lui seul une correction d’une telle ampleur. Pas plus que les températures clémentes qui règnent en Europe cette année. Alors simple guerre des prix entre pays producteurs de pétrole ? C’est ce qu’on pourrait croire s’il n’existait pas un précédent historique et un mobile sérieux à voir les choses se dérouler précisément telles qu’elles se produisent.

Aucune logique apparente

Pour commencer, ce n’est pas la première fois que le prix de l’or noir décroche sans logique apparente. Dans les années 80, l’Arabie Saoudite avait déjà ouvert les vannes du pétrole afin d’inonder le marché. Le prix du baril avait alors plongé sous les 10 dollars. Le royaume saoudien a-t-il gagné au change ? Pas vraiment, puisque ses recettes ont complètement fondu, ce qui l’a contraint à emprunter pour combler son déficit budgétaire alors qu’il est normalement excédentaire. En fait, la manœuvre n’avait d’autre but que celui d’asphyxier économiquement l’Iran en s’attaquant à ses revenus pétroliers. La stratégie mijotée par Washington n’a pas permis de renverser les mollahs au pouvoir à Téhéran, mais a contribué à tempérer leurs ardeurs révolutionnaires, tout en donnant de l’air à Saddam Hussein, dont l’armée était en déroute face aux forces iraniennes.

L’objectif actuel parait étrangement similaire. Il s’agit de neutraliser le président Poutine et de faire plier Moscou. Car le secteur pétrolier constitue l’épine dorsale de l’économie russe. Avec la baisse du pétrole, ce sont les rentrées de devises du pays qui sont en train de fondre à vue d’œil. Or les entreprises russes en ont un besoin vital puisqu’elles doivent rembourser prochainement des dizaines de milliards de dollars d’emprunts libellés en devises étrangères. Les marchés ne se sont pas fait prier pour anticiper un défaut de paiement. Au terme d’une séance particulièrement houleuse, le rouble a enfoncé son plancher face au dollar pour perdre plus de la moitié de sa valeur depuis le début de l’année. Malgré une intervention énergique sur le marché des changes et une augmentation massive de ses taux d’intérêt, la banque centrale russe n’a rien pu faire pour contrer la pression spéculative. Pour beaucoup d’investisseurs, la banqueroute semblait inévitable comme en 1998.

Moscou a d’autres alliés

Mais la position de Moscou est-elle aussi fragile que certains veulent bien croire ? Le Kremlin a d’autres alliés que Pyongyang et Caracas. La Chine dont l’économie ne carbure plus très fort depuis quelques temps doit sans doute s’inquiéter des récentes initiatives américaines comme l’accord de partenariat transpacifique qui la menace d’isolement sur le plan économique et diplomatique. Cela ne serait donc pas avec plaisir que les Chinois verraient la Russie s’effondrer pour faire place à un régime aligné sur les positions américaines comme c’est le cas de l’Ukraine par exemple.

On peut donc parier que la Chine ne restera pas insensible aux difficultés financières rencontrées par la Russie. Ses réserves de devises sont énormes puisqu’elles dépassaient déjà les 3.820 milliards de dollars à la fin de l’année dernière. De quoi couvrir sans problème le remboursement de tous les emprunts russes arrivant à échéance. Cela ne sera toutefois pas nécessaire. Le signe que Pékin est prêt à voler au secours de Moscou suffira à décourager les spéculateurs de vendre le rouble à découvert en pariant sur un défaut de paiement.

Rien de mieux qu’une crise surmontée

Avec le soutien discret de son voisin chinois, il est peu probable que la Russie ait de véritables soucis à se faire. Les Saoudiens n’ont également pas intérêt à maintenir le prix du baril artificiellement bas même si leurs couts de production sont les plus faibles au monde. On peut donc penser que le calme finira par revenir assez vite. Si c’est le cas, l’épisode n’aura servi qu’à conforter la suspicion que Moscou et Pékin entretiennent à l’égard de l’Occident en général, et de Washington en particulier. Quant au maître du Kremlin, sa position parait plus solide que jamais. Rien de mieux qu’une crise surmontée pour assoir une popularité qui dépasse déjà les 85%.

 http://www.latribune.fr/opinions/20141223trib69fadd44b/pourquoi-la-russie-ne-va-pas-s-enfoncer-dans-la-crise.html

3 réponses »

  1. « Toutefois, la Russie devrait pouvoir compter sur le soutien financier de la Chine. »
     » Avec le soutien discret de la Chine….. »
    Un conditionnel et un soutien discret, ça ne pèse pas bien lourd. Soutien ? Comme la corde qui soutient le pendu. Monde multipolaire, Eurasie, tout cela c’est de la fumée poutinienne. Les dirigeants chinois boivent du petit lait en ce moment, voir Poutine et les Russes à ce point humiliés, c’est assez jouissif pour eux. Par devant quelques larmes de crocodile, par derrière une franche rigolade. En public, Ils protestent de cette amitié avec ce petit sourire typiquement chinois qui en dit long. Les « géopoliticiens » autoproclamés et payés par Poutine, les Chauprade, Latsa, Moreau et compagnie, ne sont pas plus géopoliticiens que ma concierge. Modestement historien, je me souviens d’une guerre russo-chinoise en 1969, je me souviens aussi que l’allié traditionnel des Russes en Asie c’est l’Inde, et que l’allié traditionnel des Américains en Asie c’est la Chine. Je me souviens aussi du mépris vertigineux de Khrouchtchev et de tous ses successeurs vis à vis des Chinois. Je me souviens de la haine de Mao pour Khrouchtchev. Je me souviens aussi du résultat de l’alliance du pot de fer et du pot de terre. J’observe que les Chinois sont dix fois plus nombreux que les Russes, que le PNB chinois est le premier au monde alors que le russe n’est que le 9ème. Je constate que les territoires à l’Est de l’Oural, notamment la Sibérie, ne sont pas russes. Ce sont d’anciennes colonies asiatiques très artificiellement russifiés, dont il ne me paraît pas impensable ni injustifiable que Pékin veuille un jour s’approprier. Enfin, n’étant pas aveugle, je vois que Poutine a un besoin vital de l’aide des Chinois alors que les Chinois peuvent parfaitement se passer des Russes. Le pétrole cher, c’est fini.
    Le renversement des alliances, ça existe. Une alliance tacite, une alliance de fait entre Chinois et Américains est envisageable, avec les larmes de crocodile à Pékin et le torpillage du rouble à Washington. L’un des buts étant la redistribution de tout ce qui reste de l’héritage soviétique et l’autre étant la disparition de Poutine. Lequel, vu le personnage, est, pour les mêmes raisons, autant méprisé dans une capitale que dans l’autre. Ceci pour le bonheur de la nation et du peuple russe. Et pour la naissance, enfin, après des siècles d’autocratie, d’une démocratie russe et son accueil dans la maison commune.

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