Avant-Propos de Bruno Bertez
Un bon texte de Charles Sannat dont je recommande le Blog. Le texte vise juste, il est sérieux sous son dehors polémique et ironique.
J’avance l’idée que Manu a raté son envol, Hollande lui a coupé les ailes. Hollande a repris la main, Manu n’est plus un concurrent. On voit bien que Hollande se « représidentialise » tandis que Manu se « premierministrise ». Bien joué Hollande. C’est quand même une bonne bête politique. Notre analyse est que Manu n’a aucune chance dans la nouvelle configuration politique de la France marquée par une évolution vers le tripartisme. Cette évolution oblige, pour être présent au second tour, à être légitime très tôt comme candidat et à se déclarer très vite. C’est le piège pour Manu qui ne peut se désolidariser de Hollande qui le marque à la culotte. La seule chance de Manu, c’est un effondrement du Front et on comprend qu’il pilonne dur contre la formation de Marine. Cette chance n’est pas nulle, mais elle est faible.
Dans la famille « contents d’eux » je demande… Manu ! (Ch. Sannat)
19 mai 2015
« Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !
Ha, mon Manu… Oui toi, le Manu de Matignon, je t’aime bien, enfin mon hémisphère gauche t’aime bien… Enfin non, l’hémisphère droit, enfin je ne sais plus trop car on a bien du mal à savoir si tu es de drôate ou de gôche, remarque mon Manu, ce n’est pas pour me déplaire tant les problèmes de notre pays ne sont plus ni de gauche ni de droite mais bel et bien pour tout le monde !!
Mais quand même Manu, je ne pouvais pas laisser passer cette perle rapportée par notre AFP nationale concernant ta dernière intervention.
Valls : « Notre politique ne sera crédible que quand le chômage baissera »
Mon pauvre, tu es mal barré alors parce que côté baisse du chômage c’est loin d’être gagné. En plus, s’il faut accueillir les 500 000 migrants venus de Libye comme le souhaite Juncker de la Commission européenne, ça fera autant de postes supplémentaires à trouver. Or disons-le, côté emploi, actuellement c’est la disette. Certains parlent même de famine Manu, et cette famine elle dure depuis 2007.
La population active de France (j’utilise ce terme volontairement car il englobe toutes les palettes de couleurs et de confessions que l’on peut trouver chez nous) fait face à plusieurs phénomènes.
Il y a la mondialisation : l’usine qui ferme ici pour ouvrir en Chine.
Il y a la robotisation/informatisation : on remplace l’ouvrier ou le travailleur par une machine.
Il y a l’immigration : on fait venir une main-d’œuvre généralement beaucoup plus corvéable et connaissant peu ou pas du tout ses droits, on tolère même le travail au noir…
Il y a aussi évidemment les détachements de personnel communautaire : en clair, un petit Polonais pas cher et pas forcément plombier qui vient travailler ici payé au prix de là-bas… Pratique. Peu coûteux. Bien « margeux » pour l’employeur comme disait mon arrière-grand-père radical socialiste.
Enfin, il y a l’arrivée sur le marché du travail, chaque année, de nos jeunes diplômés (ou non !).
Alors côté pression sur l’emploi, les tensions sont multiples et on le voit bien. Il ne s’agit pas de dire c’est bien ou mal. Il s’agit juste de constater ces phénomènes.
L’on considère que l’immigration n’est pas maîtrisable. On considère que la mondialisation n’est pas enrayable. On considère que la robotisation et les progrès sont inéluctables. On pense que la construction européenne est inévitable…
Ce raisonnement – qu’il soit vrai ou pas peu importe puisque c’est actuellement celui qui est appliqué par nos élites – signifie qu’il n’y a rien à faire ou que l’on ne veut rien faire sur les facteurs pesant sur le nombre de postes nécessaires chaque année.
La seule possibilité serait donc d’agir pour que les entreprises créent plus de travail, plus d’emplois. Pourtant, c’est illusoire de croire que l’on puisse inciter des entreprises à créer des emplois quand elles peuvent faire autrement – et c’est logique car la raison d’être d’une entreprise c’est la profitabilité et moins l’on a de salariés plus l’on est profitable et aujourd’hui, on peut entreprendre sans salarié ou presque.
Pour s’en convaincre, il faut rappeler à Manu l’exemple en France de Free et de SFR. 1 500 personnes d’un côté, 15 000 de l’autre. Sans être voyant, sans même une boule de cristal, je peux vous dire que chez SFR, il y aura des plans sociaux.
Mais Manu est content !!
« Manuel Valls persiste et signe : la France est « en train de sortir progressivement des difficultés économiques », a-t-il assuré ce lundi 18 mai sur « France Culture ». Selon l’Insee, la croissance française a bondi de 0,6 % au premier trimestre 2015. « Il faut conforter cette croissance pour toute l’année pour que nous ayons un rythme de croissance autour ou plus de 1,5 % à la fin de l’année, parce que c’est le chiffre qui nous permet de faire baisser le chômage », a-t-il ajouté. « Nous sommes en train d’obtenir des résultats. Mais les Français ne le verront, cette politique ne sera totalement crédible, que quand le chômage baissera », a toutefois ajouté le Premier ministre. »
Manu, voyons, le pétrole a baissé, l’euro a perdu 25 % et la BCE rachète pour 60 milliards d’euros chaque mois d’obligations d’États européens en faillite… Manu, malgré ces éléments exceptionnels, la « crôassance » française atteint un pitoyablement pathétique 0,6 %, sans compter que notre déficit est de presque 4 %… En clair, pour faire 1 de croissance, on dépense 4 de nouvelles dettes… Ce n’est pas de la croissance rentable Manu.
« De son côté le ministre des Finances, Michel Sapin, a expliqué dimanche sur « BFM-RMC-Le Point » que cette croissance devait « maintenant » s’inscrire « dans la durée ». Selon lui, « il faut une croissance plus forte en emplois, plus consistante en emplois ». Et d’ajouter : « Je le crois tout à fait possible. Mais il reste un élément décisif (…) il faut que l’investissement des entreprises reparte ». »
Haaa, Sapin a eu des cours d’économie, ça se sent tout de suite. Il faut que l’investissement des « entreprises reparte » ! Eh oui Michel, mais il va repartir l’investissement des entreprises, d’ailleurs elles investissent les entreprises, mais pas en France… à l’étranger, mondialisation oblige. Et puis quand elles investissent, c’est dans des machines et des ordinateurs qui leur permettent de ne pas avoir à recruter.
Nous avons donc à faire à de la croissance au mieux sans emploi… Au mieux parce que lorsqu’il n’y a plus « l’emploi » pour répartir la création de richesses et solvabiliser des consommateurs… eh bien rapidement, il n’y a plus de consommation faute de consommateurs solvables, c’est-à-dire faute de travailleurs rémunérés ayant un emploi… Du coup, il n’y a plus de croissance… Mais Manu, c’est un truc que seuls les sans-dents, comme dirait ton patron, peuvent comprendre.
Vers la fin du CDI ?
« Manuel Valls a par ailleurs rappelé qu’il ferait « de nouvelles propositions » concernant « l’embauche dans les PME et dans les toutes petites entreprises » au mois de juin. « L’obsession qui est la nôtre, c’est de faire baisser le chômage », a-t-il conclu. Ces propositions seront annoncées dans le cadre d’une conférence thématique portant sur une réforme du contrat de travail pour les petites entreprises. D’après le ministère de l’Économie, ces mesures seront retranscrites dans les textes existants, qui sont actuellement en discussion au parlement. »
Je comprends bien cette volonté de casser le droit du travail. Mais soyons sérieux et pas dogmatiques.
Oui il faut alléger les contraintes pesant sur les employeurs mais licencier, en France, c’est facile lorsque le salarié n’a pas 20 ans d’ancienneté, et les grandes entreprises savent organiser le « turn-over » naturel de leurs troupes avec toute l’hypocrisie du système managérial français.
Mais il faut admettre tout de même que où que vous regardiez, que ce soit en France, en Allemagne, au Royaume-Uni ou aux USA, le niveau d’emploi ne progresse pas du tout. Le taux de chômage officiel ne baisse que parce que de très nombreuses personnes sortent des statistiques et deviennent invisibles. D’ailleurs, même la banque centrale américaine a fini par reconnaître ce phénomène.
Il n’y a pas de travail et pas d’emploi uniquement parce que l’on n’a plus besoin de bras dans les mêmes proportions qu’auparavant.
La croissance ne reviendra pas. Mais quand bien même elle reviendrait qu’il s’agirait d’une croissance sans emploi. Or nous ne savons pas faire tourner un pays sans croissance économique et sans emploi.
Or Manu, la différence, l’énorme différence entre un simple homme politique et un grand homme, c’est la capacité à répondre aux ruptures. Ce que nous vivons n’est pas une simple crise passagère et tout ira bien plus tard. Non Manu, cette crise c’est une rupture, un changement radical. Tout ce qui faisait l’économie est en train de disparaître, conséquence de multiples facteurs.
Notre Premier ministre a beau être « content », il ne peut rien faire, pour la simple et bonne raison qu’il faudrait tout changer, radicalement mais personne ne le fera, nous condamnant ainsi à une plus ou moins longue agonie économico-sociale.
Il est déjà trop tard, préparez-vous ».
Charles SANNAT, le Contrarien matin du 19 mai 2015
http://www.lecontrarien.com/dans-la-famille-contents-deux-je-demande-manu-19-05-2015-edito
Ce qu’il faut souligner aussi, c’est que la prise de conscience du “peuple” n’est pas encore là dans le sens où les gens s’accrochent corps et âme à leur confort refusant de le dégrader, quitte à assombrir l’avenir de leurs progénitures, je m’en aperçois tout les jours pendant mes discussions , et cela n’impacte pas seulement la classe moyenne, mais toutes les classes, les gens font comme les anciennes générations depuis des dizaines années , ils se mettent des œillères et continuent d’avancer en pérorant qu’ils se sont “battus” pour avoir ce qu’ils ont , alors qu’ils n’ont fait que dégrader la situation par leurs passivités. Je veux dire par là , si le peuple a perdu de vue ses intérêts les plus chers, comment peut on espérer alors que nos dirigeants (et pas seulement politique) aient une once matière grise afin de prendre des décisions “saines” pour tout le monde ?
Nous sommes dans un mode ou règne le “moi”, les gens ne savent même plus pourquoi ils vivent, demandez à quelqu’un (n’importe qui) des définitions toutes simples sur leur buts dans la vie , des questions de ce genre là, vous verrez que cela se rapporte inlassablement au “moi”. Comment peut on avancer dans une société tous ensemble avec cet état d’esprit ? Inéluctablement , cela se répercute sur d’autres domaines, comme l’économie etc…
Tout ça pour dire, que je suis d’accord avec votre article, mais en intégrant le faite que le peuple est tout aussi “paumé” que les élites(ça reste mon avis), seulement les élites on les voit tout les jours sur les mé(r)dias, du coup cela se remarque plus.
Bonne journée à vous
Un lecteur assidu
Je n’ai pas pas la possibilité de vous répondre de facon extensive. Je vous suggère une piste de réflexion:
et si la survalorisation du moi , cette mise en avant du moi, était une facade, ce moi étant produit non par l’individu, mais par le système: c’est un moi … non pas individuel , mais collectif ou mieux ,collectivisé.
L’oreal, Europe 1 , produisent du moi, du genre “je le vaux bien” ou bien “votre radio” c’est vous etc
Ce sont non pas des “moi”, mais des artifacts.
Vous parlez d’un faux “moi”, aliéné, formaté .
Ce faux “moi ” fait croire à l’individualisme alors qu’il n’est qu’un produit du système de la consommation et qu’il masque une profonde dépersonalisation. Ces soi-disant “moi”, sont tous les mêmes.
Ce que vous prenez pour de l’individualisme est en fait une objectivisation, réification, standardisation, banalisation des ex sujets dont la composante est l’egoisme. et c’est cet égoisme accompagné de déculturation qui donne l’apparence de l’indivdualisme.
Même le “moi” est collectivisé, les gens sont dépossédés de leur “moi” réel ,celui qui est “eux”
Redevenir un authentique “moi” ne conduit jamais à l’égoisme ou à la négation d’autrui, car le vrai “moi” se reconnait dans les ” autres” . La constitution du “moi” , du “je” est un jeu de miroir:
Merci de votre fidélité
Il y a le moi conscient des autres et le moi inconscient des autres. Le premier est collectiviste, sont moi est celui des autres existe. Il peut être différent vue de l’extérieur mais identique vue de l’intérieur. Le second est égocentrique, l’autre n’existe pas ou simplement pour le servir, pour s’en servir. Pour les seconds il y a le grands ILS et les autres. Les premiers tente de cultiver l’amour les second l’argent.